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[Roman 40k] Joshua Dante - Ordo Xenos - tome 3

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Message par Illuminati Lun 21 Oct 2013 - 17:18

955.999M41 – Prologue
HaranShemash, jungles de Maledictera.


Assis en tailleur sur une pierre moussue, Sial contemplait les reflets de la lune dans les eaux paisibles du lac, devant lui. Smaug était parti en chasse, comme à son habitude en cette heure tardive. Les bruits de la forêt et ses senteurs l’envahirent. Il perçut les échos qui s’y véhiculaient via sa faune et sa flore. Tous portaient le même message.
Songeur, il alluma sa longue pipe et laissa son esprit flotter dans les abords proches. Non loin, les âmes du CarrecEnad, le cercle des esprits défunts, étaient en éveil et ils étaient inquiets eux aussi.

Il ressentit sa présence, tandis qu’elle approchait avec grâce et fluidité, se coulant des arbres telle une brise. Ses pieds nues et graciles effleuraient à peine le sol couvert de mousse comme pour éviter de perturber la quiétude de ces lieux sacrés. Même les bracelets et pendeloques accrochés à ses poignets et à ses chevilles ne faisaient pas le moindre bruit. Asuryan, son gyrinx, l’accompagnait, humant l’air, aux aguets. Il feula, il avait ressenti la présence tapie de Smaug, le kerunkaï. Le lézard chasseur pouvait tuer le félidé d’une seule de ses morsures empoisonnée.

Lahessa approcha, son long bâton prophétique tenu à ses côtés. Elle vint se tenir à quelques pas derrière Sial. Ce dernier tira sur sa pipe puis souffla sa fumée aux senteurs épicées. Ils restèrent un moment ainsi sans bouger, à contempler la beauté du crépuscule et à sentir la brise véhiculer les senteurs et les bruits de la forêt.

-La lune rouge est levée et les esprits craignent le pire. Lui dit-il enfin dans un murmure.
Une douce brise fit jouer quelques mèches des longs cheveux de feu de la prophétesse.
-Oui. Eldanesh a jeté son voile funeste sur HaranShemash, notre monde sacré. Isha la Grande, pleure des larmes de sang ce soir même. Les mon-keighs sont sur le point de déchirer de nouveau cette galaxie.
-Leur race est jeune et encore imparfaite, Lahessa.
-Ne leur trouve pas d’excuses, Sial. Leurs croyances ne sont faites que d’ignorances. Cette race n’est composée que d’enfants trop heureux de jouer avec des armes mortelles.
-Il fut une époque où nos ancêtres payèrent eux aussi pour leur orgueil et leur arrogance.
Lahessa ne répondit pas. Son gyrinx vint se lover entre ses jambes et se mit à ronronner. Il savait qu’à proximité de sa maitresse, le kerunkaï ne chercherait pas à l’attraper.
Une brise douce s’était levée et faisait bruisser les feuilles des iolars millénaires. Une pluie de pétales aux couleurs pastel flotta dans l’air, l’emplissant de senteurs sucrées et retomba avec nonchalance sur ce paysage irréel. Ses robes blanches et jaunes flottèrent autour d’elle. Une mèche de ses cheveux tressés et garnis de longs rubans et de petites fleurs passa devant son visage délicat.
Sial baissa son regard vers les eaux sombres du lac. Une carpe dorée goba une larve imprudente de pterylis puis s’en retourna, insensible au sort de l’univers.
Il tourna son regard insondable vers la Prophétesse.
-Pourquoi ai-je le sentiment que mon rôle n’est pas terminé dans toute cette histoire, Lahessa ?
-Peut-être parce que les songes d’Iyanna Arienal la Grande Prophétesse de ton vaisseau-monde n’ont pas encore tout dévoilé. Le futur est inconstant et la Grande Ennemie masque bien des écheveaux du destin en ces temps troublés.
Sial parut songeur. Lahessa savait interpréter les runes du futur avec justesse, tout comme elle savait parler avec les esprits du CarrecEnad.
-Qu’attends-tu de moi ?
-Moi, rien. Mais ta mission auprès de tes…amis mon-keighs n’est pas encore terminée.
-L’humain Joshua Dante a pourtant quitté ce monde il y a quelques jours…
Lahessa tourna son visage oblong dont la finesse et la pureté des traits semblaient presque sauvages.
-La prophétie s’est précisée. Il ne s’agit pas de lui, mais de la femelle psyker qui l’accompagne. C’est d’elle dont il a toujours été question.
-Logan ?
-Sans doute. Mais son nom ne m’intéresse pas. Par contre c’est toi qui va l’aider à comprendre le rôle qu’elle va devoir jouer désormais.
-Je ne comprends pas bien… ?
- Tu connais cette célèbre devise ? Bìonn an fear ciallmar ina thost nuairnà bìonn pioc lera’aige.
-Oui je la connais. La route est longue et nombreux sont les chemins mais notre destin ne suivra qu'une seule voie.
- Tu vas devoir aller sur le Monde Mort des mon-keighs. Je te guiderais grâce à la Toile. Là-bas tu découvriras ce qu’on attend de toi, Sial. Ensuite, je te laisserai la retrouver et la guider.
-Mais comment ? Attend…Qui en a décidé ainsi ?
-Les Rillietann en ont décidé ainsi.
-Les…Les Arlequins ?
-Ils sont venu me voir et ce n’est jamais bon signe. Sais-tu qui est celui qui se fait appeler le Marcheur ?

Il ne répondit pas tout de suite, terrifié par le simple fait de penser à ce personnage inquiétant. Il ne l’avait croisé qu’une seule fois sur Karis Cephalon, le jour où il lui était apparu sans un mot sur cette colline, pour reprendre à Joshua un artefact. Ce jour, Sial avait compris qu’il se tenait devant un être d’une puissance incroyable. Mais aussi devant l’eldar le plus terrifiant qui soit.
Joshua l’avait vu aussi dans un songe, alors guidé par une chamane, mais il ignorait qui il était. Et c’était mieux ainsi.

Sial ne la vit pas arriver mais avait pourtant ressenti son aura. L’instant d’après, elle se tenait aux côtés de Lahessa. Cette dernière s’inclina légèrement devant l’apparition qui lui rendit son salut. Elle rejeta la capuche de sa cape en arrière. S’il n’avait pas déjà été assis, Sial aurait bien faillit tomber à genoux devant une telle présence. Belle et éthérée, elle était telle que la dernière fois où il l’avait vue sur Karis Cephalon.
-Le Marcheur porte aussi bien d’autres noms, ajouta Weena, mais le plus connu est Kaelhryhse, Celui-qui-marche-avec-les-Dieux.
Sial se releva et vint saluer celle dont le doux nom signifiait Elle chantera l’éclat des gemmes. Weena Lan’Enad, Prophétesse errante, était celle qui avait formé Sial à la voie de l’Archonte. Elle était aussi bien plus que cela, elle servait de messager au Marcheur. Mais Sial l’ignorait encore.

Il se releva et vint la saluer avec respect. Pour l’instant il demeurait sans voix car il savait que Weena était là pour lui. Lahessa et son gyrinx avaient disparu sans faire le moindre bruit.
Vêtue d’une simple robe blanche et jaune, la Prophétesse vint se tenir juste devant lui. Ses doigts fins et délicats effleurèrent le bras droit de Sial. Celui qui avait été remplacé par une prothèse en Stelthene sur Karis Cephalon. Puis ils s’attardèrent sur sa pierre esprit dont l’éclat était désormais orangé.
Il pu lire son aura et su, malgré les craintes qu’il pouvait lire dans son cœur, que ses sentiments étaient partagés.


Une semaine venait de s’écouler, cela faisait maintenant près de trois semaines que Joshua était parti....il devrait être désormais sur Necromunda, songea Sial.

Du haut de la canopée dans la demeure sylvestre d'un iolar polymorphosé, Sial contempla le jour se lever sur les bruits de la jungle de Haran. Autour de lui, dans les autres arbres gigantesques, les sierann dormaient encore. Tout prêt de lui, sur la couche qu’ils partageaient, il sentit la tiédeur du corps de Weena. Elle dormait paisiblement. De ses courbes douces et nues émanait un délicat parfum de fleurs. D'antiques poèmes d'un âge d'or d'avant la Chute lui revenait en mémoire. Il s'approcha doucement pour l'embrasser.

L’espace d’un instant qui resta figé, comme suspendu en dehors du temps, il se dit qu’ils seraient bien ici. Une vie simple, proche de celle de leurs mythiques ancêtres de l’époque du Paradis. Mais pourtant l'heure était grave et il su qu’ils ne pouvaient se permettre de baisser leur garde, l'ennemi rodait toujours....Si proche.

Il se releva soudain, ressentant le choc psychique, comme un malaise. Une onde de mal pur venait de passer tel un voile glacée.
Weena à ses côtés, s’éveilla brutalement, les pupilles des ses yeux verts dorées se dilatèrent....
-Shemash Sha'eil ! dit-elle. Le sang et les larmes dans le Warp…le Chaos !!
Elle fixa attentivement Sial, les yeux embués de larmes....
-Il s'est passé quelque chose de terrible !


999.999M41
Necromunda, ruche Palatine.
Journal de l’Inquisiteur Joshua Dante, Ordo Xenos.

Durant notre voyage de retour vers Necromunda, à bord d’un navire de la Flotte, j’avais sollicité les services d’un des Astropathes. Je lui avais ainsi confié pour tâche de me retranscrire tous les derniers messages d’accréditation Magenta.

Rien ne s’était passé comme prévu.

Le Sombre Millénaire touchait à sa fin et déjà une rumeur de fin des temps grandissait dans la galaxie. Abaddon avait lancé sa 13ème Croisade Noire et les hordes chaotiques étaient en train de faire tomber les défenses du Secteur Cadien une à une. Les mondes de Belisar, Kasr Holn, Macharia, Vigilatum, Kasr Partox, St Josmane et Solar Mariatus étaient tombés aux mains des chaotiques. Cadia et la Flotte semblaient encore résister farouchement mais se retrouvaient déjà isolés. Une grande partie du Secteur Agripinaa était tombé lui aussi et seule la capitale du secteur et ses satellites tenaient encore. Il en était de même pour le Secteur Scarus. Thracian Primaris tenait toujours bon mais Gudrun la magnifique n’avait pu résister aux vils eldars noirs alors que le reste du secteur était déjà aux mains des orks. Leurs défenses balayées et leur population civile livrée en pâtures à ces bêtes.
Alors que dans la galaxie des conflits continuaient de faire rage, de nombreux psykers émergents faisaient leur apparition tandis que des mondes tombaient sous l’influence des démons.
Des mondes se soulevèrent. Le contact fut perdu avec des zones entières du Segmentum Pacificus dont les Mondes de Sabbat. On appela cette horreur, La nuit des Mille Rebellions.
Mais pire que tout, une rumeur venait de naitre au sein de certains cercles de l’Inquisition, relayée par un de mes contacts. Une faille technique dans le Trône d’Or avait été signalée. Les meilleurs Magos du Mechanicus l’étudiaient mais ne parvenaient visiblement pas à la comprendre. Déjà l’Astronomican donnait ses premiers signes de faiblesse. La région d’Ultramar, actuellement confrontée à une invasion tyranide doublée d’un assaut d’une force du Chaos était déjà presque entièrement isolée et perdue.

La situation pouvait-elle encore empirer ? Il nous fallait pourtant garder la foi.

Je m’étais attendu à ce que cette mission sur cet agrimonde se règle en quelques jours.

J’aurais du y retrouver la trace de ce maudit Forgeron de Guerre du nom d’Anthérax qui avait été vu sur place. Nous avions alors établi un lien entre lui, un libre-marchand du nom d’Adbul Goldberg lié à des Korsairs orks et un magnat du génie génétique du nom de Kuntz Azencoth. Ce dernier n’était autre que le sinistre Zokthan Zeunct qui j’avais traqué sur Karis Cephalon deux ans plus tôt. D’ailleurs, l’anagramme de son propre nom aurait tout de suite du me mettre la puce à l’oreille.
Azencoth était un sorcier énigmatique qui jonglait avec la possession démoniaque et la technologie liée au Warp.
Tenter d’infiltrer son organisation fut plus compliqué que prévu.

L’ensemble n’avait été qu’un désastre dont je n’avais pas fini de payer les conséquences. Gurm, mon technoprêtre était mort. Les cinq marines de la Deathwatch qui m’accompagnaient avaient péris eux aussi, apparemment décimés par des marines Obliterators. Et Logan, Meredith et moi avions bien failli y laisser notre peau.
Pire que tout, la mission en elle-même avait été un échec total. Plusieurs dirigeants de maisons nobles locales avaient péris et toutes avaient perdu des sommes colossales dans toute cette histoire. L’économie de Guranta était désormais en équilibre précaire. Des heurts et émeutes en tout genre avaient éclatés un peu partout dans les grandes villes. Les troupes du Magistratum peinaient à rétablir l’ordre et j’avais du réquisitionner l’aide de l’armée et d’un petit contingent de marines pour les assister. J’avais du enfin avertir les Ordos de la situation et leur demandais d’intervenir. Si l’agrimonde tombait, le système entier ne s’en remettrait pas et pourrait déstabiliser une zone entière du sous-secteur.
Ce qui aurait du ne prendre que dix jours aura finalement duré trois mois.

Une partie de mon crâne avait du être renforcé par des implants synaptiques du à la rencontre frontale avec un ork. Meredith avaient eu le corps entièrement reconstruit et Logan avait réussi à échapper de peu à une possession démoniaque.
Deux nouveaux compagnons nous avaient rejoints. Markus Vorceta, un Magos Biologis et Sœur Lorélia, une logicienne supérieure de l’Ordre Dialogous. Je les avais employés à l’étude de documents découverts au Consortium Azencoth.

J’avais malgré tout une piste. Un indice plutôt maigre en réalité mais je comptais bien ne pas le lâcher. Cette piste devait nous conduire de nouveau vers Necromunda.
Azencoth et Anthérax avaient travaillé sur un projet mêlant des cyborgs de type Simulacre à de la technologie xenos et des entités démoniaques. De ce que j’avais compris, leur but était de se constituer une armée d’androïdes à l’aspect parfaitement humain mais pouvant altérer leurs traits et ainsi changer d’apparence à loisir.

Une femme avait collaboré à ce projet. Elle s’appelait Jana Vesperax et d’après le peu d’informations dont je disposais, elle était en fuite après avoir dérobé les données relatives à ce projet. Azencoth et ses sbires étaient à ses trousses ici sur Necromunda.
J’avais donc une chance de damer le pion à ce maudit sorcier.


Chapitre I
Comité d’accueil

Les Ordos avaient été avertis de mon retour au palais inquisitorial. Notre voyage nous avait pris trois semaines, temps durant lequel nous avions préparé tous les indices et arguments pour étayer notre enquête. Je devais avant tout me rendre auprès des instances de l’Ordo Xenos pour y présenter mon rapport. Les évènements n’avaient pas tournés à mon avantage mais j’avais cependant de solides pistes à suivre sans compter une hérésie mise au jour.

Les lourdes portes blindées en adamantium coulissèrent dans un grondement de métal tandis que d’épaisses volutes de vapeurs âcres étaient recrachées par les grilles sous nos pieds. En hauteur, des gargouilles diffusaient de l’encens sanctifié ou des messages d’avertissement sonores. L’activité du quai de débarquement était comme à son habitude, encombrée par de lourds serviteurs cybernétiques, de technoprêtres et de serfs au crâne rasé portant des torques en bronze, signe de leur asservissement. J’avais décidé de porter mon masque respirateur tant l’air était chargé de particules lourdes et de senteurs grasses et acides. Le mélange suffocant de carburants, d’huiles et d’air recyclé trop de fois m’auraient à moitié étouffé. Meredith et la sœur en firent de même. Le Magos avait de toute façon un système respiratoire implanté et Ophram mon fidèle petit servo-crâne flottait à mes côtés, insensible à l’environnement toxique qui nous entourait. Seule Logan, native de cette ruche, détacha son masque et pris une bonne inspiration.
Portant de lourds sacs chargés de notre équipement, nous nous dirigeâmes vers un des corridors d’accès.
Elle s’arrêta deux secondes, le temps de s’allumer une barrette de lho. Elle tira longuement dessus avant d’avancer de nouveau.
-Contente de rentrer chez toi ? Lui lançais-je.
Elle allait répondre mais son attention fut attirée par quelque chose devant nous. Je vis que Meredith l’avait aussi repéré.
Le couloir débouchait dans un vaste hall menant à d’autres voies d’accès. Une silhouette nous attendait, entourée de vapeur, je ne pu distinguer de qui il s’agissait. D’autres personnages émergèrent alors derrière la première. Formant une sorte d’arc de cercle, ils nous bloquaient l’accès.
Je fis signe à mes compagnons de nous arrêter et envoyait un ordre par impulsion mentale à Ophram de se tenir à distance et de se dissimuler. Ce qu’il fit aussitôt.
Meredith avait déjà les mains sur ses armes et je sentis Logan invoquer ses pouvoirs. Je passai entre elles deux et leur fis signe de ne pas agir avant que je leur en donne l’ordre.
Le Magos et la sœur m’interrogèrent du regard, visiblement inquiets. J’allais m’approcher de cet étrange comité d’accueil lorsque le premier d’entre eux m’interpela par mon nom.
Alors que je reconnus sa voix, je perçus au même instant son regard dur sous son large chapeau. Viktor Van Kwyst.
-Joshua Dante, par les pouvoirs qui me sont conférés par les Très Saints Ordos, vous et vos complices êtes en état d’arrestation !
Il fit signe à ses hommes, une vingtaine de soldats des troupes d’élite de l’Ordo Hereticus de nous encadrer. Ce qu’ils firent en pointant leurs fusils radiant à hauteur de nos visages. Je reconnus parmi eux les agents de Vikor. Jubaï l’épéiste, Fergus le Desesperado et Mirieline sa nouvelle recrue, une Cultiste de la Mort.
Je demandai alors à tous mes compagnons de ne surtout pas intervenir. Cela fit sourire Viktor.
-Et puis-je savoir de quoi suis-je accusé, cher confrère ?
-Tu voudras bien me remettre tes armes et ton sceau inquisitorial. Et cela est valable aussi pour tes hommes. A compter de maintenant tu n’es plus inquisiteur mais accusé d’hérésie.
-C’est une blague ?
-Ai-je l’air de plaisanter ?
-Et je peux savoir ce qu’on me reproche justement ?
Il s’approcha de moi et me tendit un parchemin marqué du sceau des Ordos Arakis.
-La liste est longue comme tu peux le voir. Une Carta Extremis vient d’être confirmée et validée à ton encontre. Je t’avais prévenu et t’avais dis de ne pas jouer avec le feu. Toi et ta bande de xénophiles allez être mis aux arrêts en l’attente de votre jugement.
-Jugement pour quel motif ?
-Lady Cassandra de Ratisbonne et sa suite ont été victime d’un attentat sur Guranta. Loué soit le Trône d’Or, elle est parvenue à en réchapper. Et par la grâce de l’Empereur, elle a clairement pu vous identifier.

Avec un air de commisération, Viktor donna l’ordre à ses hommes de se saisir de nous. Ils le firent sans le moindre ménagement.

En l’espace d’une seconde, tout espoir vacilla.



La nuit tombée paraissait si paisible sur le monde d’Haran. Depuis un certain temps, ArithKerun, la lune rouge ne quittait plus le ciel. Ce qui selon la légende d’Eldanesh était annonciateur de mauvais présage. Sial, Weena et Lahessa avaient longuement parlé de ce phénomène psychique ressentit récemment. Selon les deux Prophétesses, le Warp était à l’œuvre et masquait sa présence pernicieuse sur Haran. Des gens étaient morts tout récemment et la Grande Ennemie s’était délectée de leurs âmes. La petite communauté Exodites était nerveuse, sachant que quelque chose allait arriver. Lahessa l’Idainn, était tendue, les esprits du CarrecEnad lui annonçaient la visite des Rillietann cette nuit. Personne ne dormirait et tous se préparaient à les recevoir. Une troupe Rillietann ne se déplaçait jamais sans raison, même au sein d’une autre société eldar.

L’Athe-Sier Tharann’Silh et son conseil se réunirent en privée.

Quelques heures plus tard, la tension était à son comble alors que tous sentirent un bouleversement dans la Toile. Ils apparurent enfin, venus de nulle part, d’abord des ombres multicolores dans la nuit, puis des silhouettes fluides et terriblement envoûtantes. Ils étaient dix et il était certain qu’ils connaissaient l’existence d’un autre portail.
Leur aspect pouvait se reconnaître entre mille. Chaque guerrier Rillietann était à la fois un artiste et un habile guerrier. Leur tenue holographique dathedi colorée et bigarrée portait une multitude de bracelets, boucles, rubans et autres pendeloques. Ils arboraient tous un masque du nom de Marathag ou visage de mort. Chacun représentant un personnage inquiétant. Leur démarche souple et assurée, leur aura désinvolte et leurs armes terrifiantes donnaient l’impression qu’ils se jouaient de la mort elle-même.

En réalité, c’était absolument le cas.
Cinq autres figures les accompagnaient, ce qui était tout à fait inhabituel.

La Troupe du Masque Rouge des Rillietann fit face en demi-cercle au conseil Exodites, les cinq autres personnages en firent de même.
Du haut de son habitat sylvestre, d’où il observait la scène en silence aux côtés de Weena, Sial nota que leur tenue contrastait grandement avec celle colorée des Arlequins. La leur était noire et blanche. Weena reconnu là les cinq Prescients d’Ulthwé pour les avoir déjà rencontré. Ils prirent place aux côtés du conseil. La musique et la mélopée psychique diffusées par les Arlequins protégèrent leurs paroles. Ils échangeront ainsi jusqu’au matin.

Au bout d’un moment, la troupe du Masque Rouge prit place au centre du Taluclu et joua son spectacle à l’ensemble de la petite communauté exodites. Le thème intitulé Ash’atheràkia était une variante sur un ancien mythe relatif à la Chute. L’apocalypse et la mort des mondes en étaient le thème principal. Un thème cher aux eldars. Tous les guerriers Sierann étaient assemblés et assistaient en silence à cette incroyable représentation. Un spectacle Arlequin était quelque chose d'unique. Grace aux talents des idainn qui utilisaient leurs sorts télépathiques assistés de certains hallucinogènes, le spectateur n'assistait pas à une représentation, il était lui-même acteur des évènements. Comme plongé au cœur de l'histoire dans un rêve éveillé, on vivait l'expérience comme si on y était, avec les mêmes sensations et les mêmes émotions. Des grands feux avaient été allumés et leurs longues flammes faisaient danser les ombres autour d’eux. On eut dit que les âmes des défunts du CarrecEnad s’animaient parmi les esprits de la forêt. Ce qui était probablement le cas.

Weena se blottit alors contre Sial et lui conta l’histoire de ce monde, Haran.
-Il y a des milliers d’années de cela, bien avant l’arrivée des premiers colons humains, le monde d’Haran fut déjà la proie d’une guerre épique et légendaire. D’après les Prophètes Arlequins les Athesdan, le monde d’Haran se trouverait sur un point de connexion majeur de la Toile. Des sorciers du Chaos en ayant eu connaissance ouvrirent une brèche afin que des démons y pénétrèrent tentant alors d’investir la Toile. Il fallut l’intervention de nombreuses forces de différents vaisseaux mondes, d’errants, d’Arlequins et d’Eldrad Ulthran d’Ulthwé lui-même pour repousser cette menace. Mais le prix fut si lourd que la communauté exodites qui y vivait fut presque intégralement décimée. Des milliers de nos frères et sœurs étaient tombés mais pas en vain. Eldrad referma la brèche et les survivants du conflit dirigés par celui que l’on nomme aujourd’hui Kaelhryhse, furent assignés à la protection des portails Warp. Tharann’Silh qui signifie le Gardien de la lumière d’Haran fut alors nommé Seigneur Dragon de la communauté. Le monde d’Haran prit alors le nom d’HaranShemash, le Monde du Sang et des Larmes, car d’innombrables guerriers eldars y périrent.

-Qui est au final ce Kaelhryhse, celui qu’on nomme le Marcheur ? Lui demanda Sial.
Weena prit un instant avant de répondre. Elle laissa son regard vagabonder vers les danses hypnotiques et les chants psychiques en contrebas. Les flammes des braseros portaient leur chaleur jusqu’à leur habitat polymorphosé, teintant les parois et même leur visage d’une lueur rougeoyante. La couleur de Kaela Mensha Khaine, le Dieu de la guerre, du carnage et du sang. Elle frissonna et se blottit un peu plus contre Sial.

-Son nom signifie Celui qui Marche avec les Dieux. C’est un Arebeniann. Un Solitaire. Il est dit selon une légende que les Solitaires sont des Arlequins qui ont été honorés et maudits en même temps, touchés par Cegorach, le Dieu Moqueur et par Slaanesh, la Grande Ennemie à la fois. Ils vivent en dehors de la société eldar et n’apparaissent que pour de grandes occasions. Leur rôle est d’interpréter la Grande Ennemie lors de leurs spectacles, voilà pourquoi leur âme est damnée et qu’ils doivent vivre seuls. Mais cela en fait aussi les guerriers des plus redoutables d’une troupe car le Chaos n’a aucun effet sur eux. Leur simple présence suffirait à bannir un démon. On prétend que les Solitaires ne possèdent plus d’âme à proprement parler. D’ailleurs ils sont les seuls Arlequins à ne pas porter de pierre-esprit.

Sial resta songeur lui aussi. Comme tout eldar il avait déjà entendu ces légendes sur les Arebeniann. Mais pourquoi l’un d’eux s’intéressait-il à lui ? Et que venaient faire Joshua et Logan dans toute cette histoire ?

-Le Chaos n’a-t-il pas cherché à revenir pour conquérir à nouveau ces portails ? Finit-il par demander.
-Si. Il y a une cinquantaine d’années, des incidents eurent lieu sur Haran. Un sorcier y envoya une de ses armes secrètes, une machine démon expérimentale. La planète toute entière était alors la proie de cultes et de marines du chaos. Ce n’était bien sûre qu’une diversion, afin de concentrer ses marines et ses sorciers sur les véritables objectifs : les portails.
-Ils furent arrêtés, non ?
-Ils furent stoppés en effet. Et cela en partie grâce à un Inquisiteur du nom de Weiss alors aidé de Kaelhryhse et des Arlequins venus aider les Exodites, les portails purent ainsi être de nouveau sauvés.
-Weiss ? N’est-ce pas une des connaissances de Joshua ?
-Si. Mais nous y reviendrons. Récemment, Abaddon le Fléau a lancé sa 13ème Croisade Noire. En parallèle Haran fut de nouveau visé, un des portails majeurs, alors découvert par un des agents d’Abaddon fut la cible de leurs projets. Ils furent cependant mis en échec, grâce notamment à votre intervention. Le portail fut alors scellé par Le Marcheur.
-Ce sorcier…Il s’agit d’Azencoth, c’est bien cela ?
-Il a porté bien d’autres noms à d’autres époques.
-D’autres époques ? Tu veux dire qu’il n’est donc pas humain ?
-C’est un immortel. Nous ne savons pas ce qu’il est mais les Rillietann le connaissent depuis bien longtemps. Ses connaissances sont immenses et son charisme envoutant. Il parvient à modifier son apparence à volonté et bien que ses pouvoirs soient puissants, il parvient à masquer totalement son aura.
Sial resta perplexe. Il se dit que Joshua aurait sans doute payé cher pour avoir eu accès à ces informations avant de débarquer sur ce monde. Cela l’amena à une autre question.
-Comment ce monde a-t-il été colonisé par les humains ?

-Des pillards orks envahirent Haran juste après cette ancienne guerre, profitant de sa faiblesse. Nos frères, en nombre trop réduit ne purent résister. L’arrivée d’une Flotte de guerre mon-keigh sauva finalement ce monde. Leur armée était parvenue à mettre les orks en déroute. Inévitablement les humains prirent alors possession de notre monde, comme si c’était un du. En quelques siècles, ils colonisèrent alors rapidement les deux principaux continents. Les quelques eldars rescapés préférèrent s’isoler sur le dernier continent et disparurent aux yeux des humains, attendant leur heure pour agir. Cela fait à présent cinq millénaires que les mon-keighs occupent ce monde. Mais cela ne fait que cinq siècles qu’eux et les Exodites cohabitent selon un accord tacite et secret, sur ce qu’ils nomment Guranta dans leur langue barbare.
-L’Inquisition était bien au courant de l’existence de nos cousins exodites ? Pourquoi alors n’a-t-elle pas utilisé son armée pour tenter de les détruire ?
-Cela n’a en effet pas été perçu d’un bon œil de part et d’autre. La survie d’Haran était prioritaire aussi les Rillietann permirent à certains inquisiteurs de connaître leur existence.
-Mais pour quelle raison ? Ce monde est sacré…de plus il comporte plus d’un passage vers la Toile.
-En effet. Et c’est en partie pour cette raison. Sais-tu que des Inquisiteurs sont parfois emmenés par les Arlequins dans la Bibliothèque Interdite ?
-Oui mais…
-Et ce ne sont pas les seuls. D’autres humains éclairés y ont accès, guidés et éduqués par les Rillietann.
-Mais pourquoi eux ?
-Parce qu’ils ont un rôle à jouer. Certains humains sont spéciaux et sont justement recherchés pour cette rare qualité par les Arlequins. Si nous ne les aidons pas maintenant, ils finiront par se détruire et connaitrons ce que notre race a connu, tu comprends ? Tu vas devoir retrouver la femelle psyker, celle qui est avec Dante et alors tu comprendras.
-Quelle est donc cette qualité ?
-As-tu entendu parler de la Rhana Dandra, Sial ?
-Comme tout eldar. Il s’agit de la Fin des Temps. Le moment où une guerre totale détruira l’univers réel en même temps que le Chaos. Tout sera alors annihilé.
-Cette fin n’est peut-être pas une fatalité, Sial. Certains Prophètes et Rillietann croient qu’il existe un moyen de l’en empêcher.

Weena s’interrompit, l’aube était en train de se lever. La troupe Arlequin avait terminée sa représentation. Un jeune Sierann apparut à l’entrée de l’habitat.
-Idainn, le Conseil souhaite vous parler. Tous les deux.

Sial et Weena descendirent. Les Prescients d’Ulthwé étaient partis et les Rillietann étaient sur le point d’en faire de même.
Pour la caste secrète des eldars Arlequins, l’art et la guerre ne faisaient qu’un. Leur rôle était de sillonner la Toile qu’ils maitrisaient parfaitement pour donner leurs représentations au sein des différentes communautés eldars. Les spectacles qu’ils jouaient étaient des messages prophétiques mettant en scène leur complexe mythologie.
Chaque représentation était unique et faisait référence à des mythes ainsi qu’à une symbolique forte que seules les eldars pouvaient pleinement appréhender. Voir un de leur spectacle était un événement en soi qui même chez les eldars ne se produisait que rarement. Une troupe Rillietann se déplaçait rarement sans raison. Leur venue était souvent annonciatrice de changement mais aussi de guerre. Car les Arlequins, s’ils étaient des artistes accomplis, étaient aussi de redoutables guerriers aux techniques inégalées.
Certains prétendaient que les Arlequins connaissaient les secrets de la Grande Ennemie et qu’ils étaient les gardiens de la CormerXamanth, la mythique Bibliothèque Interdite, dépositaire de tous les savoirs sur le Chaos.

Sial et Weena s’approchaient en silence vers le Taluclu. Ils perçurent une aura de tristesse infinie parmi les membres du conseil de Tharann’Silh, leurs visages étaient fermés, ils parlaient entre eux avec un air grave. Certains des membres de la communauté pleuraient en silence.
L’Athair, le chef de la troupe, rassembla ses danseurs de guerre. Son masque blanc arborait un large rictus qui semblait se rire de tout et contrastait cruellement avec la tristesse des Exodites. C’est lui durant les spectacles, qui jouait le rôle de Cegorach, le Dieu Moqueur.
A ses côtés, deux sinistres figures l’entouraient. Le Margorath, le Bouffon Tragique, portait sa tenue mortuaire noire et blanche dont le masque grimaçant était un crâne. Une arme lourde à canon long était fixée dans son dos. Lors des représentations, il incarnait le rôle de la Mort. L’autre figure, à en juger par sa silhouette devait être une eldar. Son masque Agaith reflétait l’âme de ses ennemis. Comme au plus profond d’un miroir, s’y reflétaient leurs pires cauchemars.
Le reste de la troupe était mixte. Silencieux, ils attendaient sans bouger. Un Mime discutait avec une Coryphée grâce à leur subtil langage des signes appelé Lambruith.
Tous attendaient le signe d’un étrange personnage perché sur les racines aériennes d’un iolar à une centaine de mètres de là. Enveloppé dans une cape sombre et dépenaillée, tel un sinistre oiseau de proie, il aurait tout aussi bien pu passer inaperçu.

L’instant d’après il marchait parmi la troupe tandis que le temps semblait se figer autour d’eux. Une seconde plus tard, il était devant Sial et Weena. Comment avait-il fait pour apparaître puis disparaître et ainsi parcourir cette distance le temps d’un souffle ?

Sial se sentit soudain comme englué dans la toile d’une araignée spectrale. La silhouette décharnée qui se tenait devant lui était enveloppée dans une longue cape sombre qui masquait sa présence. De son masque d’argent il ne vit que les cornes caprines et les traits androgynes et sensuels à la beauté irréelle et terrible, cristallisant la Némésis de leur race toute entière. Nulle aura ne se dégageait de ce personnage et cela le terrifia. Sial le reconnu et su qu’il s’agissait là de Kaelhryhse, le Marcheur.

D’un geste rapide, l’Arebeniann tissa du doigt sur le torse de Sial un signe qui se cristallisa aussitôt pour donner naissance à une rune brillante.
L’instant d’après, il se tenait de nouveau sur sa branche. La seconde suivante il ne restait déjà plus qu’un voile de fumée qui se dissipait dans l’aube naissante. Sial cru alors entendre une sorte de rire tandis que le voile s’évaporait. L’Arebeniann avait disparu donnant par la même occasion le signal attendu. La Troupe du Masque Rouge était en train de repartir d’où elle était venue laissant à jamais leur empreinte dans la psyché collective eldar.
Le Mîme fit quelques signes en Lambruith à l’attention de Weena.

La rune s’était estompée mais la marque subsistait encore. Sial était encore trop abasourdi pour réagir.
Weena lui prit la main. Des larmes coulaient sur ses joues, elle paraissait bouleversée. Il lui demanda ce qui venait de se passer. Que lui avait dit le Mîme ?
-Tu ne pourras plus te détourner de ton destin désormais. Tu portes la marque de Cegorach. L’Arebeniann t’a choisi.
Sial fronça les sourcils. Weena semblait fébrile.
-Choisi pour faire quoi ?
-Pour passer les épreuves et peut-être rejoindre la Troupe du Masque Rouge. Lui répondit-elle dans un murmure.

Plus tard, ils apprirent par Tharann’Silh et son conseil ce que les Prescients d’Ulthwé venait de leur annoncer. La 13ème Croisade Noire d’Abaddon prenait une bien funeste tournure. Eldrad Ulthran, le plus grand guide de leur peuple était tombé proche de Cadia. La Grande Ennemie l’avait piégé avec le concours d’Abaddon….nul ne le reverrait plus jamais.
Avant de partir, Eldrad avait prédit son sacrifice et avait désigné ses successeurs, le Conseil des Prescients. Leur lutte, avec le concours des Arlequins n’était pas terminée car la bataille faisait rage encore en de nombreux endroits. Arhiman le sorcier avait ainsi pu être mis en échec alors qu’il tentait de percer les secrets du chemin vers la Bibliothèque Interdite. Les eldars allaient mettre toutes leurs ressources à l’œuvre pour l’en empêcher.

Sept jours de deuil furent observés au sein de la communauté, en hommage à celui qui jadis sauva ce monde.

Se tenant sur une branche au sommet d’un iolar, Sial observait les étoiles, perché à plus de cent cinquante mètres au dessous de la jungle paisible. A des années-lumière d’ici, la guerre ne faisait que commencer.
Lui et Weena allaient devoir se séparer de nouveau. Elle allait devoir assurer la protection des portails d’Haran et prêter ses forces à cette communauté déjà mourante. Elle savait qu’ils ne se reverraient pas avant des années et que leur rencontre serait alors la dernière.

Les deux humains que Sial allait retrouver lui permettraient d’accomplir son destin et d’aller vers sa propre malédiction.


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[Roman 40k] Joshua Dante - Ordo Xenos - tome 3 Empty Re: [Roman 40k] Joshua Dante - Ordo Xenos - tome 3

Message par Belial Sam 26 Oct 2013 - 15:00

Cool enfin le dernier tome la suite !! Smile


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Message par Illuminati Dim 27 Oct 2013 - 0:01

Geôles du Palais inquisitoriale de Necromunda.
276.001M42

Depuis ma cellule, je finis par perdre totalement la notion du temps. Les interrogateurs qui nous soumirent à la question, m’avaient dès les premiers jours fait passer les étapes jusqu’au niveau six d’un interrogatoire. La privation des sens. Les jours suivants passèrent alternativement au niveau sept et huit. L’interrogatoire psychique intensif assisté par des drogues telles que la Metavéritas. De Logan, Meredith et des autres, je ne su absolument rien. Dès le premier jour, un large torque en cuivre inhibiteur m’avait été verrouillé autour du cou, me privant ainsi de mes sens psychiques.
Le changement de millénaire avait sans aucun doute déjà eu lieu et j’ignorais totalement ce qu’il en était. De plus, mon enquête était capitale et devait avancer mais personne n’avait voulu m’écouter.

Les chefs d’inculpations qui étaient retenus contre nous, nous avaient désignés d’office comme coupables au premier degré. J’avais beau repenser à toute cette histoire, je ne comprenais toujours pas ce qui avait pu arriver sur Guranta.

Alors qui nous nous apprêtions à quitter cet agrimonde, j’avais utilisé l’astropathe du Gouverneur Goldwell afin de prévenir les Ordos Arakis. J’avais alors demandé à ce qu’ils envoient des agents afin de passer au peigne fin le Consortium Azencoth tandis que j’allais repartir sur Necromunda. Ce que j’ignorais en revanche, c’est que Cassandra de Ratisbonne et sa suite arrivaient à ce moment-là sur Guranta avec la ferme intention de reprendre la situation en main. Bien entendu, je ne fus nullement prévenu de son arrivée. D’ailleurs pourquoi l’aurait-elle fait ?
Je finis par apprendre aux cours de mes longues séances d’interrogatoire que Cassandra se rendit directement au Consortium Azencoth, pensant m’y trouver. L’endroit devait alors être sous la protection de l’armée locale et des space marines.
La suite restait incompréhensible. D’après des capteurs pix du complexe, Cassandra et sa suite tombèrent dans une embuscade à l’intérieur d’un des bâtiments. Elle perdit plusieurs de ses agents ainsi que des sœurs de bataille dans l’accrochement. Blessée, elle due sa propre survie à l’intervention des Astartes du Capitaine Adonaï. A leur arrivée, tout ennemi avait alors disparu. Les marines assistés des troupes de choc se déployèrent et ratissèrent toute l’île mais en vain. Les assassins s’étaient totalement et mystérieusement évaporés.
Les images holopix furent alors saisies pour analyse et rapidement l’identité des tueurs fut établie et corroborée par le témoignage de l’Inquisitrice. Les images parlaient d’elles-mêmes, il s’agissait tout simplement de Meredith, Logan et moi.
L’Inquisition savait parfois se passer de certitudes pour une accusation. Il suffisait d’une forte suspicion pour établir la culpabilité d’un suspect. Mais lorsque des preuves matérielles venaient étayer cette accusation, le doute n’était plus permis. L’Inquisitrice de Ratisbonne affirmait nous avoir reconnu. Les holopix venaient merveilleusement appuyer ses dires alors que sa parole suffisait déjà amplement.

Le Seigneur Inquisiteur Weiss, mon ancien maitre avait alors fait appel à ses contacts au sein de nos amis thoriens communs. Ensemble, ils avaient menés leur propre contre-enquête, avaient recueillis des preuves et avaient contrés l’accusation sur son propre terrain. Weiss avait visiblement des appuis que je ne lui soupçonnais pas.

Trois mois après notre arrestation, alors que notre sentence allait être prononcée, je fus sorti de ma cellule en pleine nuit, par des gardes armés de matraques assommantes. J’étais alors persuadé de finir à genoux au bord d’une fosse, les mains liées et les yeux bandés sous une pluie battante, attendant qu’un bourreau me colle une balle dans la nuque.

Au lieu de cela, Logan, Meredith et moi fumes menés à une salle d’audience ou serait statué notre cas, au vue des nouveaux éléments présentés par Weiss.
Là, j’appris que le Magos Markus Vorceta avait eu ses implants cognitifs purgés avant d’être transféré à l’Adeptus Mechanicus sans aucun souvenir de tout ceci. Sœur Lorélia, la logicienne de l’Ordo Dialogous avait eu quant à elle, l’esprit totalement purifié afin de protéger son esprit. Désormais incapable de lire et écrire, elle fut encouragée à rejoindre les rangs des Sœurs Repentia.

Nous fûmes ainsi présentés au Conclave de l’Ordinatus. Un tribunal inquisitorial exceptionnel, sorte de Concile Apotropaïque. Quatre seigneurs inquisiteurs le présidaient, conformément aux règles, ils étaient masqués.
Y assistaient bien évidemment Cassandra de Ratisbonne en qualité de plaignante, cette vipère était assistée du sinistre Seigneur Amadeus Sorjik Vlachen de l’Ordo Hereticus. Un ultra-puritain, et bien entendu membre des Conservatii, lui aussi. Vlachen étaient de ceux qui se délectaient de pogroms, de buchers collectifs et d’autodafés.
De notre côté, nous étions défendus par le Seigneur Weiss mon ancien maitre, assisté de plusieurs de ses adjoints. Bien d’autres inquisiteurs étaient présents, mais aussi quelques interrogateurs ou adeptes de hauts rangs. Ce genre de conclave exceptionnel n’avait pas lieu tous les jours. Condamner ainsi un inquisiteur à l’excommunication et donc à la mort était quelque chose de pris très au sérieux.
Placés sur le banc des accusés, nous faisions face aux Grands Maitres du Conclave de l’Ordinatus.
Ils prirent alors la parole. Le procès, selon les règles établies se déroula entièrement en haut gothique, le tout notifié par une armada de scribes serviteurs.

-Selon les pouvoirs que nous confère le Très Saint Empereur de Terra, nous, Grands Maîtres de ce tribunal et Seigneurs de la Très Sainte Inquisition, déclarons ce conclave de l’Ordinatus ouvert. Nous rappelons que la plaignante, l’Inquisitrice Cassandra de Ratisbonne, Seigneur de l’Ordo Xenos des Ordos Arakis, ici présente, a été victime d’une tentative d’assassinat. Les principaux accusés sont Joshua Dante et ses agents ici présents.
A la lumière de nouvelles preuves amenées sur ce procès, nous allons réexaminer le degré de culpabilité des accusés.
Le Seigneur Inquisiteur Weiss fut alors invité à prendre la parole :

-Merci Messeigneurs. Je vous apporte aujourd’hui la preuve irréfutable de l’innocence de Joshua Dante et de son équipe dans l’affaire de l’attentat sur Lady de Ratisbonne. Nous, membres de la Très Sainte Inquisition, nous devons de faire toute la lumière sur un si sordide complot orchestré par la main d’adorateurs des Sombres Puissances.

-Venez-en aux faits, Inquisiteur Weiss, les holo-enregistrements de cet attentat ne permettent aucun doute quant à l’identité des coupables.

-En effet, mais là réside une vile sorcellerie de nos ennemis car d’autres preuves ne corroborent pas ces identités.

Le seigneur Inquisiteur Vlachen intervint alors.
-Objection ! Dante et ses complices xenos ne sont-ils pas déjà eux-mêmes coupables de viles sorcelleries et de sombres sabbats ?

Les Grands Maîtres de l’Ordinatus lui répondirent alors :
-Objection rejetée Seigneur Vlachen. Du moins pour l’instant. Laissez tout d’abord l’Inquisiteur Weiss illustrer ses propos.

Le Seigneur Inquisiteur Weiss reprit.
-Après la tentative d’assassinat sur Lady de Ratisbonne, attentat, qui je le rappelle a blessé grièvement l’Inquisitrice et coûté la vie à sept de ses agents, mon équipe et moi-même avons procédé à la collecte d’indices sur place. Il s’avère que des traces de sang ont été retrouvées. Ce sang a été soumis à analyse et en voici les conclusions : ce sang est d’origine artificielle et n’appartient ni aux suivants de l’Inquisitrice, ni à aucun membre de l’équipe de Joshua Dante.
-Et à qui appartient ce sang, Inquisiteur ?
-Si vous le permettez, Messeigneurs, je vais céder ma place au Magos Cyberneticae Schwartzmeyer qui pourra illustrer mes propos.
Le Magos en question, membre de l’équipe de l’Inquisiteur Weiss s’approcha et prit la parole par le biais d’un servo-crâne qui traduisit son langage binaire en haut gothique.

-Messeigneurs, c’est par la Voix Omnisciente du Dieu Machine que je m’exprime devant vos Grandeurs. Les échantillons de sang que m’a présenté le Seigneur Weiss correspondent en réalité à une solution synthétique du nom de Sucrosol. Un sang artificiel et modifié à base de sucrose comme son nom l’indique, à l’instar de celui utilisé dans certains symbiotes tels que les Chérubins ou autre serviteurs biocultivés. Celui-ci en revanche comporte certaines mutations biologiques instables et psychiquement réactives. Comme vous pouvez le voir dans le document annexe : AM/MMV/IS/251205M42, La porphyrine contenus dans cette solution, composée normalement de quatre noyaux tétra pyrroliques contenant chacun un atome à l'état ferreux en contient ici plus de huit. En outre le taux de monocytes, dont les cellules souche, les histioblastes, sont situées dans le système réticulo-endothélial…
Les Grands Maîtres l’interrompirent.
-Magos, veuillez nous épargnez votre jargon et venez-en à la conclusion.
-Messeigneurs…Sauf votre respect…Ne pas achever le protocole sacré d’énumération serait un manquement aux Saintes Techno-Procédures édictées par le Dieu Machine et…
-Il suffit Magos ! Nous nous passerons très bien de vos saintes procédures ! Qu’en est-t-il de ce sang, par le Trône de Terra ?
-Je maintiens que cette procédure inappropriée n’est pas sans courroucer le Dieu Machine….Mais pour répondre à votre question, nous pouvons en conclure à près de 98,23% que ces échantillons de Sucrosol appartiennent bien à des serviteurs de modèle Simulacre et qu’ils sont tous infectés par un nano-virus.

Le Seigneur Inquisiteur Weiss, reprit alors la parole :
-Messeigneurs, nous voici donc bien devant la preuve d’une sombre machination dont le seul but avouable, en faisant accuser Joshua Dante, était de semer la confusion au sein de nos propres rangs. L'Inquisiteur Dante, ici présent était précisément en train d'enquêter sur une hérésie impliquant des cyborgs de modèle Simulacre capable de modifier leur apparence. Ces Simulacres sont en réalité les véritables coupables.

Le seigneur Inquisiteur Vlachen, rétorqua alors.
-Objection ! Ceci nous laisse tout de même 1,77% de doute quant à l’identité réelle des coupables.
-En effet, lui répondit le Magos, mais nous devons tout de même écarter le doute sur l’origine purement humaine, xenos, voire même d’un organisme biologiquement amélioré de l’Assassinorum. L’origine d’une souche virale teintée par le Warp est attestée à 100%.

