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[Roman 40k] Les Chroniques du Maelstrom - tome 1

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Message par Illuminati Ven 5 Déc 2014 - 10:33

A quelques mètres de là, Conrad tente de se relever à ce moment-là, réalisant avec horreur qu’il est empêtré dans les membres de mourants et de blessés gémissant tout autour de lui. Les mains et les vêtements couverts de sang, il tente de rebrousser chemin au moment où un violent impact le percute dans le bas du dos, lui coupant le souffle et l’envoyant voler deux mètres plus loin. Restant un instant sonné, il ne réalise pas que Séverina est en train de le trainer pour le sortir de là, faisant quelques pas en rebroussant chemin avec la foule, elle tente de rejoindre une ruelle. Mais les arbitrators des premiers cordons de sécurité se sont déjà reformés. Ils les prennent en tenaille et abattent systématiquement tout ce qui passe à leur portée. Les corps désarticulés d’hommes, de femmes, de simples citoyens jeunes et vieux sont projetés autour d’elle, telles des marionnettes morbides. Le bruit des détonations, les flashs des armes dans la nuit, les cris des blessés, l’odeur de la fycelène des cartouches de mitraille et celle, écœurante et métallique de la boucherie est partout. L’espace d’un instant, Séverina se remémore l’expérience grisante des champs de bataille. A la différence que cela n’a rien à voir avec les guerres qu’elle a déjà menée au sein de la Sororita.

Tenant toujours Conrad sous le bras, l’instant d’après elle se retrouve face à face avec un arbitrator qui arme la culasse de son fusil, et les prend pour cible. Lâchant Conrad qui s’affaisse au sol, elle se jette sur lui et lui assène un violent coup de poing. L’homme est déstabilisé mais sa cuirasse absorbe le coup sans peine, ce que Séverina réalise amèrement en secouant sa main meurtrie avec une grimace de douleur. L’arbitrator lève alors son arme et lui envoie un puissant coup de crosse en plein visage, elle n’a que le temps de tenter de se protéger de son bras droit qui absorbe alors tout le choc. Le coup est tellement puissant qu’il l’envoie voler au sol. La douleur au bras est vive mais rapidement Séverina, vive comme un félide se remet sur ses jambes et évite un tir qui lui aurait été fatal. Attrapant Conrad qui reprenait ses esprits au passage, elle s’empresse de se faufiler parmi un groupe de fuyards vers les ombres des ruelles alentours.

Skeld parvient aussi à s’enfuir, rebroussant finalement chemin, non sans avoir mis à terre et désarmé quatre arbitrators. Essoufflé, il rejoint finalement Ira un peu plus loin et arrivent tout juste à se dissimuler tous les deux dans l’entrée d’un immeuble.
Déjà autour d’eux, des sirènes se font entendre et d’autres troupes locales du Magistratum et des FDP commencent à prendre position, assurant un périmètre de sécurité.

Quelques minutes plus tard, ils parviennent à se retrouver à quelques ruelles de là tandis que le quartier est bouclé et que les derniers insurgés sont arrêtés par les troupes locales.
Contemplant ses compagnons, dans un piteux état comme lui, Conrad arrive à peine à réaliser. Le gilet pare-balle qu’il avait eu la présence d’esprit de garder sous son manteau de cuir venait de lui sauver la vie.
-Mais par le Trône, quel désastre ! Comment cela a-t-il pu tourner ainsi au cauchemar ?
-Nous nous sommes laissé embarquer dans un véritable carnage, nous avons présumé de nos forces, lui répond alors Séverina tout en inspectant l’énorme hématome sur son bras blessé par le coup de crosse ainsi que sa main écorchée, réalisant qu’elle s’en sort plutôt bien.
-C’est de ma faute, répond Ira en baissant la tête et tenant son bras blessé d’où coule un filet de sang. C’est moi qui ai eu l’idée d’aller dans ce temple pour y chercher ce prêtre.
Jézail et Tibaltus les rejoignent à ce moment-là.
-Je savais que c’était stupide de nous en mêler, leur annonce Tibaltus avec un rictus mauvais. Bon les FDP sont là désormais et j’ai l’impression que ça barde entre leur officier et celui du Magistratum.
-Oui, un tel carnage aurait pu être évité j’imagine, leur répond Jézail.
-Attend Tibaltus, tu viens de nous dire que l’officier des FDP était désormais sur les lieus ? Lui demande Conrad.
-Oui en effet.
-Ne s’agit-il pas de la jeune femme que nous avons rencontré chez le Baron tout à l’heure ? Oxia quelque chose ?
-La capitaine Oxia Al’Wahhab, c’est bien elle.
-Oui, un fort joli brin de fille d’ailleurs, lui répond Conrad d’un air songeur, repensant à la peau d’ébène et aux yeux bleus ciel de la jeune femme.
-Je ne vois pas où tu veux en venir avec ce genre de remarque Conrad, lui répond Séverina en fronçant les sourcils. Ce qui ne peut alors empêcher Skeld de sourire.
-Justement cela me donne une idée, leur répond Conrad, cette fille nous connaît et elle est censée nous aider, nous devons la contacter à tout prix.
-Et après ? L’interroge Tibaltus.
-Et bien elle devrait nous permettre d’entrer dans ce temple, ainsi nous pourrions en apprendre un peu plus sur ces évènements étranges.
-Crois-tu vraiment que toute cette affaire nous concerne ? Je pense que nous perdons notre temps ici alors que nous avons du pain sur la planche avec une autre histoire en cours, tu te rappelles, les Red Corsairs et un radical du nom de Romeus qui sème la pagaille sur ce monde ?…
-Conrad a raison, cela vaut le coup d’être tenté. Lui répond Ira. Cette histoire ne peut être une simple coïncidence, le fait que nous arrivions ainsi dans cette ville et que subitement il soit question d’une affaire liée au Warp n’est peut être pas si anodin.
-Et peut être que si, lui répond Tibaltus. Ce monde est déjà touché par la corruption, avec ou sans nous, c’est ainsi…
-Il pourrait s’agir là justement de l’œuvre de la démoniste Baalzabeth, il est possible qu’elle ait déjà retrouvée nos traces, il faut alors nous en assurer, s’interroge Conrad.
-Non, je ne pense pas, lui répond Séverina. Du peu que nous savons, Baalzabeth opère toujours selon le même mode, elle est accompagnée d’un petit garçon et elle invoque des créatures du Warp qui se chargent de semer le carnage à sa place tandis qu’elle disparaît. Là ça ne colle pas.
-Rien ne prouve que ce petit garçon l’accompagne, nous l’avions déjà croisé au départ de cette affaire, il nous avait même aidé pour…
Ira l’interrompt aussitôt d’un geste, lançant un regard à Conrad comme si il venait de sortir une grosse énormité.
-Crois-tu qu’il vous avait véritablement aidé ? Je pense au contraire que ce garçon vous avait lancé sur de fausses pistes dès le départ et que vous n’y avez vu que du feu, non ? Cet enfant est trop souvent au mauvais endroit et au mauvais moment.
-Mais pourtant, alors qu’Ezekiah était…
-Ira a raison, ce garçon n’en est sans doute pas un, vous avez été berné depuis le départ. Comment s’appelait-il déjà ? Lui demande Séverina.
-Il s’appelle Styx. Leur répond Tibaltus.
-Styx ? N’est-ce pas un nom étrange justement pour un enfant, cela fait référence à un ancien mythe il me semble, non ? Lui répond Séverina, tentant de se remémorer les anciens cours de mythologie alors qu’elle n’était encore qu’une jeune progenia.
-Trône ! Réalise alors Conrad qui vient de faire le lien, Styx était un des noms que les anciens de la Terra antique donnaient au Warp, « le fleuve des âmes » !
-Ce gosse n’en est pas un, c’est bien ce que je pense, lui répond Séverina.
-Ok, gosse ou pas, de toute façon cela ne change rien à notre problème actuelle, leur lance alors Conrad, je vais allez contacter cette Oxia et lui demander un coup de main.

Conrad se dirige alors vers une des ruelles en direction de la place. Il s’arrête à la limite des premiers barrages gardés par les troupes locales qui empêchent les badauds du quartier d’approcher de la zone. Ses compagnons le suivent et restent à ses côtés. Au loin se trouve le parvis où gisent encore des dizaines de corps. Déjà les équipes du medicae se chargent de dispenser les premiers soins aux nombreux blessés tandis que des soldats en uniforme gris des FDP locaux apportent du matériel et disposent des générateurs et des lampes à photon sur la place, l’éclairant comme en plein jour. Conrad repère alors la capitaine, à peine à quelques dizaines de mètres de lui devant son véhicule, un Arkhan Land H3 près d’un des barrages. Elle est en pleine conversation mouvementée avec d’autres officiers ainsi que des agents du Magistratum. Conrad étend sa volonté et lance un appel télépathique en direction de la jeune femme, il lui signale alors leur présence, lui demandant si ils peuvent la rejoindre.

Aussitôt, celle-ci se met à sursauter et porte ses mains à sa tête, comme prise d’un malaise. Elle s’appuie un instant contre son véhicule, manquant de basculer à terre. Puis reprenant ses esprits au bout de quelques instants, donne sèchement un ordre à un de ses officiers subalternes. Cherchant enfin du regard dans la direction que Conrad lui a indiqué, elle fait un rapide signe affirmatif de la tête.
Conrad et ses compagnons sortent alors des ombres de la ruelle et se dirigent vers le cordon de sécurité, là sur un ordre direct de leur hiérarchie, les gardes les laissent passer. Ils se dirigent alors vers la capitaine qui vient aussitôt à leur encontre d’un pas rapide et décidé, tout en essuyant un filet de sang qui coule de son nez.
-C’est vous qui venez de me faire ça ? Lance-t-elle à l’attention de Conrad qui s’approche d’elle.
-Oui, j’ai…
-Ne recommencez jamais vos sortilèges de sorcier sur moi sans ma permission, vous m’avez bien compris ? Lui sort-elle à voix basse, le regard noir et les poings serrés, se retenant de lui en envoyer un en pleine figure.
-J’en suis désolé, croyez le bien, mais la situation était vraiment critique, nous avons besoin de vous Oxia, se défend alors le psyker.
Reprenant alors un peu son calme, la jeune femme observe alors le petit groupe, notant que certains sont dans un piteux état, en commençant par Conrad.
-Vous n’étiez pas censé retourner à votre auberge cette nuit ?
-Nous étions justement en train d’y aller lorsque nous avons été témoin de tout ceci, lui répond alors Ira.
-Ne vous foutez pas de moi, votre auberge se trouve à l’autre bout de la ville, complètement à l’opposé d’ici. Qu’est-ce que vous fichiez là ?
-Comme vous, nous avons été aussi alertés par ce qui venait de se passer dans ce temple, nous sommes donc venus voir, cela pourrait avoir un lien avec notre enquête, lui répond Conrad.
-Cela commence à faire beaucoup en une seule journée, vous ne trouvez pas ? Vous débarquez ici et en quelques heures la ville est déjà à feu et à sang. Empereur-Dieu, le Magistratum nous a semé un merdier inimaginable, je n’ose même pas penser aux répercussions qu’il y aura.
-Justement, nous tâchons de comprendre ce qui se passe ici, mais pour cela il nous faut entrer dans le temple, vous pourriez nous y aider car il faut nous hâter ? Lui demande alors Conrad.
-Comme vous le savez, le Magistratum a déjà ses connexions avec le nouveau pouvoir en place et je n’ai aucun pouvoir sur leur autorité plus que douteuse, il va donc falloir garder profil bas. De plus, le Marshal en charge des forces de l’ordre de cette ville est un fieffé connard, si vous me pardonnez l’expression, aussi si nous devons avoir affaire à lui ou à l’un de ses hommes, laissez-moi m’en charger.
Conrad et ses compagnons acquiescent. La capitaine les jauge un instant du regard.
-Pas plus de deux ou trois d’entre vous pourront m’accompagner, les autres devront rester ici et nous devrons faire vite.
Conrad lance un regard au reste de l’équipe. Ira désigne le psyker et Séverina.
-Nous vous accompagnons tous les trois.
-J’ai des uniformes de rechange dans mon véhicule, suivez-moi. Vous vous changerez à bord, puis vous tâcherez d’avoir l’air de simples soldats qui m’accompagnent, c'est-à-dire la fermer, rester droit et tenir plus de cinq minutes sans foutre le bordel. Vous en serez capable ? Leur lance-t-elle avec un regard dur.
Conrad hoche alors la tête, se disant que cette fille a un charme absolument incroyable quand elle le regarde comme ça.
Quelques minutes plus tard, le trio redescend alors discrètement du H3, portant des uniformes des FDP et finissant de les ajuster. Avec leur casque sur la tête, la visière baissée sur le haut du visage et un fusil laser Mk III en bandoulière, ils emboitent le pas à la jeune femme qui se dirige d’un air décidé vers les marches du Templum.
Deux arbitrators, fusil à pompe à la main leur font barrage en haut des marches. La capitaine sort alors une carte et leur tend. Les hommes la laissent alors passer sans plus de question, elle et ses hommes. Le petit groupe s’engouffre alors par le narthex et commence à remonter dans l’air humide et frais du templum, la nef en direction du transept puis de l’autel.
Tout de suite sur leur gauche, sous un vitrail brisé, des éclats de verre ainsi que des dalles noircies par les flammes indiquent l’endroit où est tombé le cocktail molotov un peu plus tôt. Cependant, aucun objet inflammable se trouvant à proximité, le feu s’est rapidement éteint. Oxia ralentit le pas et fait mine d’observer cette zone.
Devant l’autel, un groupe d’agents du Magistratum s’affaire à collecter des indices à l’aide de différents auspex et instruments divers. Certains d’entre eux les observent approcher d’un air irrité. Un gradé s’approche alors d’eux d’un pas décidé.
Oxia glisse alors discrètement aux trois compères qui l’accompagnent :
-Faites ce que vous avez à faire, faites-le vite sans attirer l’attention, puis nous repartirons, je m’occupe de lui pendant ce temps. Puis elle va à l’encontre de l’Arbitrator et commence à échanger quelques paroles avec lui.
Pendant ce temps, Ira et Séverina notent rapidement que les bancs proches de l’autel ont été renversés et qu’une grande pagaille règne à proximité. Le mobilier liturgique est renversé, comme jeté au sol. Elles s’approchent lentement en compagnie du psyker, comme faisant mine de discuter de choses et d’autres. Au sol, devant l’autel, les techniciens du magistratum sont en train de scanner une sorte de tache ou de dessin fait à même les dalles de porphyre.
En approchant un peu, Conrad et ses deux équipières sont comme saisis de malaise devant ce qu’ils reconnaissent comme étant l’étoile à huit branches. La marque des dieux sombres dessinée à même le sol avec un liquide rouge foncé.
Les deux jeunes femmes ne peuvent s’empêcher de faire le signe de l’Aquila, de façon presque reflexe.
Le psyker reste concentré et laisse alors son pouvoir affluer en lui. Avec une grande prudence, il commence à étendre sa perception psychique autour de lui, puis vers le symbole du chaos, chargé de toute la malice corruptrice du warp.
Au bout de quelques instants il fait signe à la capitaine et à ses deux compères de le suivre afin de sortir de ce lieu désormais maléfique. La Capitaine les rejoint tout en donnant quelques ordres à ses propres hommes dans le vox qu’elle porte accrochée à son oreille.
-Par le Trône d’Or, cette rune a été dessinée avec du sang ? Souffle alors Ira à l’oreille de ses compagnons. Est-là l’accomplissement d’une sorte de rituel impie ?
-Non, c’est étrange, ce symbole a été fait avec le vin de messe, lui répond alors Conrad. Celui qui a fait ça ne devait pas véritablement savoir ce qu’il faisait car le signe n’est pas chargé psychiquement, il n’a aucune influence autre que sa propre signification maléfique.
-Ce qui est déjà suffisant pour désacraliser les lieux ? Lui demande Oxia. Conrad confirme d’un signe de tête.
-C’est bien l’Ecclésiaste qui est responsable de tout cela ? Lui demande Ira.
-En effet, par contre j’ai bien décelé qu’il a agit sous le coup d’un ordre mental, tout ceci lui a été ordonné à distance.
-Par qui ? Lui demande Séverina.
-Je n’en ai pas la moindre idée, mes pouvoirs ne sont pas suffisamment puissants pour cela. Mais le sort a été utilisé depuis l’extérieur de ce bâtiment, j’en suis certain. L’énergie psychique rémanente indique clairement une puissante aura hautement maléfique et corrompue. Pénétrer un tel lieu a du lui être certainement pénible.
Ira et Séverina se lancent un regard entendu.
-Tu penses aussi qu’il pourrait s’agir de Tibaltus alors qu’il était dans sa chambre ? Lui dit-elle.
-Non, je ne pense pas, leur répond Conrad, ce sort a été lancé non loin d’ici, c’est certain. L’auberge est bien trop loin.
-Alors quand il est venu ici un peu plus tôt ? Lui demande Ira.
-C’est extrêmement difficile à dire, pour cela il faudrait que je vois d’abord l’Ecclésiaste.
Ira se tourne alors vers la capitaine Al’Wahhab.
-Au fait, où est-il donc ?
-Il m’a été confirmé qu’il a réussit à s’échapper il y a peu, je viens de donner des ordres à mes hommes de suivre sa trace dans les égouts où il s’est enfuit et de le retrouver, les Arbitrators sont aussi sur sa piste, c’est une question de temps, nous allons le retrouver.
Séverina et ses compagnons s’échangent un regard inquiet, redoutant cette éventualité.
-Vous comprenez bien que cet homme est innocent, il a agit sous l’influence d’un sort, lui annonce alors Ira.
-J’en suis bien consciente, mais malheureusement cela ne devrait rien changer à son sort. Il a été touché par le Warp. Pour les hommes du Magistratum, ce prêtre est un apostat, un serviteur des puissances de la ruine. Il sera donc abattu et brûlé comme il se doit. Quatre-vingt-un innocents ont péris cette nuit devant les marches de ce temple pour ce simple acte, sans compter les blessés. La mort de cet Ecclésiaste sera donc une bien maigre consolation en compensation.
Oxia se dirige alors vers la sortie et toujours à voix basse, comprenant, d’après les regards des arbitrators qu’il est temps de partir :
-Vous feriez bien de rentrer à votre auberge et dormir un peu, demain nous vous convoquerons au palais pour une cellule de crise, la partie de chasse prévue est bien entendue annulée. Il va sans dire qu’un tel événement ne pourra pas rester confiné aux seuls murs de cette petite ville. Le Marshal de l’Arbitrator a d’ors et déjà contacté ses supérieurs à Badab City, les informant de la gravité de la situation. Vous pouvez vous assurer que dès demain des spécialistes seront sur place et là les véritables problèmes commenceront.