Les Grands Maîtres prirent quelques instants avant de répondre. Un murmure parcourut la salle.
-Objection rejetée, Seigneur Vlachen. Mais si nous devons en conclure la présence d’agents des Sombres Puissances lors de cet attentat, en revanche rien ne prouve que l’Inquisiteur Dante et ses hommes n’étaient pas présents ?

Le Seigneur Weiss reprit :
-Bien au contraire, Messeigneurs, nous en avons la preuve depuis le départ. Joshua Dante et son équipe se trouvaient au moment du drame à bord du cargo chartiste Motherlode. Le personnel de bord ainsi que son capitaine ont bien noté leur présence durant les 21 jours que pris leur voyage. Voici en annexe une copie du journal de bord le notifiant. cf : Dossier IF/AI/151205.

Un grand brouhaha parcourut de nouveau la salle. Les Grands Maitres étudièrent alors les documents. Joshua n’osait y croire. Weiss avait réussi à les innocenter.
Les Grands Maîtres de l’Ordinatus lancèrent alors :
-Peut-on savoir pourquoi ce document n’a-t-il pas été fourni en temps voulu ? Cela ne nous aurait-il pas permis d’éviter un si long procès et ainsi épargner les deniers de l’Imperium ?

-Pour la seule raison, Messeigneurs que le Motherlode a du être retrouvé et l’équipe interrogé. Cela nous aura pris un certain temps.

-Bien…Avant que nous rendions notre verdict sur cette affaire, nous souhaiterions éclaircir certains points sur les accusés. Les interrogatoires ont révélés des faits des plus intéressants que nous devons soulever. Nous commencerons dans un premier temps par l’agent Meredith Smith.

L’Inquisiteur Nicolaï Madak de l’Ordo Sicarius est alors appelé à la barre ainsi que la Directrice Secundus Sorsha Helden, du temple Callidus.
-Inquisiteur Madak. En conclusion de votre rapport interne sur l’Officio Assassinorum, peut-on affirmer que l’agent Meredith Smith ici présente ait foi en l’Empereur-Dieu ?

-Messeigneurs, je me bornerai à diffuser un holo-enregistrement de l’interrogatoire que j’ai effectué sur l’agent Smith alors que je lui apprenais son implication dans l’affaire De Ratisbonne :

> > > Sujet : Extrait de l’Holo-enregistrement de l’interrogation de l’Agent Meredith Smith, du temple Callidus de l'Officio Assassinorum.
> > Date: 114.001M42 ; 01:35:52 (Tempus Terra).

« (…)il est légitime que moi qui ai foi en l'Imperium et donc en ma hiérarchie veuille me défendre alors que je sais que je suis dans mon droit. Ma foi en l'Empereur me fait accepter cette décision mais ma foi en l'Imperium est tout de même ébranlée. En effet, voir que des personnages de l'envergure d'inquisiteurs perdent leur temps en luttes intestines au lieu de se concentrer sur nos adversaires me navre au plus haut point.(…) »

Des bruits de consternations indignées parcoururent l’assistance. Joshua déglutit. La tournure des évènements ne présageait rien de bon. A ses côtés, Logan semblait fiévreuse et absente. Meredith comme à son habitude, restant de marbre et totalement stoïque.

Les Grands Maitres demandèrent le silence. Le Seigneur Vlachen reprit.
-Le premier Credo du Catéchisme de l’Endoctrinement nous apprend ceci : Ne pas avoir foi en l’Imperium signifie ne pas avoir foi en Notre Empereur-Dieu, et ne pas avoir foi en Notre Empereur-Dieu est une hérésie !

L’Inquisitrice Cassandra de Ratisbonne ajouta :
-C’est inadmissible ! Comment un agent de l’Assassinorum peut-elle parler avec une telle impudence ! En quoi des querelles internes de l’Inquisition devraient-elles la concerner ?

Les Grands Maîtres reprirent :
-Il est vrai que cela est des plus navrants. Un agent de l’Assassinorum n’est en rien qualifié pour porter un jugement sur la conduite d’inquisiteurs. Doit-on rappeler le champ d’action imparti aux agents de l’Officio qui ne sont en rien habilités à porter un jugement, ni même à prendre parti ou même apporter un avis personnel sur le mode de fonctionnement de l’Inquisition ? Quant aux soi-disant luttes internes, quand bien même y en aurait-il au sein de l’Inquisition, cela n’autoriserait en rien l’agent Smith à émettre une quelconque opinion à ce sujet.
Directrice Secundus Elden, nous vous demandons de veillez à ce que vos agents montrent à l’avenir un peu plus de respect envers l’Inquisition.

La Directrice Secundus, vêtue de noire et masquée elle aussi, s’inclina devant les Grands Maitres.
-Messeigneurs, je puis du moins affirmer que l’agent Smith a reçu un des meilleurs entraînements que peut dispenser l’Officio Assassinorum en matière de …
-Le problème n’est pas là, Secundus. Vu les sommes colossales investies, nous savons pertinemment que l’Assassinorum dispense la meilleure formation pour ses agents. Nous souhaiterions déterminer en l’occurrence et étant donné ses propres doutes, si l’agent Smith a la foi et comment perçoit-elle l’autorité. Le temple Callidus n’est pas au dessus de la vigilance de l’Inquisition.
-L’agent Smith, ainsi que chaque agent Callidus est formée et conditionnée pour obéir à sa hiérarchie directe, son entière dévotion va à l’Imperium et par conséquent à l’Empereur-Dieu, Messeigneurs.
-Et placée sous l’autorité directe de l’Inquisition, comment se doit-elle d’agir ?
-Placée sous l’autorité directe de l’Inquisition, l’agent Smith lui doit respect et obéissance, Messeigneurs.
-Heureux de vous l’entendre dire, Secundus ! Cependant comment expliqueriez-vous que l’agent Smith n’ai pas rendu compte de ses agissements à son autorité directe sur le terrain, à savoir l’Inquisiteur Dante ?
-J’ai bien peur de ne pas saisir votre propos, Messeigneurs ?
-Ce que nous voulons dire, Secundus, c’est que l’agent Smith était en possession de dossiers extrêmement sensibles et qu’elle n’en a pas fait part à sa hiérarchie directe, pourquoi ?
-Préserver certaines informations prises à l’ennemi, fait aussi parti du rôle d’un agent de terrain de l’Assassinorum et…
-Nous vous arrêtons tout de suite, Secundus. Insinueriez-vous qu’il faille « préserver » des informations ennemies, de l’Inquisition ?
-Par le Trône non, Messeigneurs ! Je suppose que l’agent Smith comptait remettre ces informations à sa hiérarchie à un moment plus propice…mais je ne sais ici de quelles informations vous parlez.
-Il est question d’éléments classés secrets, de plans, de détails techniques et de rituels de sorcellerie de grande envergure. Inquisiteur Madak, comment ces données vous ont-elles été remises ?
-Après son arrestation, l’agent Smith m’a remis ces informations en main propre. Elle m’a alors confirmé les avoir subtilisé auprès d’un certain Zokhtan Zeunct lors d’une mission sur Karis Cephalon et comptait les remettre à une haute autorité.

Joshua faillit s’étrangler. Ainsi Meredith lui avait bel et bien menti. Il se remémora cette soirée au Palais d’Améthyste de la Gouverneure Glynn Gorias. Là, il avait demandé à Meredith de s’infiltrer dans les appartements de Zeunct. Ce dernier était suspecté d’hérésie et il avait besoin qu’elle duplique les données qu’il avait dans son bureau.
A la fin de cette mission, Meredith lui avait certifié n’avoir rien trouvé. Joshua avait même trouvé cela étrange. En réalité, elle avait bien eu les informations. Mais pourquoi les avoir conservés ? A quoi jouait Meredith ?

Les Grands Maitres continuèrent.
-L’Inquisiteur Dante a-t-il eu accès à ces données ?
-L’interrogatoire prétend que non, Messeigneurs.
-Donc l’agent Smith est restée plus d’un an en possession de données hérétiques traitant d’un projet visant la ruine de l’Imperium et elle n’en a avisée ni sa hiérarchie, ni l’Inquisiteur de qui elle dépendait ? Par le Saint Trône d’Or, nous parlons bien là d’un agent de l’Imperium ?
Inquisiteur Madak, savons nous ce que l’agent Smith comptait faire de ces données ?
-Encore une fois, l’enquête n‘apporte guère de réponses fiables.
-Inquisiteur Weiss, reprirent les Grands Maitres, vous qui avez étudié ces données, de quelle origine et de quelle nature sont-elles ?
-Pour reprendre les études du Magos Schwartzmeyer, je dirais que ces données traitent de xenotechnologie et de sorcellerie impie appliquée à la machine. L’origine est chaotique, mais la technologie employée semble bien d’origine xenos, mais corrompue par une…je reprends les saints termes du Magos…Une nanotechnologie mimétique et démoniaque.
-Merci Inquisiteur, pour ces précisions.
Directrice Secundus, l’agent Smith était-elle spécialisée en xenotechnologie corrompue et en sorcellerie appliquée à la machine ?
-Par l’Empereur-Dieu, non Messeigneurs !
-Alors en quoi s’y intéressait-elle au point de chercher à la dissimuler à sa hiérarchie ? Qu’en est-il des suspicions de marché noir qu’elle aurait exercé sur Karis Cephalon auprès de la pègre locale ? A quoi l’agent Smith jouait-elle réellement, Secundus ? N’avons nous pas là, sinon une forte suspicion de trahison, du moins la preuve flagrante d’un agent impérial échappant totalement à l’autorité à laquelle elle est censée se soumettre et qui commet alors une erreur grave en dissimulant des informations capitales ?
La Directrice Secundus ne répondit pas et garda la tête inclinée. Joshua sentait la colère et la frustration monter en elle.
-Secundus, vos agents subissent-ils régulièrement un psycho-endoctrinement ? Reprirent les Grands Maitres.
-Oui Messeigneurs, dès que nous le jugeons nécessaire. A savoir, en moyenne tous les deux ans, parfois plus en fonction des missions.
-Et à quand remonte le dernier psycho-endoctrinement de l’Agent Smith ?
-Cela fait plus de deux ans, Messeigneurs.
-Afin d’éviter de tels problèmes à l’avenir avec vos agents, nous ne pouvons que vous suggérer de leur faire subir un effacement mémoriel et un reconditionnement tous les ans. Veillez à ce que cela soit appliqué Directrice Secundus, ou nous devrons prendre des mesures plus…drastiques.
-Bien Messeigneurs.
-Ces données seront alors minutieusement soumises à étude. Il est clair que leur contenu nous sera vital pour la suite des évènements.
Le Seigneur Vlachen prit alors la parole sans y avoir été invité.
-Voilà bien la preuve, Messeigneurs de la foi impie à laquelle se voue l’agent Smith et ses comparses ! vils félonies et actes xénophiles n’engendreront que le juste courroux du Divin Empereur !
Je demande ainsi solennellement qu’ils soient tous les trois déclarés publiquement Extremis Diabolus afin de mettre fin à leurs agissements de sorcellerie xenos et qu’ils expient leur crimes odieux ! Par quel sortilège ces données corrompues ont-elles pu de nouveau venir ainsi souiller ce saint lieu alors que j’avais veillé personnellement à les détruire par la flamme purificatrice lors de leur arrestation ?
-Seigneur Vlachen, une fois de plus, votre zèle vous honore. Cependant, la prochaine fois que vous chercherez à détruire des données prioritaires de niveau Magenta avant de nous en faire part au préalable, le juste courroux qui risquerait de s’abattre sur vous n’aura nul besoin de venir de l’Empereur !
-Messeigneurs, je porte le statut de Seigneur Inquisiteur et de Répurgateur, j’ai en outre tout pouvoir de décision face à une simple suspicion d’hérésie et…
-Il suffit Vlachen ! Tenez votre rang ! Vous êtes en présence de Maîtres d’un Conclave et vos titres honorifiques ne signifient rien en ce lieu ! Apprenez à l’avenir à faire montre de plus de clairvoyance lorsque vous chercherez à détruire des preuves. Quand bien même seraient-elles hérétiques.
Vlachen ravala sa morgue. Les Grands Maîtres de l’Ordinatus tournèrent alors leur attention vers Cassandra de Ratisbonne. Tout en consultant plusieurs documents. Lors de mon interrogatoire, j’avais avoué notre relation cachée il y a de cela quelques mois. Tout comme j’avais avoué ses moyens de pression pour me faire intégrer la même faction qu’elle.
-Inquisitrice de Ratisbonne, quels étaient vos rapports entre vous et Joshua Dante ? Lui lancèrent-ils.
Elle parut décontenancée par la question.
-Messeigneurs…J’ai peine à comprendre tout ceci. Est-là le procès de Joshua Dante et de ses complices ou est-ce le mien et celui du Seigneur Vlachen ?
-Il s’agit bien de celui de Dante et de ses équipières. Veuillez répondre à la question.
-Nos rapports se bornaient à un ordre purement professionnel, Messeigneurs.
-Et il ne serait en être autrement. Aussi nous vous conseillons à l’avenir à ce que ces rapports avec vos subalternes en soient ainsi, et cela est aussi valable pour vous Seigneur Valchen.
-Oui Messeigneurs, répondirent-ils.
-Ainsi, selon les pouvoirs qui nous sont conférés par L’Empereur-Dieu de Terra, nous, Grands Maîtres de l’Ordinatus, déclarons Joshua Dante et ses agents non coupables d’attentat sur la personne de Cassandra de Ratisbonne. Que son sceau et son rang lui soient rendus. La Carta Extremis qui a été levée contre lui est donc annulée.
Quant à l’Interrogatrice Logan Krynn. Même s’il est avéré qu’elle a été touchée par le Warp, son niveau de corruption est jugé acceptable.
En conséquence, Joshua Dante et Logan Krynn seront soumis à une période de pénitence de un an afin de se purger de toute la corruption qui aura été à leur contact. Ils devront alors méditer sur leur rôle et leurs devoirs au sein de l’inquisition et nous prouver que leur foi est infaillible.
Leur pénitence devra s’effectuer auprès d’unités opérationnelles inquisitoriales aux abords de la Porte cadienne. Là, ils devront servir durant une année complète.
Les vertueux étant reconnus par l’Empereur de Terra, leur retour signifierait alors que leur foi est immaculée.
Cette sentence s’applique immédiatement.

Concernant l’agent Meredith Smith. Elle devra subir un reconditionnement et un psycho-endoctrinement complets, son esprit sera purifié. Ainsi elle pourra de nouveau servir l’Imperium de façon optimum, tel que doit le faire tout agent impérial. Un test de réévaluation sera alors effectué sous la supervision de l’Ordo Sicarius afin de valider sa réintégration complète au sein de l’Assassinorum.
Directrice Secundus, veillez à ce que cette sentence s’applique.

La séance de ce conclave est levée.




Chapitre II
Sombre millénaire

Astroport principal de la Ruche Primus, Necromunda.
279.001M42, Le lendemain matin.


Ainsi notre peine avait-elle été statuée pour Logan et moi. Il s’agissait d’un signe de grande clémence de la part du concile à ce qu’on disait. Nous allions devoir servir durant un an au sein des troupes pénales employées par l’Inquisition aux abords de Cadia.
Nous avions eu elle et moi le crâne entièrement rasé et portions désormais le treillis élimé, déchiré et gris délavé des pénitents ainsi que de lourdes bottes usées. Nos vêtements rapiécés ayant déjà du être portés par au moins une centaine d’anciens détenus. Un matricule en forme de code barre nous avait aussi été tatoué sur la nuque. C’était désormais notre nouveau nom. Des plots inhibiteurs nous avaient aussi été vissés sur les tempes, à même le crâne à Logan et moins. Ces derniers bloquaient ainsi nos capacités psychiques d’une manière bien rudimentaire et non sans conséquence. Enfin, un collier répressif en bronze nous avait été appliqué autour du cou. Il contenait une petite charge explosive qui était commandée à distance. La détonation du collier nous dissuadait en général de toute tentative d’évasion ou de rébellion.

Nos geôliers dans le penitorium du palais inquisitorial nous avaient d’ailleurs fait une petite démonstration ainsi qu’à une dizaine d’autres détenus fraichement incorporés tout comme nous. Nous étions tous alignés dans une cour sombre et pavée, éclairée par des rangés de lampes à sodium. Le mur en face de nous était criblé d’impacts et ce que je pris tout d’abord pour des coulées de rouilles étaient en réalité des tâches de sang. Même la petite bruine grasse et acide qui tombait des hauteurs ne parvenait pas à les laver.

Les gardes inquisitoriaux portaient leur tenue de combat intégrale sous leur armure carapace noire mate. Leurs seuls signes distinctifs étaient le symbole de l’Inquisition qu’ils portaient tous de façon ostentatoire ainsi que des sceaux de pureté et leur grade. Ils avaient tous aussi un casque intégral équipé de masque respirateur, de viseur à spectre multiple et de système vox sécurisé. Les lumières bleutées dégagées par leurs optiques leur donnaient un aspect totalement déshumanisé et c’était là le but recherché. Ils étaient enfin tous équipés d’un mélange de lourds fusils à pompe ou de fusils d’assauts compacts. Toutes leurs armes étaient équipés de balles tueuses ou explosives. Leur équipement se complétait de matraques assommantes et de gros pistolets à la ceinture.
Le lieutenant des troupes d’élite, une jeune femme à en juger par la voix, sortit un petit boitier de contrôle et nous expliqua que c’était elle qui allait désormais décider de notre destin, car l’Empereur, déçu par notre attitude inavouable n’était à présent plus à nos côtés. Elle enclencha la rune d’activation du boitier.
Sans crier gare et de façon totalement aléatoire, la tête de l’homme à côté de moi sauta alors dans les airs puis s’écrasa sur les pavés humides avec un bruit d’os qui se brisent sous la pression de son contenu qui éclate. Son corps décapité s’effondra d’abord à genoux avant de basculer en avant comme un sac, se délestant de plusieurs litres de sang par la même occasion. Plusieurs d’entre nous se mirent à crier et à protester.
Tandis que nous étions tous roués de coups par les matraques de ses hommes, le lieutenant, impassible nous demanda alors à voix haute si nous avions bien saisi ce qu’elle venait de nous expliquer ou si elle devait renouveler sa démonstration. Je sus que Logan ne broncha pas et resta forte, j’en fis de même. Nous dûmes alors tous hurler combien nous avions saisi ce qu’elle venait de nous montrer.

Elle reprit alors son sermon, digne d’un prédicateur Rédemptioniste en ponctuant chaque syllabe.
-Dans Sa grande miséricorde, l’Empereur vous accorde tous une seconde chance. Il n’existe qu’une seule façon de terminer votre peine et de rachetez vos âmes damnées à Ses yeux : Mourir en effectuant votre devoir face à l’ennemi. Mettre fin vous-mêmes à vos jours n’est pas toléré. Vos âmes ne trouveraient alors qu’une éternelle damnation. Survivre à votre séjour parmi nous est une option qu’il vaut mieux oublier tout de suite. Cet espoir n’est qu’une illusion. Réjouissez-vous pour cet homme que vous voyez au sol, car sa mort est loin d’être inutile. Par cet exemple j’ai mis fin à sa vie impure. Mais par cet acte rédempteur je lui ai permis de rejoindre l’Empereur-Dieu, car désormais il est lavé de ses pêchés. La vraie rédemption est dans le sacrifice de soi. L’Empereur-Dieu s’est sacrifié pour l’Humanité et souffre depuis dix millénaires pour sauver vos pitoyables existences. Désormais votre vie ne signifie plus rien et je décide de ce que vous en ferez. Et c’est pour cette raison que vous vous sacrifierez en Son nom ! Est-ce que je me suis bien fait comprendre ?

Comme un seul homme nous dûmes hurler que nous avions bien saisi. Je vis des hommes pleurer à mes côtés. Non pas de désespoir mais par ferveur. Leur vie misérable de criminel avait désormais trouvé un sens et leur désespoir venait de se muer en espoir. L’espoir de se sacrifier et de voir leur âme lavée de leurs pêchés.

Avec un autre codétenu anonyme, je fus désigné d’office pour porter le corps du malheureux décapité vers son dernier voyage : le crematorium. Nous dûmes aussi avant cela le délester de son uniforme de prisonnier et de ses bottes. Un prochain détenu en aurait bientôt besoin.

Une simple année était une peine qui pouvait paraître bien courte et bien mineure en comparaison de nombreux châtiments réservés aux criminels en tout genre. Sauf que servir au sein d’un régiment pénitentiaire était bien souvent la dernière affectation que l’on recevait. Le type d’unité à laquelle nous allions être affectés combattait en première ligne les pires abominations vomies par l’Œil de la Terreur. La 13ème Croisade Noire battait son plein et l’espérance de vie au sein de telles unités ne dépassait que très rarement les deux semaines. Et sur le champ de bataille, elle ne dépassait que rarement une journée.

Je sortis de ma torpeur et réalisais que des moments de ma mémoire venaient de m’échapper. Nous étions sans doute drogués ou sous l’influence d’inhibiteurs. Des soldats des troupes inquisitoriales nous escortaient vers le tarmac avec la dizaine d’autres détenus. L’astroport formait une immense plateforme suspendue au dessus du vide et accrochée à la structure de la ruche. Elle était aussi à l’air libre, loin au-dessus de la couche nuageuse quelques cinq kilomètres plus bas. Nous allions embarquer vers une navette Valkyrie qui allait nous conduire en orbite. De là, une frégate de l’Inquisition allait nous conduire vers un interminable voyage de plus d’une année vers la porte cadienne où nous attendait notre pénitence. Nul doute que le voyage n’allait pas pour autant s’avérer être une partie de plaisir. Notre enfer commencerait tout de suite et se poursuivrait dès que nous serions à bord.

Meredith devait être conduite quant à elle vers un autre transport qui l’emmènerait vers le temple Callidus sur Terra. Là, elle subirait un reconditionnement complet et pourrait alors de nouveau servir l’Imperium sans conséquences. Par mesure de précaution, elle avait été placée dans un sarcophage de stase et un serviteur lobotomisé se chargeait de l’acheminer, elle aussi sous escorte vers une seconde navette.

L’officier en charge du détachement fit stopper ses hommes et nous aussi par la même occasion. Les gardes se déployèrent et adoptèrent un déploiement défensif. Sur le quai d’embarquement, l’officier s’entretint avec plusieurs agents et personnels administratifs. Elle se dirigea enfin vers un poste de sécurité afin d’y signer quelques tablettes de données et d’y remplir d’interminables formulaires.

Je ne réagis pas tout de suite tandis que le bâtiment explosa, projetant en tout sens des débris de lithobéton et des restes humains. L’onde de choc nous jeta tous au sol, codétenus et gardes compris. Le reste me parut embrouillé, mes sens déjà embrumés ne purent analyser tout ce qui se passait. Je perçus quelques bribes, comme si j’avais la tête plongée sous l’eau. Des douilles d’armes automatiques pleuvaient au sol à côté de moi comme au ralenti. Des cris ou des ordres brefs furent lancés. Les membres des gardes furent tranchés les uns après les autres par je ne sais quelle arme et volèrent devant moi parmi un maelstrom de couleurs. Je vis alors les têtes des autres détenus qui sautaient les unes après les autres, la panique venait de remplacer leur ferveur car ils réalisaient avec horreur que la damnation éternelle était ce qui les attendait. Je sombrais alors dans l’inconscience, espérant que tout ceci s’achève brutalement.

Pourvu que Logan ne souffre pas, me dis-je enfin...


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Message par Belial Dim 27 Oct 2013 - 7:49

Joli retournement de situation ! Smile
La suite please Smile


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Message par Illuminati Lun 28 Oct 2013 - 12:06

Logan avait repris conscience depuis peu. Elle ne comprit pas tout de suite où elle se trouvait. Une cellule. Non, plutôt une chambre. Elle avait dormi dans un lit et à en juger par ses membres endoloris, cela devait faire de nombreuses heures qu’elle était là. D’une fenêtre aux stores abaissés, la lueur du jour déclinant baignait faiblement la pièce. Logan avait totalement perdu la notion du temps aussi se leva-t-elle péniblement et réalisa qu’elle était en sous-vêtements. Après un rapide examen, elle vit qu’elle n’avait pas de blessures apparentes en dehors de ses anciennes cicatrices. Des câbles et tuyaux la reliaient à deux servo-crânes medicae qui flottaient à côté de son lit en bourdonnant doucement. Ils émirent alors une série de sons aigus de protestation dès qu’elle se débrancha et posa ses pieds nus sur le carrelage froid de la pièce. Ses orteils eurent aussitôt un mouvement reflexe tandis qu’ils touchaient le sol glacé. C’est alors qu’elle sursauta en poussant un petit cri, réalisant qu’il était là, dans l’ombre et presque totalement invisible comme toujours.
-Par le Trône !...Sial…
-Pardonne-moi, je n’ai pas voulu t’effrayer ! Lui dit-il en se relevant.
Elle se rassit sur le bord du lit et se passa une main dans ses longs cheveux de jais tout en l’observant. Elle força son rythme cardiaque à se calmer. Ses capacités psychiques semblaient opérationnelles. Elle scruta la pièce autour d’elle.
-Où sommes-nous ?
-Toujours sur Necromunda, mais chez des gens en qui tu peux avoir confiance.
-Et Joshua ?
-Il va bien malgré quelques rêves assez agités qu’il a en ce moment. Il est dans la chambre d’à côté. Il va dormir encore quelques heures.
- Meredith ?
-Elle aussi. Même si je l’aurais bien laissé…lui dit-il avec un léger sourire.
-Ces gens…qui sont-ils ? Et que faisons-nous ici ? Nous étions dans le palais inquisitorial et…
-Tu dois reprendre doucement tes esprits et tes facultés. Certains appuis haut placés vous sont tirés d’affaire. Les réponses suivront.
-Il me faut tout de suite une barrette de lho…tu en as une ?
La porte de la chambre s’ouvrit et un homme d’une cinquantaine d’années entra. Vêtu de longues robes sombres, il abaissa sa capuche. Il avait les cheveux gris blancs, sa peau était légèrement halée et ses yeux bleus aux reflets métalliques étaient des augmentiques de qualité. Un tatouage tribal décorait une de ses tempes d’où partaient des câbles de connexion. Ses mains elles aussi étaient des implants cybernétiques en plastacier noir de facture supérieure. Bien qu’il ait eu recours à de la chirurgie réparatrice et des traitements rejuvenants, elle le reconnu pour l’avoir déjà croisé. Une première fois dans cette cathédrale sur Karis Cephalon puis à d’autres occasions alors qu’elle finissait son noviciat à la schola inquisitoriate. Certains l’appelaient le Tanith mais Logan ne savait pas d’où lui venait ce surnom.
-Du lho ? Lui lâcha-t-il. Ce serait imprudent pour votre santé, interrogatrice Krynn.
-Seigneur Mkmillan…que me vaut votre visite ? Logan replia ses jambes engourdies sur son lit et ramena le drap sur elle plus parce qu’elle avait froid que par pudeur.
Sial sortit de l’ombre de façon imperceptible et fit un petit signe de tête à l’inquisiteur. Ce dernier le lui rendit. Il reporta son attention vers Logan tandis qu’un serviteur cybernétisé ayant le corps d’une vieille servante entra dans la chambre les bras chargés de boites en carton. Elle les posa sur le lit en bourdonnant et cliquetant. Puis ressortit.
-J’ai pris la liberté de vous faire apporter des vêtements neufs. Je vous laisse vous préparer, j’ai quelques affaires à régler. Sial n’aura qu’à vous accompagner à mes quartiers lorsque vous serez prête.
Logan s’en étonna mais demeura néanmoins stoïque. Tandis qu’il s’en retournait vers le couloir, elle l’appela.
-Seigneur ?
-Oui ?
-Qu’attendez-vous de moi ? J’ai du mal à saisir…
-Nous en reparlerons tout à l’heure, voulez-vous ?
Devant le regard insistant de la jeune femme, il marqua une petite pause.
-Je dois vous parler de vous, ma chère. De gens tels que vous et moi. Et aussi de l’avenir de l’Imperium.
Suite à quoi il sortit en refermant la porte.

Une fois habillée, elle se rendit accompagnée de Sial dans les salons privés où l’attendait le seigneur inquisiteur.
La tenue qu’il lui avait fournit lui correspondait à merveille. Un pantalon en cuir noir glissé dans de hautes bottes renforcées, un bustier en soie et enfin un long manteau assorti au pantalon.
Elle trouva le seigneur Mkmillan occupé à converser avec un groupe de trois personnes dans un librarium plutôt confortable et décoré avec beaucoup de soin et de gout. Les rangées de livres, de grimoires et de tablettes de données couraient du sol au plafond dans des bibliothèques en bois de nal massif.
Aux murs, là où il y avait encore de la place, des toiles de maitres représentaient certains thèmes chers au Credo. Tel l’Empereur menant la Sainte Croisade, toile du maitre néoclassique Erico Vander Soys. Mais aussi d’autres moins connus comme les neuf martyrs de Sainte Sabbat par le très sombre et gothique Ran Vjyruk ou la Résurrection de Saint Casophili par le classiciste Hassan Kediil.
Mkmillan se retourna vers Logan et lui fit signe d’entrer. L’eldar préféra rester dans un coin de la pièce. Il croisa les bras et observa ce qui s’y déroulait d’un œil attentif.
-Venez ma chère, je vais vous présenter.
Voyant que les autres personnages arboraient le sceau de l’Inquisition, Logan demeura prudente. Surtout à cause du procès qu’elle venait de vivre il y a peu.
L’inquisiteur lui présenta les autres protagonistes qu’il désigna lui-même comme des amis proches.

Le premier était l’inquisiteur Kurt Krueger de l’Ordo Xenos. Logan en avait déjà entendu parler par le biais de Joshua. Il donnait l’impression d’avoir une cinquantaine d’années, mais lui aussi devait avoir au moins l’âge de Mkmillan, soit plus de trois siècles. Krueger était connu pour être un xenoarcaniste réputé. Bien que puritain, en réalité certains le suspectaient fort d’être un membre du Xeno Hybris, un mouvement proche des xenos. Ce qui était plutôt mal perçu par les bien-pensants. Les runes eldars accrochées à sa ceinture, tout comme le pistolet shuriken et le pistolet à impulsion Tau à sa hanche trahissaient cette impression même si ce dernier ne semblait pas s’en inquiéter.

La deuxième personne était l’Inquisitrice Siobhain Asura de l’Ordo Hereticus. Logan apprit que son prénom à l’orthographe étrange se prononçait en réalité Shi-wen. La chasseuse de sorcières était une ancienne chanoinesse de la Sororita, ce qui ne la rassura pas le moins du monde. Elle portait la tenue qui semble qualifier ceux de son ordre. De hautes bottes renforcées à larges boucles et un long manteau de cuir sur une armure carapace entièrement damasquinée de fil d’or et d’argent. Sa tenue était couverte, bien entendu, de sceaux de pureté, d’icones, de chapelets et d’Aquila en argent. Un pistolet inferno était accroché à sa ceinture. Un mythique et redoutable Hellax Infernus. Ses cheveux au carré avaient la couleur de la neige et lui encadrait un visage fin et angélique mais son regard brûlait d’une certaine ardeur. Ce que Logan prit tout d’abord pour une foi immaculée n’était en réalité que le signe d’une intense activité psychique qui avait du mettre brutalement fin à sa carrière au sein de l’Ecclésiarchie. Tout comme l’indiquait l’épée de force sanctifiée qu’elle portait dans son dos, l’inquisitrice était elle-même une puissante théomancienne.

La troisième et dernière était l’autre femme qui composait le groupe. Il s’agissait de l’Inquisitrice Adrielle Quist de l’Ordo Xenos. Mkmillan apprit à Logan que cette dernière s’était jadis distinguée avec la Deathwatch dans un lointain secteur situé aux confins de l’Ultima Segmentum. Certains avaient critiqués par le passé ses méthodes quelques peu hétérodoxes et l’avaient qualifié même de radicale. Elle possédait une peau de porcelaine et les cheveux noirs et l’inquisitrice Quist avait, elle aussi, eu recours à bien des rajeunissements et de l’augmentique réparateur. Née hors monde, elle était surtout décrite comme une puissante télépathe et possédait un esprit d’analyse et de déduction hors du commun. Elle était aussi connue pour être une experte en civilisation et artefacts xenos

Le seigneur inquisiteur proposa alors à ses hôtes de s’asseoir dans les fauteuils en cuir du librarium. Il se tourna vers Logan.
-Vous devez vous demander pourquoi vous êtes ici.
-En effet.
Les quatre inquisiteurs lui lancèrent un regard attentif.
-Et vous pensez à quoi de précis ? Lui demanda Mkmillan.
-A rien en vérité, leur mentit-elle.
-Nous savons que vous avez été soumise à une possession démoniaque, Logan Krynn. Lui lança-t-il sans cérémonie.
Nous y voilà donc, se dit-elle. Depuis son dernier procès, cela n’était plus un secret désormais.
-Et nous savons aussi que vous y avez survécu. Que vous êtes parvenu à outrepasser cet état. Par vous-même et ce, grâce à votre volonté. Ajouta le seigneur inquisiteur.
-Souhaitez-vous refaire ici mon procès, Seigneur ? Lui lâcha-t-elle, non sans un certain effort.
Ses interlocuteurs parurent s’amuser quelque peu de cette remarque.
-Par Terra non, ma chère. Peut-être l’ignorez-vous mais l’expérience que vous avez vécue a désormais fait de vous un être exceptionnel.
-Et en quoi ? Si la remarque de l’inquisiteur était là pour la flatter, cela ne prit pas.
-Vous possédez en réalité une immunité naturelle aux influences démoniaques. Le Warp ne peut agir sur votre psyché et cela fait de vous une arme très puissante.
Les craintes de Logan commencèrent à se fonder. A présent elle devenait persuadée que ces inquisiteurs formaient à n’en pas douter une sorte de cabale de radicaux. Du genre de ceux qui emploient des moyens interdits ou qui séquestrent des psykers dans des cuves afin d’exploiter et décupler leur potentiel à des fins hérétiques.
-Et vous pensez que vous allez vous servir de moi et que vous allez exploiter cette sous-disant capacité ?
Les inquisiteurs sourirent à cette remarque.
-Nous n’en avons nullement besoin, interrogatrice. Lui répondit l’inquisitrice Asura.
-Car nous disposons déjà de cette capacité, ajouta l’inquisiteur Krueger.

Logan eut d’abord un peu de mal à saisir où ils voulaient en venir. Mkmillan poursuivit.
-Ce que mes confrères et moi souhaitons vous dire, Logan, est que nous avons déjà vécu cette expérience. Nous avons tous été victimes de possession démoniaque et nous en sommes affranchis par nous-mêmes. Nous possédons chacun de nous ici présent, cette extraordinaire et rare capacité qui est d’être immunisé au Chaos sous toutes ses formes.

Logan mit un certain temps avant de reprendre la parole. Les inquisiteurs la laissèrent digérer cette information.
-Et qu’attendez-vous de moi à présent ? Rejoindre votre…cercle ésotérique ?
-En quelque sorte.
-Et si je refuse ?
-Il faut bien comprendre que quelles que soient vos convictions personnelles, ces dernières sont à présent totalement modifiées. Le conclave de l’Ordinatus vous a empêché le bûcher parce que nous l’avons influencé pour cette fois-ci. Mais cela ne vous empêche pas d’avoir déjà des ennemis très puissants. Bien qu’aveugles, les Conservatii ont jurés votre perte à vous et à vos équipiers. Qu’importe pour eux les conclusions de ce procès. Ils disposent de ressources colossales. Sans un certain soutien, votre existence se réduira de jour en jour.
-C’est bien aimable de votre part. Mais je doute que vous fassiez tout cela juste par altruisme ? Lâcha alors Logan d’un air quelque peu dubitatif.
-N’en soyez pas si sûre ma chère. Nous avons placé l’avenir de l’humanité au dessus de tous nos objectifs. Du fait de nos capacités communes, à savoir résister aux influences du Warp, nous formons actuellement un des meilleurs remparts qui soit contre le Chaos.
-A vous quatre ? Lança-t-elle avec une pointe de sarcasme. Permettez-moi tout de même d’en douter.
Mkmillan ne s’en offusqua pas.
-Nous sommes en réalité plusieurs milliers et sommes présents à tous les plus hauts niveaux des Adepta et de l’Inquisition.
Logan réfléchit un instant.
-L’avenir de l’humanité et lutter contre le Chaos, avez-vous dit ? Mais en quoi cela diffère-t-il de ce que propose déjà l’Inquisition ? Laissez-moi deviner…vos méthodes pour y parvenir ? Est-ce bien cela ?
-Nous savions que vous étiez quelqu’un de perspicace, interrogatrice Krynn.
-Et j’imagine donc que si une telle cabale a besoin d’agir de façon aussi secrète, c’est parce qu’elle agit disons…en dehors du cadre de l’Inquisition ?
-En réalité notre champ d’action dépasse largement le simple cadre de l’Inquisition.
-Vous m’intriguez là…
-Comme je viens de vous le dire notre objectif est la survie de l’humanité et lutter contre le Chaos. L’Imperium, malgré tout ce que peut nous abreuver le Ministorum est comme tous les vieux empires du passé. Il est irrémédiablement voué à disparaître un jour. Et ce jour est bien plus proche qu’il n’y parait.
-Ne craignez-vous pas que vos pensées soient qualifiées d’hérétiques, Seigneur ?
-Possible et je comprends que cela puisse vous choquer. Mais il serait futile de se voiler la face. L’Imperium touche à sa fin, qu’on le croit ou non.
-Mais l’Empereur ne nous protège-t-il pas ? Il a toujours protégé l’Humanité et le fera pour l’éternité, non ? Il n’a jamais faibli, pourquoi le ferait-il ?
Les quatre inquisiteurs prirent alors un air bien peiné.
-Ce n’est pas l’Empereur qui présente des traces de faiblesse mais le Trône d’Or en lui-même. L’antique machine s’arrêtera prochainement.
Logan cru alors que le sol venait de s’ouvrir et qu’elle venait de disparaître dans un gouffre sans fond. Autour d’elle le monde s’écroulait et basculait avec elle. Les convictions inébranlables qui étaient en elle depuis sa plus tendre enfance comme tout citoyen de l’Imperium venaient d’être mis à mal. Comment imaginer un seul instant une telle horreur ? Le Trône d’Or ne pouvait et ne devrait jamais cesser de fonctionner sans quoi l’Humanité sombrerait dans le Chaos et vivrait alors un épisode bien pire que celui de l’Hérésie. Ce serait alors la fin de tout.
Sial prit alors la parole.
-Ils ont raison, Logan. Ces choses arriveront mais ne sont pas forcément une fatalité. Voilà pourquoi certaines personnes ont décidé d’agir et prendre les devants. Nos prophètes ont prédit aussi cette fin et savent que si rien n’est fait, votre chute engendrera la même chose que pour la notre. Sauf que cette fois-ci, son ampleur sera à l’échelle galactique.
Logan écarquilla les yeux.
-Et qu’envisagez-vous de faire par le Trône ? Lança-t-elle à l’attention des inquisiteurs.
-Comprenez bien ma chère que ces décisions se sont déjà prises bien avant que nous ne soyons nés tous ici présent. Cela se fera avec ou sans votre engagement. Mais avant que nous ne vous en dévoilions plus sur nos projets, il va vous falloir prêter serment à notre confrérie. Tout ceci ne devra alors jamais sortir de cette pièce. Alors nous pourrons vous présenter comment des gens tels que nous, pourront sauvez l’Humanité. Il engloba toutes les personnes de la pièce, elle comprise.
Elle lança un regard paniqué vers Sial. Le xenos était finalement le seul en qui elle avait toujours eut confiance après Joshua. Mais Joshua était désormais étranger à toute cette histoire. Il lui fit un signe imperceptible du regard, lui confirmant qu’elle pouvait et devait les écouter.
Sauver l’Humanité…
Elle prit sa tête entre ses mains puis releva son visage aux yeux embués de larmes.
-Comment se nomme cette confrérie ? leur dit-elle à voix basse.
-Nous formons l’Ordre des Illuminati.
-J’aurais besoin d’un verre, finit-elle par articuler alors que des larmes coulaient sur ses joues.




Necromunda, Ruche Primus.
La Cité-Ruche, Arène de Fer du quartier des Guildes, deux jours plus tard.
291.001M42 – 21h07 Tempus Imperialis.

Cela faisait maintenant sept jours que j’étais sorti du sommeil dans lequel on m’avait plongé et depuis, je revivais le même cauchemar. Je m’éveillais chaque nuit, haletant et en nage, mettant quelques instants avant de réaliser que j’étais toujours en vie. Il s’agissait toujours de ce même horrible rêve à propos des légions pénales, me voyant Logan et moi vivre un véritable enfer, attendant de périr d’une façon ou d’une autre. A la fin, cela se finissait toujours de la même façon. Des xenos aux tenues colorées sortaient de nulle part. Je m’éveillais à chaque fois alors que tout le monde périssait autour de nous.
Ces visions me hantaient et rongeaient mon esprit à petit feu. Etait-ce une conséquence de mes lésions cérébrales ou un traumatisme engendré par les jours d’interrogatoires psychiques subis dans les geôles de l’inquisition ? A moins que ce ne fût un test envoyé par Notre tout puissant Empereur-Dieu afin d’éprouver ma foi mise à rude épreuve ? En réalité je commençais à croire qu’il s’agissait là d’un message rédempteur. Un mot me revenait alors sans cesse à l’esprit : sacrifice.

Le Seigneur Inquisiteur Mkmillan nous avait laissé deux jours pour la retrouver et le premier jour était déjà sur le point de s’achever.
C’était le délai en réalité que nous avaient fixé les Ordos Arakis avant de devoir nous embarquer à bord d’une frégate de l’Inquisition. Logan et moi devions nous rendre dans le système cadien tandis que Meredith serait renvoyée vers les laboratoires secrets de l’Assassinorum pour y subir un reconditionnement complet.

Pendant notre convalescence dont je ne m’expliquais pas encore tous les détails, Sial n’avait pas perdu son temps et nous avait retrouvés sur Necromunda. Il avait seul l’Empereur sait comment, remis la main sur Ophram mon servo-crâne et était parvenu à utiliser les données qu’il contenait. Il faut dire qu’au moment de nous faire arrêter, Logan, Meredith et moi, j’avais discrètement ordonné à Ophram de rester caché dans l’astroport car il contenait des informations cruciales sur notre enquête. C’est sans doute là que l’eldar l’avait retrouvé.

Les données étaient relatives à un projet hérétique mêlant technologie xenos et démonologie que nous avions mis au jour sur l’agrimonde de Guranta. Des cyborgs de type Simulacre ainsi créés avaient pu être mis au point et testés par Kuntz Azencoth, un sorcier aux pouvoirs redoutables associé avec un marine renégat du nom d’Anthérax. Leurs sombres desseins devaient être ensuite produits dans un laboratoire connu d’eux seuls. Nous avions enfin appris qu’une érudite maléfique du nom de Jana Vesperax avait elle aussi collaboré activement à ce projet. Mais le plus intéressant était le fait que cette hérétique était désormais la cible de ses anciens complices, voyant en elle une traitresse. Elle était sur Necromunda et Sial avait pu la retrouver. Du moins était-il parvenu à localiser un des lieux qu’elle semblait affectionner et qu’elle fréquentait avec assiduité.
C’était là ma seule chance de la coincer même si elle était plutôt mince. Cela faisait deux heures que nous tournions en rond sans même l’avoir aperçue.

La piste de l’eldar nous avait conduis dans un des lieux que je détestais le plus. Oui, je sais, parfois il arrivait à Logan de me traiter en privé de sale progenium gâté, comparé à son enfance dans les gangs de ruche. Je ne pouvais pas renier mon passé non plus et les niveaux inférieurs des ruches me faisaient une sainte horreur, surtout depuis que cette garce de Cassandra m’avait montré l’envers du décor et l’opulence du style de vie de la spire.
Nous nous trouvions dans cette zone appelée la Sous-Cité. Un nom bien flatteur pour cette partie de la ruche qui en réalité n’était qu’un cloaque étouffant à l’air moite et puant, où la foule était omniprésente et où l’architecture plus que vétuste était claustrophobique. Ici une pénombre régnait en permanence et la lueur artificielle n’était générée que par des lumiglobes vacillants ou renvoyée timidement par effet de miroir depuis les niveaux hauts.
L’air, du moins ce que nous devions respirer ressemblait assez à ce que l’on trouve à bord d’un croiseur de la Flotte. Un mélange de parfums tous plus nauséabonds les uns que les autres, que les recycleurs avaient depuis bien longtemps cessés de filtrer, mêlant pourriture, odeur de graisse, relents de crasse et de déjections.

Nul véhicule n’aurait pu circuler dans ces artères bondées. Les citoyens qui s’entassaient là étaient pour la plupart des gens de la classe moyenne. Artisans, marchands, miliciens, techniciens ainsi que les millions d’ouvriers et manœuvres employés par les rouages infernaux de l’Imperium.
La foule était toujours aussi présente à cette heure avec son lot de vendeurs ambulants, d’amuseurs de rue, de mendiants éclopés et ses échoppes mobiles où les odeurs de graisse de friture venaient s’additionner au flux incessant des relents d’égouts.

Notre piste nous menait à présent dans ce que les locaux appelaient l’Arène de Fer. C’est là d’après Sial que Jana Vesperax se rendait chaque semaine pour parier d’importantes sommes d’argent sur les combats.
Ce genre d’amphithéâtre, assez similaire aux Carnivora que l’on trouve sur d’autres mondes, était une des attractions favorites des habitants de la Cité. L’Arène appartenait à la Guilde Marchande, un conglomérat commercial incontournable qui frappait sa propre monnaie et qui tenait la vie de la plupart des citoyens qui vivaient ici-bas. La Guilde travaillait pour la noblesse de la spire et pour Helmawr, le gouverneur. Les accords commerciaux qui étaient traités entre leurs consortiums économiques et les Adepta pouvaient décider de la vie ou de la mort de millions d’âmes en quelques minutes. Ici tout appartenait à la Guilde. Elle employait ses propres adeptes, entretenait son armée privée et s’occupait de rythmer la vie de ses employés.

Partout ailleurs, ce jour était férié pour cause de célébration. Nous étions le jour de Ste Célestine et comme à son habitude dans les niveaux supérieurs de la ruche, des cortèges de zélotes et de prédicateurs en tout genre arpentaient les rues et haranguaient les foules de fidèles. Des cohortes de pénitents se flagellaient avec passion tandis que des colonnes d’une guilde de pleureuses se lamentaient avec ferveur. Le point culminant de la célébration était retransmit par écran holo-pix dans toute la ruche et presque en direct. En général, des mutants capturés dans les désolations étaient immolés sur le parvis de la cathédrale Ste Ophélia de la ruche Temenos en l’honneur de la sainte. Cette année les citoyens avaient de la chance suite à une purge menée par l’Arbites contre un gang de Wyrds. Des sorcières brûleraient pour la plus grande joie de tous.

Ici, dans la sous-ruche, la Guilde avait envisagé un tout autre type de célébration. La foi en notre Empereur-Dieu semblait s’exprimer d’une manière beaucoup moins orthodoxe et même si les citoyens ici-bas affichaient leur croyance, ils n’en restaient pas moins dépendants de leur passion commune : les sports violents.
Avant chaque combat, des condamnés étaient jetés dans l’arène et devaient s’affronter jusqu’à la mort ou bien finir dans l’estomac de carnodons. Ou souvent les deux.

Le Speedball, les Chronogladiateurs et les championnats de Bloodcrush étaient ce qui faisait vibrer des niveaux entiers de la sous-ruche et pouvoir assister à l’un d’eux était digne d’un pèlerinage sur Gathalamor.
L’Arène de Fer, tout comme les structures de la ruche, tremblaient de ses cinq cents mille spectateurs en délire alors que « Krash » Krieger venait de faire son entrée dans l’Arène. Il prit toute la mesure de cet accueil et salua de manière théâtrale et toute calculée. Pour la quatrième fois cette journée, il allait y affronter six esclaves gladiateurs modifiées. Le gang de filles qui se tenait à l’autre extrémité de l’arène était composé de jeunes esclaves capturées par la Guilde. Des Eschers en général ou de simples fugitives dont les bras avaient été désormais remplacés par des tronçonneuses ou des scies circulaires augmentiques.

L’investissement pouvait paraître couteux mais la Guilde se remboursait allègrement grâce aux paris truqués organisés par ses propres bookmakers. De plus, les implants utilisés étaient plutôt solides et seraient rapidement greffés sur les prochaines candidates.
Les quatre cents kilos de muscles anabolisés et de céramite renforcée d’adamantium de Krieger ne laissaient aucune place au doute. Même sans ses deux énormes pinces hydrauliques et ses armes implantées, il aurait déjà pu broyer un homme sans effort. La boucherie qui suivit semblait déchainer la foule en délire.

Mon attention était pourtant fixée tout ailleurs depuis un moment, laissant les ruchards à leur soif d’hémoglobine. Du moins essayais-je de repérer quelque chose. Déjà j’essayais de garder un contact avec Logan qui paraissait être dans son élément, se frayant un chemin dans la foule avec aisance tant en avalant un kebab de protoviande au fungi. Meredith était quelque part en couverture et Sial devait en toute logique couvrir notre voie de sortie.
Je reçus alors un appel codé de Meredith.
-Exitus à Aquila, Depuis le nid d’aigle, la colombe est dans le collimateur. Interception envisagée.
-Négatif Exitus. Convergence requise. Schéma delta, lui lançais-je.

Je suivais alors Logan qui jeta les restes de son sandwich dans une poubelle déjà remplie et se mit à jouer des coudes dans la foule. Me repérant rapidement suite aux indications de Meredith, je localisais alors sa position. Le « nid d’aigle » ne pouvait être que la tribune couverte où se trouvaient les officiels, la noblesse mais aussi les itérateurs qui retransmettaient les informations sur les réseaux vox. Le bâtiment fermé était perché dans les tribunes hautes et arborait un Aquila doré sur son fronton.
J’avais perdu Logan de vue mais cela importait peu, j’allais tenter d’approcher par un autre angle et ainsi prendre notre cible en tenaille.
Parcourir la distance dans une telle marée humaine relevait du défi et cela me fit perdre de précieuses minutes. Je parvins finalement à la hauteur de la tribune et me mis à scruter parmi la foule à la recherche de Jana Vesperax.
J’allais pester de l’avoir ainsi perdu de vue au moment où j’aperçus Logan.

Nous la vîmes presque en même temps, Logan et moi. Elle portait un long manteau de couleur pourpre foncé à capuche qui la dissimulait totalement en dehors de la partie inférieure de son visage, d’après les infos recueillies par Sial. Ce qui limitait nos recherches même si des dizaines de personnes étaient habillées ainsi. Elle était en train d’échanger une poignée de crédits à un type qui encaissait les paris. Soudain, elle arrêta ses gestes, bouscula l’homme devant elle et s’engouffra par une porte menant aux tribunes tandis qu’un serviteur venait d’y entrer. Comment Trône, avait-elle fait pour nous repérer ?
Sans hésitation, Logan et moi nous précipitâmes à sa suite, bousculant les passants sans ménagement. Une fois dans les couloirs plus sombres à l’intérieur, l’activité était telle que la retrouver n’était pas plus aisé. Je pris mon vox.
-Exitus ! Vigilance requise sur nid d’aigle.
-Compris Aquila.

A cause du monde alentours, il me parut imprudent de focaliser mes pouvoirs dans un tel lieu …Logan n’eut pas ma retenue et je ressentis ses sorts affluer en elle alors que ses yeux se révulsèrent et qu’un gout de cuivre me piquetait le palais.
-Par là, me dit-elle. Déjà, elle s’élançait vers un couloir, enfonça une porte plus qu’elle ne l’ouvrit et se jetait vers une volée d’escaliers qui semblaient descendre vers les niveaux inférieurs sous les tribunes.
En bas, une autre porte était entrebâillée, Logan s’y engouffra. De nouveau des couloirs puis d’autres escaliers. Nous aperçûmes alors une silhouette tourner au coin d’un mur juste avant de tirer deux fois avec une arme laser de poing. Les tirs passèrent à deux ou trois mètres de nous mais au moins cela nous indiquait que nous ne nous étions pas trompés.
La course effrénée nous entraina vers les sous-sols des Arènes durant de longues minutes. Les couloirs exigus servaient à acheminer des conduits d’énergies et des canalisations, de-ci de-là des serviteurs monotâches remplissaient leurs fonctions pour lesquels ils avaient été programmés. Elle tira de nouveau et en toucha un qui vacilla en s’écroulant lourdement contre un des murs de lithobéton. Sans ralentir, Logan sauta par-dessus le corps du cyborg. J’étais sur ses talons. Débouchant soudain dans une immense chaufferie emplie de jets de vapeur et d’une lourde odeur d’huile sanctifiée et de prométheum, nous l’aperçûmes qui tentait de filer. Elle se faufila vers une épaisse porte blindée qui était sur le point de se refermer après le passage d’un Mécamancien.

Voyant que la porte allait se refermer juste derrière elle, j’interrompis ma course en glissant sur le sol. Laissant mes pouvoirs affluer, je lançai un sort kinésique à pleine puissance. Luttant pour maitriser les courants aethériques je retins la lourde porte juste le temps que Logan s’y engage.
Je parvins finalement à passer mais cela me fit perdre de précieuses secondes. Logan et notre cible avait disparu de mon champ de vision mais je perçus de nouveau les décharges rouges des ses tirs de lasers.
Courant dans cette direction, je finis par voir Logan. Elle allait rattraper la fugitive et s’apprêtait à lancer un de ses sorts. Alors que j’arrivais pour la prendre à revers, un bruit attira mon attention. Je crus tout d’abord qu’il s’agissait d’un des serviteurs de maintenance mais je compris vite que la présence avait quelque chose d’hostile, à la manière dont il se frayait un chemin sans ménagement entre les installations mais aussi à cause de l’aura de terreur qu’il dégageait. Logan se figea, tandis que ma main agrippait la crosse de mon pistolet bolter.

Sans aucune sommation, Anthérax pointa ses armes jumelées montées sur les avant-bras de son armure énergétique maudite. Les bolts et les tirs de fuseur dévastèrent tout sur leur passage alors que je me jetais en arrière, me dissimulant comme je le pus derrière un muret en lithobéton. La puissance de feu déchainée engendra une série d’explosions dont le souffle brûlant passa tout autour de moi.
Logan, bien que saisie d’horreur, eut le temps de bondir vers sa cible tout en projetant un bouclier entre elle et le Forgeron de Fer renégat alors que tout explosait.
S’aidant de ses mécadendrites, le marine du chaos écarta sans effort les poutrelles, tuyaux et autres débris en flammes alors qu’il se dirigeait vers la silhouette inanimée de Jana Vesperax. Logan était sonnée, non loin de là mais bougeait encore. Il pointa ses bolters jumelés sur sa cible, prêt à faire feu.
Je toussais à cause de la fumée noire alentours et mes yeux me piquaient. Tentant le tout pour le tout, j’ouvris le feu avec mon pistolet bolter afin de détourner son attention. Mes bolts ricochèrent sur son armure ou autour de lui mais ne semblèrent guère l’affecter. Un de ses bras se tourna vers moi et lâcha une série de tirs qui me forcèrent à baisser la tête alors que des éclats pleuvaient tout autour de moi dans une pluie d’étincelles.

C’est alors que je sentis une onde de choc suivie d’un grand fracas. Risquant un œil par-dessus le muret dévasté et prêt à riposter je vis une fine silhouette se déplacer avec souplesse et célérité. Il s’agissait de Sial. Ce dernier devait couvrir toute possibilité de retraite.
Le sort qu’il venait de générer venait de tout balayer devant lui, Anthérax compris. Ce dernier gisait à une vingtaine de mètres de là, enchevêtré dan des poutrelles en plastacier. Il bougeait faiblement mais je sus qu’il ne tarderait pas à se ruer de nouveau pour achever sa cible. L’eldar se dirigeait à présent en direction de Logan. Comprenant qu’il venait de nous offrir là un maigre répit, je bondis par-dessus le couvert qui me servait de protection et me précipitais vers mes compagnons.
La jeune femme hérétique était sonnée mais semblait encore en vie, je la soulevais et m’étonnais soudain de son poids si léger. Sial aida Logan à se relever alors qu’il projetait une sorte d’aura de brouillage visuel devant nous. Tous les quatre nous pûmes ainsi nous faufiler rapidement dans les ombres.

Quelques minutes plus tard, après avoir empruntés plusieurs couloirs, traversés des bâtiments et autres arrière-cours nous nous retrouvâmes dans les niveaux inférieurs d’un entrepôt. L’endroit désaffecté avait du servir à stocker du matériel oublié par le Munitorum.
Je posais le corps de l’hérétique sur un ensemble de caisses en bois, me saisis de mon vox et appelais Meredith pour lui communiquer nos coordonnées. Logan et moi reprenions notre souffle tandis que Sial inspectait les environs.
La fille était en train de reprendre ses esprits. Logan la fouilla rapidement, récupérant au passage quelques affaires personnelles, plusieurs sachets de drogues, des injecteurs et une conséquente liasse de crédits. Je lui retirais sa capuche et fus aussitôt interpelé par son visage.
Il était difficile de lui donner un âge tant ses traits étaient étranges. D’une maigreur presque maladive, son corps avait une apparence cadavérique, le tout accentué par la pâleur de sa peau de porcelaine. Elle ouvrit alors les yeux et nous lança un regard noir en même temps qu’un rictus plein de haine.
Ce qui me frappa fut la couleur de ses yeux et de ses dents. Un signe qui ne me trompait pas. Ses iris, pupilles et même le blanc de ses yeux étaient entièrement teintés de pourpre légèrement luminescent. Ses dents, avaient prises elles aussi la même teinte. Son visage et son crâne entièrement rasé étaient décorés de tatouages bleus de formes géométriques complexes. Sa lèvre inférieure tout comme l’arête de son nez fin et droit étaient traversés de piercings en argent.
Logan m’interrogea du regard. La fille perçut et comprit son désarroi. Ce fut l’occasion qu’elle espérait. Sans même que j’eus le temps de réagir, elle s’évapora juste devant nos yeux.


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Message par Belial Lun 28 Oct 2013 - 13:29

Anthérax le retour ! xD la suite stp


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Message par Illuminati Mer 30 Oct 2013 - 16:37

-Et merde ! Me mis-je à hurler.
-J’ignorais qu’elle était psyker, me lança Logan tout en dégainant son Tronsvasse à canon long.
-C’est une Wyrd. Par le Trône j’aurais du m’en douter ! Elle ne doit pas être bien loin.
-Ses yeux et ses dents, c’était quoi ?
Je lui montrais alors les sachets de drogues posés sur une des caisses. Ils contenaient de l’Obscura mais aussi du Spook et une autre poudre moins connue mais tout aussi illégale.
-Cette fille est une accro à certaines substances hautement illicites dont la Spore-aux-sorcières. C’est cette dernière qui colore les yeux et les dents en pourpre une fois qu’on en est dépendant.

Nous nous déployâmes tandis que je faisais signe à Sial. Mais le xenos, perché en hauteur avait déjà deviné la suite.
Dans le même instant j’entendis un bruit de corps s’affalant au sol à quelques dizaines de mètres de là dans les ombres. Rengainant mon arme je fis signe à mes compagnons d’en faire autant. Elle avait mis le temps mais son intervention tombait comme souvent, à point nommé.
Meredith, dans sa tenue furtive apparut, sortant de nulle part. Elle enjamba le corps de l’hérétique qu’elle venait d’assommer.
D’une main, elle ramassa la fille par le col, la souleva et la déposa à mes pieds tout en me gratifiant d’un sourire carnassier.
-Vous aviez perdu quelque chose, Inquisiteur ?

Meredith se campa devant nous. Mon bon vieil Ophram flottait à ses côtés, ses auspex en éveil. Il vint alors virevolter autour de moi en débitant des séries de tonalités binaires et autres caquètement électroniques.
-Il semble content de te retrouver, me lança Logan avec un sourire rieur.
Meredith lui lança un regard froid.
-Ce n’est qu’une machine soumise à des programmes de routines. Désolée de décevoir ton côté romantique ma petite, mais un servo-crâne ne pense pas et n’éprouve aucune émotion.
-L’esprit de la Machine est peut-être doué de plus d’émotion que toi…ma grande !
Alors que son sourire n’avait pas quitté son visage, pour la première fois je vis clairement une expression de défi dans le regard de Logan.

Avant que cela ne dégénère une fois de plus, Sial nous ramena à la réalité. Il nous fallait quitter les lieux au plus vite afin de mettre notre suspecte dans un endroit sûr. Ensuite, il me faudrait l’interroger, mais tout d’abord, j’étais assez d’accord pour écouter l’eldar. Si Anthérax ou je ne sais laquelle de ses abominations venait à nous donner la chasse, il n’allait pas falloir trainer.



La Vierge de Fer, Frégate furtive de l’Inquisition.
Abords de Cadia
772.001M42

Je venais de m’éveiller en sursaut.
Haletant et en nage, je mis quelques instants avant de réaliser que j’étais toujours en vie. Encore cet horrible cauchemar
Je repris peu à peu mon calme et me rappelais que nous nous trouvions à bord d’un navire de l’inquisition.

Ces navires de petite taille utilisent de très puissants moteurs warp qui occupent plus d’un tiers de leur longueur. Leur fonction est de frapper vite et brutalement toute hérésie à n’importe quel point d’un Secteur ou d’un Segmentum. Dans le cas présent, le conflit était d’une telle ampleur dans le Segmentum Obscurus que des renforts avaient été envoyés de toute la galaxie. Ses soutes étaient d’ailleurs emplies d’un arsenal dévastateur capable de raser un monde par Exterminatus s’il le fallait. Si leur équipage n’était constitué en général que de serviteurs lobotomisés, les quelques passagers étaient constitués bien souvent des unités les plus mortelles de l’Imperium. Certains inquisiteurs utilisent ces vaisseaux pour faire transiter rapidement leurs propres agents mais aussi des troupes. Que ce soient des commandos d’élites, des sœurs de bataille ou bien des astartes de la Deathwatch ou les terribles et secrets Chevaliers Gris.

A la demande du conclave, comme d’autres nombreux vaisseaux, la Vierge de Fer avait été réquisitionnée par l’Inquisiteur Mkmillan. La plupart des inquisiteurs non affectés sur des missions vitales avaient alors été déroutés de leurs objectifs et réaffectés d’urgence vers Cadia.
Mkmillan s’était alors arrangé pour nous affecter à ses équipes. Le conclave avait bien d’autres soucis à gérer en ce moment et n’avait rien trouvé à y redire. Cela permettait aussi aux conservateurs de se débarrasser de nous de manière fort pratique. Meredith n’avait pas été reconditionnée par manque de temps, cela avait juste été reporté.
Encore fallait-il que l’on revienne un jour de ce véritable suicide organisé.
Sacrifice. Tel était le signe que m’envoyaient mes rêves. J’avais enfin fini par l’accepter.

Mkmillan commandait un détachement inquisitorial composé de cinq autres inquisiteurs et de leurs suite au complet. Des agents de terrain, des hiérophantes, des assassins, des unités combattantes d’élite mais aussi des Space Marines étaient à bord et tous se rendaient dans les abords de Cadia afin de tenter de contrecarrer la progression des hordes chaotiques.
Le travail de ce détachement était avant tout préventif. Trouver la corruption derrière nos propres lignes afin de l’éradiquer avant qu’elle ne contamine nos propres troupes engagées dans ce conflit.

Le mien n’était pas de nous arrêter aux lignes arrière. Nous allions devoir trouver le moyen de nous rendre bien au-delà de la porte cadienne, dans des secteurs non cartographiés par l’Imperium et où les lois de la réalité étaient altérées par le pouvoir corrupteur du Warp. Ces mondes maudits étaient justement les bases arrière des troupes d’Abaddon le Fléau et nous allions devoir nous jeter droit dans la gueule du loup.

Revenir de cette mission n’était pas une option et nous le savions clairement pour l’avoir longuement évoqué avec le reste de l’équipe. Aucun d’entre eux n’avait d’ailleurs émit la moindre objection.

Cela faisait à présent plus de six mois que nous étions partis du Segmentum Solar et avions effectué un nombre de sauts warp et d’escales dont j’avais perdu le compte depuis longtemps.
Le temps paraissait comme figé à bord et j’eus cette sensation d’y vivre depuis une éternité. La méditation, la prière, la lecture et des exercices quotidiens m’avaient permis de m’endurcir, de me préparer mais aussi de conserver la foi afin d’éviter de sombrer dans la folie. Les nuits passées avec Logan m’y aidaient aussi beaucoup. Je commençais à devenir dépendant à cette fille.

Meredith, comme à son habitude, restait discrète. Nous nous croisions parfois mais j’appris qu’elle passait le plus clair de son temps dans les salles d’entrainements ou dans le gymnasium. C’était une solitaire et la sociabilité n’était clairement pas son point fort. J’avais malgré tout quelques ressentiments à son égard. Elle avait clairement jouée solo sur notre dernière mission, me cachant volontairement des indices. Ce qui était une faute très lourde. J’appris qu’elle était passée à deux doigts d’une mission suicide imposée par son temple.
Nous nous évitions, aussi je regrettais sincèrement qu’elle n’ait pu être reconditionnée et que son esprit ne soit purifié.

Sial et Logan passaient beaucoup de temps ensemble depuis notre départ. Logan souhaitait perfectionner son apprentissage de la langue eldar. Il m’était arrivé une fois ou deux de les observer et quelque chose me disait qu’ils parlaient de tout autre chose.

Si l’eldar aimait à philosopher avec moi de choses et d’autres, comme à son habitude, Logan avait changé ces derniers temps. Depuis ce qui lui était arrivé sur Guranta, elle avait perdu cette innocence que je lui connaissais auparavant. Avoir survécu à une possession démoniaque avait laissé en elle une trace indélébile. Elle était devenue volontiers cynique et désabusée, affichant clairement une certaine désinvolture insolente. La corruption s’était insinuée sous sa peau et avait coulée dans ses veines comme un cancer et bien qu’elle s’en soit totalement affranchie et guérie, une certaine folie l’habitait désormais. Logan affichait à présent une sorte d’impunité. Les effets pernicieux du Warp glissaient sur sa peau de porcelaine comme une brise qui ne pouvait plus l’atteindre. La contrepartie était que sa foi en l’Empereur-Dieu semblait en avoir été affectée. Si Logan se jouait désormais du mal, la lumière du Trône d’Or semblait ne plus la toucher.
Elle me rejoignait chaque soir dans ma cabine. Nos pratiques devenaient plus intenses, presque bestiales, à mesure que nous approchions de l’Œil. J’y prenais goût et cela commençait à m’inquiéter fortement.

La personne avec qui j’avais finalement passé le plus clair de mon temps avait été cette sorcière, Jana Vesperax. J’avais du l’emmener avec nous car elle possédait des secrets et des données des plus sensibles. En fait je n’avais clairement pas eu le temps d’extraire ses connaissances dans les délais impartis, du fait de notre départ précipité de Necromunda. Elle avait collaboré au projet mené par le sorcier Kuntz Azencoth et en connaissait tous ses secrets mais elle était aussi consciente que tant qu’elle m’était utile, elle resterait en vie.
Sous sédatifs et sous bonne garde, je l’avais faite emprisonner dans une des cellules de haute sécurité du bloc de détention du Penitorium de bord. Ce navire servait entre autre, de geôle à l’Inquisition. Y détenir des prisonniers sous haute surveillance était habituel et les mesures de protection y étaient adéquates.

Je ne fus alors pas surpris lorsque je croisais son regard. Ses yeux pourpres si étranges me suivaient alors que je l’observais attentivement.
Toujours enchainée, elle était accrochée au plafond par les poignets et ses chevilles étaient elles aussi entravées de la sorte que ses pieds ne pouvaient toucher le sol.

Je lui rendais visite de manière tout à fait irrégulière, tout en espaçant nos entrevues de quelques jours, parfois de quelques heures afin de ne pas laisser s’instaurer un rythme qui aurait pu la mettre en confiance.
Elle mit du temps à reprendre ses esprits. Les crises de manque occasionnées par sa dépendance à des drogues illicites ainsi que la privation de ses sens ou de nourriture, en fonction de mes humeurs avaient bien failli la tuer. Et c’était là le but recherché de façon toute calculée.

Enchainée dans cette cellule glaciale, dépouillée et éclairée en permanence par des luminateurs au phosphore, elle avait passé les semaines suivantes à hurler et à tenter de se débattre. Sans succès. Elle n’était arrivée qu’à s’entamer les chairs là où se trouvaient ses entraves, laissant son sang impur couler et coaguler, ainsi qu’à se couvrir de son urine et de son propre vomi occasionné par ses violentes crises de manque.
La simple vision de son corps décharné, de ses os saillants sous sa peau nue veinée de bleu et entièrement glabre, couverte de cicatrices votives, de tatouages rituels, de symboles abjects et de piercings absolument obscènes me dégoutait.

Je l’avais aussi coupée de ses sens psychiques dès le départ en lui rivant sur le crâne un inhibiteur. Les champs de Geller de la Vierge étaient puissants, mais je ne voulais prendre aucun risque. Les longues tiges noires en psycurium ionisé et sanctifié de l’inhibiteur rayonnaient autour de sa tête, telle une auréole crépitant, dégageant de la vapeur d’eau là où les tiges bénies pénétraient son crâne de pécheresse.

Les menaces verbales et la manipulation n’y firent rien. Ne pouvant user de mes sorts à cause de l’inhibiteur, j’entamais alors l’étape 6 de mon interrogatoire. La privation des sens. Cela dura de nouveau des semaines.

J’avais alors fait baisser la température de sa cellule en dessous de zéro degrés. De la condensation se formait par le choc thermique entre l’air glacé de la cellule et la chaleur ardente dégagé par le champ inhibiteur.
L’eau ruisselait à grosse goutte sur sa peau nue, grise et veinée de bleu par le froid Elle était tétanisée et tremblait de manière spasmodique. Ses lèvres violacées étaient retroussées et laissaient apparaître ses dents toutes taillées en forme de canines. Ses yeux d’un bleu presque blanc tellement ils en étaient clairs avaient eux aussi retrouvés leur couleur d’origine derrières ses paupières vacillantes.

J’avais demandé à Logan de surveiller son état. Assistée par les sœurs Hospitalières de bord, j’avais tenu à ce qu’elle soit remise en état afin de faciliter son interrogatoire à un niveau nettement plus poussé. Une hérétique en pleine crise de manque ne m’était d’aucune utilité. Mais une hérétique brisée et consciente de son état allait m’être infiniment plus utile.
Les semaines passèrent mais le temps jouait en ma faveur. La panimmune que Logan lui faisait injecter l’aidait à reprendre ses esprits progressivement et de manière cohérente.

Le poison s’écoulait lentement de son corps impie et je m’en félicitais. Je pouvais alors entamer la phase 8 de l’interrogatoire. Les drogues psychologiques. S’en suivrait alors rapidement la phase 9, la torture physique et mentale intensive qui ne pourrait avoir qu’une seule issue.

Jusque là nous n’étions parvenu à ne rien tirer de cohérent de ses hurlements de rage et de folie durant ses phases de manque. Aucun mot en dehors d’insultes de la pire espèce n’étaient parvenus à sortir de ses lèvres impures. Et je n’en attendais pas moins. D’expérience, de tels individus ne se livraient pas aussi facilement.

Alors que j’étais venu lui rendre visite, seul un soir dans sa cellule, je compris que l’hérétique venait de modifier sa stratégie et son comportement. Sans doute était-ce du aux méthodes employées plutôt qu’à une quelconque volonté de sa part.
Elle releva lentement sa tête alors que j’approchais d’elle. De la vapeur sortait péniblement de ses lèvres bleutées et craquelées par le froid. Sa peau moite était couverte de givre et se yeux vitreux étaient presque retournés sous ses paupières chancelantes.
Elle murmura quelque chose et je dus m’approcher pour l’entendre.
-Je souhaite collaborer. Me dit-elle dans un souffle presque inaudible.
Je l’observais alors avec un sourire.
-On en reparle dans une semaine, finis-je par lui répondre.
Puis sans prêter attention à ses suppliques, je ressortis de la cellule. Avant de sortir je coupais toute lumière, la plongeant dans une obscurité totale.
Alors que la porte se refermait derrière moi, elle trouva la force de hurler. Sa colère et sa frustration se muèrent alors aussitôt en peur panique.

Ma visite suivante se déroula trois heures plus tard. Si elle n’avait pas été une catin du Warp, j’aurais eu pitié d’elle. Son corps et son esprit étaient brisés bien au-delà de ce qu’un mortel pouvait endurer.
La lumière crue des lumiglobes agressa ses yeux même au travers de ses paupières.
-Pourquoi ? murmura-t-elle dans un souffle de buée.
Je m’approchais d’elle et collais mon visage tout près du sien.
-Parce que nul châtiment n’est assez élevé pour punir tes crimes, hérétique.
-Je vous l’ai dit, Inquisiteur…je veux collaborer…
-Si tu crois te soustraire à la mort purificatrice qui t’attend, sale putain, tu te leurres complètement.
Elle haleta avant de répondre, faisant un effort pour ouvrir ses yeux embués de larmes.
-Je ne compte pas m’y soustraire…je veux en finir…
Je reculais d’un pas et posais sur la table métallique juste à côté ma trousse d’excruciateur. Je l’ouvris afin de rendre bien visible les instruments dentelés, les seringues, les pinces et les scalpels chromés.
-Bien. Je m’étonne juste qu’une adoratrice des Sombres Puissances telle que toi, capitule aussi aisément…tu vas presque me faciliter la tâche, lui annonçais-je.
-Je n’ai jamais adoré les…Dieux Sombres….
-Et ces marques impies sur ta peau. Des tâches de naissance sans doute ?
-Avez-vous entendu parler de l’incident du Sanguis Sanctus, Inquisiteur ?

Cette information était classée au niveau Magenta. J’ignorais donc comment elle avait bien pu en être informée car cela avait été tenu dans les secrets de l’Inquisition. Cela s’était passé une dizaine d’années auparavant. Le Sanguis Sanctus était un Vaisseau Noir de l’Astra Telepathica qui transportait à son bord de jeunes psykers en direction de Terra. Il fut retrouvé dérivant aux abords du secteur Sulsalid dans le 4ème Quadrant, en entrée du Segmentum Solar. Dérivant sans aucune âme à son bord, des marines furent envoyés pour l’aborder. D’après les indices retrouvés, il fut établi que le navire avait été pris d’assaut par des Astartes renégats. Son équipage avait alors été massacré puis le vaisseau avait été entièrement vidé de sa cargaison, à savoir mille jeunes psykers non assermentés. Leur sort n’avait jamais été connu.
Si cette Wyrd avait été témoin de cette attaque, son récit pouvait alors être crucial pour l’Inquisition.

- Comment es-tu au courant de cet évènement ? Lui lâchais-je avec une soudaine curiosité.
Tétanisée par le froid, elle avait du mal à parler. Aussi je pris une seringue de ma trousse et lui injectais une dose d’Admydalox pour lui faire tenir le coup. Je remis aussi la température de la cellule à un niveau confortable et enveloppais son corps meurtri dans une couverture.
Le stimulant commençait à faire effet, elle put enfin parler. Je branchais alors l’enregistreur-pix.

-Je suis née dans l’Ocularis Terribus, sur le monde féodal de Pryzsbila Contempta il y a vingt-six ans. Issue d’une caste d’esclaves, j’eus l’honneur d’intégrer le harem du palais du Shahasha à l’âge de six ans pour y recevoir ma formation. Esclave-concubine officielle à l’âge de onze ans, je me destinais à devenir une des favorites du seigneur notre maitre, jusqu’à ce que la malédiction me frappe…La marque du Warp était sur moi. Dénoncée par les autres filles du harem, je fus arrêtée et placée dans un cachot comme une criminelle en attendant qu’un Vaisseau Noir ne m’emporte. Je n’avais alors que douze ans.
-Et ces tatouages…ces marques sur ta peau ?
-Tous ces tatouages sont les symboles de ma caste et de mon statut d’esclave-putain et de favorite. Ils racontent tous mon histoire. Les cicatrices ne m’ont été faites que plus tard. Ces…marques m’ont été gravées dans la chair lors de rituels.
-C’est après que le Sanguis Sanctus ait été attaqué ? Que s’est-il passé ?
-Tout ce que je sais c’est que le vaisseau fut pris d’assaut. Nous avons tous été emmenés par des anges de mort. Des géants de légendes. A l’époque je ne savais pas ce qu’étaient les légions renégates, ni ce qu’était vraiment le Warp…
Des sorciers nous sélectionnèrent. Un groupe dont je fis partie fut conduit pour recevoir la bénédiction des Sombres Puissances comme ils dirent. J’eu beaucoup de chance car d’autres esclaves m’apprirent que nombre de filles comme moi allaient servir de matrice vivante…Déformées par la sorcellerie, elles serviraient alors d’incubateurs pour accélérer la maturation des futures générations d’Astartes. Nous fûmes alors marqués dans nos chairs et conditionnés dans nos esprits. Nos âmes ne nous appartenaient désormais plus car nos aptitudes devaient servir un grand dessein.
-Et quel fut le tiens ?
-D’esclave-concubine, je devins ce qu’ils nomment une magesclave. Une sorcière asservie aux Dieux Sombres, unie à un coven de mille autres psykers dont nos pouvoirs devaient être puisés par un puissant sorcier. Ce genre de rituel nous consumait à petit feu et nous marquait un peu plus profondément par la puanteur abjecte du Warp jusqu’à nous consumer entièrement.
-Et ce sorcier, c’était Azencoth, n’est-ce pas ?
Ses yeux se mirent à briller d’une haine ardente.
-Oui…
-Ce rituel tu saurais me le décrire ?
-Oui, en détail…
-Et tu saurais me dire où il va avoir lieu ?
Elle hocha la tête.
-J’aurais une condition, inquisiteur…
-Je ne pense pas que tu sois en position de poser la moindre condition.
-Si vous comptez arrêter son projet, vous aurez besoin de moi sur place.
-Je ne pense pas. Je peux extraire tes connaissances par d’autres moyens.
-Non, car c’est mon corps qui est une des clés du rituel…
-Raison de plus pour ne pas t’y emmener.
-Mais je suis aussi le seul moyen d’anéantir ce rituel.
-Comment ?
-Cela ne peut être décrit. Je veux aussi vous accompagner pour voir mourir Azencoth.

Je me dis alors que tout ceci n’était que pure folie. Les divagations d’une hérétique ne pouvaient dicter mes actes conduits par ma foi en l’Empereur-Dieu. Répondre à sa requête pouvait être une erreur…ou la seule solution.

Ce fut pourtant la décision que je pris.
Un Sacrifice
Je repensais à mes rêves et me dis que quoi qu’il arrive, la seule solution allait se trouver sur une des voies radicales vers laquelle je m’engouffrais.


Chapitre III
Guerre éternelle.

Porte cadienne, abords de Cadia.
773.001M42

Le Système Cadien, également connu sous le nom de Porte Cadienne, constituait l'unique voie de navigation stable vers l'Œil de la Terreur, au milieu des tempêtes Warp du secteur, le rendant précieux aussi bien pour l'Imperium que pour les forces du Chaos. En plus des mondes de production d’armement comme Korolis, Macharia et Solar Mariatus, le système était défendu et protégé par les mondes forteresses de Kasr Holm, Kasr Sonnen et Kasr Partox.

Du moins, il l’avait été jusque là.

La destruction du monde ruche de Tenax avait été le catalyseur qui avait mis le feu aux poudres, vomissant les courants warp par la brèche causée par la mort de la planète. Les uns après les autres, les mondes forteresses étaient tombés. La mort dans l’âme, le Seigneur Castellan Ursarkar Creed, gouverneur militaire du secteur cadien avait ordonné un repli massif de ses troupes afin de consolider la protection autour de Cadia. Déplaçant son centre de commandement, il était venu lui-même superviser la retraite de Kasr Partox avant que le monde-forteresse ne soit détruit par Abaddon le Fléau. Les World Eaters soutenus par des hordes de mutants mais aussi par les vils Word Bearers et les machines infernales des Iron Warriors étaient en train de vitrifier chacune des forteresses qui se dressaient devant eux. Malgré la connaissance du terrain et leur discipline, les troupes d’élite cadiennes ne faisaient pas le poids.

Plus de quarante compagnies de divers chapitres Space Marines tenaient les lignes de front. Ils étaient soutenus par plusieurs centaines de régiments de la Garde, cinq Ordres militants de la Sororita, autant de Légions Titaniques et quatre Flottes de guerre.
Au total, les savants du Departmento Tactica estimaient que seule l’Hérésie avait totalisé plus d’hommes et de ressources dans un tel conflit. Cela faisait donc dix mille ans que l’Humanité n’avait connu une guerre d’une telle ampleur.
L’avenir de l’Imperium se jouait ici et la contre-attaque y était acharnée.

Le monde d’Ormantep était aux mains de la Black Legion mais les Space Wolves, comme à leur habitude n’avait pas lâché le terrain. Une compagnie des farouches fils de Russ, revigorés par les conflits comptaient bien leur en faire baver.
Belisar était tombée elle aussi aux mains des Emperor’s Children de Lucius l’Eternel. Les fils de Fulgrim comptaient y savourer leur victoire sur les populations civiles laissées sans défense. Pourtant les commandos d’élite du 80ème Régiment de Thracian Primaris n’allaient pas leur faciliter la tâche.
Kasr Sonnen était tombée mais avait résisté grâce notamment à une contre-offensive acharnée soutenue par les Dark Angels et les loups de Logan Grimnar, laissant de côté leurs antiques querelles face à l’ennemi commun. Les troupes cadiennes avaient ainsi pu se replier avant la destruction de la planète.

Le monde-forge de Demios Primaris et ses docks orbitaux était coupé du reste du secteur et occupé par l’ennemi toujours incapable d’y déloger les Black Templars embusqué.
L’Amiral Quarren, à la tête de la Flotte, consolida ses défenses autour de Cadia, et vint apporter son soutien aux marines pour tenter de reprendre le monde-forge.

En représailles, Abaddon sortit ses dernières bottes secrètes et fit détruire le monde de Macharia à l’aide de sa Forteresse Noire.
Puis ce fut le tour de Kasr Partox d’être pris pour cible. Le monde-forteresse était celui qui se tenait sur la route de Cadia, la véritable cible du Fléau.

En orbite, les croiseurs de la flotte de l’Amiral Quarren avaient tenté de retenir la masse sombre et inquiétante de cette structure xenos vieille de millions d’années. Par une sombre magie, Abaddon était parvenu, des siècles auparavant à retrouver puis pervertir d’antiques et immenses constructions spatiales connues sous le nom de Forteresses Noires.
L’Ordo Xenos savait que ces machines infernales avaient été jadis des constructions sans doute eldars dont la fonction restait encore obscure. Quoi qu’il en soit, ces aberrations étaient capables de raser une planète et c’était exactement ce que l’une d’entre elles avait fait. Le monde meurtri était perdu mais alors qu’il allait entrainer la perte de Cadia, l’improbable se passa. La Forteresse Noire changea de cap et se perdit dans les méandres du Warp. Nul ne sut ce qui s’était produit mais Sial me confia qu’un prophète de sa race s’était sacrifié pour arracher la victoire à Abaddon.

Comme tout de que les eldars peuvent dire, nul ne put confirmer si tout ceci était vrai.
Abaddon, ne se découragea pas pour autant et resserra son étau autour de Cadia.

Les autres secteurs proches étaient eux aussi la proie des flammes depuis le début de ce conflit, un an plus tôt.
Le secteur Scelus avait été déclaré Perdita, les secteurs Sentinel, Nemesis et Agripinaa étaient tombés eux aussi à l’exception de quelques planètes qui résistaient encore.
Medusa allait disparaître, englouti par le Warp grâce aux efforts du sorcier Ygethmor, bras droit d’Abaddon et le Secteur Scarus était tombé entre les mains des eldars noirs, alliés au Fléau.

Enfin, le secteur Belis Corona était tombé entre les mains d’un héraut de Nurgle, ses mondes désormais peuplés de hordes de mutants et de zombies comme sur Subiaco Diablo ou Belisimar.

C’était là que le Seigneur Inquisiteur Mkmillan devait se rendre avec ses troupes mais le secteur était déjà perdu.

Tandis que la Flotte nous déroutait de notre trajectoire, le capitaine de la Vierge de Fer reçut un appel du Seigneur Inquisiteur Coteaz de l’Ordo Malleus.
Ce dernier, avec une puissante force inquisitoriale menait une contre-offensive afin de reprendre le système Agripinaa. Ce système était en train de subir le même sort que celui de Belis Corona mais une résistance tenait encore tête. Les mondes de Malin’s Reach, Dentor, Lelithar et Sarlax étaient déjà tombés, les populations massacrées ou transformées en dégénérés cannibales et menées par un étrange culte appelé La Voix.

En parallèle et au même moment au sein de ce système, ce culte apparut sur les agrimondes de Yayor, Dentor et Ulthor. Les mondes ruches d’Amistel, Albitern, Tabor et Bar-el venaient eux aussi de succomber aux pestes zombifiantes et au virus Obliterator
Le Seigneur Coteaz, retranché sur Aurent et notamment sur la base navale de Morten’s Quay, parvint à détruire le croiseur Darkblood et à reprendre la main. Fort de sa victoire, il décida de dépêcher des escouades d’extermination de la Deathwatch et des agents de l’Assassinorum pour traquer et détruire cette fameuse Voix. Il du ordonner l’Exterminatus sur certains mondes définitivement perdus, préférant abréger les souffrances des populations avant qu’elles ne renforcent les effectifs de l’ennemi.
Agripinaa, la capitale du système n’était plus qu’un champ de bataille à l’issue incertaine mais il parvint à reprendre un relatif contrôle du terrain. Ses mines et manufactoria désormais le terrain de farouches escarmouches.
Ses agents avaient alors noté l’émergence de nouvelles armes.

Sur plusieurs mondes, comme sur Belis Corona, il avait été aperçu des guerriers possédés mais fait d’un métal qui changeait de forme et pouvait prendre l’apparence de nos propres troupes qu’ils décimaient par centaines. Pour l’instant, seuls les Chevaliers Gris parvenaient à les anéantir. L’inquisition avait rapidement et discrètement remonté la nouvelle. Si ces guerriers démoniaques n’étaient encore qu’une poignée, une rumeur commençaient à se répandre relayée par la Voix, usant de propagandes psychologiques sur nos troupes, annonçant l’arrivée prochaine de cette nouvelle armée implacable.

Jana Vesperax m’annonçait que selon ses estimations, l’armée de ces Simulacres démoniaques d’Azencoth allait arriver à incubation d’ici quelques jours.
Nombre d’inquisiteurs en avait payé de leur vie. J’appris alors avec une vive douleur que le Seigneur Inquisiteur Czevak avait disparu, capturé semble-t-il par les séides du sorcier Arhiman, cela parut même inquiéter Sial. Nous n’avions pas de nouvelles non plus du Seigneur Weiss, mon ancien maitre.

Alors que nous approchions de l’orbite de Cadia, Mkmillan fit dérouter sa mission et se rabattit d’urgence vers le système en détresse d’Agripinaa pour porter assistance à Coteaz.
Tandis que la mission qui m’amenait ici était tout autre, je lui demandais la permission de poursuivre mon propre objectif dont la destination devait être suivie par une autre route, vers le passage d’Arx, une faille Warp par laquelle il allait falloir nous engager selon les conseils de la Wyrd.
Mais pour cela, je devais au préalable demander une requête au Seigneur Militant Creed en personne. Mkmillan qui connaissait ma mission, me confia une navette Aquila et n’eut que le temps de me souhaiter bonne chance.

Selon le protocole et sans faire montre de mon autorité, je fis ouvrir un canal vox prioritaire et sollicitais donc une audience auprès du Seigneur Castellan.
La réponse de Creed fut brève. Il n’avait que peu de temps à m’accorder car une guerre était en train de lui prendre le peu de temps libre qui lui restait pour dormir. Caractériel mais stratège plus que diplomate, Creed ne refusa cependant pas une demande inquisitoriale.

Le temps lui était compté, aussi il faudrait faire selon ses règles. La guerre, c’était son métier, comme il aimait à le répéter.
Accompagné de Logan, Meredith, Sial et de Jana Vesperax, nous filâmes vers la surface criblée du monde-forteresse.
Des chasseurs Lightning et Thunderbolt nous escortèrent alors qu’une bataille orbitale avait lieu. J’eu juste le temps d’apercevoir par un de hublots, un destroyer World Eater éventré et en flammes qui chutait vers l’atmosphère de la planète comme au ralenti, une trainée de débris en feu dans son sillage. Dans la nuit noire, il illuminait le ciel comme une comète. Les échanges radio sur le canal vox confirmaient que la chute du croiseur n’était pas accidentelle. L’attaque suicide était délibérée et bien ciblée. Les psychopathes de Khorne à bord du navire savaient ce qu’ils faisaient. Pourtant rien ne l’arrêterait si ce n’était le sol et la forteresse de Cadia Primaris avec les forts millénaires de Viklas et Andur. Les échanges des officiers de liaisons étaient désespérés, chaque forts comptaient encore des centaines de milliers d’hommes qui ne pourraient trouver nul refuge dans les temps. Je priais le Trône de ne pas partager le sort qui attendait ces malheureux et valeureux guerriers.

Je demandais à Meredith de couper la connexion.
Creed, clairvoyant, avait fait déplacer son état-major dans la forteresse de Kasr Gallan à quelques milliers de kilomètres de là.
Il supervisait une contre-attaque menée sur le monde-forteresse pour y repousser les World Eaters d’Angron. La surface n’était plus qu’un immense bourbier jalonné de tranchées, de bastions, de blindés et de millions d’hommes au milieu d’explosions, de flammes et d’incessants tirs de barrage. Les cadavres des deux camps se comptaient par dizaine de millions et personne ne prenait plus le soin de les enterrer depuis longtemps. Le pilonnage incessant de l’artillerie, les pluies acides, les rats et les chenilles des blindés s’en chargeaient, mêlant les os et les chairs putréfiés à la boue nauséabonde et rougeâtre dans laquelle il fallait patauger.

Depuis la navette, malmenée par les tirs anti-aériens, Meredith aux commandes nous fit survoler le champ de bataille derrière nos lignes. Je ne m’arrêtais de prier que lorsque nous fumes posés au sol et que la rampe arrière s’ouvrit. Le front était proche et des explosions sporadiques visaient des constructions non loin de là à moins de deux cent mètres. Des armes lourdes de soutien et l’artillerie positionnées dans des casemates répliquaient en rythme, à la cadence maximale.
L’air était glacé et humide et il tombait une sorte de petit crachin gras et acide. Il faisait nuit mais pas complètement noir. Les cieux avaient cette teinte couleur pourpre violacée qui donnait une lueur éthérée et maladive aux alentours. Les incendies distants et les explosions ne faisaient que renforcer cette impression de monde totalement cauchemardesque. L’air était saturé par l’odeur âcre de la fycéline et du prometheum mêlée à celle plus écœurante d’un abattoir.
Un lieutenant kasrkin encadré de deux commandos vint nous accueillir. Il me salua et m’annonça qu’il allait nous conduire auprès du Seigneur Gouverneur.

La Wyrd m’agrippa le bras tandis que ses yeux clairs se révulsèrent.
Je me retournais vers elle tandis que ses muscles se crispèrent et que des étincelles violettes crépitèrent autour d’elle. Sur ses gardes, Meredith qui venait de sortir de la navette tira son épée énergétique du fourreau, prête à la tailler en deux, je retins son geste.
La sorcière reprit son souffle soudainement comme prise de tournis. Son regard était empli de panique, ses doigts se plantèrent dans mon bras.
-Il sait que je suis là…il sait…nous devons partir d’ici…très vite !
A plusieurs dizaines de milliers de kilomètres de là, de l’autre côté du globe, le croiseur en flammes s’abimait sur la lointaine ligne de défense du front. En l’espace d’une seconde, les pertes durent se compter en centaines de milliers et sans distinction alors que ses moteurs warp entrèrent en fusion, vitrifiant les plaines sur des milliers de kilomètres carrés. Durant quelques secondes, et malgré la distance, le jour se leva sur Cadia.

Plus que jamais, je pris conscience de ce qu’était l’apocalypse.


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Message par Illuminati Lun 4 Nov 2013 - 16:53

Cadia, Stratégium de commandement déplacé à Kasr Gallan.
Quelque part aux larges de la mer des Caducades.
8ème Régiment kasrkin du Seigneur Castellan.
773.001M42
02H26 – Tempus Ocularis.


Le Seigneur Gouverneur Creed mâchouillait son cigare tout en observant la tacticarte qui présentait une holopix du monde-forteresse et de ses alentours.
Nous subissions un bombardement thermonucléaire lâché avec frénésie par les frégates de la Black Legion. Chaque impact se ressentait sur l’ensemble de la planète. Les vibrations sourdes se répercutaient dans le sol et une fine poussière de lithobéton tombait du plafond bas de la vaste salle. Plusieurs écrans de logicateurs se mirent à fumer tandis que leurs images se brouillaient. Des alarmes retentirent tandis que les adeptes cyberoracles lancèrent des incantations pour apaiser les machines. Les tacticiens et officiers supérieurs kasrkins qui composaient l’état-major du gouverneur étaient nerveux mais tentèrent de rester concentrés malgré la situation critique.

Creed tourna sa large carrure vers son tacticien tout en rallumant son cigare. Ce dernier était entouré d’une armada de savants et d’ordonnances. Tous se relayaient à lui transmettre les derniers rapports sur des tablettes de données. Le Seigneur Gouverneur lui pointa du doigt la masse noire approchant de l’orbite sur l’holocarte.
-Pourquoi est-ce que cette saloperie n’a pas encore été abattue ?
-Nos défenses ne peuvent l’atteindre, Seigneur. L’Amiral Quarren lui a donné la chasse mais la riposte est acharnée.
-Passez-le moi en liaison holopix, vite !
Les technoprêtres qui papillonnaient autour du projecteur se mirent aussitôt à accomplir les rituels tandis qu’un officier de liaison ouvrait un canal de communication cryptée.
L’image se superposa à la première et le buste d’un officier supérieur de la Flotte apparut au bout de quelques secondes. Son uniforme blanc aux épaulettes et médailles dorées impeccables contrastaient avec celui de Creed dont la superbe avait disparu sous la boue et la poussière. L’Amiral Quarren malgré son grand âge et la situation affichait une sorte de flegme qui masquait la tension qui devait régner derrière lui sur la passerelle de son navire de commandement. Il salua très légèrement le Gouverneur, comme pour lui signifier que la Flotte était toujours au-dessus des rampants boueux que composaient les troupes de Creed.