Conrad lance un regard aux deux jeunes femmes qui l’accompagnent, voyant qu’elles pensent la même chose que lui.
-Non capitaine, cette nuit il est hors de question que nous nous reposions. Le psyker consulte l’horologium qu’il porte à son poignet, réalisant qu’il est déjà deux heures du matin. Puis se tourne vers la capitaine et soutien son regard bleu acier.
-Il va nous falloir absolument retrouver cet Ecclésiaste avant les hommes du Magistratum.

Sortant du temple, Conrad voit Tibaltus, Skeld et Jézail qui les rejoignent. Ces derniers les interrogent du regard. Le petit groupe se dirige à l’écart de l’agitation qui règne encore sur le parvis, entre hommes de troupes et infirmiers du medicae, et font mine d’aller vers le H3 de la capitaine des FDP. Conrad leur raconte alors discrètement ce qu’ils ont vu à l’intérieur et leur projet de retrouver au plus vite le prêtre en fuite.
Tibaltus prend alors un air songeur.
-En tant qu’interrogateur de l’Inquisition, que penses-tu de ces évènements ? Lui demande Ira.
-Si j’ai bien compris, tout cela va attirer du monde ici, c’est bien cela ?
-C’est en effet ce qui m’inquiète, reprend aussitôt Oxia. Le Magistratum ne va pas taire cette histoire qui dépasse de loin son champ de compétence, nul doute qu’il va en référer à sa haute hiérarchie à Badab City si ce n’est déjà fait. Seul l’Empereur sait ce qui risque de se passer ensuite si des agents de Trantor viennent fouiller par ici.
-Mais…Oxia, ne pouvez-vous pas, vous ou le baron user de votre influence afin que cela ne sorte pas de cette ville ? Lui demande alors Conrad d’un air étonné.
La jeune officier prend une moue contrariée.
-Je représente les FDP et n’ai donc aucun pouvoir sur le Magistratum. De plus, le Seigneur Achenheim n’a qu’un pouvoir relatif sur eux. Rien ne garantit qu’ils aient l’intention de lui obéir.
-Bien. Dans ce cas, ne leur donnons pas cette occasion. Lui répond alors Tibaltus d’un ton flegmatique.
-Que veux-tu dire par là ? Lui demande alors Ira, étonnée comme le reste de ses compagnons.
-Je veux dire que ce prêtre ne doit pas tomber vivant entre leurs mains.
Ira fronce alors ses sourcils et observe l’interrogateur attentivement.
-Tu veux nous dire que ce prêtre doit mourir ? Lui dit-elle lentement. Le reste de l’équipe n’en revient pas non plus.
-Je ne tiens pas à ce qu’ils le trouvent vivant, ce qui est différent, lui répond tout naturellement Tibaltus. S’ils le prennent, ils le feront parler et auront alors une preuve qu’il se passe quelque chose d’étrange ici. Cela leur donnera matière à enquêter et à fouiller dans les affaires du baron. Ce que nous ne souhaitons pas.
-Rassure-nous, si nous le trouvons, tu comptes tout de même l’interroger avant ? Lui demande Conrad.
-Bien évidemment, l’idée serait que nous le fassions passez pour mort aux yeux des autorités, lui répond alors Tibaltus. Aussi nous ferions bien de faire vite s’il n’est pas trop tard, je crois qu’il a déjà une bonne longueur d’avance sur nous, sans compter le monde qu’il a déjà aux trousses.
Conrad se tourne alors vers la capitaine Al’Wahhab.
-Il s’est enfuit par les égouts, pourrions-nous disposer d’un plan ?
L’officier fait alors un signe à un de ses subalternes et lui demande d’aller quérir une carte des égouts de la ville.
-Vous êtes bien sûr de vouloir vous en charger ? Leur dit-elle tandis qu’un des ses lieutenants lui apporte le plan demandé. Oxia le tend à Tibaltus.
-Oui, c’est la meilleure solution dont nous disposons dans l’immédiat.
Cette dernière leur fait alors un petit salut de la tête et leur explique qu’elle doit impérativement s’en retourner vers ses hommes afin de continuer à coordonner les opérations. La nuit risque d’être encore longue.

Suivant les indications du plan, Skeld trouve une bouche d’égout non loin de là dans une ruelle discrète.
-Nous allons passer par là et tacher de suivre sa piste, leur dit-il.
Ira arrête alors ses compagnons.
-Ne sommes-nous pas tous en train de perdre un temps précieux avec toute cette histoire ? Leur dit-elle.
-Que veux-tu dire ? Lui dit alors Conrad.
-Et bien, comment dire…des évènements beaucoup plus graves sont en train de se tramer en ce moment même sur ce monde. Nous avons encore des informations à découvrir, tel que le lieu où pourrait se trouver un ancien complexe abritant les implants génétiques des Astral Claws par exemple. Nous savons qu’un Inquisiteur renégat ainsi que des marines du chaos sont impliqués dans cette histoire. Le savant du baron pourrait peut-être nous éclairer sur cette piste et je compte bien m’en charger très rapidement.

Décidant de se séparer suite à cette remarque pertinente, Conrad propose alors d’accompagner Ira pendant que le reste du groupe s’engage dans les égouts à la recherche du prêtre en fuite. Skeld prend la tête du petit groupe, rassuré et préférant de loin partir à la chasse à l’homme, même dans des égouts plutôt que d’aller mourir d’ennui dans une bibliothèque.

Toujours vêtus de leurs uniformes des FDP, Conrad et Ira passent totalement inaperçus parmi les autres gardes dans les petites rues du quartier. Ils s’en retournent donc vers la haute ville sous la petite pluie nocturne qui ne cesse de tomber. Chemin faisant, un lourd véhicule les rattrape et se met à leur hauteur, roulant au pas. A la fenêtre une voix les interpelle.
-Je vous dépose quelque part ?
Conrad et Ira se retournent, voyant avec bonheur qu’il s’agit là d’Oxia et de l’opportunité de profiter de son véhicule. Sans se faire prier, ils montent à bord et lui demandent de les déposer à la Schola Androclès où officie Nixios Serghar, le savant du baron.
-C’est à quelques rues de mes quartiers, nous y serons dans une dizaine de minutes. Leur répond-elle.

Skeld se relève, délaissant les marques indéchiffrables dans la boue dans laquelle il patauge depuis un petit moment. Il s’adresse alors au reste de l’équipe désormais avec lui dans le réseau d’égouts de la ville :
-Nous aurons beaucoup de mal à trouver quoi que ce soit ici. Trop de monde est déjà passé par ici, toutes les traces sont effacées, de plus toute cette boue ne va pas faciliter les recherches.
-Bon ça fait au moins trente minutes que nous tournons en rond dans ce labyrinthe nauséabond et que nous faisons choux blanc, lui répond Séverina tout en scrutant le plan. Si je comprends bien il devrait être obligé de passer par le fleuve à un moment ou un autre si il veut quitter ce quartier. Nous ferions bien d’aller voir du côté des berges.
-Attend, nous parlons là d’un simple prêtre lui répond Jézail lassée par leurs recherches, pas d’un commando des troupes de choc...il va forcément finir par se faire prendre. De plus je le vois mal franchir un fleuve à la nage de nuit.
-Elle a raison, leur répond Tibaltus songeur. Il a de l’avance, cela lui a sans aucun doute permis de se cacher en lieu sûr, sinon les équipes de recherche l’auraient déjà trouvé. Je serais même prêt à parier qu’il n’est plus dans les égouts depuis longtemps.
Tibaltus laisse alors affluer en lui l’énergie du warp, cherchant à localiser un écho quelque part dans la ville.
-Et où pourrait-il être alors ? Idée que je ne cherche pas pour rien, leur répond Skeld.
-Et bien, mon cher ami, où est-ce qu’un prêtre pourrait se sentir en sécurité justement ? Lui demande Tibaltus avec un petit sourire.
Skeld va pour répondre une bêtise en rapport avec les petites hétaïres du quartier chaud, mais se ravise aussitôt.
Le visage de Jézail s’illumine alors, trouvant d’elle-même la réponse. Séverina vient elle aussi de réaliser.
-L’autre temple !

Conrad et Ira se dirige d’un pas rapide vers les murs austères de la Schola, non loin d’où Oxia vient juste de les déposer. Devant eux se dresse sous la pluie battante la silhouette sombre et gothique du Templum St Galen, à deux pas du Palais. Conrad observe un instant la façade d’où la pluie dégoutte en cascade depuis les gargouilles simulant quelques créatures de cauchemar à près de cent vingt mètres de hauteur. Ira se retourne vers lui tandis qu’il cru voir l’une d’elle bouger. La fatigue sans doute, se dit-il, le manque de sommeil commence à lui jouer des tours.
-Il y a quelque chose ? Lui dit-elle.
-Juste un pressentiment, je me demandais justement si…
Son vox se mit alors à vibrer.
-Oui ?
-C’est Séverina, on a du nouveau !
-Vous êtes où ?
-Toujours dans les égouts de la Basse-Ville, près du fleuve, mais écoute, on a pensé à un truc et Tib’ vient de nous le confirmer avec sa magie, il a ressenti la présence du prêtre dans le…
- Laisse-moi deviner…Dans le Templum St Galen ? Complète alors Conrad.
-Oui, par le Trône ! On y sera d’ici une quinzaine de minutes, on se rejoint là-bas.
-Ok, on est juste devant, on va y faire un saut.
Puis coupant la communication, Conrad fait un signe de tête à Ira avec un petit sourire.
-Allons-y.