Un violent tremblement nous secoua tous soudain, manquant de nous faire tomber. Des appareils tombèrent au sol, d’autres se brisèrent ou furent mis en court-circuit. La plupart des cogitateurs grillèrent. L’holocarte se mis à vaciller, soudain couverte par des parasites et de l’électricité statique. L’image de Quarren disparut et toutes les connexions se coupèrent. Des lumières rouges prirent le relais nous transformant tous en silhouette de sang. La Wyrd se mit dans un coin, prise de panique.

Les technomanciens affolés peinaient à recalibrer l’image pix au centre du stratégium.
Creed frotta la poussière grise qui maculait les manches de son uniforme avec agacement. Son cigare coincé entre ses lèvres s’était éteind, il invectiva ses hommes.
-Rapport de la situation, bordel de Trône, je veux un état des dommages, maintenant !
-Impact d’une magnitude de vingt teratonnes localisée au sud de Fort Lennox, annonça alors la voix métallique et déshumanisée d’un technoprêtre.
-C’est pas passé loin, jura un capitaine des kasrkins qui arracha des mains la tablette de données d’un des technoprêtres.
-Nous venons de perdre la liaison avec l’Amiral Quarren, annonça un des tacticiens d’une voix affolée.
-Merci d’être observateur, on avait remarqué, lui lâcha Creed sans le regarder. Rétablissez-moi cette putain de connexion ! hurla-t-il aux technoprêtres en panique.
Un des tacticiens lisait les données qui s’affichaient sur sa tablette et il l’interrompit.
-D’après nos statistiques, deux autres impacts similaires auraient des conséquences irréversibles et fatales, Seigneur…sans doute devons-nous envisager de…
-Envisager ? Envisager de quoi, garçon ? De quitter Cadia et de partir se la couler douce sur Terra ? Vous allez me rétablir cette putain de connexion et nous allons renvoyer ces salopards d’où ils viennent à coup de torpilles cycloniques dans le cul, est-ce que c’est bien compris pour tout le monde ou est-ce que je dois vous botter le train en personne jusque chez ces baiseurs de grox de renégats ?

Personne n’osa croiser son regard tandis qu’il ralluma son cigare et en reprit une bouffée. Seuls les technoprêtres marmonnaient dans leur coin pour tenter de rétablir les flux de données.
Creed sembla alors réaliser que moi et mon équipe étions là alors que nous nous étions présentés quelques minutes auparavant. Il posa une main sur son front pour y essuyer les goutes de sueur et la poussière qui maculait ses cheveux gris coupés ras en brosse.
-Rappelez-moi la raison de votre présence inquisiteur…Dantos ?
-Dante, Seigneur. Je suis l’Inquisiteur Dante de l’Ordo…
-Oui, et bien ? Vous foutez quoi encore ici dans mon putain de stratégium ?
Il lança un regard hostile à l’attention de mes agents, notamment l’eldar.
-Une mission classée Vermillion. Abaddon va lâcher une nouvelle menace sur la galaxie. Il fera tomber Cadia et plus aucun monde ne pourra se tenir entre lui et Terra. Je dispose d’un moyen pour contrer ses projets. J’ai besoin de franchir le passage d’Arx pour y parvenir et pour cela il va falloir que la Flotte de Quarren m’ouvre la route. J’ai donc besoin de tout votre soutien pour masquer ma mission et faire diversion.

Le cigare de Creed quitta sa bouche et tomba en tourbillonnant pour aller s’écraser au sol. J’eus l’impression que sa chute dura des heures durant lesquelles tous dans le stratégium avaient le regard braqué sur moi.
Lentement je sortis mon sceau inquisitorial affichant mon statut sous Condition Spéciale des Ordos afin que tous le voient bien.
-Au nom de l’Empereur de l’Humanité, les ressources de Cadia sont désormais réquisitionnées par la Très Sainte Inquisition.
Creed planta ses deux énormes poings sur la table fissurée de la tacticarte et riva ses yeux violets dans les miens. Je soutins son regard et sus que peu d’hommes dans sa carrière s’était permis ce genre de chose. Sans doute étais-je même le premier. Creed était à la tête d’un secteur et pas des moindres et avait toute latitude pour décider ce qu’il voulait. C’était une partie de Régicide serrée et je comptais sur tout son soutien. De mon côté, j’étais un inquisiteur tombé en disgrâce auprès de mes pairs, je ne pouvais pas lever de tels moyens seul. Il pouvait tout aussi bien me dire d’aller me faire foutre chez Abaddon si cela lui chantait.

-Vous en avez une sacrée paire, fils, pour venir me sortir ça avec un tel aplomb, lâcha-t-il finalement entre ses dents.
Je rangeais alors mon sceau sous ma veste pare-balles et pris un air des plus détendus.
-Dois-je comprendre, Seigneur Creed que je peux compter sur votre soutien ?
Il se retourna vers son état-major tout en me pointant du doigt.
Je me dis que dans la seconde suivante il allait leur demander de nous abattre. Déjà Meredith portait ses mains à ses armes.
-Foutre de Trône ! Ce garçon a des couilles, messieurs ! Et des couilles c’est justement ce que ces bâtards chiés par le Warp n’ont plus !
Ses officiers se mirent alors à rire avec lui. Ce furent les seuls.

Dans l’heure, je disposais d’un navire Libre-Marchand spécialement réquisitionné et affrété sur ordre de Creed. La Flotte allait me procurer une escorte et une diversion jusqu’au passage. Les étendues qui se trouvaient au-delà étaient à la frontière de l’Œil de la Terreur.
De là, je ne pourrais plus compter que sur moi et mon équipe car le secteur où nous allions nous rendre n’était plus qu’un fief de pirates et n’appartenait en rien à l’Imperium.


Une journée fut tout de même nécessaire pour que les navires soient opérationnels et redirigés vers notre position. Une navette nous escorta jusqu’au fort orbital Macharius VII au-dessus de Kasr Gallan. Là nous dûmes patienter en zone de transit durant quelques heures. Des cabines furent mises à notre disposition à proximité des pontons d’arrimage des navires. Sial vint alors me chercher.
-Le navire sera là d’ici quatre ou cinq heures. J’aimerai en attendant t’emmener auprès de certaines personnes.
Je relevais le nez de la plaque de données que je lisais et l’observais durant quelques instants. Nous étions sur un fort de la Flotte. Je voyais mal qui, un xenos comme lui, aurait-il pu connaître à bord.
-Certaines personnes ? Ici ?
Il me retourna mon regard avec un léger sourire.
-Ne sois pas ridicule. Ceux que je veux t’emmener voir ne sont pas dans cette…dimension.
Devant mon air étonné, il reprit.
-Nous allons devoir emprunter la Toile.
Je coupais la connexion de la tablette de données et me relevais soudain, fébrile et excité à cette simple idée.

Je prévins juste Logan que nous devions nous absenter pour quelques heures. Si le navire arrivait durant ce laps de temps, je lui demandais de retarder le départ. Suite à quoi je réquisitionnais une navette. Sial prit les commandes, je m’assis dans le siège de copilote.
-Tu sais ce que tu fais au moins ?
Il me renvoya son regard énigmatique.
-Selon vos critères, j’ai vécu déjà plusieurs vies pour un simple humain. Considère que cela fait des siècles que je fais ce genre de chose.
Moins de trente minutes plus tard, il dirigea la navette droit vers une ceinture d’astéroïdes. Navigant avec une étonnante rapidité et fluidité, il slaloma entre les blocs de roches de plusieurs tonnes. J’avoue que je me cramponnais à mon fauteuil, près à me retrouver pulvérisé dans le vide sidéral en un instant. Soudain, au détour d’un bloc large comme un hab, une aura bleutée apparue. Je cru tout d’abord qu’il s’agissait là d’un navire ou d’une installation. Il n’en fut rien. Sial dirigea la navette droit dessus. Ce fut comme soudainement plonger dans une sorte de tunnel rempli d’eau. L’environnement changea alors autour de nous. Les commandes affichaient des données contradictoires tandis que la navette filait désormais à une vitesse improbable, empruntant des embranchements et suivant un chemin que seul Sial pouvait reconnaitre. L’espace et le temps autour de nous avaient totalement disparus, remplacés par une sorte de conduit luminescent aux parois bleues diaphanes et vaporeuses – La Toile eldar.
Des heures semblaient s’écouler, ou peut-être des minutes ou des jours. Je perdis tout repère et toute notion de temps. Les aiguilles de ma chronomontre s’étaient arrêtées.
Sial posa la navette et l’instant d’après nous étions en train de marcher dans cet environnement éthéré et surréaliste. L’air était respirable et je ne pus clairement dire si cet endroit était véritablement défini. Ses parois semblaient proches, mais il était pourtant impossible d’en estimer les proportions exactes. Je vis qu’une sorte de faune endémique vivait le long de ses parois. De sorte d’insectes translucides aux longues pattes arachnéennes, comme faites de silice, semblaient s’affairer un peu partout. L’une d’elle tomba sur ma manche, me courut le long du bras et vint se poser sur ma main. Je l’observais avec attention. L’instant d’après, plusieurs dizaines de ses congénères en firent de même, grimpant le long de mes jambes, ou de mes bras.
Sial se retourna, conscient de mon soudain malaise.
-Ce sont des Carrecanar, des araignées spectrales. Elles vivent dans la moelle spectrale dont elles sont issues spontanément. Ce sont elles qui assurent en partie sa sécurité. Elles sont capables de déceler toute trace de corruption. Là elles sentent que tu es étranger à cet environnement, elles s’assurent que tu ne présentes pas une réelle menace.
Ses explications n’étaient pas pour me rassurer.
-Et si elles décèlent une menace ?
-Elles t’auraient déjà entièrement recouverte de leur toile, tandis que des milliers d’autres seraient en train de recouvrir ton corps.
-Et ?
-Tu tiens vraiment à le savoir ?
Les araignées étaient déjà en train de repartir d’où elles venaient. J’en aidais deux trois à déguerpir d’une pichenette. Ces bestioles xenos me faisaient une sainte horreur.

Sial nous fit alors franchir une sorte de parois semblable à un miroir couvert d’eau. De l’autre côté nous débouchâmes dans une sorte de hall aux colonnades élancées. L’architecture était eldar mais je ne su dire si nous étions sur un monde ou sur un vaisseau. Le sol, les parois et les colonnes étaient faites d’une sorte de résine noire et brillante donnant des allures austères et funèbres aux lieux alentours. Sur les parois, des runes et hiéroglyphes étaient gravés en lettres d’or. Des feux étaient allumés dans des vasques élégantes, diffusant une faible lueur. Une odeur sucrée et musquée marquait les lieux. Enfin nous pénétrâmes dans une vaste salle circulaire similaire au hall que nous avions traversé. Là se trouvaient cinq personnages assis en tailleur et en demi-cercle sur des coussins. Vêtus de longues robes noires et blanches, ils étaient casqués. Je ressentis là des psykers eldars.
La rune représentant un œil pleurant était reproduite sur chacun d’eux. Sur le mur derrière eux était représentée une fresque épique présentant des guerriers mythiques affrontant des créatures cauchemardesques et robotiques.

Sial posa un genou au sol et parla dans leur langue à voix basse.
Je restais debout, faisant un effort pour paraître détendu. Même s’ils représentaient une quelconque autorité, pour moi ils n’étaient que des xenos.

L’un d’eux parla alors, comme s’il avait deviné mes pensées. Sa voix était fluide et chantante. Il s’exprimait dans un parfait bas-Gothique.
-Inquisiteur Joshua Dante, savez-vous qui nous sommes ?
-Vous devez être ce que l’on appelle des prophètes, des sortes de voyants si je ne m’abuse ?
-C’est en effet le terme incorrect qui est employé dans votre langage. Nous sommes en réalité bien plus que cela. Savez-vous pourquoi nous vous avons fait venir ici ?
-J’aimerais en effet le découvrir.
-Ce conseil ici présent a pour fonction de guider notre peuple et de lui permettre de survivre, inquisiteur.
-Et en quoi cela me concerne-t-il ?
-En rien. Mais du rôle que vous allez jouer prochainement, dépendra une partie du futur de cette guerre. Et c’est cela qui nous importe. Nous avons connaissance de votre mission et allons y apporter notre participation.

Avant même que je n’émette la moindre protestation, un des reliefs derrière eux se mit à bouger. Ce que j’avais d’abord pris jusque là pour un des personnages de la fresque était en réalité un être impressionnant vêtu d’une armure intégrale. De la taille d’un Terminator, il avait la souplesse et la fluidité propre à ceux de sa race. Son armure noire lustrée était décorée d’os et son casque représentait un crâne grimaçant. Il irradiait une puissance et semblait être la pure incarnation de la mort. Il vint se tenir aux côtés des Prescients qui s’inclinèrent devant lui. Un grondement sourd sortit de son casque, comme si ce fut d’une tombe.
Sans réaliser comment, je mis un genou à terre aux côtés de Sial qui priait dans sa langue, pétrifié comme moi par l’aura de puissance qui émanait de l’être légendaire qui se tenait devant nous.

Un des Prophètes reprit de sa voix chantante.
-Le Seigneur Maugan-Ra, nous fait l’immense honneur de se joindre à cette guerre. A la tête de nos troupes, il vous fournira le soutien souhaité le moment venu.



Œil de la Terreur
Passage d’Arx aux abords des étendues de Gorgoroth
Heure et date inconnues (Tempus Obscurus)


Je n’eus presque aucun souvenir de notre retour avec Sial. Le choc sans doute. Une fois revenus à bord du fort orbital, le navire Libre-Marchand était là à nous attendre.

Artemus Van Yastobaal, le Libre-Marchand qui nous avait accompagné jusque-là avait beau être téméraire, il n’était pas inconscient non plus. Il avait mis son navire à notre disposition en échange de quelques arrangements. Il ignorait bien entendu la nature de ma mission. Il ne connaissait que l’endroit où je comptais me rendre.

Le Seigneur Mkmillan n’avait guère eu le choix en louant ses services. Cet individu était pour le moins recommandable mais connaissait justement la région comme sa poche. Comme le sont bien souvent les libres-marchands, ce dernier à la mine patibulaire ressemblait plus à un forban qu’à autre chose.

Il était, à ce que l’on disait, le descendant de Jan Van Yastobaal, un célèbre noble qui s’illustra lors de l’Age de l’Apostasie, il y a de cela cinq millénaires. Ce dernier était d’ailleurs devenu un de ces héros populaires qu’affectionnent tant les citoyens de l’Imperium. Des romans, des pièces de théâtre et des holopix avaient d’ailleurs été réalisés pour relater, avec sans doute beaucoup d’exagération ses exploits légendaires. Issu de la noblesse de Chiros, il avait fomenté une rébellion contre les troupes de Bucharis l’Apostat et avait ainsi pu mettre fin à cet épisode dramatique appelée le Fléau de l’Incroyance. Promu à un haut poste de l’Administratum, il gravit les échelons jusqu’au titre suprême de Haut Seigneur de Terra. Mais rêvant de conquête et d’exploration, il se vit offrir un jour une Lettre de Marque. A la tête d’une flotte expéditionnaire, il partit à la conquête de régions inconnues. De libre-marchand, il devint prince et conquit des dizaines de mondes, soumit autant de planètes et éradiqua pour le double, des empires xenos. Il eut alors tout ce qu’un homme pouvait rêver. L’argent mais surtout le pouvoir. La morale de cette saga populaire est d’apprendre au simple citoyen que le pouvoir corrompt.
Car Jan Van Yastobaal, non content d’avoir assouvi ses rêves de gloire, ne s’arrêta pas là. Blasé et insatiable, il se mit à commettre des actes de pillage, de piraterie et de massacre sans merci. Ceux qui ne se soumettaient pas étaient abattus sans pitié. Certains dirent qu’il devint fou, faisant exécuter ceux qui critiquaient son attitude. Quoi qu’il en soit, il perdit tout. Ses hommes un jour se mutinèrent, les rescapés sauvèrent ce qui pouvait encore l’être de son empire. Il disparut à bord de son navire amiral et nul ne le revit jamais. La légende dit que son navire fantôme hante toujours les courants du Warp et qu’il attaque les imprudents appâtés par les rêves de richesse.

Nous nous trouvions donc à bord du navire d’un de ses descendants. Sa noble lignée étaient depuis longtemps tombée en disgrâce et dans l’oubli. Artemus ne possédait qu’un modeste navire et vivotait grâce à de menus trafics. Il était parvenu à négocier l’effacement de certains litiges qu’il aurait eu avec l’Imperium en l’échange de notre demande. Son nom, n’était en effet pas inconnu de nos services. Il avait déjà été suspecté d’avoir trempé dans certaines affaires de contrebande et avait des liens avérés avec plusieurs races xenos.
Mkmillan était un vieux malin. Il s’avait que sur ce point je ne pourrais complètement le blâmer.

Si j’avais accepté de suivre l’hérétique repentie Jana Vesperax jusqu’ici, c’était uniquement parce qu’elle connaissait le monde-forge où le sorcier Azencoth faisait fabriquer son armée de cyborgs démoniaques. Atteindre ce monde depuis l’espace impérial n’était pas envisageable car il se trouvait au sein de l’Œil de la Terreur et était un des fiefs du Mechanicum Noir. Aucun de nos navires n’aurait pu l’approcher sans être mis en pièces par la flotte ennemie qui devait sillonner ses abords.
Elle connaissait cependant un moyen détourné d’aborder ce monde tout en contournant la guerre qui faisait rage sur Cadia. Il existait une voie appelée le passage d’Arx qui menait vers d’anciens systèmes déclarés Perdita par l’Imperium depuis des temps anciens. Là, à la frontière entre espace réel et Immaterium se trouvaient des astéroïdes et mondes morts peuplés par des pirates de toutes races. Cette zone frontalière qui jouxtait l’Œil de la Terreur portait le sinistre nom d’Etendue de Gorgoroth.
Un des systèmes au sein de ce sous-secteur y était apparemment connu par les brigands locaux sous le simple nom peu engageant de Mondes Perdus. Au sein de ce système se trouvait une planète habitée par une petite colonie minière indépendante.

Artemus Van Yastobaal devait nous mener vers un passage que lui seul connaissait et qui menait vers cette planète. Là, il avait de toute façon l’intention de faire quelques affaires avec des connaissances à lui.

Le libre-marchand prétendit que ce monde frontière servait de plaque tournante pour les trafics en tout genre dans cette région, c’était une zone franche connue de tous. Situé en marge de la juridiction de l’Imperium, il était le fief de contrebandiers, de mercenaires et hors-la-loi en tout genre. Là-bas, absolument tout pouvait se vendre et s’acheter et c’était là précisément que Jana Vesperax voulait se rendre.

Alors que nous voguions en direction du passage, je pris Logan et Sial en privé et les emmenais vers une des cabines privatives du navire. Jana Vesperax était avec moi. J’interrogeais alors la Wyrd sur ses intentions.

-J’ai un peu de mal à saisir….Toi et ce maudit Libre-Marchand comptez nous mener où comme ça ?
Elle me dévisagea de ses grands yeux délavés et se passa nerveusement la main sur son crâne rasé et tatoué, d’un air géné. Son regard me rappela le miens tandis que je n’étais encore qu’un de ces progenia du temps de la Schola. Ce jour-là je m’étais fait sanctionner par le Père Jacopio, notre Abbé-Instructeur pour avoir été un peu trop curieux à propos des origines de notre calendrier impérial.
-Père-Abbé, lui avais-je demandé. Le catéchisme nous enseigne que l’Empereur-Dieu est né sur Terra, huit mille ans avant notre ère…mais…
-En effet, élève Dante. Et où voulez-vous en venir avec vos interminables questions ?
-Dans ce cas, mon Père…Qui autre dieu est né en l’an zéro ?

Même à présent, cette question fait partie des mystères du passé de l’humanité. J’aurais au moins appris ce jour-là, grâce à l’intervention du Père Jacopio, que la curiosité engendre l’hérésie et que l’hérésie engendre le châtiment. Je fus privé de repas durant une semaine, sanction qui ne me fit pas éviter le fouet pour autant.

Je sortis de mes rêveries, la Wyrd hésita avant de me répondre.
-Le Libre-Marchand vous l’a dit…il n’ira pas au-delà de ce monde, il…
-Il ira où je lui dirais d’aller ! M’emportais-je soudain.
Elle fit un léger signe de tête négatif.
-Cela ne se passe pas comme ça ici…Cette zone est dangereuse, les règles de l’Imperium n’existent plus…
-Quel est donc ce monde damné où vous comptez nous emmener, lui criais-je.
-Il s’agit du Monde de Logan.
Je ne compris pas tout de suite, pensant aussitôt au prénom de mon interrogatrice à mes côtés. Puis je me rappelais soudain avoir déjà entendu parler de ce monde frontière. Le nom de Logan, comme bien des noms était plutôt courant dans l’Imperium. Il n’était donc pas rare de le trouver même aux confins de la galaxie, ou attribué à de grands personnages de l’histoire. Dans le cas de ce monde précis, le nom venait d’un lointain Libre-Marchand qui le découvrit lors de la Grande Croisade selon une ancienne légende.
Logan, mon interrogatrice se mit à nous dévisager, les yeux grand-ouverts.
-Ce monde s’appelle comme moi ? C’est une blague.
Sial eut un petit sourire alors qu’il lui tapotait l’épaule.
-Sans doute que les dieux aiment jouer parfois avec notre destin par le biais de prophéties. Je crois que la Wyrd a vu juste. C’est en effet le monde où nous allons devoir aller.
Comme à son habitude, l’eldar se cacha bien de nous révéler tout ce qu’il savait déjà sur le sujet.

-Et toi, pourquoi tiens-tu à aller aussi sur ce monde ? Lançais-je à l’attention de Jana.
-Parce que ce sera notre porte d’entrée pour aller sur le monde que vous recherchez, Inquisiteur. Celui où se trouve Azencoth. Me dit-elle avec un bref sourire.
-Explique-toi !
-Avez-vous entendu parler de la Grande Convergence ?
Je lui fis signe que non.
-Le Monde de Logan est situé à la bordure de l’Œil. Il n’est donc que faiblement affecté par les turbulences aethériques. Au lieu de cela, il subit les affres d’orages warp réguliers qui le coupent de toute navigation même normale, de façon cyclique. Ce monde est alors isolé et inaccessible. Mais tous les dix ans environ, au gré des flux et reflux warp, ce système devient de nouveau accessible pendant environ un à deux ans. C’est ce que les Navigators et Libres-Marchands du coin nomment la Grande Convergence, car lors de cette période prévue par les oracles et la divination, tous les marchands de la région convergent ici.
Le deal de Yastobaal est simple, ajouta la Wyrd. De toute façon, il comptait s’y rendre pour affaire. Aucun contrebandier ne souhaiterait rater la saison de la Grande Convergence. Des affaires incroyables se traitent ici car les richesses dévoilées au sein de mondes oubliées y sont échangés et alimentent ainsi tout l’Imperium.
-Même avec la guerre qui fait rage dans la région ? Lui répondis-je, dubitatif.
Elle se permit un petit sourire amer.
-La guerre est une constante dans cette galaxie, depuis l’origine des temps. Cela n’a, non seulement jamais arrêté le commerce de fonctionner, mais au contraire cela n’a toujours fait que l’alimenter. Croyez-vous que les troupes du Chaos pourraient se passer du commerce et de la complicité de certains marchands peu scrupuleux ?

Je restais septique face à une telle logique.
-Nous parlons là d’armées dédiées aux Sombres Puissances….je doute qu’ils envisagent de commercer avec qui que ce soit. Lorsqu’ils souhaitent quelque chose, ils le prennent.
Elle m’observa avec un air presque navré.
-Votre vision des armées de l’ennemi est bien naïve et à l’image de ce que véhicule votre ignorant Credo. Le pillage de mondes est justement la partie volontairement visible de leurs modes opératoires. L’infiltration, la ruse et la subversion en sont d’autres, tout comme les innombrables trafics qu’ils alimentent. Comment pensez-vous qu’ils infiltrent vos organisations et diffusent leurs activités au nez et à la barbe des autorités ?

Elle venait de marquer un point. L’Imperium dans sa morgue toute puissante mettait un point d’honneur à ignorer volontairement les méthodes de l’ennemi. Le Credo rabâchait aux foules incultes que l’hérétique n’était qu’un ignorant athée et avide de meurtres sanguinaires, tout comme il prêchait que les xenos n’était qu’une unique race de monstres décérébrés baveux et à la peau verte. Ou encore que le psyker et le mutant étaient ceux frappés par la marque visible de leurs péchés.
La majorité des citoyens se contentait de telles fables car elles suffisaient à leur donner la foi en un idéal tout tracé et à menacer leurs enfants s’ils étaient désobéissants.

Le voyage nous prit à peine plus d’une journée par le Warp et les courants étaient pourtant turbulents. Y séjourner plus nous aurait fait courir des risques assez conséquents. La sortie en espace normal s’effectua aux abords du Secteur des Mondes Perdus. Au-delà commençait le système de Logan.

La zone qui s’ouvrait devant nous était une gueule géante aux portes mêmes des enfers qui se trouvaient tout proche. Déjà en temps normal, n’importe quel homme sain d’esprit savait qu’en s’y aventurant, il courrait à sa propre damnation. Là, avec les armées du Fléau et sa flotte de guerre dans les parages, cela relevait de la folie pure. Aucun navire impérial n’aurait osé passer par cette voie. J’ordonnais donc à nos escorteurs et malgré les protestations des capitaines de ces navires, de rebrousser chemin et de retourner vers Cadia. Ce qu’ils firent.

Même si j’avais pu sacrifier la vie de milliers d’hommes d’équipages en les forçant à me suivre dans cette folie, je savais que cette option était de toute façon la plus judicieuse. Nos croiseurs auraient tout de suite été repérés.

A partir de là, nous étions livrés à nous-mêmes. Logan, Meredith, Sial, la Wyrd et moi, à bord du vaisseau Libre-Marchand.
Nulle flotte pour nous couvrir et nulle possibilité d’aide de l’Imperium. Nous allions devoir désormais agir en dehors du cadre impérial.


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Message par Illuminati Mer 6 Nov 2013 - 10:00

Chapitre IV
Le Monde de Logan


Il ne nous fallut à peine que deux autres jours pour atteindre l’orbite du Monde de Logan. Un caillou poussiéreux et aride ne comptant qu’un unique continent. L’espace autour de nous était saturé de navires de toutes tailles et de toutes races. Nombres d’épaves gravitaient elles aussi dans les parages mais n’étaient pas à l’abandon pour autant. Des récupérateurs s’affairaient autour, vidant ce qui pouvait l’être avant que les coques éventrées ne soient soudées entre elles afin de constituer ce que l’on appelle des space hulks. Ces conglomérats d’épaves formant d’improbables structures à la dérive. Nul doute que des gens ici leur trouvaient une utilité.

En plus de navires humains qui mouillaient en orbite basse, à en juger par les vaisseaux alentours, je dénombrais au moins six ou sept types de frégates ou croiseurs de races xenos. Pirates eldars, Korsairs orks, mineurs demiurgs, marchands stryxis et sans doute des mercenaires loxatl, nekulli et tarelliens en plus de bien d’autres que je ne reconnus pas.
Au loin je crus distinguer une ou deux formes sombres et menaçantes d’immenses croiseurs de guerre. Sûr que des troupes du Fléau rodaient dans les parages. Il allait falloir la jouer très serré.

Avant de quitter Cadia, j’avais fais réquisitionner en urgence un transport de troupe auprès de Creed. Le modèle que j’avais demandé, une Chimère endommagée avait été chargée dans les soutes du navire de Van Yastobaal. Le blindé avait subi quelques dommages mineurs et avait été rafistolé à la hâte mais restait pleinement fonctionnel. J’avais aussi demandé à ce que ses marquages impériaux soient effacés durant notre voyage. Nous allions nous faire passer pour des contrebandiers, mes compagnons et moi et ce véhicule allait nous faciliter la tâche pour nous fondre dans le décor.

Le libre-marchand mit une navette atmosphérique à ma disposition. Tandis que Meredith se chargeait d’y rentrer la Chimère, et que les autres chargeaient notre matériel, je m’entretins un instant avec lui.
-Mes affaires devraient me prendre plusieurs jours peut-être plusieurs semaines…Il est possible que j’ai de nouveau besoin de vos services pour quitter cet endroit. Vous comptez repartir quand ? Lui demandais-je.
Il me rendit un large sourire carnassier.
-Allez savoir, Dante. Peut-être repartirais-je dans deux jours ou dans deux mois, qui sait ? Le temps ne s’écoule pas de la même manière ici et surtout lors de la Grande Convergence. Si vous revenez un jour de votre périple, vous saurez où me trouver, mais je serais vous, je ne compterais pas trop là-dessus.
Puis il s’en retourna vers son quartier-maitre, un type à la tête de tueur. Il était vêtu d’un ancien manteau de la Flotte aux manches arrachés, laissant voir ses puissants biceps tatoués. Avec sa mâchoire carrée, il avait l’allure d’un de ces guerriers des mondes sauvages. Le type me lança alors un regard mauvais, dévoilant ses dents en or. N’insistant pas, je m’en retournais vers nos derniers préparatifs.

Quelques heures plus tard nous foulions les sables brûlants du monde de Logan. L’unique astroport se situait à l’extérieur de la principale colonie qui faisait figure de capitale : Helsreach. Les ressources principales de ce monde étaient certains minerais rares dont le psycurium. Des nappes de méthanes étaient aussi exploitées et permettaient à la petite colonie de vivre en autarcie, ses ressources énergétiques étant autosuffisantes. Tout le reste de l’économie était basé sur le commerce d’objets rares, d’archéotechs, d’artefacts xenos, d’animaux exotiques ou d’esclaves de toutes les races possibles.
L’Imperium avait tenté par le passé d’y établir un gouvernement afin d’y imposer ses règles. Les ruines de ses anciens bâtiments étaient là pour le rappeler. Des missionnaires de l’Ecclésiarchie tentaient aussi régulièrement et sans relâche d’y rétablir le Credo. En général et dans le meilleur des cas, ils étaient les premiers à être vendu comme esclaves aux eldars noirs.
Helsreach en cette saison était devenue la capitale de la contrebande et sa population se voyait multipliée par trente, parfois cent lors de convergences exceptionnelles. Ici, seule la pègre locale fixait les règles. Des barons du crime et des princes marchands faisaient la loi. Des gangs de mercenaires de races diverses et armés jusqu’aux dents étaient bien payés pour la faire respecter.
Nous laissâmes la navette à l’astroport contre une forte somme et décidâmes de faire le chemin à pieds. Le centre-ville se trouvait à guère plus de deux kilomètres. Je ne souhaitais avant tout pas attirer l’attention.

L’aspect que pouvait avoir les habitations, de petites masures cubiques blanches avec leur style poussiéreux de monde frontière pouvait être trompeur. De grandes richesses circulaient ici. J’en eus confirmation rien qu’en voyant les navettes et véhicules terrestres ou antigrav qui étaient déployés ici. De véritables petites armées privées s’étalaient le long des pistes menant à la capitale. Tout du long, des vendeurs en tout genre proposaient ce qu’ils avaient de mieux : nourriture, eau, verroterie et babioles diverses.
Jana qui s’était enveloppée dans une grande robe à capuche, avait enroulé sa tête dans un kéfié. Nous en fîmes de même afin de passer inaperçus et nous protéger du soleil.
-Est-ce là tout ce que les locaux ont à proposer ? Demanda Logan presque déçue.
-Non, lui sourit Jana. Attendez de voir le centre-ville. Je connais certaines parties des souks où ce qui se vend vous émerveillera.
-Nous n’avons malheureusement pas le temps de faire les soldes, leur lançais-je. Que sommes-nous censé chercher ici ? Lui lançais-je.
-Un vaisseau et son pilote qui voudra bien nous conduire là où nous allons.
-Et quel pilote serait assez inconscient pour nous y mener ?
Elle émit un petit rire.
-Celui pour qui vous voudrez bien mettre le prix.

Contrairement à bon nombre de mondes frontières, le Monde de Logan n’était pas ce genre de province reculée aux habitants, certes pieux mais arriérés technologiquement, méfiants des étrangers et recentrés sur eux-mêmes.
Ici, les locaux, même s’ils restaient isolés durant des années semblaient vivre selon leurs règles. Et il était clair que ce n’était pas l’Imperium ni le Credo qui dictait sa loi. Ou du moins pas de façon visible comme nous l’expliquera plus tard Jana.
L’argent et le commerce étaient ce qui dictait les règles ici. Les enseignes et écriteaux holopix qui couvraient les façades de chaque bâtisse blanchie à la chaux étaient là pour le rappeler. Les pictogrammes vantaient dans plusieurs langues ce qu’Helsreach avait de mieux à vendre : gemmes précieuses, métaux rares, armes xenos, drogues et alcools aux vertus exotiques, esclave et plaisirs en tout genre.

Ce monde semblait prospère et en dehors des conflits qui faisaient rage à moins de quatre années-lumière de là, l’exploitation minière était ce qui attirait autant de monde. Nombre de marchands venus pour la Convergence remplissaient les soutes de leurs navires de métaux précieux. En échange de quoi ils apportaient bien souvent d’autres richesses qui semblaient rares dans la région. Des produits de luxe ou des mets raffinés. Une telle concentration soudaine de marchands, libres ou non faisait que ce monde ressemblait soudainement à une ruche avec ses mêmes règles. Même la technologie était différente ici. Il n’y avait que peu de véhicules à roues à cause du sable omniprésent. Au lieu de cela les engins les plus fréquents étaient d’anciens modèles antigrav lourdement customisés ou des marcheurs bipèdes et quadrupèdes créés à partir du modèle Sentinelle modifié. Le tout côtoyait de nombreuses créatures xenos de monte, tels les mukaalis, les camélopards ou les dromeddons.

La violence semblait exister comme l’attestait le nombre de mercenaires qui louaient leurs services. Ces derniers affichaient leur statut grâce à une bande blanche qui barrait leur visage. Mais surtout, ils affichaient leurs muscles, leurs augmentiques et les armes de manières très ostensibles. Les chasseurs de primes et les hommes de main des barons du crime étaient là pour rappeler qui faisait la loi. Mais ce qui faisait aussi la dangerosité de la Convergence était la soudaine venue de mercenaires hors-la-loi et xenos. Les affiches placardées un peu partout avec la tête de fugitifs et la prime associée pouvait l’attester. Les Libres-Marchands étaient souvent accompagnés de races diverses comme des kroots, des orks, des eldars ou bien d’autres aliens encore plus étranges. Cela faisait la particularité du lieu, aussi une certaine neutralité prévalait. La Convergence servait à faire des affaires et personne ne souhaitait que cela dégénère en bain de sang même si cela était parfois inévitable. Ici il n’y avait pas d’Arbites ni de véritables forces de l’ordre. Pourtant un semblant de calme régnait grâce aux armées privées du Seigneur en place. Ce dernier veillait à ce que ses affaires restent prospères.
Une règle, nous appris Jana, était que sur le Monde de Logan, le Chaos ne semblait pas avoir une réelle emprise. Ce phénomène ne s’expliquait pas, aussi en bon inquisiteur, cela attira mon attention. Elle ajouta non sans malice qu’il était très fréquent que des inquisiteurs et leurs équipes soient présents sur ce monde. Je gardais donc cela en mémoire et pour une fois cela ne me rassura pas vraiment.

Accoudé à la terrasse en terracota à siroter un verre de tana brulant et épicé, j’observais la ville et son agitation afin de me familiariser avec ses dimensions, ses habitants et ses couleurs locales. Cela faisait trois jours que nous étions sur ce monde. Nous commencions à peine, Logan et moi et nous familiariser à ses codes, à sa chaleur étouffante et sa foule colorée et bruyante. Sial s’était éclipsé avant d’entrer dans Helsreach. Il m’avait annoncé qu’il avait une affaire à régler et me recontacterait plus tard. Je n’avais pas insisté. Quant à Meredith, elle était elle aussi partie faire un tour en ville, en reconnaissance.
J’avais veillé à ce que nous passions pour un groupe de marchands. Nos tenues passe-partout ne détonaient pas dans cet environnement. Tous les styles vestimentaires se côtoyaient et aucun ne semblait prévaloir, à l’inverse des mondes frontières impériaux plus sobres et codifiés. J’avais choisi de me vêtir dans un style que j’affectionnais. Des bottes ferrées, un pantalon fonctionnel à poches multiples, une chemise ouverte et un blouson en cuir léger mais renforcé, fait d’une peau de reptile. Le tout garni de ceintures, d’étuis et de deux holsters pour mes armes, un peu à la manière de ces contrebandiers que l’on pouvait croiser partout. Logan jouait son propre rôle, celle de ma belle et jeune maitresse. Elle avait opté pour quelque chose de plus léger et de chamarré et avait préféré ne porter qu’un simple pistolet laser à la ceinture. Elle avait ses cheveux attachés en un chignon élaboré, elle portait une jupe longue, un haut court et de nombreuses pendeloques, bracelets et bijoux.
Jana quant à elle, avait préféré s’envelopper dans une grande étole en soie colorée, qui couvrait ses épaules et sa tête mais laissait voir sa poitrine et son ventre nus, décorés de bijoux en verroterie. Une gemme scintillait dans son nombril, afin d’accrocher les regards, tout comme le carmin de ses lèvres charnues qui contrastait avec le bleu ciel de ses yeux et de ses tatouages corporels. Un pantalon ample en soie piquetée de petites gemmes, complétait sa tenue. Elle ne portait pas d’armes car cela n’aurait pas cadré avec sa tenue de courtisane.

J’avais fait commander des récafs, du tana et quelques grillades, fruits et pâtisseries que de jeunes esclaves voilées étaient venues nous apporter en s’inclinant. Une fois qu’elles repartirent vers la salle bruyante et enfumée, je réenclenchais la rune en airain du système de commande de l’assourdisseur intégré dans la table basse en marqueterie. Ainsi la terrasse en alcôve où nous nous trouvions était isolée des oreilles indiscrètes. J’avais aussi, bien entendu, prévenu mes compagnons de laisser de côté le protocole inquisitorial. Nous étions ici incognito et sous Condition Spéciale, aussi aurait-il été mal venu que Jana ou un des membres de l’équipe trahisse notre présence en m’appelant inquisiteur.

Logan était assise à côté de moi, en tailleur sur les coussins moelleux d’un divan. Elle contemplait elle aussi la vue de la ville en contrebas, tout en fumant un narguilé aux senteurs opiacées et avec nonchalance. Jana, accoutumée aux traditions locales, parlait couramment leur langue, une sorte de dialecte aux voyelles aspirées et aux consonnes sonores et trainantes. Plusieurs langues semblaient se parler sur ce monde, dont le bas Gothique, une chance pour nous, me dis-je.
Cela faisait maintenant quelques heures que nous étions installés à cette terrasse suspendue du Jardin des Délices. Un des quartiers hauts de la Citadelle. Là, à l’ombre d’un auvent coloré, nous dominions les quartiers du commercia en contrebas avec ses souks animés et ses caravansérails cosmopolites. La foule s’y pressait pour ses échoppes mais aussi pour ses jeux d’argent, ses divertissements, ses tavernes et ses bordels qui ne désemplissaient jamais.

La Citadelle était le nom donné au palais jadis occupé par les premières dynasties de gouverneurs, entre les 34 et le 35ème millénaire. D’architecture bas Gothique classique, l’ouvrage avait été altéré et modifié par le temps, plusieurs fois incendié puis reconstruit, il était désormais un mélange de styles baroques aux influences diverses et variées, aux dômes, ziggurats et minarets étincelants. Il n’y avait plus de gouverneur impérial de façon permanente sur Logan depuis belle lurette, aussi le palais avait était occupé depuis des siècles par des successions de tyrans, de princes marchands ou de barons du crime. Ici le pouvoir n’était pas héréditaire, il ne se méritait pas, il se prenait par la force, même si des tentatives démocratiques avait eu lieu. Le nouveau seigneur qui régnait sur tout Logan se faisait appelé Sabellus l’Egaré mais il possédait bien d’autres titres à ce que nous raconta Jana.

-Certains l’appellent la Bête, le Sans-Pitié, l’Ogre de Tarlati ou encore le Cannibale de Valbona, nous dit-elle à voix basse. Bien des légendes courent sur son nom et la plupart sont destinées à effrayer les enfants désobéissants. D’autres disent qu’il doit son surnom d’Egaré au fait qu’il aurait été un ancien progenium perdu, issu de Cadia et qu’il aurait même eu un frère jumeau devenu seigneur militant. Mais nul ne sait réellement où finissent les légendes et où commence la vérité. Sabellus s’est forgé sa réputation au sein du secteur des Mondes Perdus et notamment sur les mondes de Sacer Mons, Nisus IV et Buoso del Geri dans le système inféodé de Rimini al-Sadat entre ici et le secteur cadien.
Certains prétendent qu’il aurait fait assassiner le gouverneur de Sacer Mons, le monde capital, alors que ce dernier refusait de lui donner la main de sa vierge de fille, âgée d’à peine treize ans. Le soir de l’assassinat du gouverneur, il l’épousa, la viola et la tua, devenant ainsi régent légitime. Suite à quoi il fit éliminer tous ses rivaux. Sur Sacer Mons, les barons du crime se déchiraient le pouvoir avant son ascension au pouvoir. En l’espace de quelques semaines ils furent tous retrouvés mort dans d’atroces circonstances, la marque de Sabellus laissée sur les victimes. Pholus Blake dit l’Eventreur de Sapphira fut retrouvé un matin, dans un bassin de sa villa, noyé dans le sang de ses propres dromeddons de course. Oderigi le Flingueur, dit le Dur ; on ne retrouva que sa tête tranchée, déposée dans un panier flottant sur Abel, le fleuve sacré. Brabant l’Infidèle fut retrouvé quant à lui, écorché vif puis cloué à l’Aquila désacralisé sur le parvis du Grand Templum. La liste fut longue, ceux qui ne périrent pas lui jurèrent allégeance.
-Et ici, il prit donc le pouvoir par la force ? Ajoutais-je.
-Oui et crois-le ou non, me dit-elle avec un air de comploteuse, mais depuis, le calme a été restauré sur cette fichue planète. Les affaires n’ont d’ailleurs jamais été aussi florissantes au niveau du commerce.
-A ce sujet, tu disais qu’il nous faudrait trouver un pilote et un vaisseau ?

Elle me désigna un cadre doré accroché sur un des murs donnant vers la salle de l’établissement où nous nous trouvions. L’holopix de couleur sépia avait été colorisé et présentait en buste et richement vêtu, un personnage corpulent à la large tête de bulldog et au cou d’orox. L’homme était représenté fumant un épais cigalho coincé entre ses dents et en dehors de son air cruel il n’était pas sans me rappeler étrangement quelqu’un que j’avais vu tout récemment.
Voyant que Logan avait succombée aux effets narcotiques du lho noir, ou à la chaleur combinée avec son récit, Jana se rapprocha et me fit oui de la tête. Elle se calla entre les coussins et sirota une gorgée de tana, puis reposa son verre sur la table basse.
Je sortis alors de mes pensées, m’interrogeant sur ce portrait.
-C’est Sabellus ? Mais quel rapport avec notre histoire de vaisseau ? Ne me dis pas que…
-Sabellus est à la tête d’un immense trafic de contrebande en rapport avec certains consortiums miniers et marchands. Un des mondes-forges du Mechanicum Noir connu sous le nom de Spawndeath, compte secrètement parmi ses clients réguliers. C’est lui qui les alimente en métaux rares.
-Tu veux dire… ?
-Que c’est là que se trouvent les fonderies maudites d’Anthérax le technosorcier et qu’Azencoth passe en effet par Sabellus pour se fournir en alliages rares pour ses propres expériences.
-Tu veux dire qu’Azencoth s’approvisionne ici en minerais, sur le Monde de Logan ?
-Oui. Ce dernier a l’habitude de travailler avec des transporteurs indépendants, des contrebandiers pour la plupart, loin des domaines de l’Imperium. Leurs capitaines sont bien payés mais ils savent très bien pour qui ils travaillent. Trahir Sabellus leur couterait très cher. Et c’est l’un d’eux qui approvisionne Azencoth.
-Et tu envisages de nous faire voyager jusqu’à ce monde, à bord de ce navire renégat, c’est bien cela ?
Elle me lança un regard étonné.
-Tu vois une meilleure idée ?
-C’est de la folie…
-Toute cette histoire n’est déjà que pure folie. Mais je ne vois pas de meilleure façon d’atteindre Spawndeath.

Je repensais alors soudain à notre récente mission sur Guranta et à ce Libre-Marchand dont le lien avait été fait entre lui et Azencoth. Les pièces du puzzle commençaient alors à se mettre en place.
-Ce type que Sabellus emploie, ce ne serait pas un certain Abdul Goldberg ? Lui lançais-je alors.
Elle me dévisagea avec ses grands yeux.
-Comment le connais-tu ?
-Je ne le connais pas mais je l’ai déjà croisé et son nom figure sur la liste noire des hérétiques fichés par nos services.

D’une de mes poches, je tirais une tablette de données et l’activais grâce à mes coordonnées biométriques.
Les informations qu’elle contenait m’avaient été transmises par le Seigneur Mkmillan qui lui-même les avait obtenu lors de notre procès sur Necromunda. Ces données avaient été secrètement subtilisées par Meredith alors qu’elle s’était introduite dans les appartements privatifs d’Azencoth sur Karis Cephalon. C’était ces données que je cherchais à l’époque et Meredith avait volontairement omis de me les transmettre. Elle avait joué solo et cela me déplaisait beaucoup. Je n’avais pas vraiment eu d’autres choix que de la réintégrer dans l’équipe, aussi avais-je décidé de me montrer plus prudent à son égard. Au moindre faux pas je ne la louperai pas.
Ces informations avaient pu être partiellement décodées. Y étaient repris en détails un projet de création d’une armée de cyborgs démoniaques et polymorphes constitués à partir d’un alliage métallique xenos. Par le biais de rituels démoniaques à grande échelle, Azencoth était parvenu à contrôler ce nécroderme utilisé par les infâmes Nécrons. D’après ses études, les premiers essais n’avaient pas été concluants car le métal xenos était trop instable. Mais à ce qu’il prétendait, il était sur le point de réussir. Tout n’était désormais qu’une question de temps. Parmi les autres documents, figurait aussi les plans internes de son complexe souterrain au sein du monde-forge et cela allait nous être des plus précieux.
Mon plan était de nous y introduire et de tenter de tout détruire. Quant à savoir comment nous allions nous y prendre était le grand mystère qu’il me restait à solutionner.