L’entrée du temple en cette heure nocturne est bien entendu fermée. Ira fait alors signe à Conrad de le suivre. Contournant la bâtisse, ils se retrouvent dans les jardins de derrière. Là se trouve une petite porte dérobée. L’entrée de la sacristie. Ira s’approche de la porte et la fracture en quelques instants tandis que Conrad la couvre de son pistolet laser. Discrètement ils se faufilent à l’intérieur d’un couloir plongé dans l’obscurité. Préférant ne pas allumer la lumière, il leur faut alors quelques minutes pour que leurs yeux s’habituent aux ténèbres. Plusieurs portes mènent à d’autres pièces, un escalier monte vers un étage et un couloir continu plus loin. Pas de signe de vie. Ira pousse son investigation un peu plus loin, inspectant au passage plusieurs pièces, fusil laser pointé devant elle et toujours suivie par Conrad. Débouchant finalement sur une lourde porte fermée de leur côté, Ira réalise que ce doit être un des accès menant directement au templum. Prudemment elle fait glisser les verrous puis ouvre la porte lentement, se faufile et fait signe à Conrad de la suivre.
Se retrouvant dans une des absidioles du déambulatoire, Ira se glisse discrètement entre les différentes colonnades et les statues représentant des héros space marines du passé, ils dépassent le maitre-autel et longent lentement la nef. L’endroit est plongé dans une pénombre et un silence oppressant, seulement ponctué par le bruit de la pluie à l’extérieur crépitant sur les hauts vitraux.
Conrad a l’impression que chacun de ses pas résonnent et se répercutent dans l’ensemble de la nef.

Soudain, parvenus à peine au niveau du transept, Ira se fige et se dissimule prestement derrière une colonne. Le psyker l’imite aussitôt. Elle lui indique d’un geste la porte principale située à une centaine de mètres d’eux et lui demande de faire silence.
Conrad ne repère tout d’abord rien, puis la porte s’ouvre lentement et des silhouettes pénètrent silencieusement dans le temple.
Ira note tout de suite un mode de déplacement militaire, de lourdes bottes, des armures pare-balles, des casques intégraux et les fusils pointés équipés de petites lampes-torches. Depuis la sacristie derrière eux, au bout de quelques instants, d’autres silhouettes font aussi leur apparition. En tout, cela fait pas moins de dix arbitrators qui viennent d’entrer dans le temple selon un schéma classique d’infiltration.

Se glissant vers les ombres, Ira et Conrad se dissimulent derrière le sarcophage d’un chapelain Astartes d’une chapelle annexe et observent ce qui se passe. Conrad en profite pour invoquer un sort mental de dissimulation autour d’eux puis ne bouge plus.
Un premier groupe d’hommes passe à leur hauteur et inspecte les lieux. Il s’agit d’agents du Magistratum de la ville. L’un d’eux, apparemment un officier donne une série d’ordres brefs via son vox à ses hommes, divisant les groupes de recherche. Ira parvient à saisir une simple phrase qui l’intrigue particulièrement :
-Nous savons qu’ils sont là, trouvez-les !
Puis les divers binômes partent fouiller l’ensemble du bâtiment. Il ne faut que peu de temps avant qu’un bruit de course ne s’entende dans les niveaux supérieurs du temple. Une silhouette en longue robe sombre qui dévale un escalier et traverse la nef comme une flèche en direction de la grande porte d’entrée, poursuivit par quelques arbitrators à ses trousses.

L’officier du Magistratum apparaît de nouveau dans le champ de vision d’Ira, il s’arrête non loin de là et fait signe au reste de ses hommes de ne plus s’en mêler. Six de ses hommes sont déjà sur le point de l’attraper, sans compter ceux qu’il avait eu la bonne idée de laisser dehors. Utilisant la fréquence interne de son unité vox, il lance un appel à ses équipes :
-Je le veux vivant, je vous le rappelle !
Puis se tournant vers un de ses subalternes :
-Des traces des autres ?
-Négatif Marshal, il n’y a plus personne ici.
-Alors, sortons d’ici cueillir notre cible messieurs, leur ordonne-t-il.

Attendant encore quelques instants que tout le monde soit dehors, Conrad et Ira se glissent discrètement à leur tour vers la porte et profitant toujours du sort de Conrad et de la faveur de la nuit, se faufilent vers l’extérieur du templum. Les agents sont apparemment trop occupés pour se soucier d’eux.

-Comment savaient-ils que le prêtre était ici ? Demande alors Conrad à voix basse.
-Ils savaient surtout que nous étions là, murmure alors Ira, et c’est cela qui m’inquiète le plus.

Là sur le parvis, ils ne peuvent qu’assister impuissant à l’arrestation du prêtre en question. En tout, une bonne quinzaine d’arbitrators sont réunit. Jeté au sol, l’homme d’une cinquantaine d’années, connu comme étant bien le Père Orl Ventris, est maitrisé sans ménagement. Il est trainé à même le pavé vers un des fourgons blindés noirs du Magistratum tandis que les autres agents le tiennent en joue de leurs fusils à pompe. Il est finalement poussé à l’intérieur d’un des véhicules, accompagné par deux ou trois arbitrators. Le reste des agents commencent à regagner leurs autres véhicules tandis que leur supérieur donne quelques ordres.

Deux autres arbitrators apparaissent alors, sortant du temple. Le Marshal se tourne vers eux.

-Alors, vous avez finalement trouvé quelque chose ?
Les deux hommes se contentent de faire non de la tête tout en descendant les marches.
-Il n’y avait pas un gosse là-haut ? Leur dit alors l’officier à voix basse et d’un air étonné.
-Quel gosse Marshal ? Reprend l’un d’eux.
-J’ai cru voir un gosse tout à l’heure à l’étage, vous êtes sûr qu’il n’y a plus personne ?
-Nous avons bien vérifié, chef, il s’agit juste d’une simple statue en bronze.
Le Marshal retire alors son casque et se passe une main gantée sur la peau basanée de son crâne rasé et balafré d’où sortent des câbles blindés, essuyant la sueur qui y coule.
-Par le Trône, cet endroit me file des visions.

Dans une petite ruelle non loin de là, Tibaltus, Séverina, Jézail et Skeld sont là aussi depuis quelques minutes. Ils ont assisté à toute la scène depuis leur cachette et ne bougent pas.

Conrad, dissimulé à proximité d’un des fourgons, juste à côté d’Ira laisse glisser une partie de son énergie psychique vers le véhicule, cherchant là l’esprit du prêtre afin d’y déceler quelque indice. Soudain, il se saisit et lance un regard inquiet vers Ira.
-Que se passe-t-il ? Lui murmure-t-elle.
- Il est mort…Le prêtre est mort ! Répond-il dans un souffle.
-Quoi ? Mais comment… ?
-Je n’en ai pas la moindre idée, mais je crois que cela semble étonner ses gardes autant que nous.
-Quelqu’un d’autre aurait fait ça, tu crois ? Lui demande Ira.

Conrad n’a pas vraiment le temps de répondre à la question, déjà les arbitrators, visiblement décontenancés, viennent de se passer le mot aussi. Leur officier, furieux ouvre les portes du fourgon et se met à hurler après ses hommes qui se trouvent aussi à l’intérieur, eux même ne comprenant pas bien ce qui vient de se passer, semblant comme hébétés ou désorientés.
-Vivant ! J’avais dit de le garder vivant, putain !

A l’autre bout de la rue, Tibaltus et ses compagnons assistent eux aussi à cette scène avec attention.
Séverina observe la scène qui se joue devant eux.
-Quelque chose me chiffonne, murmure-t-elle. Ils ont l’air aussi étonné que nous que le prêtre soit mort ainsi.
-Ils n’y sont pas allé de main morte sur cet Ecclésiaste. Ces arbitrators ont des méthodes un peu brusque, j’ai l’impression, murmure alors Tibaltus à l’attention de ses compagnons.
-Peut être pas, lui répond Séverina dubitative.
-Que veux-tu dire par là ? Lui demande Jézail.
-Eux aussi le voulaient vivant, non ?

Tandis que le Marshal donne quelques ordres rapides, plusieurs de ses hommes s’affairent rapidement vers le corps de l’Ecclésiaste, tentant de lui administrer des premiers soins à même le fourgon.
Pendant ce temps, au bout de la rue, quatre Land Wheeler noirs mats banalisés font irruption tous feux éteints et s’arrêtent juste sur le parvis à quelques mètres de là.

Tibaltus et ses compagnons se dissimulent totalement dans les ombres et observent ce qui se passe sans tenter de se faire remarquer. Avec une bonne partie de leur équipement et de leur armement en moins, ils savent qu’un combat serait pour eux une très mauvaise option.

Une vingtaine d’hommes tout de noir vêtu en descendent. Casqués, portant des armures intégrales à la manière des troupes de choc, de longs manteaux de cuir renforcés et des modèles de fusils radiant de la même couleur. Seules les diodes bleues électriques des accumulateurs d’énergie à haute capacité ainsi que celles de leur système de visée apportent une touche de lumière froide et mortelle sur cette troupe.
Les hommes se déploient selon un schéma tactique offensif et gardent leurs armes parées mais collées sur leur poitrine. L’un d’eux va ouvrir la porte arrière d’un des lourds tout-terrain.

Une silhouette féminine en descend de façon magistrale. Portant de hautes bottes à talons-aiguille chromés, elle est vêtue elle aussi d’un long manteau de cuir noir cintré, fermé par des boucles argentées. Ses longs cheveux noirs de jais attachés en queue de cheval, sur lequel est rivée une casquette d’officier arborant une tête de mort en argent. D’une démarche souple et théâtrale, la jeune femme se dirige vers le groupe d’Arbitrators. La pluie cesse alors aussitôt et un froid glacial commence à tomber sur la place humide, faisant frissonner les agents du Magistratum.

Ces derniers, rendus nerveux par les derniers évènements restent sur leurs gardes face à cette arrivée impromptue. Tenant leurs armes à portée de main, le Marshal fait signe à ses hommes de ne pas intervenir sans son ordre.
-C’est quoi ce bordel, vous êtes qui ? Lance-t-il à l’attention de la jeune femme qui approche dans sa direction et vient se camper à tout juste un mètre devant lui.
-Marshal Al’Hadji je présume ? Lui dit-elle d’une voix douce, dans un parfait bas gothique sans la moindre trace d’accent mais qui contient tout de même un étrange écho déroutant.

Le Marshal hoche simplement la tête en fronçant les sourcils. Se demandant qui il peut bien avoir en face de lui. Cette femme sculpturale, à la peau de porcelaine d’une blancheur irréelle, aux lèvres peintes en rouge vif et au maquillage noir qui accentue la couleur insondable de ses yeux, le rend mal à l’aise.

-Je suis la Proconsul El’Zabeth du Commissariat Général, sous l’autorité suprême du Seigneur Gouverneur Trantor.
La jeune femme sort un badge argenté de sa poche et le colle sous le nez du Marshal. Elle enchaine alors :
-Je reprends désormais cette enquête. Marshal, ayez l’obligeance de nous remettre le corps de cet Ecclésiaste.
Les mots de cette dernière phrase étant étrangement ponctués et appuyés d’un ton plus qu’impératif, ne laissant pas le moindre doute sur son ordre.
Déjà certains arbitrators partent sans discuter chercher la dépouille du prêtre en question.
Le Marshal semble hésiter un instant puis se ressaisit et se tourne aussitôt vers eux.
-Arrêtez-vous ! Ici c’est moi qui donne les ordres ! Puis se tournant vers la femme devant lui, lui lâche au travers de ses dents serrées.
-Ne me chiez pas dans les bottes ma belle ! Commissariat ou pas, il y a des procédures à respecter avant de reprendre mon enquête et de me dire d’aller me faire foutre ! Cette affaire est sous mon autorité jusqu’à ce que la cause de la mort de ce prêtre soit validée par…

Le Marshal Al’Hadji n’a pas le temps de finir sa phrase, il se retrouve soulevé à une trentaine de centimètres du sol comme saisit par une main invisible qui lui écrase la trachée.

Sur un simple geste de la jeune femme, ses hommes lèvent alors leurs armes de façon synchrone et ouvrent aussitôt le feu sur les arbitrators sans aucune sommation, les abattant presque à bout portant.

Ces derniers, pris totalement au dépourvu, n’ont pas le temps de réagir. Les tirs de lasers à puissance maximale les cueillent de plein fouet, sectionnant des membres ou les traversant de part en part. La frappe est chirurgicale, d’une efficacité meurtrière. Chaque impact tue avec une rare économie de moyens. L’espace de quelques instants, le parvis est saturé de stries de laser rouge vif et de l’odeur d’ozone qui s’en dégage au contact de l’humidité ambiante. Le tout ne prend pas plus de cinq secondes. Alors que le dernier corps tombe sur le pavé détrempé par la pluie, dégageant désormais une odeur âcre de chairs brûlées. La femme reporte son attention sur le Marshal, toujours maintenu fermement au dessus du sol devant elle. Ce dernier est en train d’étouffer et tente de se dégager mais ne parvient pas à lutter contre le puissant sortilège. Elle relâche alors son étreinte, laissant l’homme tomber au sol à genoux devant elle. Il se met alors à tousser et à se masser la gorge. Il a les yeux injectés de sang et le visage presque bleu.

-Il est fâcheux que vous autres mortels tentiez toujours de discuter face à l’inéluctable, lui dit-elle avec un petit sourire contrarié et de sa voix toujours aussi douce.
Dans son champ de vision troublé, le Marshal voit alors un jeune enfant descendre les marches du temple en clopinant. Vêtu d’une longue robe rouge à capuche, il se dirige d’une démarche boiteuse vers la jeune femme. Ses membres semblent comme tordus à la manière de certains mutants.

-Mon brave petit Styx va enfin tout me raconter sur ce qui a bien pu arriver à ce minable petit prêtre…Lui lance-t-elle.
L’enfant lui sourit alors comme pourrait sourire un être totalement dément. La femme dégrafe son manteau et en ouvre un des pans. Le petit garçon vient se blottir tout contre la peau entièrement nue aux marques obscènes de la jeune femme. Cette dernière referme alors son manteau avec un sourire plein de malice alors qu’elle prononce cette simple phrase pour elle-même, les yeux désormais brillants :
-Azaltoth est donc ici…
Horrifié, le Marshal réalise que l’enfant a totalement disparu, comme absorbé par la chair de la femme qui se tient devant lui. Ce qui est en partie vrai, mais cela ne peut être compris par un être tel que lui. Il ne réalise alors même plus que du sang coule abondamment de ses propres yeux, de son nez, de ses oreilles et de sa bouche tandis que du givre se forme sur le sol tout autour de lui.
Il arrive juste à gargouiller entre deux flots de sang :
-Par le tout puissant….Trône…d’Or…vous êtes quoi ?
La jeune femme baisse alors ses yeux où brille désormais un feu aveuglant, elle l’observe avec un petit sourire, amusée que le fluide vital qui quitte l’être devant elle continue de se répandre à ses pieds.

-Nous sommes la mort incarnée. Vos âmes et ce monde sont désormais nôtres !