-Parle-moi de ce monde-forge, Spawndeath. Où est-il situé ? A quoi ressemble ce monde ?
-Il se trouve proche du cœur de l’Œil de la Terreur, me répondit-elle. Son regard vagabonda tandis qu’elle se remémorait sa captivité en un tel lieu. Elle reprit son récit.
-Il se trouve là où les lois de la physique ne s’appliquent plus et où les Princes Démons recréent leur environnement selon leur esprit dément. Cette planète est composée de méthane à l’état solide et gelé en son cœur, mais recouverte d’immenses volcans et de coulées de lave liquide et mouvante en surface. Les infrastructures du Mechanicum Noir sont souterraines et enfouies profondément au cœur du noyau solide et gelé. Les seules voies d’accès se font via de longs puits de communication depuis la surface. Gardés par des troupes renégates et des machines démoniaques, le monde dispose de sa propre défense orbitale.
-Tu me disais que Goldberg, le Libre-Marchand alimente ce monde en minerais depuis le Monde de Logan. Sais-tu s’il est ici et s’il est prévu qu’il s’y rende prochainement ?
-Je l’ignore. Il faudrait voir cela auprès de Sabellus, j’imagine ?
-Tu plaisantes ? Je n’ai pas l’intention de traiter avec une brute de son espèce.
-Toi non. Mais il est possible que j’ai plus de chance à ce niveau-là, me dit-elle avec un sourire.
-Et en quoi ?
-Tu oublis que j’ai servi en tant que magesclave sur Spawndeath. Sabellus l’ignore mais j’ai eu connaissance du projet dans ses moindres détails. Je pourrais me présenter à lui comme dignitaire envoyée par Azencoth pour…je ne sais pas moi…surveiller le bon déroulement des opérations ?
-Comment pourrait-il t’identifier en tant que telle ?
Elle posa un doigt sur un de ses tatouages situés sur sa poitrine.
-Certaines marques sur ma peau le confirmeront, tout comme certains noms que je connais, qui devraient le convaincre.
-Sabellus sait peut-être qu’Azencoth te recherche, non ?
-Je ne crois pas…mais c’est un risque à prendre. Me dit-elle, son regard déterminé, rivé dans le mien.

J’avoue que je ne disposais pas de meilleure idée. Cette fille était tout ce que l’Imperium prenait plaisir à voir brûler sur un bûcher et moi j’avais préféré ne pas suivre cette règle. Mon devoir aurait été de la juger pour ses crimes passés, de les lui faire expier dans le sang et la douleur et de finalement la soumettre au feu purificateur. Pourtant, m’arrêter à faire le procès de cette Wyrd aurait été un leurre et une pure perte d’énergie quoi qu’en disent les Ordos. Il me fallait toucher le mal à la racine, là où cela ferait mal à l’ennemi. Pour cela, j’allais non seulement avoir besoin d’elle, mais il me fallait surtout accepter de m’engager sur la voie de la damnation si je voulais que ma mission réussisse. Cette fille allait être, j’en étais alors certain, l’objet du destin.


Sial perché sur un rocher surplombait la vallée en contrebas avec son activité incessante, ses bruits et sa poussière. Un peu plus loin se trouvait l’astroport bruyant et pollué. Là, au sommet des collines il avait trouvé une certaine quiétude même si ce monde avait bien changé depuis des millénaires. Un lézard sauteur l’observait à distance depuis un moment, curieux mais pas téméraire. Le reptile prenait son bain de soleil. Cela lui rappela Smaug son kerunkaï. Il avait dû le laisser sur Haranshemash, une simple précaution qui était des plus sages au vue de ce qui se présageait. Pourtant le petit reptile paraissait totalement inconscient des courants qui sillonnaient ces collines. Une force lointaine parlait à ce monde et seuls ceux qui savaient écouter pouvaient l’entendre. Il replia la lunette optique dans laquelle il scrutait la région et sut qu’ils étaient arrivés bien avant que le lézard sauteur ne décampe. Une silhouette fantomatique vint se tenir à ses côtés, en retrait et le salua en posant un genou au sol, tête baissée. Sial savait que les autres membres de l’escouade istu-karun de Lomendil étaient dispersés dans les rochers alentours. Leur cape coldras les faisant passer pour un œil non exercé de mon-keigh pour de simples rochers.
Lomendil et ses hommes avaient été affectés secrètement à Sial par le conseil des Prescients d’Ulthwé. Ils formaient une sorte d’équipe de terrain qui était là pour l’assister dans sa mission.
Sial se retourna.
-Relève-toi, Lomendil et parle.
Le chef d’escouade obéit.
-Seigneur Archonte, ce monde est bien celui que nous recherchons. Les autres planètes de ce système n’ont plus la même résonnance, seul celui-ci possède encore ses portails. Il est toujours connecté.
-Alors la prophétie dit vrai. Ces mondes perdus faisaient jadis partie de notre empire et c’est bien sur celui-ci que l’influence d’Isha s’exerce toujours, j’ai pu la sentir.
Sial se permit un petit sourire. Où qu’elle soit retenue dans le Warp, il savait qu’Isha n’avait jamais abandonné son peuple. Même si ses pouvoirs étaient faibles et diffus, ils n’en demeuraient pas moins toujours présents. Elle avait toujours su laver la corruption d’un monde et celui-ci en était l’exemple. Isha la Grande, la Pure leur faisait savoir qu’elle était toujours là pour ses enfants et qu’elle empêchait cet ancien monde sanctuaire de sombrer totalement sous l’influence du Chaos, ici aux portes même de l’Œil de la Terreur.
-Seigneur…pour…pourquoi chercher ainsi à protéger un monde désormais désacralisé par des races inférieures ?
-Ce n’est pas pour eux qu’elle fait tout ceci mon ami mais pour une cause beaucoup plus grande.
-Quels sont les ordres Seigneur Archonte ?
-Tiens-toi près, toi et tes hommes. Les évènements devraient se précipiter rapidement à présent.


Deux autres jours furent nécessaires pour planifier notre entrevue avec le Seigneur Sabellus.
A notre arrivée à Helsreach, j’avais utilisé une partie de nos fonds pour louer une ancienne bâtisse dans le quartier de la Basilica, seul templum encore debout dans la Citadelle. A l’abandon, l’ancien temple me fit peine à voir. Nul ecclésiaste ne venait plus y prêcher depuis des décennies, sans doute plus. Pourtant la foi ne semblait pas avoir déserté le cœur de certains habitants. Il était évident que certains venaient pour y prier en cachette à en juger les offrandes, ex-voto et autres cierges consumés qui avaient été déposés devant son autel délabré.
La demeure que nous occupions la jouxtait et était assez vaste pour nous tous. J’exposais alors le plan de Jana au reste de l’équipe.
Je vis tout de suite que Logan ne semblait pas approuver, trouvant ce plan trop risqué. Je ne pouvais l’en blâmer ceci dit. L’eldar resta plutôt réservé tandis que Meredith pour une fois paraissait des plus enthousiastes.

Cette dernière, dès le soir même nous avait rejoint avec un speeder qu’elle avait loué et rangé dans la remise. Le véhicule était un ancien châssis de Land Speeder totalement modifié, profilé et rallongé. Dans la soute arrière, elle nous présenta ses dernières trouvailles.
Elle alluma un électroflambeau et l’approcha de la caisse qu’elle ouvrit. L’intérieur était rempli d’armes étranges. Composée d’une sorte de métal huileux, elles étaient toutes équipées ou couvertes de lames et de tranchants.
-Qu’est-ce que c’est ? Des armes xenos ? Lui lâchais-je avec étonnement.
Sial fit une petite grimace en les reconnaissant.
Meredith se saisit d’un fusil long à l’aspect résolument xenos.
-Ce sont des armes eldars noirs. Rares, mortelles et enduites de toxines mortelles. Nous pourrions nous en servir de monnaie d’échange au cas où ? Ou juste s’équiper de quelques-unes de ces armes pour faire plus...crédible.
N’osant y toucher je relevais mon regard vers l’assassin.
-Et comment t’es-tu procuré tout ceci ?
-Ho…je les ai eues pour trois fois rien dans le souk. Des armes en tout genre circulent ici.

Je commençais à connaitre Meredith et sus qu’elle ne me disait pas tout. Aussi peu de temps après, lorsque Sial me prit à part pour me parler, j’en eu enfin le cœur net.
-Cet après-midi j’ai pris la liberté de t’emprunter Ophram ton servo-crâne, me dit-il.
J’avais en effet toujours avec moi le petit serviteur bardé d’auspex. Afin de ne pas attirer les soupçons je le laissais en général dans la maison.
-Et qu’as-tu fais avec ? Lui demandais-je.
-Je lui ai ordonné de suivre Meredith à distance.
-Et ?
-Elle t’a mentis. Elle n’a pas acheté ses armes. Elle a tué leurs propriétaires et leur a volé.
-Quoi d’autre ? Ajoutais-je. Bizarrement cela ne m’étonnais presque pas venant d’elle.
-Elle a loué un petit entrepôt et y a déposé le reste des armes.
-Le reste des armes ?
-Six autres caisses, comme celles qu’elle vient de nous montrer.
Je savais bien que les ennuis allaient finir par arriver.
Je demandais à Sial de garder cela pour lui pour l’instant. J’avais besoin de Meredith de toute façon dans l’immédiat. Mais il était clair que s’il nous arrivait de revenir vivant de cet enfer qui nous attendait, je me chargerais en personne de lui purifier l’esprit et de la reconditionner.



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Message par Illuminati Mar 12 Nov 2013 - 10:05

Œil de la Terreur, Monde de Logan
Helsreach, Quartier de la Basilica.
Jour et date inconnus. (Tempus Obscurus)
Deux jours plus tard vers 20h.


Nous avions suivi les plans comme Jana l’avait suggéré et deux jours plus tard nous nous présentions au palais de Sabellus pour lui demander une audience. Ces deux journées avaient été mises à profit pour peaufiner nos couvertures afin de nous rendre crédibles. J’avais demandé à Meredith de sortir la Chimère de la navette laissée à l’astroport et de la revendre discrètement au marché noir. Ce qu’elle fit. En échange de quoi, elle revint avec une belle petite somme en monnaie locale. Je gardais alors cet argent pour la suite de notre plan. Dans l’immédiat nous devions déjà rencontrer le seigneur des lieux.
Jana jouait son propre rôle. A savoir un agent d’Azencoth envoyé pour s’assurer que les demandes de son maitre seraient respectées. Meredith et moi allions jouer le rôle de gardes du corps. Nous déguiser en mercenaires armés ne fut pas le plus difficile. Meredith avait notamment tenu à s’équiper d’armes qu’elle avait volées aux eldars noirs. Je n’y tenais pas particulièrement mais je du avouer que cela lui donnait un air des plus crédibles.

Je laissais volontairement Logan et Sial en couverture. Ils ne nous accompagneraient pas dans le palais mais couvriraient ses abords. Si quelque chose devait mal tourner, je comptais sur eux pour nous sortir de là.

L’audience nous fut accordée et sous bonne escorte nous fûmes conduits tous les trois au travers d’un dédale obscur de passages et de couloirs. L’entrée était lourdement protégée et les gardes, de races diverses étaient tous équipés d’une combinaison d’armes et armures tant impériales que xenos. La salle d’audience où trônait Sabellus était lui aussi un véritable pandémonium. Un spectacle s’y jouait au son de tambourins endiablés et de flûtes aux rythmes lancinants.
Au centre de la vaste salle richement décorée de tentures chatoyantes et de trophées de toutes races, combattaient deux créatures. L’une d’elles était une jeune femme au physique élancé et athlétique de gymnaste. Son corps à la peau couleur de perle était presque nu à l’exception de sous-vêtements en une sorte de cuir noir. Je la pris tout d’abord pour une humaine, mais me ravisais aussitôt. Elle bougeait bien trop vite et la souplesse de son corps avait quelque chose de félin qu’aucune humaine ne pouvait reproduire. Ses cheveux bleus électriques attachés en queue de cheval, ses traits cruels, ses yeux et ses oreilles de xenos la désignaient comme une de ces guerrières eldar noirs. Des tueuses impitoyables formées dès l’enfance aux arts de l’arène et connues sous le nom de cérastes. A en juger par l’aspect redoutable de celle-ci j’en déduisis qu’elle devait être une de leurs championnes surnommées succubes.
Elle se battait avec une lame-fouet dans une main, qu’elle faisait tournoyer autour d’elle et une dague monomoléculaire à double lames dans l’autre.
Son adversaire était un monstre de cauchemar. Un Sslyth. Cette race peu connue en dehors de l’Ordo Xenos et de la Deathwatch est souvent associée aux eldars noirs qui les emploient comme garde du corps. Haut de près de trois mètres, son corps était celui d’un grand serpent couleur émeraude qui se tenait redressé de toute sa hauteur. Il était dépourvu de membres inférieures et de déplaçait avec souplesse grâce à sa queue musculeuse. Le haut de son corps était pourvu de quatre bras. Chacun maniait un long cimeterre avec lesquels il parait et portait tour à tour ses attaques avec force.
Leur combat était à la fois une sorte de danse artistique d’une prouesse inégalée et une démonstration martiale qui pouvait faire pâlir bien des guerriers.
Je vis que Meredith suivait le combat avec une grande attention, enregistrant sans aucun doute chaque technique de combat employée.
Les pourtours de la vaste salle étaient emplis d’alcôves et de banquettes basses garnies de cousins colorés dans lesquels se vautraient une cinquantaine de convives. Fumant de l’obscura dans des narguilés ou buvant des liqueurs servies par de jeunes esclaves au corps peint, ils étaient en train de festoyer. Certains étaient visiblement amusés par le spectacle en cours alors que d’autres paraissaient absorbés par des conversations privées. Tous affichaient des airs de puissants dignitaires, vêtus de riches habits hauts en couleurs et encadrés de gardes du corps. Je reconnus là des libres-marchands, des écclésiastes dévoyés, des Magos hereteks, des barons de la pègre et des seigneurs de la contrebande xenos, affiliés au sinistre Commerce Froid. Certains visages ne m’étaient pas inconnus pour les avoir déjà consultés au sein des Ordos. Je reconnus notamment la très controversée Princesse Euphrate d’Estephani, une des magnats de la Kasballica dans le Segmentum Obscurus. Sous ses airs de jeune femme de la noblesse impériale dilettante, elle était suspectée de diriger le plus grand narcotrafic xenos du secteur. Comme à son habitude, elle était encadrée de ses deux « Anges » à qui elle caressait leurs longs cheveux avec tendresse. Etendues tout contre elle avec une nonchalance feinte et parfaitement étudiée, leur combinaison moulante servait à déjouer l’attention. Peu de gens savaient qu’en réalité, il s’agissait de deux mortelles cultistes du sang, disciples de la Voie Incarnadine, un terrible culte haemovore.

Sur son trône antigrav flottant à un mètre cinquante du sol, siégeait Sabellus que je reconnus grâce au portrait que Jana m’avait montré quelques jours auparavant. L’holopix du personnage avait due être idéalisée. L’homme était tellement obèse qu’il lui était à présent impossible de se mouvoir. Sa peau était grêlée et noyées dans une barbe de trois jours. Il fumait un épais cigare tout en observant le combat qui se jouait devant lui avec un véritable attrait. Deux jeunes éphèbes efféminés et à demi nus étaient allongés à ses pieds et tenus en laisse. Tel un véritable gouverneur de province, il était vêtu de soies bariolées, de fourrures, de dorures et de bijoux des plus ostentatoires, Je n’eus aucune peine à imaginer qu’un tel personnage puisse être à la tête de ce conclave de criminels. J’imaginais un instant ce que feraient une escouade de l’Astartes ou de la Sororita en un tel lieu. Un véritable massacre.

Dissipant mes pensées et mon dégout, je restais concentré sur notre objectif. Notre visage dissimulé derrière un masque respirateur et une capuche, nous restâmes en retrait derrière Jana. Celle-ci vint se faire annoncer à voix basse auprès d’un serviteur, elle retira sa capuche tout en parlant, dévoilant ainsi les marques sur son crâne imberbe. Le serviteur était un modèle Simulacre de protocole, d’ancienne génération mais en parfait état. Son corps intégralement cybernétisé avait été entièrement plaqué or, ce qui, pour les standards de l’Imperium, aurait été d’un goût des plus douteux.
Jana lui murmura quelques mots que je ne compris pas. Le cyborg fit cliqueter ses implants optiques puis se retourna en claudiquant maladroitement vers son seigneur et maitre avec qui il échangea quelques mots.
Je vis tout d’abord que Sabellus semblait agacé d’être ainsi dérangé en plein spectacle et ne prêta qu’une oreille peut attentive à son cyborg. Ce dernier revint vers Jana, lui faisant signe d’avancer.

Meredith et moi dûmes rester en arrière à attendre. Deux ogryns armés de masses en acier nous encadrèrent en grondant, nous faisant comprendre de ne pas aller plus loin. L’échange entre Sabellus et Jana prit alors de longues minutes qui me parurent interminables.

Dans la salle, l’alcool et l’Obscura circulaient ainsi que d’autres substances illicites. La musique lancinante, le son des percussions, le brouhaha causé par le combat que se jouait et par les convives me donnaient le tournis. Une Céraste à demi nue, elle aussi s’approcha de Meredith et de moi de sa démarche souple et féline de xenos. A en juger par son apparence, elle devait faire partie de la même équipe que celle qui combattait le Sslyth en ce moment-même. D’ailleurs je repérais à ce moment là, plusieurs de ses congénères qui nous lançaient des regards hostiles depuis l’autre côté de la salle. Son regard de prédatrice était focalisé sur nous et je sentis que Meredith était toute concentrée sur elle. Je lui ordonnais alors de ne surtout pas agir sans mon ordre. La xenos se campa devant nous et se mit lentement à nous dévisager d’un air méprisant.
-Farath-mure on’sorea, mon-keigh! Nous cracha-t-elle au visage.
Je crus alors comprendre, grâce à mes quelques notions de langue eldar qu’elle parlait là des armes que portait Meredith. Malgré mes craintes, les ennuis venaient de commencer.

Des cris parcoururent la salle alors qu’au niveau du combat, la guerrière venait, d’un geste fluide et d’une rapidité inhumaine, de porter un coup à l’aide de son épée-fouet. L’arme s’enroula autour de deux des avant-bras de la créature, ses lames rasoirs entaillèrent ses chairs et lui sectionnèrent les mains qui se mirent à tourbillonner dans les airs, leurs cimeterres toujours tenus fermement. La bête poussa un sifflement rauque, dévoilant une longue langue bifide entre ses crochets venimeux. L’eldar n’attendit même pas que les membres tranchés touchent le sol, dans la même seconde, elle effectua un multiple salto au-dessus du Sslyth, et le décapita proprement de sa longue dague dentelée.
Le long corps sinueux fut alors pris de spasmes et tandis qu’un sang rouge vif se mit à gicler en tout sens, il retomba lourdement au sol. Les premiers rangs de convives furent alors aspergés mais se mirent à ovationner la guerrière eldar. Cette dernière se redressa fièrement. Son corps d’esthète à la peau de perle était mouceté du sang de la bête qui gisait, encore saisie de spasmes, à ses pieds. Elle agrippa la tête du Sslyth et la souleva bien haut afin que tout le monde puisse la voir.

Mon attention était cependant toute reportée sur ce qui se déroulait juste à côté de moi. La xenos commençait à s’en prendre à Meredith. Cette dernière ne bougea pas mais lorsque l’eldar voulut se saisir de l’épée qu’elle portait à la ceinture, Meredith l’arrêta d’un geste net. Une dague venait de jaillir dans sa main, prête à ouvrir la gorge de la xenos.
A côté de nous, les gardes Ogryns levèrent lentement leur masse, prenant bien garde à ce qu’aucun de nous n’aille trop loin.

Le brouhaha et la musique cessèrent d’un coup et toutes les attentions se tournèrent vers nous.
L’eldar foudroya Meredith du regard. J’étais en train de transpirer à grosses gouttes sous mes robes à capuche et m’apprêtais à sortir mes armes à tout instant. Si un combat devait s’engager ici, nous étions perdus.
Jana allait faire mine d’intervenir mais Sabellus l’arrêta d’un geste. Un garde vint se tenir à ses côtés, lui signifiant qu’elle n’allait aller nulle part.
Son Simulacre de protocole s’avança en claudiquant. Je vis alors avec effroi que les autres guerrières eldars s’étaient approchées, encadrant la succube. Cette dernière avança vers nous et tout le monde s’écarta sur son passage.

Le cyborg doré vint se tenir devant nous. Son amplivox fit porter sa voix métallique dans tout le hall.
-Mon Maitre, le Puissant Sabellus souhaite connaitre les raisons de tout ce trouble.

La Céraste qui se tenait devant Meredith, répondit dans un bas Gothique à l’accent sifflant comme une lame tranchante.
-Ces êtres inférieurs portent des armes qui ne leur appartiennent pas. Ce sont celles de notre culte. Cet affront va devoir se payer de leur vie !

Sabellus prit le temps de savourer son cigare et de manger une pâtisserie, que lui tendait un de ses éphèbes, sur un plateau d’argent. Il se retourna vers Jana tout en suçant ses doigts grassouillets.
-Et bien, magesclave, qu’avez-vous à répondre à cela ? Le vol est un crime puni par la loi, non ?
L’ensemble des convives se mit alors à éclater de rire à la remarque du seigneur des lieux. Les seuls à ne pas partager cet humour étaient les eldars et nous-mêmes.
-Ces armes ont été gagnées au combat par ma Garde-Vie, annonça alors Jana, d’une voix claire et avec aplomb.

Des bruits d’étonnement parcoururent la salle.
La succube s’approcha alors de nous, écartant les Ogryns et la céraste. Elle toisa Meredith.
-Tu dois être une guerrière exceptionnelle dans ce cas ? Siffla-t-elle d’une voix chantante mais au genre indéterminé. Ce sera alors un vrai plaisir de t’arracher le cœur et de boire ton âme, mortelle !

Sans prévenir, elle bondit sur Meredith, cherchant à l’éventrer d’un geste foudroyant. L’assassin l’esquiva de justesse. Leurs lames se croisèrent et elles échangèrent une volée de coups à une vitesse trop rapide pour être suivie à l’œil nu. Elles dansèrent ainsi parmi les tables, faisant voler verres et bouteilles et dispersant les convives autour d’elles.
L’assemblée était subjuguée. Une humaine non modifiée ne pouvait absolument pas rivaliser avec une succube eldar noire, c’était une règles établie, comme une loi de la physique. Même ici, aux portes de l’œil de la Terreur, cela ne s’était jamais vu, d’autant plus que le combat durait désormais depuis trois minutes et n’avait pas ralenti son rythme effréné.
Un coup, un seul, porta.
La dague de Meredith vola à quelques mètres de là alors qu’un petit filet de sang jaillit dans les airs. Les gouttelettes restèrent un instant en suspens, comme les cris étouffés de l’assemblée.
Elle tomba sur un genou, serrant d’une main la plaie qui lui avait ouvert le flanc. Meredith grimaça, le souffle court, en nage, ne cachant pas la douleur vive qui l’assaillait.
Son adversaire resta un instant à la contempler, un sourire sur les lèvres. Elle lui tourna lentement autour, tel un prédateur sachant sa proie agonisante. D’une main, elle lui empoigna les cheveux et la força à relever la tête. Meredith ne chercha pas à s’y soumettre, haletante, elle exposa sa gorge nue au tranchant de la lame dentelée qui vint s’y plaquer, entaillant la peau et laissant perler quelques gouttes de sang.
La succube leva son regard vers Sabellus, voulant qu’il voit le spectacle qu’elle allait lui offrir. Elle se moquait éperdument qu’il valide ou non son droit à ouvrir la gorge de sa proie. L’important était que tous ici présent, assistent à cette scène.
Le geste fut trop rapide pour être suivi à l’œil nu, même pour une eldar. D’une main, Meredith lui avait agrippé le poignet qui tenait la lame. D’un mouvement ascendant, elle lui planta la dague monomoléculaire juste sous le menton. La lame pénétra de façon oblique, sectionnant la trachée, l’œsophage, puis les cervicales et ressortit enfin par l’os occipital à l’arrière du crâne. Un filet de sang se mit à couler aussitôt de la gorge ouverte et de l’arrière de sa tête, maculant sa longue chevelure bleue. Ses yeux se révulsèrent et son corps convulsa. La mort venait d’être aussi foudroyante qu’efficace.
Meredith se redressa doucement. De son poignet, elle donna un quart de tour à la lame qui déboita les cervicales de l’eldar dans un sinistre craquement humide, consciente que le geste allait être bien audible dans toute la salle. L’impact était avant tout psychologique. Elle ressortit la dague d’un coup sec. Une gerbe d’un sang écarlate se mit à ruisseler de la gorge ouverte, telle une fontaine, éclaboussant ses mains, ses bras, son torse et même son visage. Elle laissa retomber le cadavre sur le sol, dans un bruit sinistre et dans une flaque d’un joli rouge carmin.
La foule de convives en resta sans voix.

Le coup était certes déloyal, mais Meredith venait de jouer selon ses propres règles. Sa blessure, bien que réelle mais mineure pour un agent de son temple, n’était qu’une feinte et elle savait que l’eldar était trop sûre de sa victoire. La ruse et la duperie étaient les meilleures armes des assassins Callidus.

Les cérastes, prisent de stupeur, se mirent aussitôt à murmurer des mots atroces dans leur langue impie. Elles nous lancèrent des regards haineux. Puis l’une d’elles ordonna à ses équipières de se retirer. Avant de quitter les lieux, elle riva son regard dans celui de Meredith et lui dit :
-Iem illthàret, ashà iem fùrtamure Aùal !
Je n’eus pas besoin de traduction pour comprendre qu’elles n’allaient pas en rester là.

Une fois qu’elles furent parties, Sabellus tapa dans ses mains à l’attention des musiciens et des danseuses qui reprirent soudain leur rôle d’amuseurs, comme si de rien n’était alors que les convives reprirent leurs activités. Des serviteurs se hâtèrent de nettoyer la salle rapidement des cadavres qui trainaient. Sabellus vida un verre de vin que son jeune esclave androgyne lui tendit puis reporta son attention vers Jana, toujours à ses côtés.
-Vous avez finalement un certain sens du divertissement que j’apprécie, magesclave. Dites à Azencoth, votre Maitre que j’accède à sa requête. Demain matin, je vous ferais conduire pour une visite de notre mine de Koper Pedy.
-Merci, Seigneur, lui dit-elle en s’inclinant légèrement.

Sabellus fit un signe en direction d’une silhouette qui se tenait dans l’ombre d’une alcôve. Cette dernière approcha du trône et s’inclina légèrement. Il s’agissait d’une jeune femme vêtue d’une combinaison noire intégrale, d’une longue cape ainsi que d'un fouloir de même couleur. Ce dernier entourait son visage et seuls ses yeux d’un gris glacial étaient visibles. Son attitude impassible et sa démarche la désignait comme une tueuse sûre d’elle.
Sabellus la présenta à Jana.
-Mara est un de mes fidèles agents qui travaille justement sur ce projet. Elle vous accompagnera et répondra à toutes vos questions.
Cette dernière s’inclina devant la requête de son maitre.
Jana s’inclina à son tour et allait se retirer mais Sabellus la retint d’une main grasse et épaisse, serrant son poignet. Il passa le bout de sa langue sur ses lèvres épaisses, tout en la déshabillant totalement du regard.
-Renvoyez vos laquais, ma chère petite. Ils se chargeront bien de porter la nouvelle, seuls à Azencoth. Malgré la jolie prouesse de votre tueuse, je crains fort qu’ils viennent de signer là, leur propre arrêt de mort. La Cabale des Lames de Sang ne sont certainement pas des plaisantins et ils ne laisseront jamais passer un tel affront, je peux vous le garantir. Vous ne vous étiez pas attaché à vos esclaves, au moins ?
Elle soutint son regard, une vague d’inquiétude lui poignarda soudain le ventre. Elle parvint au prix d’un effort à masquer sa panique tant en s’inclinant.
-Mon Maitre n’aura qu’à m’en donner d’autres, dans ce cas, finit-elle par lâcher en baissant les yeux.
Il rit à gorge déployée à sa remarque.
Reprenant son sérieux, il la dévisagea en tapotant ses doigts sur ses lèvres, comme si elle allait être sa prochaine gourmandise.
Ce qui était le cas en réalité, les marques sur sa peau la désignaient très clairement pour ce qu’elle était. Un objet de désir servile et obéissant. Un présent de choix envoyé par Azencoth.
Il l’attrapa par le bras, la plaquant contre sa panse.
-Dans ce cas... Lui dit-il en approchant son visage bovin du sien. Vous me ferez l’honneur de rester pour la nuit.
Jana cacha son dégout en s’inclinant servilement.
En me proposant ce plan, elle savait pertinemment ce qui l’attendait et s’était bien cachée de me le révéler sans quoi je ne l’aurais jamais accepté.

Je m’apprêtais à intervenir mais ne pus même pas faire un mètre de plus. Un des ogryns, m’attrapa sans ménagement par la nuque et serra, manquant me briser en deux. Sans effort il me souleva du sol et me traina vers la porte tandis que j’étais en train de m’étouffer.
L’espace d’un bref instant, je perçus le regard de la fille en noir. Mara. Le signe fut imperceptible et furtif, comme cherchant à me signaler quelque chose. L’instant d’après, elle disparut dans les ombres.

Les gardes ogryns nous firent reconduire Meredith et moi vers la sortie et nous jetèrent avec violence, à même le sol, dans la crasse poussiéreuse de la rue. Les portes du palais se refermèrent tandis que je laissais exploser ma rage et ma frustration. Meredith eut la bonne idée de disparaitre, sans quoi je l’aurais abattue séance tenante.
Elle était une fois de plus, à l’origine de ce terrible fiasco.
Je m’empressais de retrouver Logan et Sial qui nous attendaient non loin de là et leur exposais la situation, incapable de reprendre mon calme.
J’étais furieux à l’encontre de Meredith. A cause d’elle la situation avait une fois de plus dégénéré.

De retour dans notre demeure, elle refit son apparition, me lançant un regard froid.
-Tu devrais au contraire me remercier. Mon rôle n’a fait que renforcer la crédibilité de cette sorcière. Avec un peu de chance, sa couverture nous permettra d’approcher ce libre-marchand.
-Ce n’était pas le plan, Meredith ! Lui lâchais-je en hurlant !
Elle plongea son regard sombre dans le mien.
-Cette fille sait ce qu’elle fait, non ? Exitus Acta Probat ! La fin justifie les moyens !
-Crois-tu qu’il était véritablement pertinent de voler des armes à des eldars noirs ? Crois-tu que tuer l’une d’elle en duel était ce dont nous avions le plus besoin ?
Elle me lança ce regard, un peu comme si un débile était en train de lui parler.
-Evidemment que c’était pertinent. Evidemment ! Comment crois-tu que notre couverture reste crédible une seule seconde si nous ne passons pas pour de véritables hérétiques ? Nous sommes censés être les serviteurs d’un sorcier du Chaos, la Wyrd est censé être une sorcière à son service et je crois sincèrement que tout le monde y a cru ce soir, non ?
-En la laissant là-bas, nous venons de condamner notre seule chance d’atteindre Azencoth.
-Non. C’est une sorcière pervertie par le Warp et la luxure. Si cela ne tenait qu’à moi, elle serait morte depuis longtemps. Se servir de cette…catin hérétique est une aberration. Qu’elle se sacrifie, c’est un service qu’elle rend à la galaxie.
-Jana est la clé. Elle est un élément vital pour la mission que nous allons mener…
Relavant un sourcil, Meredith me lança un regard accusateur.
-Jana ?
Elle se permit un petit sourire.
-Je comprends désormais pourquoi son sort te touche autant, Joshua.
-Je soutins son regard sans broncher.
Je ne cherchais pas à argumenter. Je laissais passer quelques secondes. La sortir du palais n’étais pas une option envisageable et puis cela condamnerait en effet tous nos plans. J’espérais au moins qu’elle savait ce qu’elle faisait.
-Allons à la navette, lançais-je. Je souhaiterais consulter les holocartes de la région et faire un repérage, nous savons où ils comptent l’emmener demain matin. Un endroit dénommé Koper Pedy. Nous devrons la retrouver là-bas.

Une bonne heure plus tard, nous nous retrouvions à l’astroport. L’idée était, comme je l’avais évoqué, d’aller dans un premier temps en repérage des lieux. Le site se trouvait à quelques centaines de kilomètres de là, aussi nous y fûmes en moins d’une heure.
Nous laissâmes la navette à un bon kilomètre du site minier et fîmes le reste à pied. Les collines environnantes nous fournirent le couvert nécessaire.
Meredith repéra une série d’anciennes galeries qui semblaient sillonner la région. Plusieurs d’entre elles traversaient une colline de par en par.
Elle emprunta un des boyaux et s’y engagea. Elle revint au bout de quelques minutes.
-Et bien ? Lui demandais-je.
-Ces anciens réseaux doivent être très certainement les vestiges d’anciennes mines car des restes d’étais et des traces d’excavations sont encore visibles. Nous pouvons les emprunter, ils mènent de l’autre côté de la colline.
Je regardais l’entrée de la mine avec suspicion. Voyant que l’ensemble avait l’air particulièrement ancien et fragilisé par le temps.
-Tu es sûre de toi ? Cela m’a l’air assez instable, non ?
Elle haussa les épaules.
-J’en reviens et rien ne s’est encore écroulé. Allez, suivez-moi.

Elle passa devant. Pas des plus rassurés, je décidais finalement de la suivre en allumant mon luminateur. Logan en fit de même. Elle et Sial suivirent enfin.

Le camp que nous cherchions était bien là, de l’autre côté, soit à environ huit cent mètres. Des véhicules et une armée de mineurs s’affairaient sur le chantier, même de nuit. Au sol, des équipes de manœuvres, des gardes et des contremaitres commençaient à s’activer au sein du camp fait de modules démontables. Des véhicules de chantier et des engins plus légers étaient parqués non loin, à proximité de zones de stockage ceints d’enclos grillagés où des serviteurs cybernétisés, s’activaient avec leur lenteur mécanique caractéristique.
Cela nous donnait un aperçu des lieux ainsi qu’une idée des effectifs. Tandis que j’enregistrais tous les paramètres possibles.
-Que fait-on ? Me demanda Logan.
-Nous allons étudier le plan du site et voir comment agir. Nous ferions mieux de revenir demain à la tombée de la nuit.
Un bruit attira l’attention de Sial qui me fit signe.
-Du monde approche, nous ferions bien de nous replier. Nous murmura-t-il.

Depuis la périphérie du camp, des patrouilles équipées de cyber-molosses semblaient effectuer des rondes. L’une d’entre elles allaient approcher de notre position.
J’ordonnais alors un repli en silence. Il n’était pas question de nous faire repérer maintenant.
Reprenant le chemin en sens inverse, nous retraversâmes la galerie que nous avions empruntée un peu plus tôt.

Meredith ouvrait la marche quelques mètres devant nous, ses armes à la main. Arrivée proche du point de sortie, elle nous fit signe d’éteindre nos lampes et de rester en retrait et en silence dans la galerie. Elle se glissa alors dehors pour partir inspecter les abords de la mine.
L’attente dura quelques minutes.
Autour de nous, nous commencions à entendre des bruits inquiétants. De la poussière se mit à tomber du plafond puis quelques petits graviers se mirent à pleuvoir en rebondissant au sol. Un grondement sourd commençait à se répercuter sur les parois.
Logan, habituée à la vie dans les ruches était particulièrement familiarisée avec ce genre de phénomènes. Les secousses sismiques étaient fréquentes dans les sous-ruches.
Elle se retourna vers nous en criant.
- Tout va s’écrouler ! Courrez !
Déjà, elle s’élançait vers la sortie située à plus d’une dizaine de mètres de là. Sial et moi la suivirent.
Alors qu’ils ne nous restaient plus que quelques mètres à parcourir, des blocs de roches se mirent à tomber autour de nous, puis des tonnes de terre compactée et soudain le noir et le silence nous envahirent.

Le grondement cessa dans un nuage de poussière et une pluie de gravats qui continuèrent de s’éparpiller à la sortie de la grotte.
Meredith, à quelques mètres de là, attendit quelques instants. Son plan avait fonctionné à merveille et ils étaient tombés dedans sans même s’en rendre compte. Le calme revint alors. Tenant un auspex, elle scanna l’entrée désormais comblée par les éboulis. Elle perçut leurs échos. Ils vivaient encore mais dans de telles conditions, leur espérance de vie ne dépasserait pas les deux minutes, durant lesquelles une lente et douloureuse asphyxie les attendait.
Surveillant son chrono, elle regarda défiler les secondes. Un large sourire se dessina sur ses lèvres fines.

Il mourut l’instant d’après. Des éboulis furent poussés puis deux bras en sortirent. Un corps couvert de terre et de poussière se laissa rouler au sol en toussant.
Logan.
Cette maudite garce de psyker avait décidemment la peau plus dure qu’elle n’y semblait, se dit-elle. Qu’importe. Elle et ses comparses allaient périr ici et maintenant et ainsi payer pour leurs crimes hérétiques.
Meredith porta la main à sa ceinture et décrocha une charge à fusion. Dans quelques instants, tout serait terminé.

Logan se redressa en essuyant la poussière qui lui couvrait le visage et les yeux. Elle crut reconnaitre Meredith.
-Par le Trône, Meredith…vient vite m’aider à les sortir de là !
Déjà Logan s’employait à dégager les gravats à mains nues. Par chance, mes sorts kinétiques et ceux de Sial nous avaient permis de nous protéger à la dernière seconde. La bulle dans laquelle nous nous trouvions nous permit de repousser les gravats et de nous extraire, non sans mal, de ce mauvais pas.

Derrière Logan, Meredith remit discrètement son bombe à fusion à sa ceinture. Son regard redevint dur et froid alors qu’elle fit mine de venir nous aider. A aucun moment, il nous vint à l’idée de la soupçonner de quoi que ce soit.
-Ne trainons pas ici, nous lança-t-elle. Leur patrouille ne va pas tarder à venir voir ce qui s’est passé.

Une heure plus tard, nous étions de retour à l’astroport.
Meredith resta à bord pour s’occuper des différents rituels d’apaisement de l’esprit de la navette.
Le reste de l’équipe et moi-même l’attendions à l’écart du tarmac. Logan alla finalement la rejoindre, trouvant le temps un peu long.
C’est alors qu’une onde de choc nous souleva de terre et nous propulsa à plusieurs mètres de là. Une vague de flammes dévasta tout sur son passage.

Sonné mais apparemment entier, je repris mes esprits au sein d’un enfer. Tout brulait autour de moi et des fragments incandescents continuaient de pleuvoir. La fumée me piquait les yeux et la gorge et je me mis soudain à tousser. Des fragments de carlingue couvraient tous les environs mais aussi des morceaux de maçonnerie, de moteurs divers et des restes calcinés de serviteurs aux implants encore visibles. Il y avait aussi des restes humains. Des corps recroquevillés et figés, noircis comme ces sorciers jetés dans des bûchers. Plein de corps. Avec peine je me relevais et me débarrassais de mon manteau qui était en train de prendre feu. Tout en titubant, hagard, je me mis à chercher mes compagnons tout en cherchant à me protéger de la fumée. J’enfilais le masque respirateur qui m’avait servi au palais de Sabellus.
Au loin des cris retentirent ainsi que le son des sirènes des gardes-feu. Des hommes accoururent à la recherche d’éventuels blessés. Des gens hurlaient, brûlés de manière horrible ou ayant perdu un membre, parfois deux, gisant dans leur propre sang.
Quelqu’un cria soudain mon nom et je finis par le voir. Sial était à peu près dans le même état que moi et il était penché sur un corps à moitié brulé dont les vêtements avaient disparus et dont les deux jambes étaient amputées juste au-dessus des genoux. Impossible à identifier à cause de ses horribles brulures, je ne pu que constater qu’il s’agissait là d’une femme. Ses chairs n’étaient plus que des plaies sanguinolentes, noircies et craquelées.
-Logan ! Me mis-je à hurler comme un damné, me précipitant vers elle. Déjà les premiers secours arrivaient sur place et des medicae accourraient.
Sial m’attrapa par les épaules et me secoua.
-Ce n’est pas Logan mais Meredith. Notre vaisseau a explosé Joshua.
Je le regardais incrédule.
-Mered…Elle est morte ?
-Je crois bien, que oui.
Une voix derrière lui nous confirma que ce n’était pas le cas. Un medic était déjà en train de l’intuber et de la perfuser. Il appela ses collègues à l’aide pour demander une évacuation de toute urgence.
J’attrapais le medic par le bras.
-Va-t-elle s’en sortir ?
-C’est déjà un miracle qu’elle soit encore en vie avec ce qu’elle doit endurer. Nous ferons tout ce qu’il faut mais ne gardez pas trop espoir, dans son état, je ne lui donne pas vingt-quatre heures.

Je laissais les équipes sanitaires s’en charger et me retournais vers Sial, ne pouvant rien faire de plus pour Meredith, sinon prier, trouvant encore un peu de force dans ma foi. Notre Empereur n’endurait-il pas une souffrance éternelle depuis dix millénaires ? J’étais encore en état de choc et ne parvenais pas à analyser la situation clairement.
-Logan ? Je ne l’ai pas retrouvé. Finis-je par articuler.
-Moi non plus mais nous ferions bien de la chercher rapidement.
-Que s’est-il passé ? Un accident ? Un attentat ?
C’est alors que j’entendis les bruits de moteurs. Des sifflements aigus de propulsions à plasma. Complètement hébété, je les regardais approcher, trois silhouettes profilées et garnies de lames acérées. L’une d’elles vira sur son aileron mais quelque chose me plaqua au sol juste avant que les lames de la motojet Raptor ne soient sur moi. Le hurlement strident du moteur antigrav passa à moins d’un mètre d’où je me trouvais. Au sol, je compris soudain ce qui venait de se passer. Sial venait de me sauver la vie. D’un bond prodigieux il s’élança, dégainant son pistolet shuriken et allait tirer ses projectiles monomoléculaires. Il se ravisa à la dernière seconde en jurant dans sa langue xenos.
Je me relevais à grand peine, réalisant vaguement ce qui venait de se passer en regardant les motojets eldars noirs s’éloigner, impuissant. Derrière l’une d’elle, accroché au bout d’une chaine, pendait un corps qui hurlait.

-Pourquoi n’as-tu pas… ?
Il se retourna vers moi l’air grave tout en rengainant son arme.
-Désolé Joshua, je n’ai rien pu faire. Ils ont emmené Logan avec eux.

Tombant soudain à genoux, impuissant, je ne pus qu’implorer l’Empereur-Dieu pour qu’il me vienne en aide.

Je l’ignorais encore en cet instant mais quelque part, alors que les barrières entre l’immatérium et la réalité étaient fragiles en cet endroit, l’Empereur-Dieu avait écouté mes prières.

Au fond de moi, en cet instant, mon subconscient ne put aussi que maudire Meredith pour tout ce désastre et le mal qu’elle venait de causer. Je me surpris alors à lui souhaiter un sort pire que la mort qui l’attendait.
Les courants du Warp étaient puissants sur un tel monde.
Une entité galactique aussi ancienne que l’univers, gardienne des changements et de ses improbables futurs, ne savait que trop bien que celui que nous appelions Empereur allait bientôt influer de manière invisible sur mon destin.
Je l’ignorais aussi, mais pour les mêmes raisons, cette entité venait d’entendre ma dernière supplique. Ne serait-ce que pour contrecarrer les plans de l’Empereur-Dieu, il se délectait déjà d’y répondre.



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Message par Illuminati Jeu 21 Nov 2013 - 16:28

Chapitre V
Mara



Œil de la Terreur, Monde de Logan
Astroport d’Helsreach
Date inconnue. Vers 00h15 (Tempus Obscurus)

Le temps semblait comme figé et ce, malgré la présence toute proche de l’immaterium. Je me retrouvais comme prisonnier au fond d’un bassin rempli d’eau, impotent et inutile, forcé d’assister à un cauchemar éveillé. J’avais erré sans but parmi les décombres en flammes à la recherche de quelque chose que je ne pouvais retrouver. L’onde de choc m’avait sonné au point que je perdis toute notion du temps.
En une nuit, je venais de tout perdre. Meredith allaient très certainement mourir dans les heures prochaines et je ne pourrais pas l’empêcher. Logan et Jana étaient perdues, elle aussi et je me retrouvais dans l’impossibilité de les retrouver.
Sial vint s’assoir à côté de moi. Il avait retrouvé Ophram, mon servo-crâne parmi les décombres. Les processeurs du petit serviteur avaient été endommagés mais semblaient réparables.
-Que comptes-tu faire à présent ? Me demanda-t-il.
-Si au moins je savais où ils ont emmené Logan…
-Je dois pouvoir retrouver leur trace.
-Et ensuite ? Lui répondis-je. Nous ne sommes que deux et nous ne savons même pas à quoi nous attendre.

-Peut-être pas. Nous répondit soudain une voix féminine venant de derrière nous.
Je me retournais et aperçus, sortant des ombres, une jeune femme vêtue de noir. Seuls les reflets bleus clair de ses yeux furent visible l’espace d’un instant. Je reconnus aussitôt son regard. Il s’agissait de cette fille étrange vue chez Sabellus. Mara. Son visage, bien que d’une grande beauté, était froid et épuré. Elle ne devait pas avoir plus de vingt-cinq ans, me dis-je. Pourtant, elle avait quelque chose de dur et de détaché dans son regard.
Me redressant, je l’observais. Elle ne montrait nul signe d’hostilité et paraissait plutôt détendue. Sial à mes côtés était lui aussi en train d’étudier son comportement.
-Que venez-vous faire ici ? Lui répondis-je, montrant que je l’avais reconnu.
Elle pivota sur elle-même, contemplant le carnage alentours.
-C’est impressionnant et plutôt inhabituel que la Cabale des Lames de Sang emploie de tels moyens. En général, ils se contentent d’actions plus…discrètes surtout à l’égard de simples gardes du corps.
-Vous n’avez pas répondu à ma question, lui lançais-je.
Elle avança d’un pas et plongea son regard dans le mien. Relevant un sourcil, elle retint un léger sourire.
-Vous ne devriez pas rester ici. Une fois la panique retombée, toute l’attention va retomber sur vous et c’est certainement ce que vous ne souhaitez pas.
-Je ne vois pas en quoi cela vous concerne. J’imagine que Sabellus, votre maître vous a envoyé ici pour nous apporter son aide, non ?
-Ce n’est pas lui qui m’envoie. A votre place, je ne lui accorderais pas autant de confiance.
-Qui vous envoie dans ce cas ?
-Personne.
-Je ne vous crois pas.
-Qu’importe ce que vous croyez.
-Alors que nous voulez-vous ?
-Nous en reparlerons plus tard. Dans un premier temps, vous comptez sauver la vie de vos équipières, oui ou non ?
-Que savez-vous à ce sujet ?
-Une de mes connaissances devrait pouvoir faire quelque chose pour la tueuse. Un traitement lourd qui n’aura pas que des avantages, tout comme la pose d’augmentiques rudimentaires de substitution. Elle devrait alors perdre plusieurs de ses capacités mais elle pourrait peut-être survivre.
-Et pour…
-L’autre fille, celle enlevée par les eldars noirs ?
-Oui, m’empressais-je un peu vite de répondre.
Elle s’en rendit compte et s’accorda un petit sourire.
-Je sais où ils l’ont emmené. Si nous agissons avant l’aube, nous avons une chance de la tirer de là.
-Nous ?
-C’est à prendre ou à laisser. Mais si vous tenez à elle, vous devrez me suivre sans poser de questions et faire les choses à ma manière.
Je ne pris pas la peine d’y réfléchir et lui donna mon accord. Au point où j’en étais, je comptais me raccrocher au moindre espoir.
-Réunissez votre matériel, je passerais vous prendre d’ici trente minutes à la sortie ouest de la ville.
Suite à quoi elle se retira lentement et disparut dans les ombres alentours.

Sial tourna son attention vers moi au bout de quelques instants.
-Tu comptes lui faire confiance ?
-Ai-je le choix ?
-Nous avons toujours le choix, Joshua.
Je plongeais mon regard dans le sien, insondable.
-Ma vie est trop courte pour commencer à m’interroger. Cette fille, qui est-elle selon toi ?
-Pas ce qu’elle prétend en tout cas.
-J’en avais déjà déduis la même chose. Mais encore ?
-Elle sait exactement qui tu es.
Je restais songeur quelques instants.
-Cette fille m’intrigue mais je suis prêt à prendre ce risque.