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Message par Illuminati Lun 29 Déc 2014 - 16:15

Chapitre X

+++Confrontation+++
+++Une évacuation d’urgence+++


Prenant bien soin de ne pas dévoiler leur présence, Tibaltus et ses compagnons restent dissimulés dans les ombres de leur ruelle obscure.
Skeld qui observe la scène avec attention, donne un coup de coude à Tibaltus qui se tient à côté de lui. Ce dernier jette un œil dans la direction que le cadien lui indique.
Un des soldats de l’escouade tueuse de Baalzabeth approche avec une sorte de cylindre en métal chromé dans les bras. L’objet, d’une quarantaine de centimètres de long pour une dizaine de centimètres de circonférence est équipé d’un dispositif comportant un cadran et de nombreux câbles.
Baalzabeth, toujours devant le Marshal Tak Al’Hadji agenouillé devant elle, lui fait signe de se relever. Ce dernier obtempère à la façon d’une marionnette privée de volonté. Le sang coule toujours de son visage et continue de se répandre sur le sol détrempé par la pluie.
Le soldat tend alors l’objet au Marshal qui s’en saisit délicatement avec ferveur, comme si il s’agissait là d’une sainte relique.
La sorcière devant lui effleure alors une rune sur l’objet. Le cadran se met alors à clignoter, animant l’instinct meurtrier de l’esprit de la Machine qu’il contient. Un large sourire carnassier se met alors à fendre son visage diaphane tandis qu’elle lui indique d’un geste théâtrale les marches menant au temple. Le marshal, moribond, se met alors à pivoter dans la direction indiquée et s’y dirige d’un pas lent et hésitant.
Baalzabeth relève alors sa tête vers le ciel et part d’un éclat de rire sonore alors qu’aucune goutte de pluie ne parvient à la toucher.
Puis d’un signe de la main tout en restant campée au milieu de la place, le regard rivé sur le marshal, elle ordonne à l’escouade tueuse de retourner vers leurs véhicules. Sa marionnette, quant à elle, commence à gravir lourdement les marches du templum St Galen.
Baalzabeth reste alors campée là un instant à scruter les alentours d’un air absent et détaché.


Skeld n’a rien raté de la scène qui s’est déroulée à une centaine de mètres de lui.
-Une bombe, tu crois ? Lui murmure l’Interrogateur.
Le cadien ajuste le réglage électronique de ses jumelles et essuie les optiques tandis que la pluie continue de tomber drue.
-Mouais, ça m’en a tout l’air. Y a une rune dessus qui me dit rien qui vaille.
-De quel genre, la rune ?
-Du genre à thermofusion. Le genre de petit joujou pas vraiment orthodoxe qui peut te raser plusieurs pâtés de maisons autour du temple si tu veux mon avis.
Le reste du groupe, à leurs côtés, dresse l’oreille à la mention de Skeld sur la bombe et se lance des regards inquiets.
-Et on fait quoi ? Lui demande Conrad. Je veux dire, on a un moyen d’arrêter ça ?
-Je pense que je peux y arriver, lui répond Skeld, si l’autre saloperie me laisse passer.
-Ok, on attend que la sorcière et ses sbires décampent d’ici et tu files dans le temple m’arrêter ce type et sa bombe, lui lance Tibaltus. Il fait alors signe au reste de l’équipe de se tenir prêt.
Chacun commence à se saisir de son arme, à savoir le fusil laser réglementaire, un vieux modèle Ryza-M standard qui va avec la tenue FDP fournie par Oxia.
-Si ça foire, faudrait pas que vous restiez dans les parages. Leur rappelle Skeld.
-Ecoute, on fera au mieux, lui répond Tibaltus.

Baalzabeth va pour se diriger finalement vers ses hommes mais quelque chose retient son attention alors que des éclairs déchirent les cieux, éclairant la place et la façade sombre du templum d’une lumière aveuglante. Le tonnerre se met alors à gronder dans le ciel.
A ce moment une silhouette se détache des ombres et se met à avancer dans sa direction.

L’homme qui approche a la peau sombre, il est grand et athlétique et est vêtue d’une grande robe noire à capuche qui claque au vent. Il porte un marteau à deux mains sur une de ses épaules. Il marche d’un pas assuré vers la possédée.
-Par le Trône tout puissant, c’est Leman Lupus le prêtre du Baron Achenheim, s’esclaffe Conrad à l’attention de ses compagnons.
Les sombres énergies du Warp se mettent alors à crépiter autour de Baalzabeth tandis que des bourrasques de vent commencent à tourbillonner sur le parvis du temple. La possédée se met alors à tourner lentement sur elle-même et à s’élever au dessus du sol en écartant les bras. Ses longs cheveux de jais ondulant tels des vipères excitées.
Les hommes de son escouade tueuse commencent à se répartir autour de leurs véhicules. Nerveux, ils mettent en joue l’homme qui approche. Soudain, certains d’entre eux reportent leur attention dans une autre direction, à l’opposé.
Un autre personnage fait son apparition. Flottant à une vingtaine de centimètres au dessus du sol, lui aussi est vêtu d’une lourde robe mais de couleur rouge. De l’augmentique et des mécadendrites complètent sa panoplie garnie d’armes diverses. Il est flanqué de deux serviteurs d’armes totalement cybernétisés. Leur bras droit remplacé par un bolter lourd asservi. Ils font, tous les trois, route en direction de l’escouade tueuse.
-Le Magos Kar Mordex, indique alors Séverina dans un murmure en le pointant du doigt à ses compagnons.
Skeld leur indique aussitôt deux autres personnages, furtivement éclairés par les éclairs qui zèbrent la place.
Oxia vient de faire son apparition. Encadrée par une escouade équipée d’armes lourdes, elle pointe un tube lance-roquette en direction des commandos. L’autre personnage n’est autre que le Baron Achenheim. Du haut d’un balcon d’un des bâtiments jouxtant le temple, il arme et pointe un long et puissant fusil à lunette de gros calibre, un légendaire modèle Nomade, comme ceux utilisés pour la chasse au mégasaure. Baalzabeth est pile dans sa ligne de mire.

Le prêtre s’arrête et abaisse sa capuche, dévoilant son crâne rasé couturé et ses yeux clairs où brille une détermination résolue. Tout en tenant son marteau d’une main, il pointe un doigt en direction de la possédée et d’une voix forte et claire lui crie :
-Vile catin du Warp, engeance impie enfantée des enfers putrides, ici il n’y a nulle place pour une créature de ton espèce ! Au nom du Tout-Puissant-Empereur-Dieu de l’Humanité, je t’abjure et te bannit de ce lieu consacré !
Le prêtre se saisit alors de son marteau à pleines mains, activant du pouce la rune de l’arme énergétique qui se met alors à crépiter d’une énergie blanche immaculée. Aussitôt il se met à charger le démon qui se tient devant lui tout en récitant la Litanie de l’Exécration. Il lève alors bien haut son lourd marteau au dessus de sa tête et s’apprête à prendre son élan pour bondir à sa rencontre.

Des volutes semblable à de la fumée noire se mettent à onduler frénétiquement autour de la possédée, tandis que ses yeux brillent désormais comme de la lave en fusion. Tout autour d’elle, les bourrasques de givres fouettent et griffent les alentours, tout se met à voler en tout sens. Elle lance un regard plein de haine à l’encontre du prêtre et dans un rictus mauvais se met à cracher sur le sol. Son crachat enflammant aussitôt le pavé détrempé.
-Je pisse sur le vampire desséché qui te sert de dieu, petit prêtre !

Lupus, fou de rage, bondit alors dans les airs tel un carnodon en hurlant sa sainte litanie et frappe de toutes ses forces.
Juste avant que le prêtre ne l’atteigne, le baron Achenheim fait feu sur sa cible.

En une fraction de seconde avant que l’arme et la balle en argent sanctifiée ne la touche, Baalzabeth fait jaillir une longue épée de sous son manteau. Il était évidant qu’aucune lame ne se trouvait là l’instant d’avant. La lame est noir comme le vide et barbelée de pointes vicieuses, immatérielle, elle apparaît dans les deux plans d’existence en se tortillant comme animée de sa propre volonté. La lame, vaporeuse comme de la fumée, s’interpose aussitôt entre la balle et sa maitresse juste avant qu’elle ne s’entrechoque avec le marteau du prêtre dans une gerbe d’étincelles et de flammes violacées.

En un instant l’enfer se déchaine sur la place saturant la zone de tirs de laser à haute capacité, de rugissements des bolters lourds, des mitrailleuses des hommes d’Oxia et du sifflement de ses roquettes. Tout n’est alors plus qu’explosions, cris et fureur.

Perdus au milieu d’un véritable champ de bataille, Tibaltus et son équipe ne peuvent qu’assister, quasiment impuissants face au déchainement des forces en présence.

Skeld lance un regard à ses compagnons avec un grand sourire.
-Excellent messieurs, on a notre diversion ! Vous me couvrez, je fonce sur le temple et j’arrête cette satanée bombe, ça vous va ?
-Je viens avec toi, lui lance alors Conrad.
Skeld prend alors un instant et lui lance un regard perplexe, le dévisageant de la tête aux pieds.
-T’es sûr de toi le sorcier ? Je veux dire…l’action c’est pas trop ton truc en général. Si tu te prends une balle, faudra pas pleurer.
-Je prends le risque. Fais ton job, je fais le mien.
-Ok, on vous couvre, lui répondent Tibaltus, Sévérina et Jézail, ajustant leurs fusils laser tant bien que mal.
-Ouais, bin tâchez de faire gaffe avec ces vieilles pétoires, j’ai pas envie de me faire descendre par des bras cassés comme vous, ok ? Leur lance alors Skeld en lançant un clin d’œil aux deux filles qui lui retournent un regard noir.
-Moi, je vais m’occuper de cette garce là-bas, leur annonce alors Ira en leur pointant Baalzabeth de son fusil laser.
Skeld la dévisage comme si elle venait de sortir une aberration.
-Tu veux mon avis ? Tu es complètement dingue ma pauvre fille. Content de t’avoir connu en tout cas et que l’Empereur te garde !
Puis il enjambe la pile de caisses derrière laquelle il était abrité et fonce ventre à terre en direction du parvis. Conrad s’empresse alors de le suivre, aussitôt suivi par Ira. Le reste du groupe ouvre alors le feu, visant Baalzabeth et ses hommes.

Les tirs combinés du Magos Kar Mordex, de ses serviteurs d’armes, d’Oxia et du Baron, parviennent sans peine à mettre à mal l’escouade tueuse. Ceux-ci ont beau être surarmés et lourdement protégés, ils se font néanmoins aisément tailler en pièces. Les tirs des serviteurs d’armes et du Magos sont redoutables, leur manque de précision largement compensé par une puissance de feu dévastatrice. Les balles explosives de 25 millimètres pulvérisant totalement les armures et les hommes qui se trouvent à l’intérieur. Près de la moitié des vingt commandos gisent désormais au sol.

Cependant, les tueurs de Baalzabeth ne sont pas en reste et ripostent sévèrement de leurs fusils Radiant. Un des serviteurs, touché à plusieurs reprises au visage, se met à tituber, privé soudainement de ses implants optiques. Incapable de poursuivre le combat, ses fonctions internes se désactivent, le mettant en mode veille.

De leur côté, Oxia et ses hommes continuent un tir de barrage nourrit sur les mêmes cibles que Mordex. Déjà deux des quatre véhicules noirs sont en flammes et retournés sur le côté. La capitaine a échangé à présent son lance-roquette contre une mitrailleuse légère à bande de cartouches et se met à arroser la zone avec le reste de son équipe. Plusieurs de ses soldats ont eux aussi été touchés et les blessés sont rapidement évacués de la zone de tir.
A sa puissance de feu, s’ajoute les tirs mortels du Baron, toujours perché depuis un balcon qui surplombe la place. Laissant de côté Baalzabeth, afin d’éviter de toucher le Prêtre, chacun de ses tirs, bien que lents, fait désormais une victime parmi les commandos de la possédée.

Skeld et Conrad foncent comme ils le peuvent à travers les tirs qui pleuvent autour d’eux, cherchant un couvert comme ils le peuvent. Ira les talonne de près se focalisant sur sa cible : Baalzabeth.

Cette dernière, toujours aux prises avec le Prêtre Leman Lupus est engagé dans un furieux corps à corps. Délivrant des coups d’une rare puissance, leurs armes s’entrechoquent avec toute la fureur et la haine viscérale qu’ils se vouent dont seule une issue fatale pourra les délivrer. Les litanies sacrées que le prêtre récite en boucle telles des mantras invoquent comme une sorte de barrière mystique entre lui et l’entité du Warp, forçant la possédée à garder ses distances. Le corps de la démone fume désormais comme si des volutes de vapeurs toxiques se dégageaient de ses chairs corrompues. Sa lame démon sifflant et fouettant l’air à la manière d’un prédateur affamé. Leurs coups ne redoublant que de plus belle.

Continuant de traverser le parvis et les tirs nourrit en slalomant parmi les quelques rares couverts, Skeld se focalise pour sa part vers son objectif : les marches du temple, désormais à quelques dizaines de mètres de lui. Soudain il repère un petit groupe de trois commandos qui se détachent de leur unité et qui filent aussi vers le temple, gagnant du terrain sur lui. Faisant signe à Conrad à côté de lui, il lui indique le groupe, puis appelle le reste de l’équipe sur son vox.
-Tib’ ! J’ai un groupe d’ennemis qui file vers le temple, arrose-les !
Puis reprenant sa progression il se dirige à grande enjambés dans leur direction faisant feu de son fusil laser, Conrad toujours sur ses talons.
Ira continue de les suivre, Baalzabeth n’est désormais plus loin.
Mais la possédée, toujours focalisée sur son combat, écarte un pan de son manteau d’une main. Un petit être de la taille d’un jeune enfant encapuchonné en sort prestement. Il s’agit de Styx. Ce dernier vouté et malformé hume l’air autour de lui puis rive son regard torve sur le petit groupe qui traverse la place, venant dans sa direction. Dévoilant alors ses crocs jaunâtres et cariés dans un sourire baveux, il étend ses doigts crochus autour de lui. S’accroupissant au niveau du sol, il les pose là où se trouve toujours la marre de sang laissé par le marshal. A son contact, le sang commence à s’embraser de petites flammes violacés. Tournant sur lui-même, il décrit un large cercle de feu autour de lui.
Ira fonce dans sa direction et tire. L’impact laser le frappe en pleine poitrine mais le laisse totalement stoïc, il projette alors ses doigts couverts de sang enflammé dans la direction d’Ira et de Conrad, tentant de les éclabousser. D’une rapide esquive, les deux compagnons roulent sur le côté et engagent aussitôt le familier, tentant de la cribler d’impacts laser mais en vain.
Conrad réalisant que Skeld est en difficulté aux abords du temple, fait alors un signe rapide à Ira.
-Va l’aider, je m’occupe de celui-là, lui crie-t-elle.
Conrad s’empresse alors de filer, laissant Ira se débrouiller seule face au familier.