Trente minutes plus tard, Sial, qui s’était absenté, vint me rejoindre à la porte ouest de la ville. L’eldar venait de passer une communication via son vox et dans sa propre langue. J’en avais capté le contenu grâce à un de mes auspex mais ne parvint pas à en déchiffrer le contenu. Avec quels autres eldars, avait-il bien pu communiquer ?

Une navette approcha soudain dans la nuit noire et se posa non loin de là. La rampe arrière s’abaissa et en descendit notre fille mystérieuse. Elle avait revêtu une combinaison furtive noire mate sur laquelle elle avait enfilé un harnais où étaient accrochées plusieurs armes dont deux épées courtes fixées dans son dos. Elle nous fit signe de monter à bord, ce que nous fîmes alors que la navette redécollait déjà.
Nous installant dans l’habitacle arrière, je m’assis juste face à elle.
-Comment c’est votre nom ? Mara, c’est bien ça ?
-C’est ça.
-Mara comment ?
-Juste Mara. Me répondit-elle tandis qu’elle vérifiait les chargeurs de son fusil Spectre.
-Et dans la vie, en dehors de sauver des étrangers, vous faites quoi ?
Elle releva son visage vers le mien.
-Il m’arrive aussi de tuer des étrangers trop curieux.
-C’est bizarre mais je suis assez disposé à vous croire sur ce coup-là.
-J’avais dis que vous ne poseriez pas de question, lança-t-elle en armant la culasse de son arme.
-On ne se connait pas et disons que…j’aimerais vous faire confiance.
Elle émit un petit rire.
-C’est déjà ce que vous faites, non ?
-Je ne sais rien sur vous.
-Il n’y a rien à savoir sur moi, finit-elle par lâcher.
J’allais lui répondre lorsqu’elle reçut un appel venant du pilote, dans son micro-vox. Elle se releva.
-Nous approchons de la zone. Silence vox à partir de maintenant. Suivez mes instructions.

Tous feux éteints, la navette nous déposa en plein désert, derrière une dune de sable. Puis elle redécolla et disparut sans chercher à prendre de l’altitude.
Mara escalada la pente sablonneuse et s’allongea en son sommet. Elle colla son œil dans le viseur de son arme et observa l’horizon.
Je m’allongeais à ses côtés et observais aussi, sortant une paire de magnoculaires. Sial s’installa à côté de moi et se passa d’instruments d’observation. Ses sens aiguisés de xenos lui permettaient d’y voir aussi bien sans aucun matériel. A trois kilomètres de là, au sein d’une masse rocheuse, des feux brûlaient dans la nuit noire et silencieuse.
-Un campement eldars noirs ? Demandais-je.
-Pas à proprement parler, me répondit-elle. Mais c’est là qu’ils ont élu domicile.
Je me mis à scruter l’ensemble montagneux et finis par y déceler une sorte de labyrinthe ou de canyons en fait... Plusieurs véhicules antigrav eldars noirs, des transports de troupes apparemment étaient stationnés non loin de là, je perçus une activité tout autour. En augmentant la résolution, je perçus enfin les xenos ainsi que d’étranges et longues silhouettes au dessus du sol. J’en dénombrais plusieurs dizaines disséminées autour des rochers et se détachant en clair-obscur devant les brasiers.
-Qu’est-ce donc ? On dirait des sortes de…de totems ? Lui demandais-je.
-Il s’agit d’un campement des nomades des sables...Ce que vous prenez pour des totems, sont en réalité les corps empalés ou crucifiés de ces malheureux. Les eldars torturent et mutilent tous ceux qu’ils ne pourront emmener. Ceux qui survivent iront grossir les rangs des leurs esclaves puis seront emmenés vers leur cité maudite. Cette démonstration ne sert qu’à leur montrer ce qui les attend là-bas. Impact psychologique. Les eldars noirs se nourrissent surtout de la peur de leurs proies.
Je faillis m’étrangler en pensant au sort que ces sauvages de xenos pouvaient bien faire subir à Logan.
-Vous semblez en savoir beaucoup à leur sujet, finis-je par lui dire.
-Cela m’évite en effet de commettre quelques impairs lorsque je dois traiter avec d’autres races.
-J’ai bien noté que leur voler des armes et s’exhiber avec, n’était décidemment pas une bonne idée.
-Cela n’aurait pas changé grand-chose. La Cabale des Lames de Sang était là pour vous de toute façon.
-Pardon ?
-C’est un peu comme ça que j’ai pu vous retrouver aussi.
-Par le Trône, mais qui êtes-vous enfin ? M’emportais-je. Je mis la main sur la crosse de mon pistolet bolter, prêt à en faire usage.
Elle retira son œil de la lunette, se redressa et s’accroupie face à moi.
-Je suis au courant de la nature de votre mission, Dante. Il se trouve qu’au sein de votre ordre, certaines factions souhaitent votre échec tandis que d’autres vous apportent leur soutien. C’est la raison de ma présence ici.
-Vous êtes quoi ? Un agent du Trône ?
-Je ne peux vous en dire plus, sinon que je suis là pour vous sortir de certaines embuches tendues par vos rivaux.
-Ratisbonne est ici ?
-J’ignore de qui il s’agit.
-Et ces eldars noirs ? Ne me dites pas qu’une faction politique les a engagés eux aussi ? C’est ridicule.
-Non, cette idée vient de bien pire que cela. Depuis le lancement de sa 13ème Croisade Noire, Abaddon s’est assuré le soutien des Cabales pour des opérations de guérilla, d’assassinat et de harcèlement. Vous êtes une des cibles qu'il leur a assignées. Leur mission consistait à empêcher l’Inquisition d'acquérir des informations sur son fameux projet secret et vous barrer la route par tous les moyens...Vous pouvez considérer qu’ils ont bien failli y parvenir complètement.
-Qui vous envoie, Mara ? Qui possède autant d’informations sur mon équipe et notre mission ? Seule l’Inquisition possède ce genre de données.
-Avez-vous la foi en l’Empereur-Dieu, Joshua Dante ?
-Vu ma situation actuelle et mon entêtement à accomplir ma mission malgré une bonne moitié de l'univers contre moi, la question me semble presque insultante. Bien entendu, j’ai foi en notre Empereur !

Tournant la tête sur le côté, elle scruta les ombres situées derrière nous. Elle me lança soudain :
-Des gens nous ont suivis. Ils sont avec vous ?
-Pas que je sache…
-Ils sont avec moi. Répondit Sial, d’une voix calme.
Je me retournais vers lui et l’interrogea du regard. Il se contenta de hocher légèrement la tête. Je me souvins alors que Sial m’avait annoncé que les Prophètes d’Ulthwé lui avaient confiés une escouade de cinq rangers eldars. J’ignorais par contre la véritable nature de leur mission et en avait même oublié leur existence.
-Peut être faudrait-il libérer les nomades encore en vie. Cela nous fournirait des hommes en plus ainsi qu’une diversion ? Attaquer à…combien ? Huit contre cent ? C’est de la folie pure.
-J’avais dit que nous agirions selon mes règles, dit-elle.
-Cela ne change rien à ce dernier point, ajouta Sial.
-Parfait, annonça-t-elle. Je vais vous exposer mon plan.

Je savais que cela n’allait pas me plaire du tout. Elle me confia son fusil de sniper et me demanda de la couvrir me précisant que l’arme était chargée avec des munitions à masse réactive, contenant un gel polymère pyroacide. J’ignorais comment elle s’était procurée de telles raretés réservées aux organisations les plus secrètes de l’Imperium, comme la Deathwatch.
Elle demanda à l’escouade de rangers qui accompagnait Sial de fournir aussi une couverture à l’aide leurs longs fusils à neurotoxique. Ensemble nous devions pouvoir éliminer toute cible gênante.
Elle et Sial allaient infiltrer le camp. Ce serait eux qui iraient délivrer Logan. Je protestais bien entendu à cette idée, car j’estimais que c’était à moi d’y aller.
-Justement non, me répondit-elle. Cela vous mettrait en danger.
-Voyons c’est absolument… Commençais-je à protester.
Sial hocha la tête, visiblement d’accord avec elle.
-N’insistez pas. Vous savez que j’ai raison. Vos sentiments, quels qu’ils soient, ne feraient qu’interférer. Me lança-t-elle.
Elle consulta son chrono qu’elle synchronisa avec les nôtres et fit un petit signe à Sial.
-Allons-y. L’aube devrait se lever dans un peu plus d’une heure.

Tous les deux partirent furtivement en se glissant le long des dunes. En l’espace de quelques secondes j’avais perdu leur trace. Collant mon œil à la lunette de son arme, je commençais à scruter le décompte qui s’affichait sur l’optique. Nous devions leur dégager la voie et nous assurer que nul eldar noir ne donne l’alarme, sans quoi nous étions perdus.

Son plan était complètement dément. D’après elle, les eldars noirs partiraient après l’aube avec leur précieuse cargaison. Mais avant de quitter les lieux, ils allaient festoyer à leur façon en faisant subir les pires outrages à leurs victimes terrorisées. C’est le moment qu’elle choisit pour attaquer. Les vaisseaux seraint alors peu gardés. L’idée était de trouver celui où était Logan et de le dérober. L’alerte serait alors surement donnée à un moment ou un autre. C’était là, qu’elle comptait sur nous. Ce plan était une véritable folie.

Mara se plaqua contre une dune, de sorte que ni les eldars ni moi ne purent la voir. Il leur restait moins de cinq cents mètres à parcourir pour atteindre le camp.
Elle sortit d'une de ses poches un tube et se l’injecta directement dans la carotide. Elle se mit alors à retirer sa combinaison furtive. En dessous, elle portait des sous-vêtements et des cuissardes de cuir noir, les mêmes vêtements en fait que portaient les succubes. Son corps athlétique et élancé se mit progressivement à changer sous la poussé d’un effort de sa volonté. Il s'allongea et devint plus gracile, son visage devient soudain étrangement familier pour Sial, comme envoûtant. Ses traits devinrent acétiques et méprisants, ses oreilles prirent une forme pointue....
Elle se redressa et le regarda dans les yeux. Les siens étaient devenus sombres comme la nuit :
-Vue votre tête, je devrais être assez convaincante ! Lui dit-elle en eldar.
Elle sortit un pistolet à aiguilles et plusieurs poignards de sa combinaison qu'elle glissa dans ses bottes. Elle ramassa enfin ses deux épées à lame courbe.
Sial avait déjà observé Meredith se métamorphoser de cette manière. Il n’était pas sans ignorer ce qu’était cette drogue appelée Polymorphine et utilisée par leurs temples assassins.
-Utilisez vos sorts et suivez-moi, lança-t-elle à l’attention de Sial. Déjà, elle s’élança vers le campement là où les Raiders étaient alignés. D’énormes chiens du Warp flairèrent sa présence, ils n’eurent pas le temps de donner l’alerte, les neurotoxiques de fusils longs de l’escouade de Lomendil les firent taire définitivement.

L’instant d’après, elle venait de se glisser à l’intérieur du camp. Sial, rendu furtif grâce à ses pouvoirs, la suivait come une ombre.
Les eldars noirs étaient occupés à festoyer, Sial en dénombra non moins d’une centaine. Prit de stupeur, il ne vit pas le danger approcher. Une incube lourdement cuirassée venait d’apparaitre juste devant lui.



Œil de la Terreur, Monde de Logan
Quelque part dans les déserts de cendres.
Date et heure précises inconnues (Tempus Obscurus)
Environ une heure avant l’aube, aux alentours de 790.001M42

Depuis la lunette du fusil Spectre, j’observais la scène. L’incube fut frappée par quelque chose d’invisible. Mara la retint alors qu’elle basculait vers eux. Elle cacha le corps derrière une pile de caisses.
Changement d'angle, les runes sur la lunette indiquait la distance et d'autres paramètres que je ne maitrisais pas. Je m’arrêtais une seconde sur une sorte de vaisseau aux ailes incurvés. Cinq ou six silhouettes d’eldars noirs s'affairaient autour. Au premier plan je vis des sortes de sentinelles avec des créatures de la taille de très gros felidae. Des chiens du Warp, des créatures de cauchemars...

Un dixième de seconde plus tard les armes des rangers eldars, postés non loin de là, firent feu en même temps. Je pressais la queue de détente et sentis le compensateur de recul absorber une partie du choc. Depuis la lunette, je vis des ombres s'écrouler en silence. Mara les enjambait déjà, la voie enfin libre. Au sol : deux chiens du Warp répandus en une masse sanglante. J’en avais éliminé un, lui emportant la moitié de la tête. Les gardes cabalites gisaient à côté, sans vie. Les microcristaux neurotoxiques libérés par les fusils eldars achevant de neutraliser leurs systèmes vitaux.
Les lames de lancée de Mara firent taire trois nouveaux gardes qui venaient de faire leur apparition non sans s’être défendu.

Un peu plus loin, deux des derniers vaisseaux s'apprêtaient à décoller. Ils venaient d’être chargés de prisonniers destinés à alimenter la folie de leurs nouveaux tourmenteurs. Des eldars s'afféraient autour d’un troisième appareil qui était encore en plein chargement de matériel. Des esclaves allaient encore être montés à bord. Les navettes ressemblaient à d’énormes oiseaux de proie aux ailes déployées. C’était en réalité des chasseurs lourds modèle Vampire mais en plus effilés et modifiés. Alors que les deux premiers engins s'apprêtaient à décoller, Mara colla un petit objet ovoïde sous le ventre de chacun puis fit signe à Sial de la suivre vers le dernier d’entre eux. Deux gardes étaient en train de trainer avec eux une silhouette qui m’était familière. Je retins mon souffle en reconnaissant Logan.
L'air assuré, Mara se dirigea vers eux, d’une démarche souple elle leur emboita le pas. Ils ne prêtèrent même pas attention à elle en montant la rampe abaissée de la navette. L’instant d’après, ils tombaient mortellement fauchés par les impacts des armes shuriken de Sial ou la gorge tranchée par des lames furtives. Elle aida Sial à traîner les corps à l’intérieur. Elle se glissa alors vers l’habitacle de la navette suivie de l’archonte et se dirigea en direction du cockpit. Elle prit les commandes alors que, déjà haut dans le ciel, les deux premiers engins explosaient en une gerbe de métal en fusion...
Les turbines poussées à fond, elle lança la machine qui fila en rase motte vers ma direction alors que plusieurs détonations résonnaient dans le campement eldar. Moins de dix secondes plus tard, le vaisseau en forme d’oiseau de proie fondit vers moi en soulevant une tempête de sable. Stationnant à quelques mètres du sol, je perçus sa rampe arrière abaissée et Sial, accroché à un des montant de la soute, me faire signe de monter. Attrapant mes affaires je sautais et lui attrapais le bras. Quelques instants plus tard nous filions au travers de la nuit noire. L’équipe de rangers qui l’accompagnaient étaient repartis de leur côté, créant une diversion afin de semer d’éventuels poursuivants.

La soute arrière était assez vaste pour accueillir de nombreux guerriers. Quatre d’entre eux gisaient morts sur le sol. Allongée sur des sièges, je reconnus Logan et me précipitais dans sa direction. Sial me retint le bras.
-Elle est inconsciente. Elle a reçu une dose massive d’une de leurs drogues. Il agit tel un poison dans son organisme.
-Qu’attend-on pour la sauver, me mis-je à hurler afin de couvrir le sifflement des turbines.
Sial me désigna le cockpit.
-Mara a un plan. Apparemment elle connait quelqu’un qui devrait pouvoir nous aider.

Après moins d’une heure de vol au dessus du désert, je sentis les turbines décélérer.
Me penchant, aux côtés de Mara qui manœuvrait l’engin avec dextérité, je perçus le sol et les dunes sans fin dans le soleil levant. Une brèche s'ouvrit dans l'une d'elle, une sorte de sas apparut. Le vaisseau s'y engouffra sans hésitation.
-Où est-ce que vous nous menez ? Lui demandais-je.
Elle ne répondit pas.

La navette se posa dans un vaste et ancien hangar. Au-dessus de nous, à plus de dix mètres, le sas se referma, se laissant de nouveau recouvrir par la dune de sable. A l'intérieur, des turbines recyclaient l'air, filtraient et aspiraient le sable qui s'y était engouffré.
Descendant la rampe, je perçus, à l'autre bout du hangar, un char de type Predator. Une ancienne version, repeinte et couverte de graffitis et signes tribaux, ainsi qu'une autre navette, un modèle Aquila noir mat sans marquage distinctif.

Mara descendit avec souplesse du cockpit, elle avait déjà reprit son apparence humaine et finit de renfiler sa combinaison en remontant la fermeture éclair jusqu’à hauteur de son décolleté.
-Je vous dois beaucoup, vous…
-Pas maintenant. Me dit-elle.
Je vis qu’elle avait reçue plusieurs blessures d’où collaient encore quelques minces filets de sang.
-Vous êtes blessée, lui dis-je.
-Je m’en occuperai plus tard, me lança-t-elle.
- Où sommes-nous, quel est cet endroit ?
-Il s’agit d’un ancien complexe militaire abandonné et oublié depuis des siècles par l'Imperium, il sert désormais de repère à des mercenaires locaux. Ce sont mes contacts. Vous y serez en sécurité. Mais occupons-nous d’abord de votre interrogatrice, je crois que c’est urgent.

Je retournais dans la soute, soulevais Logan, toujours endormie et la portais en bas de la rampe. Sial se tenait à mes côtés, silencieux. Mara nous demanda de la suivre vers un couloir qui menait à un vaste complexe. Elle ouvrit la porte pneumatique d’un grand local qui servait visiblement d’infirmerie. Elle me demanda d’y installa Logan sur un lit puis la connecta à un medikit. Des servo-crânes et autres serviteurs cybernétisés prirent le relais. Prenant ses constantes, ils la branchèrent à leurs scanners et purificateurs intégrés.
Mara se retourna vers moi et me dit :
-Laissons-la, elle est en de bonnes mains et va avoir besoin de repos. Je dois à présent vous présenter à quelqu’un.
-Qui donc ?
Mara ne répondit pas et se dirigea vers un couloir. Nous lui emboitâmes le pas, traversant des tunnels au sol de métal grillagé qui traversait le complexe. Nous débouchâmes enfin dans une vaste salle éclairée par un puits de lumière. Au centre se trouvait un jardin intérieur agrémenté de petites fontaines diffusant une douce fraîcheur. Autour, un décor de tables basses en bois exotique, de tapisseries, tentures et de banquettes colorées aux coussins moelleux complétait ce salon.
Cinq personnes s’y trouvaient en pleine conversation. Enfin…plutôt quatre à vrai dire car la cinquième était un xenos.
La première d’entre elles était une femme d’à peine une quarantaine d’années, au charisme certain et à l'élégance assurée qui tourna son séduisant visage dans notre direction. Les voix se turent tandis qu’elle fit signe à Mara d’approcher.
Son visage aux yeux bleus ciel et fiers était encadrée de deux longues tresses de même couleur, continuité d'une haute coiffure sophistiquée. Elle affichait des joues rosées et des lèvres peintes en bleu plus foncé. Sa robe de soieries blanches, rehaussée de broderies bleues et or, le pommeau ciselé de son épée et la crosse ouvragée de l'arme xénos à sa ceinture indiquait sans conteste un rang de haute lignée. Je la pris aussitôt pour une de ces princesses du crime telles que je pus voir chez Sabellus.
Elle délaissa la plaque de données qu'elle compulsait et se leva afin de nous faire face. Le symbole de l’Inquisition accroché à la ceinture de sa robe ne m’échappa nullement, ce qui m’intrigua. Un servo-crâne équipé d'un pistolet bolter flottait discrètement, mais néanmoins de manière explicite, derrière elle.

A sa droite, tenant un long bâton surmonté d'un œil stylisé, était assis un vieillard, aveugle et ridé, vêtu d'un long manteau vert à capuche, signe de l'ordre de l'Adeptus Astra Telepathica. Il était en train de tirer les cartes du tarot. A sa gauche, un jeune garçon d'à peine vingt ans, aux cheveux tondus et vêtu d'une robe pourpre, traçait de façon appliquée des runes à l'holoplume sur les feuillets d'électro-parchemin d'un énorme grimoire posé sur un lutrin. Il s'était arrêté et avait relevé la tête vers nous. Un encensoir, à côté de lui diffusait de l'encens sanctifié dans la pièce.
Une jeune femme brune et élancée, à l’attitude fière et racée me lança un regard profond de ses yeux bleus ciel. Elle repoussa une de ses tresses de devant son visage pour mieux nous observer. Vêtue d’une longue robe de combat, elle était occupée à remonter plusieurs armes de poing disposées devant elle sur une table basse.

Je perçus enfin dans l'angle gauche de la pièce, un guerrier Kroot assis dans un sofa, en train de se rouler une barrette de lho. Vêtu d’un simple pagne, sa peau, sorte de cuir verdâtre était couverte de peintures tribales et décorée de colifichets faits d’ossements et de plumes colorées. J’avais déjà eu l’occasion d’étudier des kroots mais à chaque fois c’était lors de cours d’anatomie et de dissection scientifiques. De manière générale, les xenos étaient très mal perçus dans l’Imperium mais il arrivait que certains d’entre eux soient assermentés, tout comme l’était Sial qui m’accompagnait. Voir ainsi un kroot adopter une attitude aussi familière me faisait bizarre. Son corps musculeux et élancée était plus grand que celui d’un humain, pourtant il n’en partageait aucun point commun. Les longues tiges, situées à l’arrière de son crâne, étaient les vestiges de plumes que devaient porter ses ancêtres aviaires. Il nous observa avec attention, tel un chasseur évaluant sa proie. Les kroots tenaient du reptile et de l’oiseau et bien que capable d’utiliser de la technologie, leur pratiques cannibales n’étaient pas du goût de tout le monde. Ils étaient néanmoins de formidables pisteurs et d’habiles guerriers.

Mara entra dans le salon, afin de se tenir face à la femme qui se trouvait au centre. Elle s’entretint avec elle à voix basse durant quelques instants.
La femme se tourna alors vers Sial et moi en nous fit signe d'entrer.
-Merci Mara, tu peux disposer. Lui dit-elle.
Cette dernière hocha la tête, puis emprunta de nouveau le couloir par lequel nous étions entrés.

La maitresse des lieux nous fit signe de nous assoir, nous désignant de manière élégante les sofas. Ce que nous fîmes.
-Je suis Jena Orechiel, Inquisitrice de l’Ordo Xenos. Son Excellence, le Seigneur Inquisiteur Weiss m'a secrètement faite envoyer afin de vous porter tout mon soutien. De manière officielle, pour les Très Saints Ordos, je suis ici pour enquêter sur l'activité nécron aux abords de Cadia.

L’inquisitrice restera, par la suite, des plus évasives à ce sujet, sans doute par modestie ou juste par prudence. Ce que j’apprendrais plus tard c’est qu’elle dirigeait en réalité une unité de la Deathwatch dans la région contre une entité majeure d’origine nécron connue sous le nom de Setekh. L’éveil de cette chose, fut qualifiée de menace Extremis par l’Ordo Xenos qui avait dépêché sur place l’Inquisiteur Malva, le Magos Tarren et leurs équipes. L’action de l’inquisitrice permit la destruction ou du moins le bannissement de cette créature apocalyptique mais Malva et Tarren périrent officiellement lors de l’attaque des xenos.
J’apprendrais alors, que ces ceux-là avaient été en réalité des ultra-radicaux ralliés à la cause phaenonite et que leur mort n’était en rien due aux xenos.
Sous ses airs angéliques, l’inquisitrice était un agent impérial redoutable qui n’avait pas reculé, à plusieurs reprises devant l’usage de l’Exterminatus ni à l’élimination d’inquisiteurs devenus dangereux.

Elle désigna tour à tour chacun des personnages présents dans la pièce.
-Voici mes agents. Absolom mon astropathe, Yézod, mon scribe et secrétaire personnel, mon enquêtrice, l’interrogatrice Merelda et enfin Mordak mon fidèle pisteur kroot. Quant à Mara, je sais que vous avez déjà fait connaissance.

J’avais déjà entendu parler de Jena Orechiel. Qui, au sein de l’Ordo Xenos, n’en avait pas déjà entendu parler d’ailleurs ? Mon ancien maitre, Weiss, la tenait en très haute estime et je sais que Maitre Czevak la comptait parmi ses proches. Tout comme eux, ses pensées thoriennes et progressistes lui avaient attirées l’inimitié de certains cercles.
Fille cadette d’un gouverneur planétaire, pour ses dix ans, ce dernier la destina à intégrer le noviciat de l’Adepta Sororita sur Ophelia VII. C’était sans compter sur le caractère farouchement indépendant et borné de sa fille qui elle, ne rêvait que d’une chose : étudier les cultures xenos. Son noble de père avait aussi autre chose en tête. Outre le fait de solutionner le futur et couteux problème de mariage d’une cadette, il comptait surtout sur la rigueur de la Sororita pour remettre sa rebelle de fille dans le droit chemin avant que l’Ecclésiarchie ne commence à se fâcher. Pourtant, les instructeurs de la Schola qui la prirent en charge ne parvinrent pas à briser son tempérament. Jena s’avéra être une élève cultivée et curieuse mais elle du passer le plus clair des huit années qui suivirent en isolement ou en pénitence pour oser tenir certains propos subversifs et pour remettre en cause l’autorité des sœurs.
Alors qu’elle allait être bannie de l’Ordre, un agent de l’Inquisition, de passage sur Ophélia, entendit parler d’elle. Il sollicita une audience auprès de ses préceptrices et eut accès à son dossier.
Aventurière, indépendante, passionnée d’histoire et de linguistique xenos, Jena avait un profil des plus atypiques. Si cette fille n’avait clairement pas l’attitude obéissante et l’esprit formatée qui sont requis pour intégrer la Sororita, il vit en elle une potentielle et intéressante recrue au sein de ses équipes. Il s’agissait de l’Inquisiteur Dargasto de l’Ordo Xenos, un précurseur sur l’étude des C’tans notamment.

A la mort prématurée de son maitre quelques années plus tard, elle hérita non seulement de son immense fortune, mais aussi de la lourde tâche de poursuivre ses travaux. Avant de mourir, Dargasto la nomma inquisitrice et lui confia son équipe, elle n’avait pas vingt-sept ans. Son statut, ses origines et son charme naturel lui permirent de fréquenter certains cercles notamment auprès de la noblesse influente. Certains lui prêtèrent des liaisons plus ou moins officielles avec des personnalités telles que des gouverneurs de secteur. D’autres prétendent même qu’elle aurait eu une liaison suivie avec le Seigneur Helmawr de Necromunda. Rumeurs auxquelles elle aurait un jour répondu : « Il s’agit juste d’une de ces petites choses désagréables que l’on doit parfois faire pour le plus grand bien de l’Imperium ». Un enfant serait même né de cette union. Certains racontent qu’il serait même devenu un célèbre chasseur de primes sur Necromunda.
Cette particularité valut à l’inquisitrice de changer souvent d’identité et une rumeur voudrait qu’elle et l’inquisitrice Helena Jerico soient en réalité une seule et même personne.
Bien que possédant de nombreux appuis, notamment au sein des cercles thoriens et casophiliens, les recherches de l’inquisitrice Orechiel, tout comme ses relations avec les xenos lui valurent aussi de nombreux ennemis.

Cela nous faisait au moins un point commun, me dis-je.


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[Roman 40k] Joshua Dante - Ordo Xenos - tome 3 Empty Re: [Roman 40k] Joshua Dante - Ordo Xenos - tome 3

Message par Belial Dim 1 Déc 2013 - 6:54

Ça fait longtemps que j'ai pas visité ton sujet et la j'ai tout lu d'un coup, super histoire en tout cas Smile
La suite stp Smile


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Message par Illuminati Lun 2 Déc 2013 - 10:55

Merci à toi Wink

La suite :


-J’avoue ne savoir quoi dire, lui répondis-je. C’est assez…inattendu. Quoi qu’il en soit, j’apprécie votre sollicitude car ayant perdu une partie de mon équipe, votre aide est bien entendu la bienvenue.
-Votre interrogatrice a besoin de rester ici quelques jours. Nous allons tout mettre en œuvre pour la remettre sur pieds. En attendant, vous êtes bien entendu mes invités.
-Je ne sais comment vous remercier…Mais si je puis me permettre…Deux autres de mes agents sont en assez mauvaise situation. L’une d’elles est en ce moment-même entre la vie et la mort quelque part à Helsreach…
-Votre assassin, c’est bien cela ?
-Oui en effet. J’aimerais pouvoir m’assurer de son état.
-Au vue des derniers évènements, vous exposer serait risqué. Je vais demander à ce que des gens à moi se chargent d’elle dès que possible.
-C’est fort aimable.
-Et pour la deuxième ?
-Elle est entre les mains de ce criminel de Sabellus. C’est un très gros risque que je prends en la laissant là-bas. Je pense que vous en êtes informé ?
-Mara m’en a informé, en effet.
-Elle possède des informations vitales pour ma mission et…
-Je sais qui elle est et ce qu’elle représente. J’ai demandé à ce que Mara vous aide à l’exfiltrer.
-Cette Mara…j’avoue ne pas avoir bien saisi de qui il s’agissait en réalité ?
-Il s’agit d’un agent Callidus de l’Assassinorum qui est à mon service. C’est une experte en infiltration, un caméléon et un élément précieux lorsque je travaille sous couverture. Mara devait vous localiser sans attirer les soupçons. Sa mission a été de s’infiltrer auprès des criminels locaux afin de mieux évaluer les risques qui vous entouraient.
Elle fit un signe discret en direction de son jeune scribe.
-Yézod, soyez gentil, veuillez nous apporter du tana à la menthe et quelques pâtisseries je vous pris.
-Bien, Madame. Répondit-il en se levant de son bureau et en quittant la pièce.

Elle se leva et se mit à contourner lentement le puits de lumière. Ses doigts bagués effleurèrent les feuilles charnues des plantes grasses situées en son centre. Elle attendit que le jeune novice soit sorti pour poursuivre.

-Il semblerait, Joshua…Je peux vous appeler Joshua ?
-Je vous en prie.
-Il semblerait donc, que vos activités agacent quelque peu certains membres haut placés des Ordos. Vous aurez compris que tout le monde ne désire pas combattre nos ennemis avec les mêmes moyens. Tandis que certains espèrent votre perte, je crains fort que les données que possèdent cette fille… cette Jana Vesperax, soient justement ce que d’autres convoitent.
-Comment cela ? L’Inquisition ne souhaite-elle pas la destruction de cette menace, je ne comprends pas ?
Elle se permit un petit sourire peiné.
-Justement non, Joshua. Certains membres de l’Inquisition ne voient pas forcément les choses d’un même œil. Les secrets que possède la technologie nécron est loin d’être comprise par les meilleurs de nos Magos, vous pouvez me croire.
-La fusion de secrets démoniaques et xenos est une abomination de la pire espèce, ne me dites pas que vous…
-Empereur, non ! J’en connais suffisamment sur les nécrons pour ne pas me fourvoyer sur une telle voie. Les sorciers tels qu’Azencoth et Anthérax n’œuvrent que pour satisfaire les Sombres Puissances et rien d’autre.
Nous avons été envoyés ici justement pour contrer cette menace et faire en sorte qu’elle ne tombe pas en d’autres mains.
-Nous ? L’interrompis-je.
-Nos amis thoriens ne vous laissent pas tomber, Joshua. D'après certains rapports interceptés aux abords de l'Œil par certains de nos collègues, d'autres inquisiteurs seraient aussi sur vos talons, sans parler des deux cabales eldars mandatées par les agents du Fléau. Vous êtes actuellement un des hommes les plus recherché de cette partie du Segmentum, et cela...oui...une partie de la galaxie est prête à vous en faire payer le prix.

Yézod revint alors, portant un plateau où étaient disposées de petits verres emplis d’un liquide ambré et brulant ainsi qu’une pile de petites pâtisseries au miel. Les récipients tintèrent d’un son cristallin.

-Vous semblez bien informée, Lady Orechiel, lui répondis-je tout en acceptant un des verres de tana sucré.
Je vous exprime à nouveau toute ma gratitude pour l'aide à point nommé que vous nous avez porté. Enfin, je suis des plus honoré de faire votre connaissance même si j'eu préféré la faire en de meilleurs circonstances.

Tandis qu’il prit son verre de tana, Sial, qui à mes côtés n’avait jusque là prononcé le moindre mot, dit soudain:
-Certains actes peuvent paraître dénués de sens sur l'instant mais se révèlent parfois instructifs ou constructifs pour le futur. Car le chemin le plus visible, le plus court et le plus facile n'est pas forcement celui qui mène le plus loin.
Comme à son habitude, cet étrange xenos parlait soit par énigme, soit par envolée philosophique. Dans tous les cas, j’avais bien du mal à le saisir. De toute manière, cela faisait bien longtemps que j’avais cessé de chercher à le comprendre.
L’inquisitrice Orechiel lui lança un regard intrigué mêlé d’admiration.
-Joshua, vous pouvez vous féliciter d'avoir comme soutien, la personne toute providentielle de cet archonte.
-Ma présence aux côtés de l’inquisiteur Dante est tout sauf providentielle. Lui répondit l’eldar avec un petit sourire alors qu’il reposait son verre. Nous savons tous que la lutte contre la Grande Ennemie est tout sauf affaire de providence. Fort heureusement car la chance, elle seule, ne suffit pas.

Un sourire malicieux passa sur le visage de l’inquisitrice.
-En effet, la chance elle seule ne suffit pas et ne suffira pas. Elle tourna son visage vers moi. Voyez vous Joshua, l'opinion de cet archonte est fort instructive et mérite notre attention dans cette lutte. Notre foi en l’Empereur-Dieu et notre sacrifice ... là, résident les clés véritables de notre succès.

Sacrifice. Pensais-je alors. Mon destin me ramenait toujours à ce mot.

Nous abordâmes alors la présence et l’implication du libre-marchand Abdul Goldberg. Ce dernier était bel et bien en affaire avec Sabellus qui lui fournissait du minerai qu’il acheminait ensuite sur Spawndeath, un monde forge du Mechanicum Noir pour le compte d’Azencoth et d’Anthérax.
Je tenais là les preuves d’une hérésie majeure impliquant un seigneur du crime local et un Libre-Marchand.

Nous passâmes les deux jours suivants en compagnie de l’inquisitrice Orechiel à élaborer la suite de notre plan. Logan était toujours en soins intensifs mais avait repris connaissance. Elle n’en demeurait pas moins affaiblie et malade. Quant à Meredith, nous avions eu de ses nouvelles. Son état n’était pas brillant et l’officio medicae qui l’avait prise en charge à Helsreach ne lui donnait pas plus de trois jours à vivre.

Sial s’absenta pendant une demi-journée. Il me confia qu’il devait s’entretenir avec Lomendil, le chef d’escouade des rangers qu’Ulthwé avait mis à son service. Je savais qu’ils étaient toujours dans les parages mais j’ignorais la nature même de leur mission.

Sial se tenait au lieu de rendez-vous, assis en tailleur, au milieu des rochers, il contemplait les étoiles, en pleine méditation tout en fumant sa pipe. Ce monde, un des mondes sanctuaires de la grande Isha parvenait à l’apaiser.
En silence, le chef d’escouade vint se tenir à ses côtés, mettant un genou à terre.
-Seigneur Archonte.
-Assied-toi à mes côtés, Lomendil. J’aurais à te parler.
Nous quittons ce monde demain et allons entreprendre le but de ce voyage.
-Nous marcherons avec vous. Les troupes du Seigneur Phoenix Maugan-Ra se tiennent prêtes, Seigneur. Nous frapperons les chacals de la Grande Ennemie au sein même de leur antre.
-Puisse Khaine nous prêter sa force, Lomendil car peu d’entre nous reviendrons de ce long voyage.
-Nous vaincrons.
-Je n’en doute pas…j’aurais cependant une question à te poser.
Sial tira de ses poches un petit objet de forme ovoïde, de couleur nacrée. Il passa son pouce à sa surface et l’objet se mit aussitôt à diffuser une faible lueur. L’instant d’après, une forme diaphane s’étendit vers le haut jusqu’à former une image holographique d’une grande netteté.
La capture pix représentait Mara.
-Connais-tu cette femme ? Lui demanda Sial.
-Oui.
L’archonte effleura l’objet une seconde fois et coupa l’holopix.
-Que sais-tu sur elle ?
-Je ne suis pas censé en parler, Seigneur.
-Notre destin va s’accomplir, Lomendil. Ce genre de secret peut faire toute la différence justement.
Le ranger laissa passer quelques instants.
-C’est une YirrikBéla Curath.

Sial resta silencieux et continua de fumer sa pipe. Sur Haranshemash, Weena l’avait instruit de plusieurs secrets entourant les Rillietann et les mystères de la Bibliothèque Interdite. Elle lui confia que certains humains étaient parfois choisis et guidés par ces guerriers Arlequins, car possédaient en eux un don extraordinaire, celui de résister au Chaos. D’après les Prophètes, ils étaient les précurseurs de la future race psychique et recevaient donc toute leur attention.
A la demande de ces prophètes, ils étaient alors guidés et instruits aux connaissances interdites de cet univers. Ces humains formaient une confrérie cachée au sein de leur Imperium et travaillaient de concert avec les Rillietann, œuvrant ensemble pour créer un nouvel ordre qui remplacerait un jour l’Imperium. Ces derniers leur avaient donné le nom de YirrikBéla Curath, les Guerriers de la Voie Lumineuse. Connus aussi par les humains sous le simple nom d’Illuminati.
Sial souffla lentement la fumée de sa pipe. Il remercia Lomendil qui s’en retourna vers les ombres. L’archonte resta encore quelques heures en médiation, seul entre le désert et les étoiles tourmentées au-dessus de lui.
Il savait depuis quelques temps que Logan était elle aussi une Illuminati et que leurs destins à tous les deux étaient liés. Là, il venait d’apprendre qu’un autre agent de cette confrérie était aussi impliqué. Il allait devoir méditer sur le sujet car s’il savait bien une chose au sein de cet univers, c’était que le hasard n’existait pas.


A l’aube suivante, Sial fut de retour. Comme à son habitude, il resta plutôt évasif sur son escapade nocturne. De notre côté, nous avions travaillé d’arrache-pied, j’étais donc trop épuiser pour chercher à lui tirer les vers du nez.

Je remerciais les connaissances de l’inquisitrice Orechiel, l’aide fournie par son astropathe, Absolom et de Merelda son interrogatrice. Avec ma participation, elle établit une cartographie des électrotatouages tracés sur le corps de Jana Vesperax. Les relevés avaient été enregistrés dans un scanner à bord de la Vierge de Fer, lors de notre voyage. Son scribe, Yézod les transféra sur un cogitateur portatif et lança un protocole de décodage. Un procédé des plus complexes qu’avait légué un ancien Magos au service de l’inquisitrice. La procédure mit plus de vingt quatre heures à établir une série d’algorithmes et de formules corrompues, grillant l’esprit du cogitateur dans l’opération. Asbolom travailla dessus pendant une quinzaine d’heures qui l’épuisèrent. Si ses nerfs optiques n’avaient pas déjà été brûlés par le rituel qui fit de lui un astropathe, ce dernier en serait devenu aveugle et fou. De ses orbites vides, il pleura du sang durant les neuf jours qui suivirent.
Au final, il nous fournit un petit parchemin sur lequel il avait tracé de manière intuitive une série de données chiffrées qu’il parvint ensuite à décrypter à l’aide de son tarot.
Au bord de l’épuisement, il nous le tendit enfin, en pleine nuit.
-Et bien, que dit ce charabia ? Lui demandais-je.
Merelda se pencha à mes côtés et étudia le document.
-Ce sont des coordonnées, me dit-elle.
Je fouillais dans les poches de ma veste et en sorti une tablette de données. Les plans de ce monde du Mechanicum Noir, connu sous le nom de Spawndeath y avaient été enregistrés. J’espérais alors que ces données allaient m’être d’une aide précieuse.
Je les rentrais dans la tablette et laissa l’esprit de la machine faire le reste. En quelques instants, un plan se superposa au premier et nous montra un itinéraire. Le complexe en question était enterré profondément sous la surface. Le chemin à suivre empruntait plusieurs conduits et voies d’accès annexes mais l’ensemble montrait aussi les emplacements des dispositifs de sécurité et le chemin à suivre pour les contourner. Enfin, les coordonnées menaient jusqu’au cœur des générateurs warp situés au cœur du complexe.
-Faire sauter les générateurs fera imploser ce monde et tout ce qu’il renferme. Le magma en surface sera aspiré vers le cœur de méthane gelé et le fera exploser dans le processus. Souffla Merelda à voix basse.
-Cette mission va être un pur suicide, énonçais-je enfin.
-Je vais vous y accompagner, me lança alors Mara en me fixant de ses yeux bleu ciel.
Je me retournais vers elle.
-Il est inutile que l’on perde plus de vies.
-Il n’est nul sacrifice plus grand que celui qu’on offre pour sauver l’Humanité. Me répondit-elle.
-Je connais aussi mon catéchisme, merci. Et puis…Mara…vous n’êtes pas un agent de mon équipe.
-Alors je vous demande juste de me joindre à vous.
-J’ai du mal à saisir ?
-Votre mission est de détruire cette planète. Ma véritable mission est d’éliminer Azencoth.
-Hein ? Je croyais que vous étiez attachée au service de l’inquisitrice Orechiel ?
-C’est le cas, en effet, me répondit l’inquisitrice. Mais sa mission auprès de moi est à présent terminée. Je dois repartir dans deux jours avec mon équipe. Mara est donc libérée de ses engagements avec moi.
-Comme c’est pratique ! Lui lançais-je. Quelque chose me dit que vous ne me dites pas toute la vérité toutes les deux…
-Vérité ou pas, il en est ainsi, Joshua. Je suis rappelée au service des Ordos et ma mission, comme celle de Mara, est à présent sur le point de se terminer. Je pars dans deux jours, d’ici là, je vais vous apporter tout mon soutien pour votre prochaine mission.

Je mis alors quelques instants pour avaler la nouvelle.

Le jour suivant, nous fîmes nos adieux à l’inquisitrice Orechiel avec pour sentiment de ne jamais pouvoir se revoir, sauf un jour lorsque nous nous retrouverions auprès de l’Empereur-Dieu.
En réalité, Jena et moi allions nous revoir quelques années plus tard et elle deviendrait alors une de mes amis proches. Je reverrais aussi Merelda, apprenant alors qu’elle était en réalité la propre fille de Jena Orechiel et d’un influent seigneur dont je tairais le nom.

Ce soir-là, en compagnie de Sial, Logan et Mara, je me rendis à Helsreach, la capitale. Logan allait mieux et semblait tirée d’affaire.
Nous devions préparer notre départ et donc régler quelques détails, juste avant. Tandis que je confiais à Mara le soin de passer voir l’état de santé de Meredith, Sial, Logan et moi nous rendîmes à l’astroport. Il me fallait impérativement pouvoir embarquer à bord du Morning Star, le vaisseau d’Abdul Goldberg. Le Libre-Marchand était le seul sur cette maudite planète à se rendre précisément là où je devais aller.

L’idée était d’effectuer un repérage et de localiser les navettes de ce navire. Ensuite, nous comptions bien nous glisser tous à bord de l’une d’entre elles afin d’embarquer à bord, de façon clandestine.
Tandis que nous étions en train de fureter aux abords des hangars à navettes, Sial me mit un coup de coude au détour d’un coin de rue. Il se plaqua dans l’ombre et nous incita à en faire de même. D’un geste du menton, il m’indiqua un groupe de personnes dans la foule bigarrée, à l’autre bout de la rue.
-Tu vois ces gens, là-bas ?
A environ une centaine de mètres, je perçus avec peine une groupe de cinq personnes vêtues de manteaux à capuches telles qu’on pouvait en croiser à chaque coin de rues.
-Oui, et bien ?
-Troupes impériales. Même sous leurs manteaux, leurs armures énergétiques s’entendent à des kilomètres.
-Des Space Marines, tu crois ? Ils n’ont pourtant pas l’air tellement plus grands que le reste de la population.
-Non, ce sont des femelles. Les vierges du dieu-cadavre.
-Des Sœurs de Bataille, ici ? Sur ce monde ?
Je me mis à observer la scène depuis notre cachette, restant dubitatif, même si je savais que je pouvais me fier aux sens aiguisés de l’eldar.
Le petit groupe s’arrêta à une quarantaine de mètres de notre position. Une des personnes sembla distribuer quelques directives aux autres qui l’accompagnaient. Tandis que deux d’entre elles se dispersaient, la première s’entretint avec celle restée à ses côtés. Ce faisant, elle rabaissa sa capuche, dévoilant son visage. Ce fut comme prendre un coup de fouet en le voyant en un tel endroit.
Je reconnus cette femme encore jeune, aux cheveux blonds cendrés coupés très courts et aux yeux couleur acier qui lui donnaient l’air volontaire et farouche de ses belles guerrières amazones des mondes sauvages. Je reconnus la balafre qui fendait sa joue gauche jusqu’à ses lèvres charnues, tout comme je reconnus son œil augmentique.

-La Chanoinesse Yoanna Cruz, me mis-je à murmurer, réalisant soudain ce que cela impliquait.
-Tu sembles la connaitre ? Me répondit Sial.
-Oui, dit Logan à ma place, Sœur Cruz est le bras droit de l’Inquisitrice Cassandra de Ratisbonne.
En silence, j’ordonnais à mes compagnons de me suivre et de nous replier. Si Cassandra était ici, ce n’était assurément pas par hasard et je n’avais nullement envie d’avoir une confrontation directe avec elle.
Parcourant plusieurs ruelles obscures, à la faveur de la nuit, je reçus soudain un appel vox venant de Mara.
-J’écoute ?
-Passez en fréquence cryptée.
Ce que je fis.
-Vous pouvez parler. Que se passe-t-il ? C’est à propos de Meredith ?
-Je suis en observation depuis quelques instants devant le bâtiment du medicae où elle est traitée en ce moment-même. J'ai passé la zone à l’aupex et il semblerait que nous ayons un problème.
Je m’arrêtais aussitôt, faisant signe à mes compagnons d’en faire de même.
-Meredith n’est plus là ?
-En fait je l’ignore…je viens de repérer plusieurs cadavres aux abords de sa chambre, par contre ce qui me chagrine le plus vient de ce que je ne vois pas.
-Je n’y comprends rien…Expliquez-vous ?
-Un système de brouillage est actuellement déployé, là où elle devrait se situer. Mon auspex ne parvient pas à passer au travers…
-Et bien faites…
-Attendez ! Je capte une communication, je dois couper.

Je restais quelques secondes, cherchant à digérer l’information.
-Que se passe-t-il avec Meredith ? Me demanda Logan.
-Nous avons de gros problèmes…

Sans attendre, Sial activa son vox et passa en langage eldar. Il appela Lomendil et son équipe, leur ordonnant de converger de toute urgence vers la position où se trouvait Mara.

Mon vox vibra de nouveau, je l’activais. Mara me murmura quelques mots. De la sueur perlait sur mon front.
-J’ai du me déplacer afin d’avoir un meilleur point d’observation.
-Que se passe-t-il par le Trône ?
-Je vous transfère la communication.
Je perçus un bruit blanc suivi de crépitements statiques et reconnus une voix déformée par un accent xenos.
-Encore merci pour…proies, prêtre de... , le Seigneur Voïvode Khalim'Sha saura se montrer reconnaiss...
-Voïvode Al'Rakarr....vous vous méprenez grandement sur nos intentions....cette fille est à moi.