De son côté, Skeld continue seul vers les marches et commence à les gravir tout en tirant. Jézail, Séverina et Tibaltus continuent leur tir de soutien et ratent lamentablement leurs cibles, à part un tir chanceux de la petite arbitrator qui parvient à pulvériser le casque d’un des commandos mais sans lui occasionner plus de dommages. L’homme sans casque s’engouffre alors dans le temple tandis que ses deux équipiers se retournent et ouvrent le feu sur Skeld. Ce dernier se jette de côté in extremis et parvient à éviter les puissants tirs. Se relevant pour riposter il voit le serviteur de combat suivi du Magos Mordex arriver dans sa direction, leurs armes crépitantes fauchent alors sans peine les deux soldats. Skeld envoie alors en remerciement un petit signe de tête au Magos, et en profite pour foncer vers l’entrée du temple. Conrad parvient lui-aussi à la rejoindre à ce moment-là.

Sur le parvis les derniers commandos sont finalement abattus par Oxia et le Baron. Laissant alors le champ libre à Tibaltus et son équipe pour passer à l’action. Sortant du couvert ils filent alors en direction de Baalzabeth. Cette dernière est toujours en plein combat contre le prêtre. A quelques mètres d’eux Ira est elle aussi engagée en combat contre Styx, lui assénant de violents coups de crosse de son fusil en pleine tête. Le familier recule à chaque impact mais n’en semble pas plus blessé pour autant. Des volutes d’énergie noire comme le vide se forment au bout de ses doigts. A plusieurs reprises il frappe en direction d’Ira. Cette dernière parvient à encaisser les premiers assauts, mais à la troisième tentative, elle succombe finalement à la sombre magie. Impuissante, l’Arbites voit ses membres se tétaniser, pris comme dans une chape de glace. Toujours consciente, elle réalise alors avec effroi qu’elle est totalement paralysée, incapable de réagir à ce qui l’entoure et à la merci des sortilèges du warp.
A ce moment, Baalzabeth invoque une onde maléfique parcourue d’énergie éthérée de couleurs mauve et noire tout autour d’elle. La canalisant dans une de ses mains elle la projette contre la poitrine du Prêtre. L’impact, d’une rare puissance, le catapulte sur le parvis à une vingtaine de mètres de là. Enfin libérée de son assaillant et lassée de son combat, la possédée repère les nouveaux ennemis venant à son encontre.
Esquissant un geste ésotérique devant elle, la possédée trace quelques runes impies dans l’air, déchirant l’enveloppe même de la réalité. Puis, reporte son attention vers son familier, tandis que ce dernier tourne désormais autour de sa proie pétrifiée et totalement sans défense, tel un charognard se demandant par quel morceau commencer.
-Styx ! Assez joué ! Nous partons maintenant. Lui lance-t-elle alors d’une voix sifflante.
La petite créature hésite un instant comme contrariée de devoir partir sans avoir fini quelque chose. Finalement, le familier rejoint sa maitresse qui l’enveloppe dans son manteau comme à son habitude.

Déjà Oxia, le Baron, ainsi que Tibaltus, Séverina et Jézail approchent toutes armes pointées et ouvrent le feu. L’instant d’après, Baalzabeth et Styx passent la brèche que cette dernière a ouverte et disparaissent totalement laissant un immense sentiment de frustration chez ses poursuivants mais aussi une terrible interrogation.

Dans le temple, Skeld se faufile et se met à couvert derrière les rangées de bancs, aussitôt imité par Conrad. Au centre de la nef, à une centaine de mètres d’eux se trouve un des commandos, celui justement qui avait perdu son casque lors de l’affrontement. A ses pieds git un corps, celui du Marsahl Al’Hadji. Le cylindre est à côté de lui, au sol. Le soldat, arme toujours pointée, tâte du pied le corps de l’homme à terre, s’assurant apparemment que ce dernier est bien mort.
Skeld continue de s’avancer discrètement tout en pointant son fusil laser devant lui, gardant bien la tête du commando dans sa ligne de mire. A quelques pas de lui, Conrad se dissimule prudemment et murmure à l’attention de son coéquipier :
-Couvre-moi, je vais tenter une diversion.
Skeld hoche la tête et s’apprête à ouvrir le feu à son ordre. L’instant d’après, Conrad lui donne le top, il se lève et bondit vers la nef en hurlant tout en faisant feu de son arme. Le commando, vif comme l’éclair, se retourne et riposte aussitôt. Les tirs de laser se croisent dangereusement. Conrad voit alors avec stupeur qu’il parvient à toucher l’homme en pleine poitrine mais que son armure absorbe complètement l’impact. Pestant contre Skeld et l’absence de son soutien, il plonge à couvert entre une rangée de bancs. Le commando avec un sourire mauvais sur le visage se rue alors à sa rencontre, tout en mitraillant en full-automatique les bancs dont les dossiers en bois se mettent à éclater en tout sens.

Skeld se met alors à maudire l’esprit de la Machine du vieux Ryza-M dont la cellule énergétique vient juste de griller au moment où il allait ouvrir le feu. Jetant rageusement l’arme de côté, il se redresse et dégaine alors ses deux Tronsvasse Compacts automatiques qui étaient glissés dans son dos à sa ceinture. D’un geste expert du pouce, il libère les crans de sureté et d’un mouvement assuré colle deux balles en pleine tête du commando qui se trouvait encore à quarante mètres. L’homme, aussitôt projeté en arrière, s’écroule raide mort en plein milieu de la nef, les jambes prises de convulsions tandis que son sang se répand sur les dalles de marbre lustré depuis l’arrière de son crâne perforé.
Conrad se relève alors, n’en croyant pas ses yeux.
-T’as vraiment une chance de cocu, le cadien !
-La chance n’a rien à voir là-dedans, le sorcier. Je te l’ai déjà dit, chacun son job, lui répond alors Skeld en faisant virevolter ses automatiques sur ses index.
Conrad reprend alors rapidement ses esprit et se précipite vers le corps du Marshal, faisant signe à Skeld de s’occuper de la bombe. Conrad repère alors rapidement que l’homme, malgré ses autres blessures, a été abattu par des tirs de laser. Ce qui n’est pas sans l’étonner. Pourquoi un des hommes de Baalzabeth irait justement contre la volonté de sa maitresse ? Cette question devra attendre un peu, mais le psyker garde tout de même sa remarque de côté.

Déjà, le Magos Mordex les rejoint, suivi de près par le reste de l’équipe, le prêtre meurtri par son dernier combat les accompagne, son marteau toujours à la main. Le lourd pectoral en argent en forme d’Aquila qu’il porte sur la poitrine n’est plus. L’artefact sacré ayant encaissé l’attaque maléfique et sauvé son porteur. Une trace de brulure se trouve à sa place sur son torse.

Jézail restée sur le parvis, aide Ira à reprendre ses esprits. Cette dernière, retrouve progressivement l’usage de ses muscles suite au maléfice lancé par le familier. Prise de violentes convulsions, elle se met alors à vomir un mélange de bile et de sang.

Pendant ce temps, dans le templum, Skeld et le Magos étudient rapidement le mécanisme de l’engin explosif.
-Il nous reste à peine cinq minutes, leur répond le cadien.
Le Baron Achenheim jette un œil à l’attention de ses compagnons.
-Nous n’aurons jamais le temps d’évacuer toute la ville…Leur annonce-t-il d’un air sombre.
-Non mais nous pourrions alors emmener la bombe loin d’ici à bord d’un des véhicules qui se trouvent encore sur le parvis. Lui répond Tibaltus.
-Nous avons une idée de son aire d’effet ? Demande le Baron.
+++Formulation : Affirmatif. Son aire d’effet est estimée à cinq cent mètres de rayon+++ Lui répond le Magos de sa voix métallique et monocorde.
Skeld s’empresse alors de ramasser l’engin et se précipite vers la sortie.
-Ok, je l’emmène avec moi, cinq minutes, c’est plus qu’assez pour me trouver loin d’ici.
+++Affirmation : J’accompagne le garde+++ Leur répond alors Mordex.

Déjà, sur le parvis Séverina est assise au volant d’un des Arkhan Land H3 noir des commandos. Un des rares véhicules à avoir survécu au carnage. La carrosserie est criblée d’impact, mais le lourd 4x4 semble encore en état. Le moteur tourne, elle est prête à partir dès que Skeld sera à bord.
Il arrive suivi de la petite troupe, confie l’engin au Magos qui s’installe sur le siège arrière, puis ouvre la porte conducteur et demande à Séverina de sortir.
-Désolé poulette, mais c’est une mission d’hommes, ça me chagrinerait qu’il t’arrive malheur. Si tu vois ce que je veux dire ?
Séverina le dévisage avec un regard dur. Les yeux brillant, elle va pour répondre quelque chose quand Tibaltus lui fait un signe de la tête. Lui faisant comprendre que son sacrifice supplémentaire serait inutile.
Séverina, à contre-coeur laisse alors le volant à Skeld qui, sans se retourner démarre sur les chapeaux de roue et file droit vers la sortie de la ville emportant avec lui le Magos et la bombe.
-On fait quoi à présent, leur demande Conrad ?
-On se met le plus possible à couvert, lui répond Ira.
-Les égouts ! Leur répond Séverina.
Acquiesçant, le reste de l’équipe s’empresse de se diriger vers la première plaque d’égout venue et se laisse glisser à l’intérieur. Tibaltus continue de scruter l’horizon. L’orage est terminé désormais et la pluie a cessée. Tout autour de lui, les quelques habitants qui n’avaient pas encore fuit le quartier lors du carnage, prennent leurs jambes à leur cou.
-Tu viens avec nous ? Lui demande Séverina juste avant de descendre.
Il se retourne vers elle et lui sourit.
-Non. J’ai confiance en Skeld, lui répond-il.
Séverina secoue alors la tête et se laisse glisser dans le trou, non sans au préalable avoir refermé la plaque en fonte.
Les minutes restantes passent. Tibaltus attend, toujours impassible. Un flash de lumière aveuglant dans le lointain puis un immense nuage de poussières s’élève dans le ciel accompagné un peu après d’un tremblement assourdissant comme un coup de tonnerre d’une rare puissance.
Quelques minutes plus tard, le reste de l’équipe refait surface dans la rue, la mine sombre, les équipiers de Tibaltus gardent le silence, conscient qu’ils viennent de perdre un compagnon de valeur.
Conrad et Jézail s’escriment à chercher à le contacter sur leur vox. Ils n’ont que des parasites en réponse.
-Laissez tomber, leur annonce Séverina. C’est dû à l’impulsion électromagnétique causée par l’explosion. Les communications seront brouillées un moment.
-Tu crois qu’il a survécu ? Lui demande Jézail.
-J’en suis convaincu, ma chère. Leur répond Tibaltus. Ce bon vieux Skeld a plus d’un tour dans sa poche.
-Bien et que fait-on désormais, demande alors Conrad à l’attention du Baron et de son équipe.
Ce dernier prend un air grave avant de répondre, scrutant le visage de ses compagnons.
-Grace à votre aide, nous avons réussi à éviter une catastrophe et un terrible sacrilège cette nuit. La mort de milliers de personnes ainsi que destruction de la symbolique forte du Templum St Galen aurait porté un coup très dur à la foi des fidèles qui s’accrochent ici-même à la lumière de l’Empereur.
Mais ne nous voilons pas la face. La…sorcière, responsable de tout ceci reviendra et cette fois-ci, elle aura de quoi nous contrer. Désormais elle sait à qui elle a affaire. Je ne donne alors pas cher de cette petite ville autrefois si paisible.
Il regarde alors chaque membre de son équipe.
-Avant demain matin, il va falloir que nous organisions l’évacuation totale de la ville.
Ses équipiers hochent la tête affirmativement. Puis reportant son attention vers Tibaltus.
-Il va vous falloir aussi quitter ces lieus. J’ignore ce qui fait que l’ennemi puisse vous retrouver si facilement mais il va falloir vous mettre au vert le plus vite possible et loin d’ici.
-Vous aviez parlé d’un réseau de contacts, nous pourrions alors entrer en relation avec une de ces cellules ? Lui demande Jézail.
-C’est malheureusement impossible, lui répond le Baron. Mon réseau de contacts est tombé cette nuit-même. Nous nous retrouvons coupés de tout autre soutien.
-Quoi ? Mais comment… ? S’étonne alors l’arbitrator comme ses autres compagnons.
-Nos ennemis sont puissants ma chère, de plus, comme vous avez pu le constater ils n’utilisent pas des moyens, disons…conventionnels, lui répond-il en montrant le parvis dévasté et jonché de cadavres.
-Que préconisez-vous ? Peut-on vous aider d’une quelconque manière ? Lui demande alors Conrad.
-Mettez vous à l’abri en attendant, prenez ce que vous avez à prendre ici et quittez les lieus dans l’heure. Une vieille ferme abandonnée se trouve à une cinquantaine de kilomètres au nord. Allez-y, je vous recontacte dans vingt-quatre heures, le temps de gérer la situation ici. J’aurais alors un plan à vous proposer pour la suite des évènements.

Après quelques salutations, Tibaltus et ses compagnons vont pour quitter les lieus lorsqu’un véhicule couvert de poussière et de brûlures fait son apparition et s’arrête à quelques mètres d’eux. Skeld en descend avec un grand sourire sur le visage. Ses compagnons n’en croient pas leurs yeux. Le Magos, sort à son tour.
-Je vous avais pas dit que ce type est incroyable ? Annonce alors Tibaltus au reste de l’équipe.
-Alors c’est qui le héros ici ? Y a pas des filles qui sont censées m’embrasser, là ? Commence à fanfaronner le cadien.
-Dans tes rêves, soldat ! lui répond alors Séverina en secouant la tête, non sans s’empêcher de sourire.
Conrad approche alors et lui tape dans le dos.
-T’as vraiment une chance de cocu le cadien, même si la chance n’a rien à voir là-dedans !

Une heure plus tard, après avoir été récupérer leurs anciennes affaires laissées dans une grange, ainsi que quelques vivres, Tibaltus et son équipe roulent à bord des deux H3 pris aux commandos.

La vieille ferme est trouvée sans peine, une heure avant l’aube, perdue dans la végétation. Le tout est composé de plusieurs corps de bâtiments, dont certains sont écroulés et envahis de broussailles. Les véhicules sont dissimulés dans d’anciennes granges et l’équipe s’installe dans le bâtiment qui semble être en meilleur état. D’un coup d’épaule, Skeld enfonce la porte. Le groupe se pose alors à l’étage, seul endroit relativement épargné par l’humidité. Quelques meubles cassés, des objets brisés sans intérêt jonchent les lieus. Les membres de l’équipe disposent leurs sacs de couchage à même le sol et se laissent tomber dessus, conscient que le peu qui reste de nuit sera agitée.
-Qui prend le premier tour de garde ? Demande alors Conrad.
-Moi. Leur répond alors Tibaltus.


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Message par Illuminati Mar 13 Jan 2015 - 15:10

Livre 3

Chapitre I

+++La nuit porte conseil+++
+++Le coup de poker de Tibaltus+++


Jézail s’éveille en sursaut et se redresse sur un coude comme alertée par quelque chose. Une étrange sensation vient de la tirer du sommeil profond dans lequel elle était encore plongée. Instinctivement elle se saisit de son automatique, un modèle Scipio standard qu’elle avait toujours à portée de main, prête à s’en servir.
Un rapide coup d’œil alentours lui confirme qu’elle est toujours allongée sur son sac de couchage, à même le parquet délatté à l’étage d’une vieille bâtisse à moitié en ruine. A la lumière grisâtre qui pointe au travers des planches pourries qui obstruent les fenêtres elle juge qu’il doit encore être tôt.
Les autres sacs de couchages étaient défaits autour d’elle. Ils avaient dormis là mais l’avaient laissée seule. Où étaient-ils à présent ?
Etait-ce ce rêve étrange qui venait de la réveiller, ou bien autre chose ?
Celui en qui elle croyait le plus avait probablement sacrifié sa vie et lui avait demandé d’en faire de même pour sauver cette…mais qu’est-elle en réalité ? Comment pouvoir lui donner sa confiance si elle ne sait rien d’elle ?
Sans compter les derniers évènements de cette nuit bizarre à Achenheim, le Baron, ses hommes et cette…chose maléfique qu’ils n’avaient pas hésités à combattre. Par le Trône tout Puissant, mais qu’est-il en train de se passer sur Badab ? La corruption est-elle en train de s’insinuer partout de nouveau ?
Un tir de laser et des éclats de voix finissent alors totalement de la sortir de sa torpeur. Réalisant que c’était cela qui avait du la réveiller, Jézail bondit sur ses pieds et se dirige vers les escaliers, le bruit vient d’en bas, elle dévale les marches, son arme pointée droit devant elle. Sa main gauche tenant fermement la main qui tient l’automatique. Rapidement et prudemment elle traverse la pièce d’en bas et se dirige vers une des portes grande ouverte qui donne sur une sorte de jardin. Les bruits viennent de là, de dehors.

Un autre tir de laser, puis des cris. Une voix, celle de Conrad le psyker se reconnaît alors.
-Skeld, ne fais pas le con et baisse ton arme tout de suite !

Jézail fait irruption dans la cour pour assister à un spectacle surréaliste.
Skeld est entièrement nu, exhibant sans complexe son anatomie avantageuse et sa carrure musculeuse, il pointe son fusil laser nerveusement vers Conrad qui est au sol et qui tente de se relever.

-Saloperie de sorcier, on aurait du te buter il y a un moment déjà, voit ce que tu viens de faire ! Tu vas payer à présent !
Avant même qu’il n’ait le temps de presser la détente de son arme, Conrad lance alors un sort, maladroitement mais cela suffit à faire dévier le tir qui passe à quelques dizaines de centimètres au dessus de sa tête.
Une ombre surgit alors, rageusement. Séverina bondit sur Skeld, lame tronçonneuse prête à frapper sans aucune pitié.
Mais le cadien est un vétéran de la Garde Impériale, rompu à tous les combats. N’excellant pas que dans le tir, il excelle aussi dans le combat au corps à corps. D’un rapide mouvement circulaire, il pivote son bassin, esquivant l’arme mortelle sans peine qui manqua de le faucher, et en profite pour projeter son pied en plein contre le poignet de Séverina, l’arme lui échappe alors des mains et part en tourbillonnant à quelques mètres de là, elle n’a même pas le temps de voir la contre-attaque que le cadien lui assène violemment. La solide crosse de son fusil Kantrael percute le visage encore meurtrit des derniers combat de la sœur et l’envoie s’affaler à même le sol. Là, gisant les bras en croix, elle reste inconsciente.

Jézail reste éberluée face à cette scène incroyable, pétrifiée et impuissante, elle ne sait que penser de ce qui est en train de se dérouler.

Ira qui n’était pas intervenue jusque là, vient alors s’interposer entre le cadien et le psyker. Elle bondit en avant et assène à Skeld un puissant coup à la tête avec le pommeau d’une de ses lames. Ce dernier accuse le choc qui aurait assommé net n’importe quel gaillard. D’un coup il repousse sans ménagement Ira et se désengage rapidement.
Il reporte alors son attention vers Conrad, toujours au sol. Pointant de nouveau son arme vers lui, il s’apprête à tirer.
Soudain une des lames gravées de runes étranges se plaque contre le canon de l’arme, l’obligeant à se baisser vers le sol, tandis que le tranchant de l’autre lame jumelle se colle tout contre la gorge de Skeld.
Ira l’avait contournée et pris de flanc, tenant ses deux lames fermement, tandis qu’il était concentré sur sa cible,
-Ça suffit Skeld ! Pose immédiatement ton arme au sol et recule de deux pas ! Lui lance-t-elle d’une voix assurée.
Conrad en profite alors pour se relever tant bien que mal, il adresse un petit signe de tête reconnaissant à l’attention d’Ira. Focalisant ensuite ses pouvoirs de télépathe dans les modulations de sa voix, il brise alors les dernières barrières mentales qui retenaient Skeld prisonnier de sa fureur meurtrière.
Ce denier se met alors à vaciller en titubant, son arme glisse alors vers le sol tandis qu’il se tient la tête dans les mains. D’un rapide coup de pied, Ira écarte le Kantrael un peu plus loin, ses lames toujours tenues devant elles, non plus menaçante, mais plus par sécurité. Cette denrière fait alors un signe rapide à l’attention de Jézail qu’elle perçoit dans son champ de vision, afin qu’elle aille s’occuper de Séverina, toujours inconsciente.

-Mais qu’est-ce que j’ai fais ? Se met alors à bredouiller Skeld, les yeux soudain exorbités. Un peu perdu et hésitant il se dirige vers l’intérieur de la maison, ramasse ses affaires et commence à se rhabiller sous l’œil vigilant d’Ira.

Conrad reporte son attention vers Jézail et Séverina. Cette dernière se relève, essuyant le sang sur la nouvelle coupure qui orne son visage. Jézail termine de lui administrer quelques soins rapides mais Séverina ne s’en soucie guère, elle s’empresse de ramasser son épée tronçonneuse et se dirige vers Conrad, ce dernier la retient d’un simple geste.
-Il est où ? Lui dit-elle avec de la colère dans la voix.
-Laisse tomber, inutile d’aggraver la situation, Skeld ne savait même pas ce qu’il faisait ! Lui répond le psyker.
Jézail s’approche d’eux et les interrompt aussitôt.
-Quelqu’un peut m’expliquer ce qui se passe ici, ou bien tout le monde est devenu complètement dingue ? Et ou est Tibaltus ?
Ira s’approche d’eux non sans avoir veillée au préalable qu’aucune arme ne soit à portée de main de Skeld. Ce dernier, désormais habillé est parti s’assoir sur une souche d’arbre et commence à se rouler une nouvelle barrette de Lho. Séverina lui lance alors un regard noir mais ce dernier n’y prête pas attention.
-Tibaltus est parti il y a quelques heures, lâche alors Conrad à l’attention de Jézail.
-Quoi ? Mais pour aller où ?
-Justement on l’ignore, lui répond Ira. Il a pris un des deux véhicules, c’est tout ce que je sais.
-Il a juste prévenu Séverina et moi-même tandis que nous dormions, lui lance Conrad, il nous a dit être persuadé que nous étions suivis et devait donc découvrir qui cela pouvait bien être.
Jézail fronce alors les sourcils, peinant elle aussi à trouver cela vraiment crédible.
-Admettons…mais cela n’explique pas pourquoi vous étiez en train de vous entre-tuer ?

Conrad, Ira et Séverina se lancent un regard entendu avant de répondre.
-Il ne s’est pas passé que cela cette nuit, lui répond Conrad, nous sommes tous les trois persuadés qu’il y a un traitre au sein de ce groupe.
Séverina n’avait alors pas quitté des yeux le cadien assit à une vingtaine de mètres de là, fumant tranquillement son Lho.
-Et vous pensez que c’est qui ? Skeld ? Leur répond Jézail.
-On ne peut rien te dire pour l’instant, pas avant qu’on soit certain pour toi aussi, lui répond froidement Séverina.
-On a décidé d’un commun accord à se soumettre chacun à une sorte de contrôle réciproque, lui lance Conrad avec gravité. Une sorte de test assez basique permettant de nous assurer qu’aucune marque impie ne souillerait ta chair et qu’aucune trace laissée par le warp ne marquerait ton esprit. Tu dois bien comprendre qu’étant la dernière arrivée dans cette équipe, il est difficile pour nous de te faire confiance.
-Je comprends, lui répond alors Jézail, de façon solennel. Que dois-je faire ?
-Tu retires tous tes vêtements, lui lâche alors Séverina.
-Quoi, là comme ça, devant vous ?
-Evidemment, sinon comment pourrions nous voir si ton corps porte des traces ?
Jézail semble hésiter un instant, pas franchement à l’aise devant cette décision pour le moins surprenante, mais se dit que le refus de sa part pourrait être une très mauvaise alternative.
-D’accord mais pas devant lui, dit-elle en désignant Conrad. A l’intérieur et juste devant les autres filles.
Conrad fait alors un signe de tête à Ira et Séverina.
-C’est d’accord.

Quelques minutes plus tard, Séverina sort du bâtiment où les filles s’étaient retrouvées. A l’intérieur, Jézail est déjà en train de se rhabiller.
-Elle est pure, aucune marque en dehors d’un tatouage d’Aquilla et du Magistratum. Je te la laisse, je vais surveiller l’autre là-bas.
Conrad entre alors dans la petite pièce de la bâtisse en ruine. Jézail lui lance un regard inquiet.
-Je vais désormais sonder ton esprit, si tu n’y vois pas d’objection. Cela peut surprendre un peu, voire même paraître désagréable mais cela ne devrait pas occasionner de gêne. Il va juste falloir de détendre et ne pas cherche à résister.
Jézail, pas vraiment rassurée, expire longuement puis se soumet de bonne grâce à la sonde psychique.
L’expérience dure quelques secondes, suite à quoi un vertige prend la jeune arbitrator qui s’empresse d’aller prendre enfin l’air, heureuse d’en avoir fini avec ce jeu pervers, même si nécessaire. Mettre ainsi son corps et son âme à nue n’est pas dans ses habitudes en dehors de certaines circonstances. Ce qui est loin d’être le cas ici.
-Alors ? Demande Ira à Conrad.
-Elle n’est pas touchée. A peine sait-elle ce qu’est le warp. En tout cas, même si elle ne peut en être consciente, une chose est sûre, le warp ne l’a pas touché.
Jézail termine de reboutonner la veste de son uniforme et les rejoint.
-Vous voilà rassurés ? Et vous tous, vous avez aussi passé ce test ?
-Nous l’avons tous passé, lui répond alors Conrad. Sauf pour le sondage psychique. Je n’ai bien entendu pas pu m’y soumettre moi-même. Il vous faudrait un autre psyker pour cela.
-Et donc j’en déduis que cela s’est mal passé avec Skeld ?
Conrad prend alors le temps de mesurer ses propos.
-Disons que lorsque j’ai souhaité entrer dans son esprit, il s’est produit…comment dire ? Une sorte de problème psychique s’est violemment manifesté, un peu comme si je venais de provoquer un court-circuit. Son esprit a été sous le contrôle d’un psyker assez puissant et j’ai réussi à le percevoir. Mais cela à généré un…très gros problème.
-Des entités du warp se sont alors manifestées et nous avons du les combattre, ajoute soudain Ira. Cela à bien faillit terrasser Conrad, fort heureusement Séverina et moi sommes parvenues à les bannir. Suite à quoi, Skeld s’en est pris violemment à Conrad, pensant qu’il était la cause de ce problème.
-Ce qui n’est pas si faux indirectement, ajoute alors Séverina. La suite, tu la connais.
Jézail n’en crois pas ses oreilles.
-Attendez…vous me dites que Skeld est contrôlé mentalement par de la magie et…c’est tout ?
-Nous gardons un œil sur lui à présent, ajoute Conrad. Du moins tant que nous n’en savons pas plus.
-Et pour Tibaltus ?
-Justement, c’est le prochain sur notre liste, lui répond-il. Dès qu’il sera de retour, il devra lui aussi se soumettre à ce test.
Moins d’une heure plus tard, un bruit de moteur attire leur attention. L’équipe prend position dans le bâtiment, armes à la main et observent en silence. Le H3 emprunté par l’Interrogateur quelques heures plus tôt arrive lentement et s’arrête à quelques mètres de la bâtisse. Tibaltus en descend tranquillement et approche de la maison en sifflotant. Il entre dans la pièce du rez-de-chaussée et s’étonne de voir l’ensemble de ses compagnons lui lancer un regard suspicieux.
-Tiens, vous êtes tous debout ? Leur lance-t-il tout naturellement.
-Et on peut savoir où tu étais, toi ? lui demande Conrad d’un air inquisiteur.
Tibaltus fait mine de vaquer tranquillement à ses occupations, l’air de rien.
-Je vous l’ai dit, des gens nous suivaient.
-Et subitement, tu t’es dit que le plus malin à faire était d’aller seul à leur rencontre ? Lui demande alors Ira.
-Et bien oui. Lui répond-il tout naturellement. Seul, j’avais ainsi plus de chance de ne pas attirer l’attention.
-Et tu as trouvé qui nous suivait ? Lui demande Séverina qui fait signe à Skeld de sortir allez voir ailleurs.
-Oui, j’ai vu Spud.
Conrad ne peut s’empêcher de pousser un gloussement.
-Mais qu’est ce que c’est que ces conneries ? Comment ça Spud ? Tu n’as même jamais rencontré ce type au préalable, tout le temps que nous l’avons connu, tu étais dans le coma ! Tu te paies notre tête encore une fois !
-Tu pourrais nous le décrire ce Spud ? Lui demande Séverina qui ne semble pas croire un traitre mot, elle aussi, de l’histroire de Tibaltus.
-Un grand costaud, la peau noire, une iroquois et des cicatrices, ça vous va ?
-Ok admettons. C’est bien à ça qu’il ressemble. Et il t’a parlé ? Lui demande Conrad.
-Oui, il m’a parlé de Loucenzo Romeus. Lui aussi souhaite voir disparaître ce type.
-Tu nous racontes n’importe quoi là, s’emporte Conrad, tout le monde souhaite voir disparaître Romeus. Tu veux que je te dise ? Je crois que tu nous racontes des conneries depuis un bon moment !