-Ce n’était pas l’accord qui était prévu, mon-keigh dégénéré !

Je perçus alors une succession d’explosions qui satura le vox.
Mara reprit la ligne.
-Dante, ils sont en train de s’entre-tuer… Attendez ! Quelqu'un sort du bâtiment… Par Terra, un Astartes....non…un légionnaire du Chaos. Il porte quelque chose dans ses bras....Un corps je dirais. Ce marine est en train de s’en aller avec votre assassin, Dante !
-Est-elle encore en vie ?
-Si elle l’est, ai-je l’ordre de l’éliminer, Dante ? Confirmez.
Je n’eus aucune hésitation.
-Je confirme. Que l’Empereur nous pardonne…Puis repliez-vous à l’astroport. Terminé.
Je coupais la communication, laissant passer un instant.
-Que vient-il de se passer ? Me demanda doucement Logan. Meredith est morte, c’est bien cela ?
-Oui. Je viens d’ordonner à Mara de lui ôter la vie…Il allait l’enlever…
-Qui allait l’enlever ?
-Anthérax.
Logan déglutit à grand peine. Le technosorcier de la Black Legion n’en avait pas fini de nous surprendre visiblement.
-Joshua, puis-je te poser une question ? Me demanda Sial.
-Vas-y.
-T’es-tu demandé pourquoi Anthérax s’intéresserait-il au corps presque sans vie de ton ancien agent ?

La question avait le mérite d’être pertinente, comme toujours venant de Sial. Mais j’avoue que je n’osais deviner quel pouvait en être la réponse.


Œil de la Terreur.
Monde de Logan.
Site minier de Koper Pedy
04h53, Tempus Obscurus.


Le lendemain matin, nous nous trouvions sur le site minier de Koper Pedy, juste avant que l’activité du camp ne s’éveille. J’avais préféré éviter les galeries instables de la dernière fois.
Dissimulés sur un aplomb rocheux à quelques distances, nous observions la configuration des lieux. Pour l’occasion, nous avions revêtus des tenus du désert, des combinaisons de survie thermo-régulées sur lesquelles nous avions enfilés de longs et amples vêtements. Une pièce de tissus couvrait nos têtes déjà dissimulées derrière des masques respirateurs et des lunettes photochromiques.
Des navettes cargo étaient chargées et allaient partir peu après l’aube pour vider leur cargaison à bord des soutes du Morning Star en orbite.

Sans quitter mes magnoculaires thermiques, je lançais à l’attention de Mara :
-Comment procède-t-on à présent ?
Elle consulta son chronomètre.
-Nous devons nous infiltrer dans le camp. L’aube ne tardera pas à se lever, il nous faut encore profiter de la pénombre.
-Et ensuite ?
-Ensuite, on s’introduit dans une de ces navettes. Ce sera notre seule chance pour nous infiltrer à bord du Morning Star. Nous savons que Goldberg va quitter l’orbite aujourd’hui pour aller livrer sa précieuse cargaison à Azencoth. Il va donc nous servir de taxi.
-Cela nous laisse combien de temps ?
-Je dirais que nous disposons de vingt minutes. Pourquoi ?
-Jana Vesperax est ici, je ne pars pas sans elle, lui répondis-je alors.
A mes côtés, Logan observait en silence la scène en contrebas depuis la lunette de visée que Sial, à côté d’elle, lui avait prêtée.
-J’ai ressenti sa présence, moi aussi, me dit-elle à voix basse.
-Cela comporte d’énormes risques. Sans compter le temps que cela prendrait. Lâcha enfin Mara.
-Voilà pourquoi nous n’allons pas trainer, lui répondis-je.
Déjà, mes compagnons et moi étions en train de nous glisser vers les ombres et commencions à redescendre entre les rochers.

Entrer dans le camp ne fut pas le plus compliqué. Le bruit des moteurs et la masse de lourds camions effectuant un lent va-et-vient entre le site d’extraction à quatre cents mètres de là et l’aire d’atterrissage des navettes nous permis de passer relativement inaperçus. Des gardes surveillaient les zones sensibles mais tant que nous ne cherchions pas à nous introduire dans un bâtiment, nul ne fit trop attention à nous. Dissimulés derrière des piles de gravats, je fis signe à mes équipiers.
Les navettes de fret se trouvaient à une quarantaine de mètres sur notre droite. Sur la gauche, à trente mètres environ, se trouvaient une dizaine d’abritentes modulaires. Des gardes armés de fusils automatiques discutaient devant, tout en fumant des cigalhos.
-Elle est ici, je ressens sa présence, me murmura Logan.
-Moi aussi, lui dis-je.
Je me tournais vers mes compagnons.
-Restez ici, je vais la chercher.
Mara m’attrapa le bras.
-Vous êtes sûr de ce que vous faites, Dante ?
-Certain. Couvrez-moi !

L’instant suivant je me faufilais entre les ombres et me coulais parmi les tentes. Dégainant de ma botte un poignard monomoléculaire, je m’approchais du module où elle se trouvait. Les gardes étaient situés à tout juste dix mètres de ma position. Je pouvais entendre leurs voix par intermittence malgré le vacarme alentours.
En silence, je me mis à découper le matériau composite afin d’y ménager un passage suffisant pour m’y glisser. J’entrais alors dans l’abri. Une faible lueur émanait d’un petit lumiglobe cerclé de bronze, accroché au plafond de la tente et diffusant une lumière orangée à l’intérieur.
Je me doutais bien que les choses avaient mal tourné pour elle depuis que j’avais dû la laisser entre les salles pattes de ce sale porc de Sabellus.
Mais tandis que je la vis, une image d’elle, accrochée dans la soute de la Vierge de Fer me revint aussitôt à l’esprit et me rendit alors mal à l’aise, comme portant soudain le poids de ma propre culpabilité.
Jana Vesperax étaient une Wyrd qui n’avait jamais eu une vie normale et paisible comme l’aspire tout citoyen. Elle était maudite de par la souillure que le Warp avait laissée en elle. Plus jeune, elle avait été enlevée puis formée aux arts sombres et forcée de collaborer à un projet orchestré par des sorciers déments. Ces derniers avaient aussi laissés leur trace en elle.
Pour ses connaissances occultes et interdites liées à un projet hérétique majeur, je l’avais finalement traqué puis capturé au prix d’une véritable enquête.
En tant qu’inquisiteur, j’avais du recourir alors aux méthodes poussées d’un interrogatoire en règle. La sorcière Jana Vesperax avait été soumise à la question et devait finir purifiée par le feu. Je n’en tirais nulle satisfaction autre que celui du résultat obtenu.
Brisée, elle avait fini par me dévoiler ce qu’elle savait et en échange de son salut, s’était engagée à collaborer. Alors qu’elle devait mourir de mes mains, je lui avais alors accordé ma confiance le temps de notre accord.
Devenu moi-même paria aux yeux de certains de mes pairs, je du avouer que mon jugement à son égard en avait été plus que modifié. Sa collaboration avait très largement contribué à la réussite de ma mission et cela restait indéniable, quoiqu’en pensent ces damnés puritains et leur étroitesse d’esprit.
Lucide, Jana ne se berçait pourtant pas d’illusion. Elle savait que son âme était damnée mais souhaitait avant tout se venger de ceux qui avaient fait d’elle la sorcière du Warp qu’elle était devenue.

Elle se trouvait à présent au centre de l’abri modulaire. Crucifiée à même des poutrelles métalliques, son corps brisé n’était plus qu’une plaie béante. Le sang continuait de perler sur sa peau ouverte et tuméfiée. Elle vivait encore mais son pouls et sa respiration étaient très faibles. Je m’approchais d’elle et pus entendre sa respiration douloureuse et sifflante.
Elle tourna légèrement sa tête vers moi. Trône…ses yeux. Ses yeux avaient été arrachés.
Elle chuchota quelques mots entre ses lèvres fendues.
Je m’approchai pour les entendre.
-Je savais que tu viendrais…Me dit-elle dans un souffle, sans même me voir.
-Qui à fait ça ?....pourquoi ?
Inspectant ses entraves, je cherchais à la sortir de là mais ses membres et son corps étaient empalés par des tiges en acier. La libérer allait assurément la tuer. La laisser là allait aussi la tuer.
-Ils voulaient savoir…Ils se doutent que tu…Mais je…je n’ai rien dit…
Un souffle passa entre ses lèvres. Le dernier.
Je récitais une prière pour le salut de son âme et lui jurais que son sacrifice n’allait pas être vain.
A l’extérieur, un des gardes approchait de la porte. Je vis son ombre par transparence, ainsi que son mégot qu’il envoya voler un peu plus loin. Etre découvert ou l’éliminer allait grandement compromettre notre mission. Sans bruit, je me glissais de nouveau par la fente que je m’étais ménagé dans la paroi à l’arrière de l’abri. Je remis le pan en composite en place au moment où il entrait et me faufilais de nouveau vers mes compagnons, profitant de la fumée et de la poussière dégagées par les engins de chantier.

Des questions se bousculaient alors dans mon esprit. Sabellus avait donc eu des soupçons… A moins que ce ne soit ses commanditaires ? Bien sûr…Azencoth ! Il était certain que ce maudit sorcier était le plus à même de m’inquiéter.
Je les retrouvais quelques instants plus tard. Voyant ma tête, personne ne posa la moindre question, tous avait déjà compris.


Chapitre VI
Spawndeath


Nous profitâmes du chargement de la prochaine navette pour nous glisser à l’intérieur de sa soute juste avant son décollage pour rejoindre le navire en orbite.
L’espace pour nous installer aux côtés des containers était des plus exigus et n’était pas sans risque, car bien que pressurisée, la cabine n’était pas censée accueillir du personnel pendant son transit.
Le voyage dura moins d’une heure qui nous parut une éternité tellement les conditions dans la soute étaient éprouvantes et difficiles. Le froid, les vibrations et la poussée faillirent nous tuer tellement nous fûmes secoués et malmenés. Même Mara et Sial, pourtant plus accoutumés que Logan et moi, eurent du mal à tenir.

Je perdis finalement connaissance au bout d’un moment pour me faire réveiller par Mara qui me signalait que nous allions apponter.
Nauséeux et encore engourdi par le choc du voyage, je forçais mon esprit à reprendre le contrôle de mes sens encore embrouillés. La soute s’ouvrit et des serviteurs bardés d’augmentiques s’occupèrent du déchargement selon leurs routines préprogrammées. Ils ne prêtèrent même pas attention à nous.

Nous étions dans les soutes d’un grand navire marchand. Des navettes semblables à la notre faisaient le va-et-vient sur le pont d’envol en direction de la surface. Des cyborgs, des technomécaniciens et des gangs de matelots aux allures de brutes épaisses s’aidaient d’engins bipèdes élévateurs pour décharger une partie de la cargaison.

Une majorité des navettes de fret transportaient avec elles des containers emplis de minerai destiné à être livré sur Spawndeath, le monde-forge du Mechanicum Noir qui était notre destination finale au sein de l’Œil de la Terreur. D’autres navettes, plus petites, comme la notre, transportait ce qui semblait être du matériel ou du ravitaillement.

Dans un vacarme assourdissant, mêlé de fumées de prométhéum et d’huiles, d’odeurs de graisse et de sueur nous nous glissâmes hors de la soute de l’appareil, profitant de la pénombre et des vapeurs omniprésentes sur le pont. Entre les rangées de caisses nous parvînmes à trouver un endroit où nous cacher.

Nous allions devoir nous dissimuler dans les sous-ponts, le temps que durerait ce voyage. Une chance, me dis-je, car il devrait être court. Quelques heures tout au plus par le Warp. Mais en cet endroit maudit, qui saurait le dire ?

Un local technique nous permit de nous dissimuler brièvement. Abandonnant nos capes et les jetant dans un conduit d’incinération, nous empruntâmes quelques combinaisons spatiales utilisées par le personnel naviguant et les pilotes. Elles étaient de plus, assorties de casques à visière polarisée. Cela nous permit de devenir anonymes le temps du voyage. Faisant alors mine de surveiller quelques documents et tablettes de données, nous cherchâmes un endroit un peu à l’écart mais non loin des navettes de fret. Mara trouva un panneau de contrôle où se situaient des plots de connexion sur une des parois de la soute. Elle y brancha une tablette de données et commença à effectuer quelques manipulations.
-Que cherches-tu ? Lui demanda Logan.
-Tout et n’importe quoi qui pourrait m’être utile. Comme un plan du navire, mais aussi des informations sur ses archives, sa destination ou la composition de son équipage.
-Et tu crois que l’esprit du navire va coopérer ?
-Si on sait comment lui parler, oui.
-Je ne te savais pas versée dans les arcanes secrets du Mechanicum ?
Mara ne répondit pas, en échange elle lâcha un petit sourire.
-Le capitaine du Morning Star est un petit malin.
-Et en quoi ? Lui demandais-je en tentant de déchiffrer les flux de données qui défilaient sur l’écran rétro-éclairé de la tablette de données.
-Il a tellement fait modifier son navire que l’on pourrait croire qu’il ne s’agit là que d’une vieille frégate de commerce presque sans défense. En réalité, ce vaisseau cache quelques surprises qui doivent surprendre bien des imprudents.
Elle coupa la liaison et désactiva sa tablette de données.
Ces données auront un jour leur utilité, me dit-elle. Puis elle la rangea dans une de ses poches, l’air préoccupé, comme si cela lui évoquait un sentiment connu.
-Il y a autre chose ?
-Ce navire a du passer un peu trop de temps dans cette région. Son esprit en a été affecté.
-De quelle manière ?
Elle resta songeuse un instant, puis secoua la tête.
-Et bien ? Lui demandais-je.
-Le Warp doit me jouer des tours. Un instant j’ai cru que l’esprit du navire cherchait à communiquer avec moi.
-Certains adeptes de Mars en seraient capables, à ce que l’on dit, non ?
-Je ne suis pas un Magos, Dante. Qu’on le veuille ou non, le Warp laisse son empreinte de manière indélébile chez tous ceux qui entrent en contact avec lui.
-C’est que nous appelons la corruption. Ce vaisseau est corrompu selon vous ?
-Je l’ignore…Voilà pourquoi il ne faudra pas trainer trop longtemps dans le coin.
-Pour cela, il nous faudra un jour revenir dans l’espace protégé par notre bien aimé Empereur, lui répondis-je d’un air morose.
-L’Empereur protège.
-Oui mais peut-être pas ici…
Elle tourna son regard vers moi.
-Gardons la foi, Dante. Je ne tiens pas à ce que l’un de nous craque, pas si prêt du but.
J’hochais la tête tout en scrutant mes compagnons.
-L’Empereur protège, murmura Logan en effectuant le signe de l’Aquila. Elle était nerveuse, je pus le percevoir.

Je reportais alors mon regard sur Sial. L’eldar était occupé à observer les alentours. Il tourna son regard vers moi, un air indéchiffrable sur son visage xenos, comme c’était souvent le cas avec les eldars. Je ressentais cependant son malaise. Ses pupilles de félide étaient dilatées, comme s’il venait de prendre du spook.
Je sentais moi aussi les effluves aethériques qui nous entouraient lentement. L’essence même du Warp s’insinuait autour de nous, tel un voile glacé qui nous traversait, un murmure dans nos oreilles ou une main furtivement posée sur notre épaule.
Etait-il en train de perdre la raison ?
-Sial ?
Il nous regarda tour à tour, effleurant la pierre-esprit qu’il portait sur lui. D’un coup sec, il tira sur le pendentif qui se détacha de son cou.
-Que fais-tu ? S’écria Logan.
Il les dévisagea, elle et Mara et ne parvint à lire en elle. Leurs âmes avaient été consumées le jour où elles étaient parvenues à résister à une possession démoniaque. Cette particularité les avait depuis immunisé aux influences pernicieuses du Warp et avait fait d’elles ces êtres désormais exceptionnels que le Chaos ne pouvait plus atteindre. Il repensa à ce que Weena lui avait enseigné sur HaranShemash et comprit pourquoi Celui-qui-marche-avec-les-Dieux, le Solitaire Arlequin l’avait choisi, lui.
Sial se mit alors à ricaner, sa bouche déformée par un large rictus.
-Quelle est cette folie soudaine ? Lui lançais-je.
-Qu’es-tu prêt à sacrifier pour réussir cette mission, Joshua ?
-Sacrifier ? Soufflais-je alors dans un murmure, me rappelant ce mot qui, dans mes cauchemars, m’assaillaient depuis des mois.
Il me montra la pierre qui pendait au bout de sa chaine et me désigna Logan et Mara.
-Nos âmes. Voilà, ce que nous devons perdre pour réussir, Joshua.

Le voyage qui nous séparait de notre destination finale dura plusieurs heures. Toute notion de temps était impossible à évaluer et il aurait tout aussi bien pu s’écouler plusieurs jours ou quarante-cinq minutes.
Nous restâmes dissimulés le plus possible tout au long de ce périple.

Après un temps qui me parut interminable, restés dissimulés dans les sous-ponts des docks d’embarquement, nous commencions à ressentir des vibrations annonçant un changement de régime des moteurs. Le navire venait d’arriver enfin à destination car les équipes de manœuvres et de serviteurs mécanisés se mirent en mouvement pour préparer les navettes.
Nous faisant alors passer pour du personnel naviguant, nous montâmes à bord de l’une d’elle, tandis que son équipage était déjà en place. Mara et Sial les éliminèrent rapidement et silencieusement. Leurs corps furent placés à l’arrière dans la soute, tandis que nous prenions place dans l’habitacle. Mara prit les commandes et commença à effectuer les dernières vérifications.
Quelques instants plus tard, les premiers engins quittaient le pont d’envol en direction du monde situé juste en dessous.
A peine le sas d’embarquement franchi, nous décrochâmes vers la surface avec une accélération brutale qui secoua l’habitacle et chacun de nos os au point de les briser.

A travers la baie de la cabine, l’espace n’était en rien une nuit noire ponctuée d’étoiles. L’enfer ne pouvait que ressembler à cela, me dis-je en serrant les dents, à cause de l’accélération.
Le cosmos et la galaxie semblaient avoir disparus. J’eus alors l’impression de me retrouver, telle une particule au cœur d’un gigantesque organisme pulsant et vivant. Les couleurs autour de nous étaient irréelles et inhabituelles. Le fond, qui emplissait l’espace était violacé et veiné de pourpre comme une tumeur cancéreuse qui semblait s’étendre à l’infini. Parmi ses ramifications, se trouvait des cloques, des pustules et des métastases. Ces excroissances étaient en réalité des planètes remodelées à l’image de la folie des lieux.
Toutes étaient d’un rose couleur de chair exposée, d’un noir comme le sang coagulé, ou rouge comme le sang giclant d’une artère, ou encore d’un jaune purulent ou d’un vert bilieux.

En-dessous de nous, se trouvait le monde de Spawndeath. Sa surface était couverte de volcans et de coulées de laves rougeoyantes qui sillonnaient sa croute noirâtre en y dessinant d’étranges et inquiétants symboles. J’eus alors l’impression que depuis l’orbite, des messages étaient en train de s’y inscrire sans cesse. Des mots se formaient en lettre de lave et bien que je ne comprenne aucunement ces caractères, je parvins à presque en saisir le sens. Des phrases commençaient à se former dans ma tête. Des mots qui me disaient de déboucler ma ceinture, de me lever et de sortir de cette navette. J’allais me lever, lorsque la main de Logan se posa sur la mienne avec fermeté. J’allais la repousser mais elle me regarda fixement tout en récitant une litanie. La nausée me vint aussitôt, j’eus grand peine à fermer les yeux et à me concentrer
-Ne cherchez pas à regarder les symboles, finit-elle par crier dans l’habitacle.
Le monde autour de moi se mit à tourner. Je ne vis alors plus rien, perdant connaissance l’espace de quelques secondes.

L’instant d’après, quelqu’un me poussait en dehors de la cabine. Nous étions dehors ou à l’intérieur de je ne sus quel endroit infernal. L’air, chargé de fumées, était irrespirable et puait le souffre et le brûlé. La température était étouffante et je pus alors distinguer les rivières de magma en fusion qui coulaient sous la passerelle où je me trouvais. La navette était posée derrière nous et déjà des serviteurs, mi-machines, mi-créatures des enfers s’employaient à décharger leur cargaison à l’aide de leurs lourdes pinces munies de griffes acérées. Les machines ressemblaient aux marcheurs de type Sentinelle, utilisés au sein des régiments de la Garde Impériale. Ils en avaient tout du moins la taille et l’apparence, avec leurs longues pattes inversées, garnies de griffes tranchantes. La cabine avait cependant été modifiée. Sur le nez de l’engin se trouvait une tête similaire à celle d’un gros reptile à la mâchoire garnie de crocs. Je pus constater qu’elle était mi-organique, mi-machine et avait du être greffée à l’habitacle. De chaque côté, se trouvaient les pinces hydrauliques, similaires à des bras augmentiques garnies de longues griffes. Enfin, là où aurait dû se trouver la cabine abritant le pilote, se trouvait le tronc d’un pilote esclave, greffé à même l’habitacle. Ses jambes avaient été amputées pour un gain de place et il était ainsi directement connecté aux fonctions motrices de la machine démon. De ses bras nus, il dirigeait l(engin diabolique comme il l’aurait fait avec une monture.
Je vis avec effroi, que plusieurs de ces monstres s’employaient à décharger les containers des navettes comme la notre.

Mara nous attira vers la passerelle tout en nous indiquant un passage menant à se qui semblait être des hangars.
Sur le pourtour, parmi les vapeurs toxiques et la lueur rougeoyante, je pus distinguer d’autres silhouettes tout aussi inquiétantes. Des gardes colossaux, en armure énergétiques gardaient le périmètre et surveillaient le déchargement. La plupart semblaient être équipés d’armes lourdes.
Mara se figea et nous plaqua contre une pile de caisse. Un des marines approchait dans notre direction, un bolter combiné à un fuseur, à la main, il devait nous avoir repérés. Sial dégaina ses armes et nous ordonna aussitôt de nous protéger, comme pressentant ce qui allait suivre.
C’est alors que des explosions retentirent un peu plus loin. D’abord je n’y prêtais pas attention, mais très vite je compris qu’elles n’avaient rien de normal. Les marines renégats se mirent en mouvement, comme un seul homme. Une des navettes explosa alors qu’elle allait toucher la passerelle. Ses débris en fusion s’éparpillèrent sur trois autres engins déjà au sol, les faisant exploser à leur tour. L’onde de choc ébranla la passerelle qui se brisa et qui commença à basculer dans le magma en contrebas. Les cinq marines qui venaient de se mettre en mouvement, furent projetés par le choc dans la lave en fusion où ils furent engloutis sans un bruit.

-C’est le signal, me lança Sial. Le Seigneur Maugan-Ra et Ulthwé viennent de lancer leur offensive.
Mara se releva, armes à la main, elle nous fit signe d’avancer.
Autour de nous, les explosions s’intensifièrent tandis que je vis les lourdes tourelles de défense du périmètre se mettre à cracher la mort sous forme d’obus traçants en continue.
Nous venions d’entrer dans un couloir technique. Mara qui avait affiché le plan des lieux sur sa tablette de données, prit un instant pour se repérer. Elle se tourna vers moi et me la tendis.
-On se sépare ici.
-Comment ça, on se sépare ? Lui répondis-je.
-Vous avez votre objectif, détruire ce complexe. J’ai le mien qui est d’éliminer Kuntz Azencoth, le cerveau de toute cette folie.
-Nous aurions plus de chance d’y parvenir en restant groupés, non ? De plus, en détruisant ce complexe, nous sommes assurés de tuer Azencoth en même temps.
Mara hocha négativement la tête.
-Je ne partage pas ce point de vue, Dante. Rien ne vous garanti qu’Azencoth périsse. Il peut très bien parvenir à s’échapper une fois de plus. Je vais donc m’assurer qu’il ne nuise plus jamais. C’est la mission pour laquelle le temple Callidus m’a formé depuis des mois et c’est la mission que je dois remplir. Nos chemins se séparent, Dante. Que l’Empereur vous garde.
Elle nous salua, Logan et moi.
-Que l’Empereur vous protège, lui répondis-je.
Puis elle fit un petit signe à Sial.
-Eliath, Sial Quaan Karan.
-Elith, YirrikBéla-Curath Marà, lui dit-il en retour.
Déjà, elle se glissait vers les ombres où elle se fondit complétement.


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[Roman 40k] Joshua Dante - Ordo Xenos - tome 3 Empty Re: [Roman 40k] Joshua Dante - Ordo Xenos - tome 3

Message par Illuminati Jeu 12 Déc 2013 - 10:41

Le plan du complexe avait été récupéré par Meredith, directement parmi des fichiers volés à Kuntz Azencoth, le sorcier. Nous avions appris lors d’une enquête sur Karis Cephalon que ce dernier projetait de construire à grande échelle des robots mus par des démons mineurs. La technologie employée était un mélange de science interdite xenos et de sorcellerie. Ces abominations étaient en ce moment même produits en série et allaient être d’ici peu lâchés sur les champs de bataille de la 13ème Croisade Noire d’Abaddon. Pour avoir pu constater ce qu’un seul prototype avait été capable d’infliger, je n’osais imaginer ce que des milliers causeraient comme carnage, même face aux Astartes. La victoire de cette Croisade pourrait alors basculer de manière significative.

Notre mission était alors simple. Là où un assaut direct n’aurait pu parvenir sans subir d’immenses dommages, les Ordos m’avaient ordonné d’infiltrer ce complexe avec mes agents pour le détruire.

Pour cela nous disposions d’informations cruciales transmises par Jana Vesperax, qui y avait travaillé. Le complexe, lourdement protégé face à un assaut direct, n’en demeurait pas moins vulnérable en son cœur. Le plus dur allait être de nous introduire jusqu’à ses réacteurs magmatiques, situés sous la surface. Là, nous allions devoir les saboter pour les faire entrer en surchauffe afin qu’ils explosent. Pour cela, Logan, Sial et moi, portions chacun dans une besace, une dizaine de charges à fusion. La réaction en chaine de leur explosion suffirait à engendrer une explosion telle qu’elle ferait fondre le noyau de méthane solide de la planète. La fission nucléaire qui en résulterait devrait désintégrer la planète et tout ce qui s’y trouvait en quelques secondes.
Le seul point noir de toute cette mission était que nous ne possédions apparemment aucune chance d’en échapper vivant. Cette mission était donc un pur suicide. Logan, Sial et moi en étaient parfaitement conscients.

Nous disposions de vingt quatre heures pour réussir. A l’issue de ce délai, une flotte inquisitoriale appuyée par une force Space Marines, tenterait de forcer les défenses pour lancer une attaque massive, en pilonnant le monde à coup d’ogives virales ou nucléaires. Mais même ainsi, rien ne garantissait leur réussite.

Nous possédions cependant un atout de taille. Les Prescients d’Ulthwé avaient apporté leur soutien à Sial dans cette opération. En ce moment-même, le Seigneur Phoenix Maugan-Ra, à la tête de guerriers aspects venaient de lancer un assaut de diversion en surface.

Nous savions ce qu’il nous restait à faire.
Sial se saisit de la tablette de données et observa le plan.
-Suivez-moi, nous dit-il.

Empruntant un long conduit, nous nous enfonçâmes dans ce qui devait être les réseaux d’évacuation d’une partie du complexe. Même de là, nous perçûmes les vibrations occasionnées par les explosions en surface.
Sial, qui ouvrait la marche, nous fit emprunter un autre itinéraire, par ce qui devait ressembler à des couloirs techniques.
Là, d’énormes tuyaux ou ombilics serpentaient du sol au plafond dans de vastes salles aux dimensions gigantesques. Les vapeurs nocives, la chaleur des fournaises, le grondement sourd de machineries et des hurlements de terreur se firent alors entendre. Nous dûmes progresser rapidement, évitant au passage, des groupes d’individus bossus, aux membres difformes et recouverts de combinaisons et de masques de protection. Tous portaient des sortes d’outils ou d’armes rudimentaires. Sans doute des mutants ou esclaves employés dans ces forges démoniaques.

Nous nous trouvâmes soudain confronté à une vision de cauchemar. L’enfer, tel qu’il fut représenté dans la mythologie, avait dû être imaginé exactement ainsi.

Des files d’hommes et de femmes, par milliers. Peut-être étaient-ils même des centaines de milliers, voire des millions, à ce que je pouvais vaguement estimer. Des populations entières. De simples citoyens impériaux, mais aussi des militaires à en juger par les uniformes que portaient encore certains d’entre eux. C’était là les prisonniers de guerre et les civils raflés sur les mondes conquis dans les secteurs avoisinants. Tous étaient poussés par des brutes masquées, au corps difformes et armés d’électrofouets ou de gourdins lestés. Ils poussaient ces malheureux, blessés, émaciés et brisés, massés sur une passerelle, vers une mort abjecte et cruelle. Poussés de force par dizaines, les corps s’agglutinaient puis se trouvaient happés par une sorte de tapis roulant qui leur charriaient pêle-mêle. Parvenus au bout, cherchant à s’agripper les uns aux autres par tous les moyens, ils tombaient en hurlant, ne faisant qu’entrainer leurs compagnons avec eux. Par grappes entière, ils chutaient vers la gueule avide d’une machine infernale qui les attendait juste en dessous.
Les corps finissaient tous par tomber pour se faire broyer entre d’immenses mâchoires rotatives qui les réduisaient lentement en pulpe. La bouillie sanglante ainsi expulsée avec un bruit de déglutition s’écoulait en une bouillie visqueuse et immonde qui se déversait à son tour par des rigoles vers d’immenses chaudières où couvaient des brasiers gigantesques.
Les machines en elles-mêmes poussaient des sortes de complaintes, de grondements tels des bêtes enragées. Certaines étaient d’ailleurs enchainées comme des fauves féroces et semblaient trembler de rage, leur gueule béante semblable à celle d’antiques Léviathans. Là, des Magos Hereteks, en robes noires et aux optiques augmentiques rouges étaient affairés à les contenir ou à les exciter. Nul ne pouvait le dire. Certains tiraient sur de lourdes chaines en acier noirci qui les retenaient en place alors que d’autres les aiguillonnaient à l’aide d’électrolances.
Plus haut, sur des promontoires surplombant ce pandémonium, des prêtres-sorciers et des chapelains assistés de leurs laquais, scandaient des sermons à la gloire des puissances de la ruine. Relayées par des amplivox, leurs voix rauques récitaient en boucle des psaumes et litanies dans la langue sombre. Avec horreur, je vis derrière eux, des chœurs entiers composés d’enfants endoctrinés aux crânes rasés et tatoués de runes, qui chantaient des hymnes dont le rythme se calquait sur les battements des machines démons.
Ces fours infernaux ne se contentaient pas de s’alimenter avec de la chair et du sang humain, ils avaient été conçu spécifiquement pour consumer les âmes tourmentées des sacrifiés dans un but qui nous échappait totalement.
Peut-être n’y avait là aucune autre raison que celle de nourrir les démons des enfers, les alimentant de manière permanente en âmes fraiches.
Horrifiés par cette vision cauchemardesque, nous restâmes sans voix.
Le souffle coupé, je réalisais alors que je pleurais des larmes de sang. Logan se mit à vomir une masse gélatineuse et grouillante que Sial s’empressa d’écraser sous sa botte. Il allait nous falloir agir et vite.
L’eldar me fit signe que nous devions bouger.
-Ne pourrions-nous pas… ? Allais-je dire.
-Faire quelque chose pour eux ? Me répondit Logan.
Elle hocha la tête par la négative, tout en essuyant sa bouche.
-Ils sont déjà perdus. Mais au moins nous allons abréger leur souffrance et ce carnage.

Au détour d’un couloir, une équipe de mutants tomba nez-à-nez avec nous. Ils n’eurent pas le temps de réagir ni de comprendre et furent massacrés en quelques secondes. Dissimulant les corps, notre progression continua jusqu’à déboucher dans une crypte sombre, à l’air moite et à l’odeur écœurante. Des cris et des voix rauques parvenaient jusqu’à nous. Sans doute émises par d’autres gardes comme ceux que nous venions de croiser.
Au détour d’un couloir, nous en vîmes quelques-uns.
Plusieurs d’entre eux semblaient affairés dans une pièce. Y faisant irruption sans crier gare, lames à la main, nous les tuâmes brutalement avant qu’ils n’aient le temps de riposter.
Là, nous comprîmes enfin ce qu’ils faisaient. Des prisonniers étaient enchainés par dizaines et avaient subis des sévices et autres tortures. La plupart avaient déjà succombés à leurs blessures ou brulures au fer rouge.
Passant rapidement les malheureux en revue, nous en trouvâmes encore quelques-uns en vie.

Une fois libérés de leurs liens, huit hommes se tenaient alors devant moi. Ils avaient été de solides gaillards mais à présent, ils étaient torse nu, hirsutes, ensanglantés et couverts de crasse. Sans doutes étaient-ils là depuis des jours ou même plus. Sial nous rejoint alors, il venait de ramener une eldar. Son armure lui avait été retirée en partie pour qu’elle subisse sans nul doute les outrages les plus vils.
Il la couvrit de sa cape.

Je m’adressais à eux tous.
-Etes-vous en état de combattre ?
-Qui êtes-vous ? Me demanda un des gaillards, dans un souffle fatigué.
-Je suis l’Inquisiteur Joshua Dante de l’Ordo Xenos, en mission spéciale.
L’homme s’approcha de moi et me salua. Les autres hommes l’imitèrent.
-C’est vous qui commandez ces hommes ?
-Sergent Ransk, du 181ème Cadien. Ces hommes sont de mon régiment. Nous avons tous été capturé lors de la chute d’Agripinaa, Seigneur.
Comment ces hommes avaient-ils pu finir capturé ? Me demandais-je. En temps normal, la reddition ou la capture par l’ennemi n’était pas une option envisageable. Ces hommes avaient ainsi échappé à une mort honorable et si j’avais du appliquer les règles édictées par le Codex Exercitus, il aurait été de mon devoir de les abattre sur le champ pour couardise.
Mais la situation exigeait d’autres priorités.
-Soldats, êtes-vous prêts à à servir l’Empereur comme il se doit ?
-Si cela nous permet de leur faire payer, nous sommes avec vous, Seigneur.
-Ils vont payer, croyez-moi. Ramassez ce que vous pouvez comme armes et équipement, nous n’allons pas trainer.
Je me tournais alors vers Sial et la fille eldar.
-Qui est-ce ? Lui demandais-je.
-Une guerrière Banshee d’Ulthwé. Elle se nomme Mindiniel. Il semblerait qu’elle soit la seule rescapée d’un assaut avorté qui visait ce monde.
-Peut-elle combattre ?
-Elle le peut, me répondit Sial.
Je me détournais d’eux et me dirigeais alors vers les cadiens, tâchant de questionner leur sergent. Leur témoignage pouvait m’être précieux.

Logan approcha des deux eldars.
Sial était occupé à parler à la Banshee dans leur langue. Pendant ce temps, elle tâchait de retrouver des éléments de son armure composite. Certains éléments de sa cuirasse et des jambières semblaient encore en état. Elle trouva enfin sa longue épée énergétique quelle arracha des mains d’un des cadavres de mutants.
Sial tenait à la main, la fine chainette avec à son extrémité, sa pierre-esprit. Il se tourna vers la fille et lui passa le pendentif autour du cou.
Elle refusa mais il insista en lui parlant à voix basse.
-Que fais-tu? Lui demanda Logan.
-Ces sauvages ont brisé la pierre-esprit de Mindiniel, tout comme ils ont détruits celles des guerriers qui l’accompagnaient. Sans pierre, son âme serait damnée en un tel lieu et ne ferait que nourrir la Grande Ennemie. Je lui donne donc la mienne, afin de la protéger.
-Mais…et toi ?
Sial se permit un petit sourire.
-Le Cegorach est avec moi, Logan.
La Banshee posa un genou à terre en baissant la tête pour le remercier de cet immense honneur.


Suivis par nos nouveaux compagnons d’infortunes, nous reprîmes notre progression. Sial ouvrait toujours la marche et nous conduisait en direction des generatoria.

Débouchant dans une salle géante, renfermant un ensemble de réacteurs et emplies d’échangeurs thermiques, de refroidisseurs et de tuyères exhalant des vapeurs toxiques, une vingtaine de mutants firent leur apparition. Massifs et musculeux, ils dévoilèrent leurs crocs dégoulinant de bave et leurs yeux porcins. Visiblement, ils nous attendaient. Armés de lourdes chaines, de barres de fer, de lames dentelées et de haches, ils se mirent à grogner comme des grox puants en nous encerclant lentement.
Ils commencèrent alors à scander en boucle des mots que nous ne comprîmes pas tout de suite.
-Mooh-kill! Mooh-kill! Mooh-kill!
Nous avions nos armes à la main, prêts à défendre chèrement notre peau.
Un colosse de plus de trois mètres, à la tête de bovin, aux longues cornes incurvées et au corps musculeux, de la taille d’un orgyn écarta ses hommes sans ménagement. Il se mit à hurler sa rage dans un beuglement dévoilant des crocs rougis par le sang.
La rune du Chaos et d’autres symboles impies étaient tatoués sur son torse puissant. Dans ses poings énormes il tenait deux immenses lames tronçonneuses qu’il fit tournoyer autour de lui.
D’un ample geste circulaire, Moohkill, le champion des Dieux Sombres faucha trois des hommes du sergent Ransk, envoyant voler leurs morceaux et des gerbes de sang au travers de la pièce et dans un hurlement démentiel.

Un carnage s’ensuivit où plus rien n’avait de sens que les cris rauques, le sang giclant et les lames qui tranchaient dans les chairs avec un bruit sourd et humide. Nos sorts combinés, Logan et moi, appuyés par la sorcellerie dévastatrice de Sial eurent raison de la moitié de nos adversaires.

Tandis que par télékinésie, je dégondais une porte et la projetais sur lui, Logan et Sial le criblèrent d’éclairs et de flammes aethériques. Finalement, la Banshee, dans une danse mortelle, sauta par-dessus la bête et finit par le décapiter d’un geste fluide.
Je ne sus si la mort du champion ou le déchainement de nos pouvoirs en fut la cause, mais une onde d’éclairs violacés parcourut soudain la vaste salle, l’inondant d’ombres inquiétantes tandis qu’un souffle glacé nous traversa. Le corps de Moohkill convulsa, des éclairs frappèrent nos adversaires et deux d’entre eux furent pris de spasmes alors que leurs corps se mirent à brûler comme des torches.
Le reste de leurs compagnons ne faiblirent pas pour autant et leurs attaques reprirent de plus belle.
Quatre des hommes de Ransk étaient tombés, deux avaient été blessés, tout comme moi. Un coup au visage m’avait maculé de sang et à moitié aveuglé.
Nuls d’entre nous n’avaient été épargnés. Couverts de blessures, nous finîmes par triompher, non sans peine, de nos adversaires.

C’est alors que les deux corps en flammes, se redressèrent soudain comme des marionnettes tirées par des fils. Leur peau noircie et craquelées par le feu s’effrita et tomba en cendres sur le sol, laissant place à des silhouettes bien plus inquiétantes. Le reste des flammes mourut en volutes rosâtres. Une odeur entêtante emplie alors les alentours.
Deux démonettes nous faisaient face, un large sourire carnassier fendant leur visage rieur et dévoilant une myriade de petits crocs pointus de couleur perle. La beauté envoutante de leurs courbes faisant presque oublier quelles prédatrices étaient ces vils démons. De longs tentacules en guise de chevelure, serpentaient du sommet de leur crâne. Leur corps à la peau nue n’était là que pour nous déconcentrer. Je du raffermir ma prise sur la garde de mes armes et me mit à invoquer une litanie. Ma peau se mit à fumer.

La première sur jeta sur un des cadiens. Imprudent, il resta fasciné par le regard de la créature, même lorsqu’elle lui trancha la gorge, s’inondant avec délice du sang du malheureux, le lapant goulument de sa langue bifide.

Elle mourut juste après. Je lui tirai trois psy-bolts, presque à bout portant en plein torse, la faisant exploser dans une gerbe rosâtre et dans un cri strident.
La deuxième bondit par-dessus, tel un félide et se jeta sur Sial. Ils luttèrent ainsi au corps-à-corps durant plusieurs secondes. Elle esquivait la lame sorcière tandis que lui, parvenait à parer les coups de griffes osseuses et tranchantes.
Les soldats restant reculèrent, impuissants devant la rapidité à laquelle s’échangeaient les coups.

L’eldar bougeait vite, il parvenait à anticiper chaque attaque, cependant la démonette ne ressentait aucune fatigue, ce qui n’était pas le cas de Sial.
D’un geste assuré, il lui trancha un bras. Elle cracha et siffla, faisant jaillir sa langue serpentine. Il frappa d’estoc et l’empala d’un coup.
Elle poussa un gémissement auquel se succéda une série de spasmes qui secouèrent son corps tel un orgasme. De sa main encore valide, elle attrapa la lame et se l’enfonça d’un coup sec, tirant Sial tout contre elle. Elle poussa alors un gémissement rauque qui se termina par un petit rire cristallin, comme celui d’une amante comblée. Sa longue langue s’enroula soudain autour du cou de l’eldar, le forçant à se coller à elle dans une étreinte mortelle.

Logan et moi nous précipitâmes sans hésiter. J’allais tirer mais comment toucher le démon sans tuer Sial par la même occasion ?
Logan n’eut pas la même retenue. Elle passa sa lame énergétique directement dans la gorge de la démonette. Cette dernière produisit un son étranglé et se dégagea de sa proie. Sial tomba au sol à ce moment là. J’ouvris le feu à deux reprises. La première balle psychique la toucha en pleine poitrine, l’ouvrant en deux, la seconde lui vaporisa la tête dans une gerbe de fluides épais et glaireux.
M’assurant que plus aucun ennemi ne bougeait, je reportais soudain mon attention vers Sial et Logan. L’eldar était au sol, il saignait abondement. Je me précipitais vers lui alors qu’il tentait de se redresser. Il claquait des dents et du givre était en train de blanchir ses cheveux et ses sourcils arqués.
Logan lui ôta le plastron éventré de son armure pectorale. Elle écarta et déchira un pan des robes de l’Archonte, ce qui eut pour effet de lui faire serrer les dents de douleur. De la vapeur jaillissait en sifflant depuis la plaie.
Là, inséré profondément dans les chairs de sa poitrine en sang, se trouvait la pointe d’une lame osseuse et dentelée de couleur violacée. La démonette était finalement parvenue à le toucher. Les chairs, tout autour commençaient déjà à se nécroser.

Retirer la pointe s’avéra finalement plus compliqué que prévu et risquait de plus de le tuer. Nul organe ne semblait avoir été touché, même si la griffe était apparemment passée à quelques centimètres de ce qui devait être son cœur. Par contre, curieusement, elle semblait chercher à s’enfoncer plus profondément dans les chairs, comme animée d’une volonté propre.
Logan et moi dûmes user de nos sorts, une fois de plus. Ainsi, il nous fut possible d’extraire la plus grande partie de la griffe. Une petite pointe barbelée ne put cependant être retirée. Sial, si nous devions nous en tirer aurait besoin de soins chirurgicaux plutôt lourds pour se la faire retirer mais sans doute aussi d’un véritable examen aethérique complet. Il avait perdu beaucoup de sang et en restait très affaibli.
Logan usa de ses capacités de biomancienne pour ressouder ses chairs et lui permettre de tenir le coup encore quelques temps.

Nous ne devions pas trainer. Logan et moi étions encore en état de nous battre, tout comme Ransk et deux de ses hommes, le caporal Horowitz et le soldat Malinowski. Sial arrivait à peine à nous suivre, tellement sa blessure le faisait souffrir. Je doutais qu’il tienne jusqu’au bout et cela m’attrista. Sans doute allais-je tous les perdre comme Meredith, pourtant je n’arrivais pas à me faire encore à cette idée.
Reprenant notre progression, bien qu’amoindris et affaiblis, nous débouchâmes finalement dans ce qui semblait être une des unités de fabrication du complexe. Là, un violent combat faisait rage opposant une horde de guerriers métalliques à des marines renégats.
Les bolters et armes lourdes des marines du Chaos ripostaient aux rayons implacables des armes à fission.
-Des nécrons ! Criais-je avec effroi à mes compagnons.
Déjà, chacun pris sa position, observant, subjugués, les xenos robotisés qui continuaient leur progression par centaine, de manière implacable.
-D’où viennent-ils ? Demanda Logan.
-La question est plutôt…Pourquoi viennent-ils ? Lui répondit Sial dans un souffle étranglé. Sans doute cherchent-ils à reprendre ce qui leur appartient, nous désigna-t-il en nous montrant du doigt des centaines de droids qui sortaient des chaines de montage.
Je du reconnaitre que la ressemblance entre les nécrons et les robots démoniaques était assez frappante.
-Cela n’en fait pas pour autant nos alliés, lui répondis-je avec un sourire sardonique. Ne cherchons pas à nous perdre dans le manque de logique xenos, nous allons en profiter pour exterminer les deux camps.

Profitant de la confusion et de la bataille qui se déroulait autour de nous, nous décidâmes de nous faufiler discrètement vers un long couloir menant aux generatoria. Ses lourdes portes blindées étaient ouvertes et les restes des légionnaires du Chaos qui les gardaient gisaient, encore fumant, au sol. Apparemment quelqu’un avait déjà eu la même idée que nous.

Autour de nous, le complexe vibrait sur ses propres fondations. Un assaut massif était en train d’en ébranler la structure.
-Dépêchons-nous de placer les charges, lançais-je au reste de l’équipe tout en ouvrant mon propre sac. Il ne faut pas trainer.

A peine étions-nous entrés que les portes se refermaient dans un bruit sourd. Dans la vaste salle des générateurs au plasma, deux silhouettes se laissèrent tomber d’une des passerelles nous surplombant. Une autre créature de cauchemar, sortant de derrière un refroidisseur s’avança entre eux, d’un pas lourd et mécanique.

Anthérax.



Chapitre VII
Sacrifice

Le Techno-Sorcier et deux de ses créatures Oblitérators, venaient de nous accueillir.
Le premier de ses sbires, de la taille d’un Astartes, nous dévoila ses énormes bras chromés, qui se changèrent en deux bolters lourds, tout en effectuant un sourire grimaçant, montrant ses rangés de dents en adamantium. Son crâne à moitié métallique n’était qu’un masque à l’aspect squelettique.
La deuxième créature avait du être une femme au corps athlétique. A présent, ce qu’il en restait avait été transformé afin de devenir une créature mi-humaine mi-machine. Ses longues jambes étaient faites d’un métal noir et huileux, tout comme ses bras et de nombreux implants qui ponctuaient sa chair aux reflets chromés, tout comme le masque qui remplaçait son visage. Ses bras se changèrent alors en deux lames énergétiques parcourues d’éclairs violacés et crépitant.

Une fumée rougeoyante, chargée de soufre s’échappa de la visière du casque d’Anthérax en même temps qu’un grondement sourd semblable à celui d’une forge. Son implant vox traduisant sa langue sombre dans en bas Gothique grave, de manière instantanée.
++Inquisiteur Dante…Gronda-t-il. J’étais sûr que vous alliez vous inviter à l’achèvement de mon projet++
-Vraiment ? Dis-je alors en écartant les bras, désignant le bruit des combats alentours. Je n’ai pourtant pas l’impression que ce projet fasse tant que cela l’unanimité.
Une série de craquements métalliques secoua la carcasse colossale du Magos Noir. Je crus tout d’abord qu’il allait tomber en pièce mais je me ravisais. L’horrible bruit devait être un ricanement que son implant avait du mal à retranscrire.
++Ces attaques pathétiques ne signifient plus rien, Dante. D’ici quelques minutes, ma nouvelle armée aura balayée ces jouets pitoyables qui présument bien mal de leurs forces. Tout comme vous++
-C’est là que vous vous trompez, Anthérax.
Ses servo-bras se relevèrent soudain dans notre direction. Ses bolters asservies et son fuseur se verrouillèrent
Sur nous.
Je laissais alors glisser en moi mes pouvoirs. Logan en fit de même alors que le reste de mes compagnons levèrent leurs armes. Face à une telle puissance de feu et à leur blindage nous risquions de ne pas tenir bien longtemps.
L’Oblitérator releva ses deux bolters lourds, les culasses s’armèrent automatiquement. De son côté, la fille se déplaça lentement de côté, prête à nous prendre de flanc, tout en faisant tournoyer ses épées énergétiques autour d’elle.
++Vous allez, je l’espère, savourer l’ironie de votre mort, Dante. J’ai toujours trouvé que l’assassin qui vous accompagnait ne pouvait pleinement développer tout son potentiel à vos côtés. Sa froideur mécanique m’a toujours profondément fascinée, à une échelle que vous ne pourrez jamais appréhender avec vos sens si limités. Alors que sa faible enveloppe de chair n’était plus que ruine, je lui ai offert l’immortalité qui convient en transfusant en elle mes propres nanofluides++
D’un geste d’un de ses mécadendrites, il me montra la fille Oblitérator qui continuait d’avancer.
-Meredith ? Lâchais-je, incrédule.
++Ce nom n’est plus approprié, Dante. J’espère que vous ne m’en voudrez pas trop. Suite à sa renaissance, elle a insisté pour que je la renomme : Gothigora++
Celle qui fut Meredith, bondit en avant tandis que les armes lourdes de nos adversaires faisaient pleuvoir la mort tout autour de nous dans un vacarme assourdissant.

Logan eut juste le temps de projeter un écran kinésique devant nous, là où des impacts de gros calibre explosifs se mirent à détonner. Le recul la forçant à lutter pour éviter que son écran ne cède et ne se brise. Malinowski fut le prochain à mourir. Gothigora lui sectionna le corps en deux au niveau du nombril alors que l’autre lame le décapitait dans la même seconde. Le corps ainsi éparpillé n’avait pas encore touché le sol qu’elle était déjà sur nous.
Ransk fut le suivant. Anthérax désintégra la partie supérieure de son corps d’un tir de fuseur.
Les impacts du bolter lourds firent voler en éclat mon aura de protection. D’une roulade, je parvins à éviter les balles suivantes de me hacher menu.
Sial qui du s’appuyer contre une poutrelle, lança un sort dans un ultime regain d’énergie. Ses éclairs, lâchés à pleine puissance, frappèrent l’Oblitérator armé de bolters lourds, l’envoyant voler un peu plus loin, comme soulevé par la main d’un géant. Il s’écrasa lourdement contre des panneaux en acier qu’il déforma sous l’impact. Le coup ne l’avait pas tué, loin de là mais l’avait au moins mis hors combat pour quelques instants.

Celle qui fut Meredith se rua contre Logan, lames prêtes à frapper, mais la psyker, dans un geste vif, para les attaques à l’aide de sa propre épée énergétique. Un duel à mort venait de s’engager contre lequel Logan ne pouvait luter.
Alors que les lames énergétiques allaient avoir raison d’elle, une forme, trop rapide pour être suivie à l’œil nu, vint s’interposer, forçant la femme Oblitérator à reculer. Mindiniel venait de reprendre la main et enchaina les passes d’arme avec une célérité et une économie de mouvement qui caractérise tant les guerriers eldars.

Le sort de protection de Logan venait de cesser subitement et vola en éclat coloré. Ne pouvant plus me protéger non plus, je n’eus d’autres options que de charger Anthérax, passant ainsi au contact, juste sous sa ligne de tir.
Ma lame psychique était chargée et prête à l’ouvrir telle une boite de conserve. Je n’allais pas avoir le droit à plusieurs chances. Le coup devrait lui être fatal, auquel cas, il ne me louperait pas.

Ses pinces énergétiques cherchèrent à se saisir de moi ou de mon épée, mais je profitais de sa masse lente et imposante pour lui tourner autour et le harceler.
Pendant ce temps, Horowitz se saisit de deux charges à fusion qui se trouvaient dans le sac que Sial avait laissé au sol. Il régla le détonateur sur trois secondes, les colla sur le dos de la créature et sauta à quelques mètres de là avant que les micro-charges nucléaires ne remplissent leur fonction. La créature fut instantanément vaporisée.

Depuis un angle de mon champ de vision, je venais de réaliser que Gothigora était finalement parvenue à se débarrasser de ses deux adversaires. Logan était à quelques mètres d’elle, un genou posé à terre et sa main plaqué contre son bras gauche d’où coulait un flot de sang. Elle serrait les dents, tout en tentant de ramasser sa lame posée au sol.
Mindiniel poussa un cri aigu alors que l’Oblitérator venait de lui asséner un puissant coup de pied retourné en pleine tête. Le choc lui fit perdre l’équilibre. Ce fut le moment que choisit Gothigora pour lui planta sa lame en plein cœur. Elle laissa glisser l’épée jusqu’à la garde. Elle effectua un rapide mouvement circulaire du poignet puis la retira d’un coup sec, hachant en pulpe l’intérieur de sa cage thoracique. Une gerbe de sang artériel jaillit des deux côtés. L’eldar dont les yeux se retournèrent, s’effondra sans un bruit, tuée sur le coup.

Tournant autour d’Anthérax, je n’étais toujours pas parvenu à lui infliger la moindre touche critique. Le seul coup heureux que je parvins à placer, outre quelques éraflures, lui avait sectionné son bolter combiné en deux.
Ma lame de force crépitait, laissant dans son sillage des gerbes d’étincelles bleutées à chaque fois que je parais un de ses coups.
Epuisé et acculé, j’eus cependant de plus en plus de mal à résister à ses assauts implacables.
Un coup de son gantelet énergétique me força à reculer brutalement. D’un geste latéral, un de ses servo-bras percuta ma lame et me désarma. Mon épée de force vola dans les airs en tourbillonnant à quelques mètres plus loin.

Les bras de Gothigora se mirent alors à se diviser chacun en deux, comme si le métal qui les composait était liquide. Elle poussa un son strident alors que ses deux nouveaux bras se tendirent vers ses deux adversaires.
Les épées restées au sol, de Logan et Mindiniel, jaillirent alors comme attirées par un aimant. Elle les attrapa au vol, se dirigea vers Logan d’un pas assuré tout en faisant tournoyer ses quatre épées autour d’elle.

Alors qu’elle lui arrivait dessus, la lame sorcière de Sial la percuta de plein fouet et en pleine poitrine, la reculant de plusieurs pas et menaçant de la faire basculer en arrière.
L’eldar, toujours appuyé contre une des cloisons, venait d’utiliser un sort de télékinésie pour projeter son épée de force. Epuisé, il se laissa glisser le long de la paroi et resta assis sur le sol, le souffle coupé.

Gothigora se mit à tituber. La lame eldar l’avait traversé de par en par et l’énergie psychique contenue crépitait tout autour d’elle. Lâchant ses lames au sol, elle se saisit de l’épée sorcière et se la retira d’un coup sec. Elle la jeta un peu plus loin. Effectuant un pas hésitant, elle finit par s’écrouler dans un fracas métallique. Une forte odeur d’ozone, de chairs et de câbles brûlés d’éleva dans la salle.

Anthérax était parvenu à m’attraper à l’aide d’un de ses servo-bras. Lassé de jouer au chat et à la souris avec moi, il me souleva du sol et me brisa le bras au niveau du coude par la même occasion, m’arrachant un cri de douleur.
++Pitoyable mortel, je vais te démembrer et te regarder te vider de ton sang++
Sa deuxième pince se saisit de mon autre bras, encore valide. Il se mit alors à tirer dans les deux sens pour m’écarteler.
Alors que la pression devenait insoutenable, je sentis soudain son bras mécanique céder. Il s’écrasa au sol avec un choc sourd.
Le deuxième coup lui sectionna ses jambes augmentiques juste au niveau des rotules. Cherchant à compenser à l’aide des gyro-stabilisateurs de son armure, il ne parvint cependant pas à éviter sa chute.

Je tombais au sol et me mis à rouler en me tenant le bras tout en essayant de m’écarter du monstre de métal. Parvenant à comprendre ce qui se passait, je vis Logan qui se tenait derrière lui. Elle tenait mon épée de force à la main. Elle avait du la ramasser alors qu’Anthérax l’avait envoyé voler un peu plus loin.
Le Magos Noir gisait au sol. Il cherchait à se redresser à l’aide de ses servo-bras encore valides. Un fluide noir et épais comme du prométhéum non raffiné s’écoulait à gros bouillons de ses jambes sectionnées.
Dans un grondement de rage et de servomoteurs gémissants, il se redressa. Mais Logan fit tournoyer l’épée psychique dans sa main et la planta de toutes ses forces à la base de nuque du Sorcier de Fer.
La pointe jaillit de son pectoral sur plus d’un mètre, faisant gicler de la blessure, du métal en fusion telle de la lave. De chaque jointure de son armure, une lueur éblouissante se mit à irradier. A l’intérieur des plaques de céramite, un feu aethérique se mit à consumer ce qui restait de son porteur. Dans un hurlement de haine pure et de frustration, Anthérax s’embrasa juste avant d’exploser, projetant des débris de blindage en tout sens.

Logan et moi ne purent nous protéger. Elle fut projetée avec une force inouïe et finit par percuter une paroi avant de tomber au sol en criant. Son bras gauche venait d’être brisé. Sous le choc, elle ne s’en rendit même pas compte.

Quant à moi, j’absorbais la majeure partie de l’explosion de plein fouet. Mon armure pectorale me protégea en partie mais ne put empêcher certains fragments de me cribler tel du shrapnel.
Je ressentis que des échardes d’adamantium s’étaient plantées dans mes chairs, m’arrachant un cri de douleur.

Anthérax n’était plus qu’une carcasse ravagée, noircie et en flammes. Ma lame de force n’était plus, elle aussi. Brisée et fondue par l’explosion.
Logan avait eu raison de notre ennemi légendaire. Me trainant avec peine jusqu’à elle, au travers de la salle dévastée, je lui écartais ses mèches de cheveux qui collaient à son visage maculé de sang séché et de suie, à l’aide de ma main encore valide.
Elle tenait son bras brisé en serrant les dents, arrêtant une hémorragie à l’aide de ses sorts de biomancie.
-Il n’était finalement pas si fort, me mis-je à plaisanter tout en prenant un air des plus sérieux.
Elle releva un sourcil et me lança un regard sévère.
-Faites attention monsieur l’inquisiteur, je pourrais décider de trouver les nécrons bien plus sympathiques que vous.
Je partis d’un rire qui me déclencha une quinte de toux. Au point où nous en étions, l’hérésie de sa remarque ne put que m’amuser.
Je cherchais les autres du regard. Un voile sombre obscurcit soudain mes pensées.
Sial avait repris connaissance. Il était agenouillé auprès de Mindiniel et pleurait sa mort. Il avait le visage et les mains souillés par le sang de la guerrière eldar. Avec respect, il préleva la pierre-esprit qu’elle portait à son cou. La gemme brillait d’une nouvelle lueur vive et je crus l’espace d’un instant qu’il lui parla.
Il se redressa enfin. Nous nous tenions à ses côtés.
Comme nous, ses habits étaient brûlés, déchirés, noircis et maculés de sang.
-Où est Meredith ? Nous demanda l’archonte qui s’appuyait sur sa longue épée en boitillant.
-Cette chose n’est plus Meredith apparemment. Lui dis-je.
L’eldar se permit un petit sourire acide. Il me posa une main sur l’épaule.
-Je crois au contraire qu’elle n’a jamais été autant elle-même que désormais, me lança-t-il avec un regard des plus sérieux.

Logan chercha du regard l’endroit où elle gisait la dernière fois qu’elle l’avait vu. A trois mètres de là, elle vit une trappe d’accès qui avait été arrachée sur une des parois. Des traces indiquaient que quelque chose s’y était glissé.
-Je crois qu’elle a réussi à s’en tirer.
-Alors ce sera aussi notre voie de sortie. Si elle a conservé un semblant de son instinct de survie, nous allons suivre sa trace.
-Tu crois que Mara a réussi ? Me dit-elle.
-Je l’ignore…Comment savoir, nous ne la reverrons sans doute jamais.
Logan resta songeuse quelques instants. Elle ne sut dire pourquoi, mais quelque chose lui dit qu’un jour elles se recroiseraient.

Les flammes et la fumée dansaient autour de nous. Derrière les lourdes portes, des explosions et des tirs indiquaient que le combat qui faisait rage n’avait pas faibli. Logan employait ses talents de biomancienne pour contenir et régénérer à la hâte nos blessures.
Je vis alors Horowitz qui vint se tenir à mes côtés.
-L’Empereur protège, me dit-il avec un petit hochement de tête.
-Que l’Empereur nous garde, caporal. Terminons ce pour quoi nous sommes venus, voulez-vous ?
Je lui montrais les sacoches où se trouvaient toujours les charges à fusion puis lui indiquait les accumulateurs d’énergie des gigantesques générateurs.
-Réglez-les sur vingt minutes et disposez-les autour des chambres à fission.
-Et ensuite ?
-Ensuite, nous allons suivre la trace de Meredith. Il nous faudra prier le Trône pour qu’un miracle nous éloigne d’ici le plus vite possible.



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Message par Belial Jeu 12 Déc 2013 - 20:36

Beau texte !
La suite. Smile Smile


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Message par Illuminati Sam 28 Déc 2013 - 18:16

Depuis le centre de contrôle du complexe, Kuntz Azencoth supervisait les derniers préparatifs et avait bien du mal à contenir la colère qui l’animait.
Les premières séries de ses Simulacres démoniaques étaient produits en série et plusieurs milliers d’unités étaient désormais maintenus dans leurs chambres de confinement psychique, prêts à être livrés sur les champs de bataille de la 13ème Croisade Noire. Ses Magos avaient bien travaillé et il était peiné que leurs efforts à tous puissent ainsi être sabordés au dernier moment. Ils devaient être un élément de victoire décisif. Au lieu de cela, ils formaient un stock inutilisable en attendant leur déploiement.

La frégate du libre-marchand Abdul Goldberg devait se maintenir en orbite afin de recevoir un premier chargement de dix mille unités de combat. Des corvettes de la Black Legion auraient du être en orbite elles aussi.

Les choses ne s’étaient cependant pas déroulées comme prévu. Ces maudits eldars avaient lancé une attaque en surface et depuis l’orbite qui paralysaient ses troupes et mobilisaient toutes ses défenses.
Dès le début de l’attaque, Goldberg avait préféré se retirer pour éloigner son navire des combats qui faisaient rage. Le chargement n’avait même pas pu commencer.
De plus, à présent, des rapports lui indiquaient que des nécrons, sortis de seul le Warp sait où, étaient en train d’investir son complexe.
La peste les emporte. Abaddon ne lui pardonnerait jamais un tel échec.
Ses aides de camps, des hereteks, s’affairaient autour de lui. Une lueur violacé et de la fumée sortaient de leurs capuches qui masquaient leurs visages altérés. Leurs implants serpentant autour d’eux en signe d’inquiétude.
-Faites libérer toutes les unités de production, lâcha-t-il entre ses dents.
Les Magos s’inclinèrent sans un bruit.
Morgoth, son intendant, une créature encapuchonnée et bossue risqua une question.
-Seigneur, même celles dont le processus n’est pas encore achevé ? Siffla-t-il d’une voix rauque.
Azencoth l’agrippa par le col et le souleva du sol.
-Misérable bâtard ! Depuis quand ai-je besoin de tes conseils ?
Il le projeta contre un mur et le laissa tomber au sol avec un bruit sourd.
Il retourna son attention vers les autres créatures bossues et tordues qui l’encadraient. Tous reculèrent d’un pas.
-Exécution ! Et disparaissez de ma vue, fils de chiens !

Les laissant s’affairer en poussant des sons stridents et binaires, il se dirigea d’un pas assuré vers son laboratoire privé. Passant les contrôles biométriques, il referma la porte derrière lui avec un soupir de soulagement.
Les évènements ne se déroulaient décidément pas comme prévu. Même d’ici, dans le sanctuaire blindé et sécurisé du complexe, il ressentait les vibrations des assauts. Il loua les Puissances pour que les légionnaires de la Black Legion et les hordes de mutants qu’Abaddon lui avait octroyés, parviennent à contenir l’attaque le plus longtemps possible.

Il se dirigea vers son bureau. Les données qui étaient conservées dans son cogitateur devaient être purgées par mesure de précaution. Il s’assit et commença à lancer la procédure qui allait effacer l’esprit de la Machine. L’éveillant à l’aide de son empreinte génétique, il laissa l’holopix s’activer. Un œil stylisé, au centre de la lettre C, percé d’une dague empli soudain son écran, tel un avertissement ou une menace.
Quelqu’un était parvenu à accéder à ses données personnelles et était entré dans son sanctuaire privé. Il prit alors conscience d’une présence dans la pièce.
Saisissant le pistolet bolter qui se trouvait sur son bureau, il le pointa au moment où il réalisa qu’il s’agissait là de Morgoth. Le bossu sortit des ombres.
Soulagé, il allait reposer l’arme au moment où une question l’aiguilla.
-Comment diable, as-tu fait pour t’introduire ici, misérable vermine ?
Morgoth rejeta lentement sa capuche en arrière, dévoilant son visage bestial et malformé.
Sa peau se mit alors à fondre comme de la cire et tandis qu’il ouvrit ses robes et les laissa tomber au sol, Azencoth réalisa qu’il portait en dessous une sorte de combinaison moulante noire et luisante. La morphologie se modifia jusqu’à se transformer en une silhouette féminine. Grande et athlétique, elle était entièrement vêtue de sa peau synthétique qui épousait parfaitement ses formes inquiétantes, de la tête aux pieds. Même son visage en était recouvert et seuls deux lentilles infrarouges en forme d’amande couvraient ses yeux chargés de courroux.
Celle qui s’était fait passer pour Morgoth était en réalité un assassin d’un des temples de l’Assassinorum.
-Mais comment… ?
Azencoth pressa la queue de détente de son arme mais celle-ci émit une série de clic, signe que la chambre était vide.
La jeune femme tendit une main vers lui et l’ouvrit. Une poignée de bolts s’y trouvaient. Elle les laissa tomber au sol dans un tintement métallique sourd.
Il lui lança le lourd pistolet au visage. Sa main encore tendue l’intercepta au vol. De l’autre, elle tendit juste un doigt bagué. L’arme jokaero miniature qu’elle portait à l’index projeta un microcristal qu’il reçut en pleine gorge.
Ses muscles se raidirent et il bascula en arrière, s’écroulant dans son fauteuil. Le neurotoxique qu’elle venait de lui injecter n’était pas fatal, il servait juste à bloquer ses fonctions motrices tout en inhibant certaines zones de son cerveau, notamment celles qui commandaient à ses puissantes capacités psychiques. Par contre, il était vital qu’il reste pleinement conscient pour la suite.
Elle vint s’assoir juste en face lui, à même son bureau. Elle posa les talons aiguilles de ses bottes de chaque côté de son fauteuil et se pencha vers lui, l’attirant à elle d’un coup sec.
-Vous pensiez sans doute échapper éternellement à la sanction divine que votre hérésie a appelé, Seigneur Azencoth ?
Il était comme figé. Il luttait pour reprendre le contrôle de ses muscles sans y parvenir. Respirant avec peine, ses yeux, injectés de sang, étaient exorbités.
-Ne cherchez pas à résister, lui susurra-t-elle en approchant son visage du sien. Le cocktail neurotoxine que je vous ai injecté est un puissant métabloquant auquel a été ajouté un inhibiteur psychique. Ces toxines ont été élaborées avec un soin tout particulier par les Magos Biologis de mon temple. Toute résistance est vaine. Je vous conseille de respirez calmement car je vais avoir besoin de toute votre attention.
-Qui…qui êtes vous ? Articula-t-il avec grand peine.
Elle se redressa quelque peu.
-L’identité qui m’a été implantée pour cette mission me désigne sous le nom de code : Mara. Mais ma véritable identité n’a aucune importance. Il vous faut juste savoir ce que je suis et pourquoi je suis ici. Ai-je toute votre attention, seigneur Azencoth ?
Du regard, il lui fit signe que oui.
-Cela fait trois années que je prépare cette mission avec soin. L’objectif qui m’a été fixé par mes commanditaires est de vous éliminer pour vos hérésies et pour la menace que vous représentez pour l’Imperium. Nul ne peut se tenir au-dessus de la justice de l’Empereur-Dieu et nul n’échappe à la vigilance de son bras armé. Même ici.
Je suis un assassin du temple Callidus et en tant que tel, je suis l’arme qui traque, qui juge et exécute ceux qui menacent la sécurité et la stabilité de l’Imperium. Mais pour que ma mission soit accomplie avec la perfection exigée, je dois vous confronter à vos crimes et vous exposer votre châtiment. Alors seulement, je pourrais vous délivrer la mort salvatrice et purificatrice qui mettra fin à vos hérésies et à votre éternelle damnation.
Elle lui désigna sa main droite et lui indiqua deux doigts bagués.
-Ce sont des armes digitales. Lui précisa-t-elle. La première est chargée d’un neurotoxique qui engendre la mort en moins de trois secondes. Elle est extrêmement douloureuse mais est très rapide. La seconde contient l’extrait d’un venin très rare issu de Catachan, qui entrera en réaction au contact de votre sang. Vous aurez d’abord l’impression que du feu coulera dans vos veines, dans votre cerveau puis dans tout votre organisme. Cela pourra durer de longues minutes durant lesquelles vous vivrez une agonie insoutenable. Ensuite, vos os commenceront lentement à se liquéfier jusqu’à ce que votre corps perde sa propre consistance. La mort n’interviendra qu’une fois que vos organes auront finis par se dissoudre, vous noyant dans vos propres fluides.
Elle laissa passer quelques secondes, afin qu’Azencoth assimile bien son message.
-Abjurez votre dévotion envers les puissances de la ruine et soumettez-vous à la volonté rédemptrice de Notre Empereur-Dieu tout puissant et je vous promets une absolution rapide. Rejetez le divin et le sacré et vous périrez par la souffrance et la damnation.
Azencoth, dont le visage était figé par un rictus de haine, chercha à lui cracher au visage mais n’y parvint pas. Au lieu de cela, une bave se mit à couler au coin de sa bouche.
-Ton…Empereur….n’est même pas d’origine… humaine…il n’est qu’une imposture et je…
Il n’eut pas le temps de finir sa phrase. D’un mouvement imperceptible de son doigt, elle activa l’arme digitale qui lui projeta une écharde empoisonné en plein dans son œil gauche.
Son visage fut alors pris d’apoplexie alors qu’il se mit à convulser tout en recrachant une bave épaisse et noire. Alors qu’il produisait des sons étranglés, ses globes oculaires se mirent à gonfler, sortant de leur orbite et à éclater sous la pression. Sa boite crânienne craqua alors qu’une gelé rosâtre commençait à s’écouler de ses narines et de ses oreilles.

Après s’être assurée que le processus avait atteint un point de non retour, elle se releva du bureau. La seconde étape de la destruction cellulaire venait de s’amorcer. Elle détacha alors un objet cylindrique et chromé de sa ceinture et le posa sur le bureau juste devant lui. Activant un cadrant digital, elle laissa le compte à rebours égrainer les secondes.
Privé de sa vue, il n’eut alors aucune idée du temps qui lui restait à vivre son agonie avant que la bombe à fusion ne réduise ses restes à l’état d’atomes.
Mara sortit en refermant la porte derrière elle. Il allait lui falloir quitter les lieux rapidement. Derrière elle, la déflagration vaporisa toute la pièce dans un maelstrom de gaz en fusion.

Justice venait d’être faite.

Suivant les indications de Sial, les conduits par lesquels nous étions parvenus à nous échapper nous amenèrent vers un des hangars de chargement.
Là, parmi les navettes de fret et les containers, des marines du chaos de la Black Legion dans leur armure baroque noire et bronze menaient une défense acharnée contre un assaut mené par des guerriers aspects eldar. Une figure de légende se détachait au sein des xenos. Maugan-Ra, dont l’armure mortuaire était aussi imposante que celle d’un terminator, dominait ses hommes. Son immense canon faucheur faisait pleuvoir la mort sur ses adversaires en une pluie continue de bio-shuriken explosifs. Les marines du chaos se faisaient décimer par escouades entières, leurs armures parcourues d’explosions internes qui les éventraient et les démembraient. Des guerriers aspects en lourde armure noire et blanche et armés de canons élancés faisaient pleuvoir en soutien des micro-missiles par rafales. D’autres eldars en armures rouge et orange faisaient feu de leurs lances thermiques, semblables à des sortes de fuseurs, incérant les plus récalcitrants.
Beaucoup de xenos étaient tombés sous le pilonnage implacables des légionnaires du Chaos, mais leur puissance de feu disciplinée leur donna un net avantage.
Maugan-Ra faucha les derniers survivants tandis que Sial se dirigea dans son champ de vision.

Nous faisant signe de les suivre vers leurs navettes laissées un peu plus loin, ils semblaient nous attendre. De la façon la plus incroyable qui soit, les xenos couvrirent notre évacuation juste avant de se replier à leur tour.
Le complexe était toujours parcouru d’explosions et je vis déjà les hordes implacables de nécrons qui submergeaient les défenses massées un peu plus loin.

Installés à l’arrière d’un Falcon, un vaisseau de transport eldar, nous quittâmes Spawndeath alors que la réaction en chaine des explosions commença à éventrer le monde-forge. Les navettes eldars s’éloignèrent juste avant que la planète ne fut vaporisée.

Au bout de quelques heures, les eldars, peu loquaces comme à l’accoutumé nous déposèrent sur un monde où la nuit était déjà tombée.
Nous descendîmes de la navette. Logan et Horowitz étaient les derniers survivants. Sial et un guerrier eldar se parlèrent quelques instants dans leur langue.
Puis ce dernier retira son casque oblong dévoilant une chevelure argentée attachée en queue de cheval. Il s’agissait de Lomendil, le chef d’équipe des rangers qui accompagnaient Sial.
-Où sommes-nous ? Lui demandais-je.
-Nous vous avons ramené sur le monde le plus proche de vos…semblables. Sur ce que vous appelez le Monde de Logan. Nous devons repartir et il ne nous est pas possible de vous emmener avec nous sur Ulthwé, humain.

Cela ne m’arrangerait pas le moins du monde de me retrouver sur ce repère de brigands de la pire espèce, mais au moins étions-nous en vie. Je me tournais vers Sial, me doutant de ce qu’il allait me dire.
Il s’approcha de moi et me prit le bras qui restait valide.
-La route est longue et nombreux sont les chemins.., commença-t-il.
-Mais notre destin ne suivra qu'une seule voie, complétais-je. Nos chemins se séparent donc ici, c’est bien cela ?
-Le destin qui nous a lié doit à présent reprendre son cour, Joshua.
Il posa son regard sur Logan et moi.
Elle vint se tenir à nos côtés et posa sa main sur les nôtres.
-Ce que nous avons accompli, nous ne pouvions le réaliser qu’ensemble. A présent, chacun va devoir suivre sa propre destiné. Une longue voie nous attend, chacun de nous.
-Nous n’en avons pas terminé. Notre combat continu, tu pourrais… ?
-Notre combat ne cessera jamais mais une nouvelle voie m’appelle désormais, Joshua. Et cette voie, je vais devoir la suivre seul. En solitaire.
Je vis Logan lever subitement ses yeux humides vers ceux de Sial.
Ils s’échangèrent un regard furtif et je crus déceler que quelque chose s’échangea entre eux. Un lien ou une sorte de message.

Sial n’en dévoila pas plus. Les eldars préfèrent conserver leurs propres secrets et parfois il en est mieux ainsi.
Il nous quitta ainsi et repartit rejoindre son peuple, sans doute sur Ulthwé.
Pour notre part, Logan, le caporal Horowitz et moi étions cloués sur ce maudit caillou. Dès notre arrivée, nous dûmes troquer quelques parties de notre équipement contre des habits locaux afin de remplacer les haillons qui nous couvraient. Nos blessures avaient été en partie traitées grâce aux soins de Logan mais nous portions tous encore les stigmates de nos récents combats. Tant physique que psychologique. Notre séjour dans l’Œil de la Terreur avait prélevé un lourd tribut sur chacun de nous.


Epilogue.

Le bras gauche brisé de Logan ne semblait vouloir guérir et ce, malgré ses efforts et ses soins de biomancie. Plus les jours passaient et plus son bras se paralysait. Un début de nécrose commençait d’ailleurs à se propager depuis sa blessure et cela commençait à nous inquiéter. Horowitz était revenu avec un autre problème. Il avait été témoin de choses qui dépassaient l’entendement, même pour un cadien. Sa santé mentale avait été affectée de manière irréversible et je doutais fort qu’il parvienne à s’en remettre.
Pour ma part, j’essayais de me remettre doucement de mes blessures. Les plaies que j’avais reçues lors de la destruction d’Anthérax ne parvenaient, elles non plus, à guérir. Elles me démangeaient et m’irritaient.
Je tâchais d’ignorer le ricanement que je percevais parfois la nuit. Une voix, comme un bruit de fond se faisait entendre, comme un écho lointain. Dans ces moments, je m’en remettais alors à Notre Empereur-Dieu tout puissant, alors la voix s’arrêtait aussitôt avec une sorte de grondement de rage. J’espérais qu’il ne s’agissait là que d’une sorte de contrecoup en rapport à tout ce que nous avions subi.
J’ignorais quel avait bien pu être le destin de Mara. Sans doute avait-elle péri lors de l’explosion de Spawndeath. Comment l’Imperium allait être informé de tout ceci ? La 13ème Croisade Noire était-elle terminée ? Je l’ignorais.

Nous avions trouvé une ancienne masure qui nous servit d‘abri, faute de mieux. Sans ressources et sans titre officiel, nous n’avions aucun moyen légal de quitter ce monde frontière pour retourner dans l’espace impérial.

Le troisième jour, au matin, Horowitz se fourra le canon de son pistolet laser dans la bouche et il tira avant que nous ayons eu le temps d’agir. Il mourut sur le coup. La folie avait eu raison de lui. Il allait nous falloir quitter ces lieux au plus tôt avant qu’un tel funeste destin ne nous frappe Logan et moi.

Une semaine plus tard, nous parvenions à établir un contact avec des troupes de l’Imperium.
Un détachement de Space Marines était basé aux environs de l’astroport d’Helsreach, la capitale. En inspection sur ce monde, ils effectuaient une patrouille de routine en reconnaissance, cherchant d’éventuelles troupes ennemies retranchées.
Je n’eus d’autres recours que de me présenter à eux et à décliner mon identité. Je ne disposais plus d’aucun sceau ni mandat qui auraient pu valider mes dires et notre apparence ne jouais aucunement en notre faveur.

Le frère-capitaine Asphodel du chapitre des Dark Angels décida dans le doute de nous emmener avec lui pour interrogation. Deux jours plus tard, ils levèrent le camp et nous embarquaient avec eux à bord de leur barge de bataille, le Bellérophon.
Je leur parlais alors de Spawndeath, d’Azencoth, de Mara et du Morning Star. Ils nous écoutèrent avec attention mais ne répondirent à aucune de nos questions.
Nos quelques armes restantes nous furent confisquées, nos vêtements furent incinérés, nos crânes furent rasés puis nos corps purifiés, oins d’huiles sanctifiés et vêtus de sobres tuniques beiges. A aucun moment, les marines eurent le moindre contact physique avec nous. Seuls des serviteurs cybernétisés nous approchaient. Même le frère apothicaire qui s’occupa de nos blessures et paramètres vitaux le fit à l’aide de servo-crânes.
Notre interrogatoire dura pendant les huit autres jours qu’il fallut pour nous faire rejoindre la porte cadienne.
Là, le capitaine Asphodel nous appris qu’il avait reçu ordre de nous remettre entre les mains des Ordos Cadia. Apparemment notre identité avait été confirmée par l’inquisition.

Notre séjour dans l’Œil de la Terreur n’avait duré que quelques jours. Pourtant, il nous fallut apprendre qu’en réalité cinq années venaient de s’écouler. La 13ème Croisade Noire n’avait été que le prélude d’un nouveau millénaire fait de guerres incessantes et avait prélevé un très lourd tribut. Des systèmes entiers avaient été perdus et certains sous-secteurs ne s’en remettraient sans doute jamais. Pourtant l’espace impérial autour de la porte cadienne tenait bon.

Deux jours après notre arrivée, je ne fus pas surpris de voir l’inquisitrice Jena Orechiel venir à notre rencontre.
Nous allions être présentés au Seigneur Nunthum des Ordos Cadia devant lequel Jena se porta garant de nos dires.
Elle n’était pas seule. Le Seigneur inquisiteur Mkmillan était là aussi. Cela ne m’étonnait nullement là aussi. Le soutien entre confrères d’une même faction m’avait une fois de plus sauvé la mise. J’appris aussi que le Seigneur Weiss, mon ancien maitre était quelque part dans les parages, quant au Seigneur Czevak, ce dernier venait de nous proposer un conclave auquel il espérait vivement notre présence.
Certaines rumeurs commençaient à courir sur son compte comme quoi il serait proche de mouvances radicales.
Nous en étions donc tous là mais comme mes pairs, désormais je n’avais plus de raison de craindre cette idée.

Le monde de Spawndeath avait bel et bien été anéanti et l’inquisition s’était d’ailleurs félicitée de cette victoire qui restera à jamais classée parmi les secrets de l’Ordo Malleus.


Monde de Cadia
Bastion de l’Inquisition
127.006M42
16h04 – Tempus Imperialis.


Pour notre part active dans cette opération, le Seigneur Nunthum ordonna que mon sceau inquisitorial me soit restitué de manière officielle.

Jena Orechiel parvint par je ne sais quel usage de son influence à me faire intégrer les Ordos Cadia. De toute manière je n’aurais certainement eu ni l’envie ni les moyens de réintégrer les Ordos Arakis suite au contentieux que j’avais désormais avec l’inquisitrice Cassandra de Ratisbonne et sa coterie d’ultra-puritains.
Logan et moi allions donc servir l’Ordo Xenos sous les ordres du très mystérieux et excentrique seigneur Antigonus Balorodin.
Lui-même pouvait se compter parmi les quelques proches de Czevak.
Balorodin employait de la xenotechnologie sans la moindre retenue. Il en avait d’ailleurs développé une véritable addiction. Ses travaux associés à ceux de la Magos Psykana Alendrixa, qui l’assistait sur le transfert d’âme de la psyché eldar, étaient des plus prodigieux.

Logan subit une amputation de son bras gauche, qui fut remplacé par de l’augmentique de très haute qualité. Il fut établi qu’elle présentait une résistance surnaturelle aux effets pernicieux du Warp. En le détruisant, Anthérax était parvenu à la blesser à l’aide d’une sorcellerie arcanique. Logan y avait survécu même si cela lui avait coûté un bras au final. Sa blessure était restée au niveau physique et n’avait pu l’affecter au niveau de sa psyché.
Tels étaient les Illuminati. Des êtres uniques car potentiellement immunisés au Chaos.

Anthérax, lors de sa destruction, m’avait laissé un souvenir lui aussi. Quoi qu’il ait pu être, son corps physique n’était pas un être de chair et de sang mais une machine démoniaque. Au début je ne vis aucune différence en dehors d’un lointain écho qui résonnait parfois en moi. Avec le temps, il devint clair que cette chose me rongeait lentement de l’intérieur.

Pourtant, de nouveaux objectifs m’attendaient. J’allais devoir constituer une nouvelle équipe et me remettre au travail.
La piste de Meredith refit surface en même temps que le Morning Star d’Abdul Goldberg, à plusieurs secteurs de notre position. Le libre-marchand renégat semblait avoir quelques liens avec le commerce de technologies xenos. Nous allions devoir activer nos contacts dans les secteurs avoisinants.

Je devais faire vite. Avant que la damnation ne m’emporte totalement, tel un mal incurable, nous allions devoir consacrer tout le temps qui me restait, pour rechercher un éventuel remède.


Le voyage à travers la Toile prit plus d’une journée à Sial pour rejoindre un des portails d’HaranShemash. Les Prescients d’Ulthwé lui avaient recommandé de s’y rendre. Tel avait été leur vision et Sial les avait écoutés.

Passé le portail, l’air pur et humide de la forêt l’envahit soudain. Ses sens aiguisés lui signalèrent les innombrables créatures et esprit sylvains qui habitaient et gardaient les iolars environnants, véritables gardiens des lieus. Sial marcha en direction du camp, parmi les arbres. Il se sentait en sécurité.

La nuit était tombée sur le continent eldar et la communauté exodites était en effervescence. Des festivités se préparaient, des feux et de la musique s’élevaient du campement.

Lahessa la Prophétesse apparut alors au détour d’un arbre, ses pieds ne reposaient pas sur le sol, elle flottait légèrement en l’air, ses longs cheveux ondulant comme les vaguelettes d’une rivière. Elle ne dit rien et seules les pupilles dorées de ses yeux noirs profonds semblaient le sonder, l’esprit puissant de l’Idainn plongea en lui. Un malaise le prit alors, le choc psychique fut tel qu’il vacilla se retrouva à genoux et perdit finalement connaissance.

A son réveil, il faisait toujours nuit. Sial était installé dans la demeure sylvestre de Lahessa. Allongé, à moitie nu, à même le sol sur des nattes de feuilles tressées, des runes et des pierres esprits l’entouraient. Dans la douce lueur des gemmes, il reconnu Weena qui était là, vêtue d’une simple robe blanche. Elle chantait une douce mélopée. Les tonalités extrêmement riches et suaves de sa voix rythmaient le scintillement des esprits contenus dans les pierres, diffusant une aura apaisante. Sial réalisa alors toute la signification du nom de Weena Lan’Enad… Celle qui chante l’éclat des gemmes.

Lahessa s’assit alors à ses côtés et lui donna à boire un breuvage qu’il ne parvint à identifier. A côté, des herbes brulaient dans un récipient.
Elle se pencha au-dessus de lui et étudia de près sa blessure infligée par la démonette, mais ne la toucha pas.

-Un lien est ouvert entre toi et le Warp. Lui dit-elle. Un point faible dont la Grande Ennemie pourrait tirer avantage si rien n’était fait. Tu ne portes plus aucune protection face à une manifestation démoniaque. Nous allons devoir sceller cette blessure. Ce sera long et ne sera pas sans douleur.

Sial repensa alors avec horreur à ce que Weena lui avait dit un jour à propos des Solitaires Arlequins. Il comprit alors la véritable raison qui pousse un Arebennian à vivre en marge des autres eldars.

"Il est dit selon les Eldars que les Solitaires sont des Arlequins qui ont été honorés et maudits en même temps, touchés par le Dieu Moqueur et par Slaanesh à la fois. Il est avancé que les Solitaires ne possèdent plus d’âme à proprement parler, ce qui n’est peut-être pas faux. D’ailleurs ils sont les seuls Arlequins à ne pas porter de pierre esprit. "


Lahessa commença le rituel. La lente mélopée de Weena invoqua une bulle psychique autour d’eux.
La prophétesse commença alors à tracer des runes du bout de ses doigts, à même la peau nue de Sial. Des textes entiers en LamEldannar sacré et ancien recouvrirent ainsi tout son corps en dehors de son visage. Les chants de Weena étaient en train d’être tissés à même sa peau, centimètre par centimètre. Au fur et à mesure que Lahessa les inscrivaient, les lettres cursives s’embrasaient d’un feu psychique, fusionnant à même ses chairs, comme marquées au fer rouge. L’effet fut des plus douloureux, à la limite du supportable. Alors que la mélopée s’intensifiait, les runes s’animèrent sur sa peau. Sa blessure se mit à fumer alors que sa peau s’embrasait.
Sial eut beau serrer les dents, il ne pu s’empêcher de hurler. Puis il plongea dans un coma profond, son esprit dérivant vers les limbes du destin.

Il marchait d’un pas assuré parmi d’autres eldars, ceux-ci s’écartaient devant son passage. Ce qu’il dégageait leur était visible, ils ressentaient avec effroi le vide psychique qui l’entourait. C’est ce vide psychique qui faisait désormais sa force. Il le savait et il marchait sans crainte vers les démons impuissants qui lui faisaient face, un sourire carnassier derrière son masque miroir qui se moquait désormais même de la mort…

A son réveil, il faisait grand jour. Sial avait mal partout et avait l’impression d’avoir dormi une éternité. Weena était agenouillée contre lui, elle sourit et posa une main sur son front. Il sentit soudain un bien-être l’envahir. Elle posa un baiser sur ses lèvres et lui dit
-Mon aimé, quel bonheur de te retrouver, tant d’épreuves tu as du surmonter et tant de changements cela implique désormais…mon âme saigne, telle la Grande Isha car vois, il vient te chercher et déjà tu dois repartir…

Dans un coin de la pièce, Lahessa visiblement troublée, s’écarta afin de laisser entrer un personnage décharné, de grande taille et encapuchonné. Le temps sembla se figer autour de lui. Il avançait comme dans un rêve, presque en décalage avec la réalité, sa silhouette floue et brouillée.
Il rabaissa sa capuche et désactiva son champ holographique dathedi. Son masque miroir se posa sur Sial, il ne reflétait que le vide. Aucune aura, ni aucune émotion ne semblaient émaner de ce personnage si étrange et si familier. Il posa une longue main osseuse et gantée où chaque doigt portait une arme digitale sur l’épaule de Weena. Elle fut prise soudain d’un frisson. Il tourna lentement son masque vers elle.
L’Arebennian ne prononça nulle parole, selon l’usage. Un Solitaire ne s’adresse jamais directement à un mortel, sans quoi il pourrait consumer son âme.
Lahessa se mit à léviter doucement. Ses yeux se révulsèrent et sa bouche s’ouvrit en grand. Une voix qui n’était pas la sienne en sortit.
-Sois trois fois bénie par le Grand Cegorach, Weena, toi qui a l’âme si pure. Tu as fait là un excellent travail. Forme le aux voies d’Imaluan, la voie secrète du combat. Lorsqu’il sera prêt, je viendrais le chercher.

-Oui, Maître. Répondit-elle en baissant les yeux.

Celui-qui-marche-avec-les-Dieux repartit comme il était venu, vers les ombres de la pièce avant de disparaitre. Seules quelques étincelles multicolores continuèrent de danser dans la pièce pendant quelques secondes, produisant des sons semblables à un petit rire.
Sial se redressa, encore sous les effets des drogues et du rituel. Il avait un peu de mal à reprendre ses esprits.

Weena, se pencha vers lui et lui dit alors dans un murmure fébrile, les joues empourprées :
-Tu as l’honneur d’avoir été choisi par le Masque Rouge pour servir le Cegorach. Je ne sais si je dois ou non m’en réjouir… peu réussissent ce que tu as vécu dans l’Œil. Avoir rencontré le Grand Seigneur Maugan-Ra et les Prescients d’Ulthwé… Ta nouvelle vie va te mener vers d’autres chemins où ma place ainsi que celle de notre fille ne pourra être…Même si cela va déchirer mon âme, je ne peux que ressentir une immense fierté.

Sial se leva et enfila la tenue que Weena lui tendit. Il était en train de reprendre ses esprits plus vite qu’il ne le cru.
-Tu as bien dit notre…fille ?
Elle lui prit la main.
- Elle se nomme Anaris, elle chevauche déjà les dragons comme une vraie petite Sierann.
Sial resta songeur quelques instants. Anaris. Ce nom signifiait Aube Lumineuse, le nom de la fameuse épée de Vaul dans le mythe des larmes d’Isha. Un nom des plus approprié se dit-il. Il y vu le message d’espoir qu’il allait désormais devoir diffuser au sein de son peuple. Le Grande Ennemie pourrait être vaincue, il le savait à présent.


Weena lui prit la main et l’emmena parmi la communauté, à la rencontre de visages connus qui venaient le féliciter tel un héros légendaire. Sial reconnu là Irilith, le fumeur de pipe impassible, Kaermirion l’Ancien, l’excellent Chanteur de Moelle ainsi qu’Alandris le traqueur et sa jumelle Ishana-aimée-des-dieux, deux chevaucheurs de dragons de guerre dont les prouesses martiales paraissaient inégalées. Tous lui firent un accueil triomphal.
Il reconnut enfin l’intrépide Sylvanol et ses facéties acrobatiques, ainsi qu’Ilandra la belle et rousse guerrière farouche au corps fort dévêtu et peinturluré d’entrelacs bleus.
Beaucoup s’amusaient toujours des efforts inlassables mais vains déployés par Sylvanol pour conquérir le cœur de la belle.

Une bande de marmots joyeux s’amusaient non loin de là, une petite fille de cinq ans aux longs cheveux blonds et aux yeux clairs pailletés d’or se tourna vers eux. Elle s’élança vers Weena et l’attrapa par la taille. Sa maman lui posa un baisé sur la tête
-Anaris voici Sial dont je t’ai parlé.
La fillette le dévisagea d’un air sérieux puis lui dit :
-Alors c’est toi celui qui va combattre les étoiles ? Quand je serais grande, je voudrais être une grande guerrière, comme toi !

Les jours faits de joie et de douce insouciance passèrent ainsi, puis les mois. Weena l’avait parfaitement formé. Ses prouesses martiales faisaient de lui un guerrier accompli dont les techniques de danseur de guerre étaient devenues redoutables.

Assis en tailleur sur une pierre moussue, Sial contemplait les reflets de la lune dans les eaux paisibles du lac devant lui. Smaug, qu’il avait retrouvé, était parti en chasse, comme à son habitude en cette heure tardive. Les bruits de la forêt et ses senteurs l’envahirent. Il perçut les échos qui s’y véhiculaient via sa faune et sa flore. Tous portaient le même message.
Songeur, il alluma sa longue pipe et laissa son esprit flotter dans les abords proches. Non loin, les âmes du CarrecEnad, le cercle des esprits défunts, étaient en éveil et contrairement à la dernière fois, elles étaient apaisées.

Sa lame sorcière était posée à ses côtés. Il laissa ses doigts effleurer la pierre qu’il avait récemment enchâssée au niveau de sa garde. Elle avait pris une teinte bleutée aux reflets chatoyants comme pour lui signaler qu’elle veillerait sur lui à présent. Telle était la couleur qu’avait pris l’âme de Mindiniel.
Son épée portait désormais le nom de la guerrière Banshee, digne fille d'Asuryan, bénie trois fois par la fureur de Khaine le Sanglant et dont la vie lui fut ôtée lame à la main.

Derrière lui, les Arlequins du Masque Rouge étaient apparus en silence. Leurs masques grimaçants étaient impassibles. Un long voyage vers son destin d’Arebennian l’attendait à présent.
Il avait une famille et des amis ici. Il avait du tous les quitter du jour au lendemain. Cet univers était si cruel. Pourtant la voie du Dieu Moqueur en avait choisi autrement. Celui dont on se rappellera sous le nom de Sial, allait désormais marcher avec les Dieux.



++FIN++


Prochainement : une nouvelle série sera postée dans cette section Wink


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