Un silence passe tandis que Conrad le dévisage. Les autres observent la scène avec attention, l’électricité est presque palpable dans la pièce.
-On s’est tous soumis à un test, il ne reste plus que toi à présent. Es-tu d’accord pour t’y soumettre de bonne grâce ?
-Sans aucun problème, lui sourit alors Tibaltus. Que dois-je faire ?
-Retire tes vêtements, nous devons voir ce qu’il y a sur ton corps. Lui répond Conrad.
-Ce que tu verras n’est pas très joli. Mon corps est couvert de brûlures et de cicatrices, cela pourrait en choquer certains ou certaines…
-Ne te soucis pas de nous, lui rétorque Séverina. Les brûlures ne m’inquiète pas.

Ils sont alors tous interrompu par un bruit de véhicule qui approche.
Conrad fait signe à Tibaltus de ne pas bouger tandis que ses compagnons se dirigent de nouveau armes à la main vers les orifices du bâtiment.
-C’est Oxia, la capitaine des FDP, finis par annoncer Jézail au reste de l’équipe.

Un 4x4 se gare à proximité du bâtiment, la jeune officier en descend et approche de la ferme.
Jézail et Ira viennent à sa rencontre.
-Je viens vous chercher pour vous emmener rencontrer le Baron, êtes vous prêts ?
-Vous nous laissez dix minutes ? On a encore un petit détail à régler. Lui annonce Ira.
-Aucun souci, je vous attends dehors, leur répond-elle.
Jézail décide de rester avec elle afin de faire un brin de causette sur les derniers évènements relatifs à l’évacuation des civils de la ville d’Achenheim.

Ira retourne donc à l’intérieur.
Tibaltus se soumet alors à leur requête et retire lentement chacun de ses vêtements, prenant bien soin d’y mettre une certaine touche théâtrale. Une fois nu, il se campe devant eux, bras écartés.
-Vous êtes satisfaits de voir un grand brûlé nu devant vous ?
Ira approche avec Séverina. De nombreux bandages enserrent ses membres et son torse. Son corps semble recouvert de traces de brûlures.
-C’est quoi ces bandages ? Lui demande Conrad.
-Mes blessures ne sont pas toutes guéries…
-Retire-les, lui demande Ira.
-Pardon ?
-Retire tes bandages.
Ira se saisit alors de ses deux lames jumelles. Elle approche la pointe d’une des lames contre le corps nu de Tibaltus et écarte une des bandelettes. Un texte marqué à même sa chair apparaît alors, visiblement en haut gothique mais elle ne parvient pas à le déchiffrer.
Les runes gravées dans l’acier des lames se mettent aussitôt à luire tandis que la température commence soudainement à monter dans la pièce.
Ira recule d’un pas, peinant à réaliser ce qui se tient devant elle.
Séverina se saisit de sa lame tronçonneuse et jette un regard à Conrad.
-Je vais entrer dans ton esprit, alors tu ferais mieux de ne pas me résister, lui lance le psyker.
Tibaltus lui sourit.
-Loin de moi cette idée ! lui dit-il en gloussant.
Conrad plonge alors son esprit dans celui de Tibaltus.

Dans la même seconde il se retrouve projeté à l’autre bout de la pièce et percute le mur de plein fouet, fort heureusement, la cloison en torchis cède sans peine. C’est donc dans un éboulement de gravas et de poussière qu’il se retrouve éjecté dans une pièce adjacente, sonné, le souffle coupé et le corps meurtri par la violence de l’impact.
Dans l’autre pièce, Ira et Séverina sont projetées en arrière de quelques mètres. Autour d’elles la chaleur devient étouffante, comme celle sortant d’un four, une immonde odeur de chair brulée emplie alors leurs narines. Tibaltus flotte à un mètre du sol, les bras toujours écartés, un grand sourire déforme sa face décharnée tandis que des flammes dansent autour de lui, il se met alors à rire d’un rire sonore et dément. Puis une sorte de trou noir se forme dans le plafond et sans la moindre cérémonie, il s’y engouffre, disparaissant en même temps que les flammes, l’odeur de brûlé et la chaleur qui l’accompagnent.
Jézail et Oxia font alors irruption, leurs armes de poing pointées pour voir la pièce dévastée et la mine défaite des deux jeunes femmes. Séverina en train de s’occuper à aider Conrad en sang et couvert de poussière tandis qu’Ira semble faire les cents pas dans la pièce, cherchant quelque chose du regard. Faisant tournoyer autour d’elle ses deux lames jumelles chauffées à blancs et fumant comme si elles sortaient de la forge.
-Que s’est–il passé ici ? Leur demande Oxia, bien consciente qu’un phénomène anormal et donc de nature inquiétante venait d’avoir lieu.
Séverina aide alors Conrad à s’asseoir et commence à lui soigner ses blessures du mieux qu’elle le peut. Conrad, encore sous le choc est comme prit d’hystérie, les yeux exorbités.
-Par le Trône, Conrad ne me dit pas que Tibaltus est un… ?
-Si…c’est pire que ce que nous pensions…j’ai vu en lui…j’ai tout vu, le salaud m’a laissé entrer dans les abimes du warp qui remplacent son âme damné…Ce n’est plus Tibaltus…C’est un démon, un…un possédé…c’est lui Azaltoth !
Accuser le coup d’une telle nouvelle pour le reste de ses compagnons fut comme se prendre un coup de marteau énergétique en pleine face.
C’est finalement la capitaine Oxia Al’Wahhab qui parvient à les sortir de leur mutisme.

-Assemblez vos affaires, nous allons devoir partir très vite d’ici.
-Et nous allons où ? Lui demande Ira.
-Dans un lieu sûr. Un endroit où vous serez protégés de ce genre de chose.

Jézail se penche alors pour ramasser un petit objet brillant au sol parmi les restes des vêtements de Tibaltus. Sa main allait s’en saisir au moment même où la lame d’Ira l’interrompt. La jeune arbitrator lui lance un regard étonné. Ira lui fait un signe négatif de la tête. L’objet au sol se trouve être un des petits colifichets qu’Ira avait acheté pour ses compagnons à Achenheim devant le temple St Galen. Et celui-ci est l’Aquila que Tibaltus portait au cou au bout d’une petite cordelette, tout comme le reste de ses compagnons. La pointe de la lame se saisit du lien et Ira relève ainsi le petit objet jusqu’à leur hauteur. Tous peuvent alors voir le médaillon en métal argenté se mettre à doucement osciller au bout de la lame. Ce qu’ils voient alors les pétrifie d’effroi. Au dos de l’Aquila leur apparaît une étoile à huit branches. Séverina ne peut alors réprimer un cri étouffé face à un tel blasphème.

-Par le Trône d’Or ! Il avait désacralisé son Aquila !
Ira envoie voler l’objet maudit dans un coin de la pièce, parmi des décombres.
-Brûlez moi tout ça, nous partons d’ici !

Quelques minutes plus tard, ils font route vers le nord, suivant le véhicule d’Oxia. Celle-ci est donc en train de les mener vers les contreforts des Montagnes Grises comme on les appelle par ici. Jézail, native d’une région plus au nord de ce continent semble apparemment connaître un peu le coin. Devant eux, une chaine de montagnes aux sommets enneigés et couronnés de nuages commence à emplir tout leur panorama. La saison froide est à présent plus proche que jamais comme le signale le vol et les coassements d’oiseaux de proie qui tournoient dans le ciel, une espèce endémique courante dans cette région.

Conrad et Séverina en profitent alors pour commencer à questionner Skeld sur le lien étroit qu’il avait avec Tibaltus. Depuis la disparition de ce dernier, le cadien semble un peu désorienté. Conrad se rend alors compte que le contrôle psychique de Tibaltus ne s’exerce plus sur lui. Skeld, libéré soudainement de cette emprise psychique semble sortir de la léthargie dans laquelle il était plongé depuis une dizaine de jours. Ce qui est déjà ça, se dit alors Conrad.

-Et donc tu connaissais ses projets ? lui demande Séverina.
-Il ne se confiait pas vraiment à moi ou que très vaguement. Il m’ordonnait juste de faire ceci ou cela et voilà tout.
-Quel genre de chose ? L’explosion de la villa juste après que Baalzabeth soit venue pour tuer Ezekiah, c’était toi ? Lui demande Conrad.
-Oui, Tib’ ne voulait pas qu’on laisse de trace derrière nous.
-Attend…ne me dit pas que c’est ce fumier qui a tué aussi l’Inquisiteur Ezekiah ? S’emporte Séverina.
-Non. Là il n’y est pour rien sur ce coup-là. Il me semble que c’est bien Baalzabeth.
-Et quoi d’autre ? Le portail warp à Achenheim, c’était aussi son idée ?
-Oui là aussi. Il savait, et je sais pas comment, que les xenos avaient piégés toute la zone. Il m’a juste demandé de tout faire sauter bien avant qu’eux-mêmes ne le fassent. Mais pourquoi faire, là j’en sais foutre rien. Juste que ça avait l’air super important à ses yeux.
-Et toi tu ne te posais pas de questions ?
-Bin…faire péter du xenos, moi ça me dérange pas trop à la base.
-Et pactiser avec un démon, c’est préférable, espèce d’abruti ? Lui crache alors Séverina.
-Ça va sœurette, fait pas ta pucelle effarouchée encore une fois, il me contrôlait, ok ? C’est pas comme si j’avais fait ça volontairement.
-Ça ne change pas le problème. Volontairement ou non, tu as été touché par le Warp, par conséquent tu es damné.
-Ah ouais ? Et p’t’être bien que vous l’êtes tous aussi du coup. Je te rappelle ma jolie qu’on a tous bossé avec Tib’ depuis une bonne dizaine de jours, là…Et toi aussi.
-Peut-être. Je pense que l’Inquisition en décidera en temps voulu, Skeld.
-On arrive. On reprendra cette conversation après, leur lâche alors Conrad.


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[Roman 40k] Les Chroniques du Maelstrom - tome 1 - Page 2 Empty Re: [Roman 40k] Les Chroniques du Maelstrom - tome 1

Message par Illuminati Ven 11 Sep 2015 - 14:09

Chapitre II

+++St Avissen+++
+++Revenu d’entre les morts+++
+++Un chef de groupe+++


Les 4x4 gravissent alors une piste caillouteuse en direction d’un défilé qui monte vers la montagne. Au bout de quelques minutes ils approchent d’anciennes ruines accolées sur une corniche rocheuse qui surplombent la vallée en contrebas, tel un nid d’aigle.
Les ruines semblent de prime abord abandonnées et perdues dans les broussailles. Rien de plus qu’un vieux complexe abandonné depuis longtemps.

L’engin d’Oxia se dirige vers un porche, puis elle gare son 4x4 dans un bâtiment qui fut sans doute une grange. Les autres véhicules la suivent.
Puis tout le monde descend, observant les alentours. Ce qui les surprend est tout d’abord le contraste entre l’aspect extérieur qui semble abandonné et l’intérieur qui a visiblement tout l’air d’être occupé et aménagé.
-C’est quoi cet endroit ? lui demande alors Conrad.
-Nous nous trouvons dans le Monastère St Avissen. Du moins dans ce qu’il en reste. Cet endroit a souffert lors de la guerre qui s’est déroulé il y a un siècle de cela. Un combat acharné eut lieu ici entre les space marines loyalistes du Chapitre Howling Griffons, et les Astral Claws renégats aidés de leurs alliés des FDP. Ce combat dura cinq ans à l'issu duquel les loyalistes finirent par remporter la victoire, mais ce monde, jadis agricole en garde encore les stigmates aujourd'hui.
-Et qui était ce St Avissen ? Lui demande Ira.
-Un saint local dont l’histoire remonte à la fondation de ce monde, bien avant l’histoire de cette guerre, lui répond Séverina, se rappelant de ses cours sur l’histoire des Saints à la Schola.
-Et quel est cet endroit désormais ? Je vois que de nombreux bâtiments ont été restaurés et fortifiés, lui demande Conrad.
En effet, outre l’imposant Templum de style bas-gothique qui domine les lieux de sa haute stature, lui et ses compagnons peuvent voir un véritable ensemble de bâtiments aux fonctions aussi diverses que variées, le tout agrémenté de cloitres et de jardins. Une véritable petite forteresse paisible se trouve en fait en ces murs. De plus des personnes vaquant à leurs occupations leur indiquent clairement que les lieux sont habités et qu’il y règne une véritable activité.
-Ce monastère couvre une surface de douze hectares. L’ensemble cache un complexe qui nous sert de base de repli. Cet endroit discret est totalement sanctifié, ce qui nous procure du plus, une certaine protection. Lui répond Oxia.
-Nous ? l’interroge Jézail.
La capitaine se retourne vers elle.
-Le Baron et ses hommes.
-Il est ici ? lui demande Conrad.
-En effet, et il souhaite s’entretenir avec vous au plus tôt. Et avec ce qui vient de vous arriver, le plus vite sera le mieux.
Conrad jette un œil à ses compagnons qui comme lui, ont une mine déplorable due au manque de sommeil, aux blessures des derniers combats menés et au choc causé par les derniers évènements.
-Pourrait-on prendre un peu de repos et juste nous rendre un peu plus présentable au préalable ?
-Oh, évidemment. Je vais vous montrer vos quartiers où vous pourrez vous installer.
Oxia consulte alors l’horologium qu’elle a à son poignet.
-Je vous laisse vous installer. On se revoit…disons dans quatre heures. Nous nous retrouverons dans le Stratégium. Elle leur indique alors un petit bâtiment de forme carré situé non loin du Refectorum, au centre du complexe.
Une aile du monastère abritant des cellules privatives ont été entièrement restaurée. L’ensemble reste spartiate mais relativement fonctionnel et au vue de ce qu’ils ont endurés depuis quelques jours, chacun disposant d’une chambre personnel d’une quinzaine de mètres carrés avec toutes sortes de commodités, cela leur parait alors absolument royal. Oxia leur adresse un petit salut et les laisse donc seuls.

Conrad et Séverina briefent alors rapidement Jézail et Ira sur leur conversation avec Skeld.
Ira se tourne vers ce dernier.
-Qu’est ce qui c’est passé d’autre ?
- L’Aquila avec l’étoile gravée. Il a fait ça avec mon poignard quand on était à l’auberge à Achenheim. C’est là-bas aussi qu’il a foutu le bordel dans la ville. Le truc au temple avec le prêtre, c’est lui aussi. La foule hystérique, les arbitrators qui tirent dans le tas, c’est encore lui. Ensuite lors de la traque du prêtre en fuite, les arbitrators qui vous ont poursuivis dans le temple, c’est lui aussi. Tout comme le fait qu’il leur ait donné l’ordre de le tuer au dernier moment afin que vous ne puissiez remonter sa piste.
-Et tout cela dans quel but ? L’interroge Conrad.
-J’en sais rien. Je ne connais rien de ses motivations mais je crois qu’il voulait attirer l’attention.
-Et de qui ? Lui demande Jézail.
-Je l’ignore.
-Et Spud, il l’a vraiment rencontré ? Lui demande Séverina.
-Ouais, on l’a rencontré quand on a été à Middenheim avec Syrius.
-Attend… c’était quand ça ? Lui demande Conrad, tentant de se remémorer cet épisode.
-Juste après la mort d’Ezekiah. Syrius était salement amoché, on a quitté la villa et là Tib’ vous a dit qu’on se séparait. Il a dit que Syrius, lui et moi devions aller au Quartier des Damnés pour y rencontrer Dame Ophidia qui pourrait nous aider, nous fournir une planque, du matos, tout ça quoi.
-Oui, en effet, je me rappelle avoir trouvé cette idée totalement stupide. Et donc vous avez vu Spud à ce moment là ?
-En fait c’était même la raison de notre visite au Quartier des Damnés et non pas de revoir Ophidia. C’est là que se trouve le boss de Tib’ et ses acolytes. Spud est l’un d’eux.
-Son boss ? Quel Boss ? Ira s’approche alors un peu plus de Skeld.
-Oui c’est le type qui lui a fait ça. Enfin…je veux dire, le truc avec le démon…C’est lui qui le contrôle.
-Et c’est qui ce type ? Tu as son nom ?
Skeld se met alors à réfléchir. Ce qui n’est pas déjà simple en temps normal.
-Je ne l’ai pas vu personnellement, mais je sais qu’il l’a appelé inquisiteur je-sais-plus-comment.
-Tu veux pas faire un petit effort là ? C’est important. Lui lance Conrad.
-J’essaie ! Mais c’est pas si simple je te signale, les souvenirs ne reviennent pas tous en mêmes temps !

Ira se met alors à penser tout haut avec un petit sourire en coin, voyant certaines pièces du puzzle se mettre en place.
-Je savais bien qu’un autre inquisiteur radical était derrière tout ceci. Il nous a bien eus sur ce coup-là, le fumier.
-De Spud et des autres acolytes, on sait quoi ? Lui demande Jézail.
-Spud s’appelle en réalité Karl, dit « le Bâtard ». C’est un mercenaire à la solde de cet inquisiteur, c’est un pro, un caméléon, tout comme son maitre qui est un expert en infiltration et en manipulation. Les deux jumelles assassines font aussi partie de son équipe, tout comme deux autres types bizarres que j’ai à peine vus, une sorte de prêtre et une grosse brute qui l’accompagne toujours.
En fait, continue alors Skeld, ce type nous a piégés quand on a fait la bêtise de lui confier Tibaltus blessé il y a trois semaines de cela, avec le sceau d’Ezekiah en plus. Je crois savoir qu’à l’époque cet inquisiteur surveillait déjà de près Ezekiah. C’est pour cela qu’il a chargé un de ses hommes, ce fameux Karl de se faire passer pour un contact de Tilus. Une fois qu’il avait gagné notre confiance, il leur a été facile de nous manipuler. Il a alors trouvé l’occasion de faire de Tib’ un agent à lui. Nous le remettant dans les pattes il avait ainsi son mouchard et pouvait nous diriger à distance pour faire son boulot.

-Et ainsi ne pas attirer l’attention sur lui et ses activités, c’était en effet très malin, termine alors Ira.
-Ça ne colle pas, leur lance alors Séverina en secouant la tête. Un inquisiteur ne s’abaisserait jamais à pactiser avec un démon !
Ira sourit légèrement à la remarque naturellement naïve de la sœur de bataille.
-Détrompe toi, Sév’, certains inquisiteurs emploient des méthodes assez peu orthodoxes parfois. Vois Romeus par exemple, il n’hésite pas à pactiser avec le chaos et les xenos.
-Romeus c’est différent, c’est un renégat. Il n’a plus le droit de porter le titre d’Inquisiteur.
-Et bien parfois, certains d’entre eux ont toujours ce titre et là c’est le cas, lui répond Ira.
Conrad se retourne vers Skeld.
-Tu as dit que cet…inquisiteur nous avait remit Tibaltus dans nos pattes ? Tu sous-entends donc que lui et les Sombres Rédempteurs… ?
-Je l’ignore, mais en réalité, j’ai su après coup qu’il était là dans leur planque pour qu’on le trouve. Les Sombres Rédempteurs devaient juste le garder, tout comme certains documents qu’on y a trouvé.
-Quoi ? Tu veux dire que tout cela était prévu aussi ? Que tout cela est lié ? Les attentats, le gang de camés de Middenheim, tout ça ? S’étonne alors Conrad.
-Qui nous avait donné la piste des Sombres Rédempteurs ? Lui répond Séverina.
-Tu as raison…c’était ce salopard de Spud que nous devions retrouver au Quartier des Damnés. Par le Trône, on s’est bien fait avoir sur ce coup-là.
-Nous ignorons encore quels sont ses motivations par contre, leur lâche Ira.
-Et concernant les documents ? Lui demande Jézail.
-La liste des attentats par exemple. C’est Tib’ qui l’avait écrit, c’est ce qu’il m’a dit. Quant au plan qui est avec, j’ai cru comprendre que c’est l’inquisiteur qui voulait qu’on le trouve, lui répond Skeld.
-Et pour quelle raison ?
-Je l’ignore. Mais c’était pour qu’on mette la main dessus en tout cas.
Conrad se prend alors la tête dans les mains.
-Tout ça me file le tournis. Cette histoire est en train de me rendre dingue. Faut que je dorme, ensuite on tachera d’y voir plus clair.
Face à la grande fatigue qui accable chaque membre du groupe, chacun d’entre eux s’attribue donc une chambre sans demander son reste. Les questions devront attendre. La damnation attendra, une douche et un lit sont désormais leurs principales préoccupations.
A l’heure fixée par Oxia, toute l’équipe se dirige enfin vers le bâtiment indiqué. Là ils retrouvent le Baron Gaius Achenheim, Nixios Serghar son Savant, le Prêtre Leman Lupus, Oxia ainsi que le Magos Kar Mordex. D’autres personnages sont là aussi, des prêtres du Ministorum mais aussi des membres de la Militia Frateris, cette milice composée de civils. En rien de bons soldats, mais tous zélés et dévoués corps et âmes à l’Empereur-Dieu.
Après les salutations d’usage, Ira s’enquière auprès du Baron sur les derniers évènements, notamment concernant la ville d’Achenheim.
-L’évacuation se déroule relativement bien. Les FDP aidés de la Militia Frateris encadrent les préparatifs. D’ici un jour ou deux, tout le monde devrait être en lieu sûr. Nous possédons des abris conçus à cet effet dans toute la région, notre armée est formée à ce genre d’exercice.
-Nous vous sommes reconnaissant de nous offrir ainsi votre hospitalité, Monsieur le Baron, mais je pense que vous attendez de nous quelque chose en échange ?
Le Baron lance un regard à son équipe.
-Hé bien, ma chère…Disons que dans l’immédiat, j’aimerais que vous profitiez quelque peu de cet endroit. Oxia nous a aussi fait part des dernières informations concernant votre interrogateur.
-Je ne vais pas vous mentir en vous affirmant que les informations dont vous disposez, du fait de votre…comment dire…contact étroit avec une entité du warp, risquent fort de nous intéresser pour la suite des évènements. Mais dans l’immédiat je souhaiterais que vous restiez en ces lieux, pour votre sécurité mais aussi pour celle de tous.
-Vous attendez quelque chose de nous en particulier ? Lui demande Conrad.
-Pas encore. Il va sans dire que vous possédez des informations qui peuvent s’avérer vitales pour nous. Tout comme nous possédons surement des données que vous pourrez aussi consulter.
-Nous avons en effet certaines pistes à recouper. Votre aide nous sera précieuse, leur répond alors Jézail.
-Mais tout d’abord allons nous restaurer, nous reviendrons sur ces points juste après. Leur annonce le Baron.
Cette nouvelle, assez triviale semble soudain apporter un profond réconfort à toute l’équipe comme si l’Empereur en personne venait les inviter à sa table.


-Quels sont vos projets si cela n’est pas indiscret ? Lui demande alors Ira une fois de retour au stratégium du monastère.
-Nous travaillons actuellement sur divers points, notamment l’exfiltration du gouverneur Callidon, tant qu’il est encore en vie. Mais cela est un autre sujet qui concerne plus mon équipe.
-Vous nous avez proposé votre soutien, est-il possible que vous nous fournissiez du matériel et des armes ? Notamment des armes efficaces contre les entités du warp ? Lui demande Séverina.
Le Baron lui sourit.
-Nous ne disposons malheureusement pas d’un véritable arsenal. Nos armes sont plutôt conventionnelles. Mais nous verrons ce que nous pourrons faire.
Lupus prend alors la parole.
-En dehors de mon marteau et des lames que possède cette fille. Il indique Ira du doigt. Nous ne disposons pas d’autres armes sanctifiées. Cependant, il m’est tout à fait possible de bénir votre armement, ce qui lui conférera un avantage certains face à suppôts du warp.
Séverina lui adresse alors un respectueux signe de tête en remerciement.
Le Baron fait alors un geste en direction du Magos. Ce dernier déploie ses méchadentrites tels des tentacules de métal et dispose sur la table du Stratégium des cartes Ident neuves.
-Voici vos nouvelles identités que nous vous remettrons prochainement. Vous serez alors des soldats des FDP disposant d’une accréditation en bonne et due forme validée par les autorités en place, cela devrait simplifier grandement vos prochains déplacements. Il reste juste à déterminer qui sera qui.
-A savoir ? S’étonne Conrad.
Oxia prend alors la parole.
-Nous avons l’intention de vous donner l’identité d’un officier et de ses subalternes, afin que cela vous donne un peu de poids et vous ouvre plus facilement des portes. Votre groupe se retrouve actuellement privé de chef. Même si cette notion n’est pas vraiment vitale au sein d’un groupe tel que le votre, il est important afin d’assumer une bonne couverture, que celui qui remplira le rôle d’un officier, dispose de toutes les facultés et de tout le charisme qui va avec.
Au risque de griller une couverture, il n’est pas envisageable que nous donnions l’identité par exemple d’un lieutenant des FDP à une personne qui n’a aucune notion de commandement.
-Heu…sans vouloir remettre en cause votre raisonnement, Oxia…Je pense que nous sommes tous d’accord pour dire que seul Skeld possède ici des notions clairement militaires, or je le vois mal commander le groupe.
Le reste de ses compagnons se mettent alors à pouffer, sauf l’intéressé qui ne semble pas trouver cela drôle.
-Je ne pensais pas vraiment à lui, lui répond-elle avec sérieux.
-A qui donc, à…à moi ?
-Non plus. Vos facultés…spéciales présentent un risque avec lequel il faudra composer. Et sans vouloir vous offenser, cela ne pourrait coller avec le rôle d’un officier. En réalité, je souhaiterai que vous y pensiez entre vous. Comprenez bien que vos divisions passées vous ont causées plus de problèmes qu’elles n’en ont résolus.
Le Baron adresse alors un petit signe à l’attention du Prêtre Lupus. Ce dernier se lève alors.
-Vous n’êtes pas sans savoir que vous avez tous été en contact avec le démon qui se fait appelé Azaltoth. Et certains d’entre vous plus que d’autres. Son regard se portant sur le cadien et sur le psyker. Il est vital que nous en apprenions plus sur les projets qu’il trame en ce moment. D’autant plus qu’à présent il vous connait plutôt bien.
Conrad et ses compagnons leur relatent alors durant plusieurs heures les dernières informations qu’ils ont pu collecter grâce à Skeld.
Nixios, le savant en profite pour prendre des notes sur ses tablettes de données.
Après quoi, Lupus se tourne alors vers un des prêtres qui l’accompagnent. Et demande à un de ses acolytes d’approcher. Vêtu lui aussi d’habits sacerdotaux noirs, le jeune prêtre doit avoir dans les vingt-cinq ans, grand la peau claire, il a les yeux bleus ciel et les cheveux noirs avec une tonsure. Malgré son jeune âge, une détermination farouche et une foi infaillible se lisent au fond de ses yeux. L’Aquila et le symbole du marteau sont accrochés à son cou.
-Je vous présente le Frère Torben Ulrich. Frère Ulrich sert tout comme moi l’Ordre des Prêtres Noirs.
Voyant que cela ne leur évoque pas grand-chose, Lupus continue.
-Les Prêtres Noirs forment une branche particulière de l’Ecclésiarchie. Nous sommes rattachés aussi à un autre ordre…plus secret, mais nous y reviendrons en temps voulu. Sachez simplement que nous sommes spécialisés dans la chasse aux démons et dans l’exorcisme. Nous savons depuis quelques heures maintenant qu’Azaltoth et Baalzabeth ont conclu une sorte de sombre pacte dont nous ignorons encore la nature. Aussi je souhaiterais que le Frère Ulrich vous accompagne dès à présent dans ce que vous serez amenés à découvrir. Mais ne vous y trompez pas, malgré son jeune âge, Torben est un soldat aguerri possédant une foi sans faille. De plus ses connaissances tant pratiques que théoriques en matière de démonologie vous seront fort utiles pour la suite qui vous attend.
Conrad lance un regard à ses compagnons, visiblement satisfaits de pouvoir compter sur un tel soutien après ce qui vient de leur arriver.
Séverina, quant à elle, ne peut réprimer un grand sourire. La chasse aux démons va pouvoir commencer.


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